♦«if * LES m TEZ DE LA FR AN CE A N T A RC TI QJV E, A V- trement nommée Amerique:& de plusieurs Terres & Ifles de- couucrtesdepoftre temps. Pd) F. André Thcu ttjfidt'ij' d Angoulejhjç, * A PARIS, Chez les heritiers de Maurice de la Porte,au Clos Bruneau,àlenfcignc S*Claude. i 5 5 8. AVEC PRIVILEGE DV ROY. k PRIVILEGE. - u a Y r ,r U grate de Vie,, M de «* F**tf A *««, r 1 „, seLfchal % Lyon .théaUvfi, V*rim*,e» /«» *«""?“* 1 ■ fl ■ * W¥ ,h*i &!ut Uoftrt ame V\ André Thcund'Anrm* nvt amm utfhtitrs «/« r* * R leLnos» a fatt remcnflrcr, qu'apre, ancir longuen eut voyage & #«* a, ( \, cr -mire;T <«rr« ÿfc* dcnofltturt.pt , qu il a redege ™ ; nr efcript. auee granïpeine & , les Singularité^ de mtes Us eentrecs i J f. .. i .... a™,., ^ A,*, t-Atir It eonitttttment &f profit des peut ( 1 <>- ,iu- il aurait ennui défit faire imprimer & mettre en marne. « « " / " \" ÿ ! mettre let faite imprimer par ntm tels Vbt*fm& imprimeurs datez, vkt de i*ru& Lyon ye J ra Mais il double que quel fies autres des Im-rmieurs Je iiefre Kiÿauint U vtu.ant tupnrie fmLur/ml imprimer ledit Hure, ou en vendent qui ayer.t efe imprimer autre que Lreeluy L ceux Jf]»els il a, donnera la charge. N*•» requérant fur a it# impartir no^letrct & pâte eftcei de. P Jurée t(l il fit nota htclmtms à fa renfle pour Us eaufesfufdit's & am es ai nJimoJLs entons permit & oltrtyé, pehnestons & enrayons de grâce efpeaa.ep.tr tes prenn es audit fupplîant.que llyfeul puiffepar tels Libraires & Imprimeurs que bon luy jenibUra,& jutluy relbLLlJapads& diligmen nofdites viles de ?*ris&Ly*»,& «stees, faire dit livre Et 4 fus que U Libraire eu Imprimeur auquel ledit Thtmtjvppltant aura donne Ut.. - „ de te 'faire fcHfe rendentfr des frais qu'sl aura faits peur l imprefion, Mus inhibe * défendu inhibons & défendons a tests autres Libraires & Imprimeurs & autres pttfennts quelconques de nef. dites stret lofiev, B.i illscms,& Sens, haut et s, & lourdement it frais m^nùiets d imprimer ou faire imprimer,vendre,^ Jjb.buer ledit livre iufres h dix ans apres U première ,mp, eficn d .eeuy a se¬ tter du leur au U aura ejléaehené d'imprimer Jans U permiptm & «mjentement dudit Libraire ou lmpr\wur:& et fur peine de touffe al ion des hures imprimex& a'amenit arbitraire, U vous man¬ dons & t emmenions par tes prépaies, & à thaï un dey ont f tomme a luy appartiendra, que de ne ^ prtfente craet, petmiRiem. & eilroy,row fatitz„fonff, t t a Tb Onfeigneur, citant 1 uffi(ani¬ me t aucrty, combien,apres ce trcflouable, 5cnô moins grâd 5c laborieux exercice, auquel a pieu au Roy employer vo- ftre prudence, 5c preuoyant fcauoir,vous prenés pkifir,nô feulement àlirc 5 ains à voir 5c goufter quelque belle hiftoi- rc, laquelle entre tant de fati¬ gues puilîc recréer voftre efpritj» peu blafmer Le pays quil nous faut aymer, il trouueroit U France ^irblique v4uoir plus de mon fîtes ic croy Et plus de barbarie en foy Que napas ta France ~Tntdr£lique, Ces barbares marchent tous nuis, Et nous nous marchons incognus, Fardez^, mafque%. Ce peuple ejîrangc *A la pieté ne fi range. Nous la nojîre nous mefbrijons, Pipons, yendons & deguifons. Ces barbares pour fè conduire N’ont pas tant que nous de raifon. Mais qui ne *V«f que la foifôn N en fin que pour nous entrenmrel Toutesfois, toutesfoïs ce Dieu, Qui n'a pas bani de ce lieu Lcfpcrance noflve nourrice, Changeant des deux finimitié, ura de fit France pitié Tant pour le malheur que le yke. a uij f J le \oy nounou & leurs enfant Ve leurs ennemis triomphons, Et no’Xjnagifirats honorables Embraffer les chojes louables. Séparons les boucs des agneaux, Ojîer en France deux bandeaux » fin peuple celny d’ignorance, ^4 eux celny de leur ardeur, JLors ton Hure aura bien plus d'heur En fa yiefluen fa naiffance . A MONSIEVR THEVET ANGOV- moifui, Autheurdelaprcfcntc hiftoire,Fran¬ çois dcBelicforeftComingcois. O V E. Vcffiiubs le iougfiubs lateUage Recommencer le labourage, „ O f Ncf’esbahiJl,quoy que lapene. Que ld rttdejfe du labeur Cajjcnrfin corps, ains d \ne halene Forte, attendlv temp i,qui donneur liât tente d~)>n ejperé heur. ^iinji ta plume qui nous chante Les ment s, Us peuples du tenant. Du p a fié point ne fie contente , Qitpy quelle ait efpandu le yent V’ynegloire immortalise. D’y ne mémoire ttemifie, J Ont Qui court du Leuant du Portent, Car encor que l’antique Thrace y Que liArabc riche ayes *V«i, Que d\A fie la-terregraff, D’sd Egypte les merueiüesfeeu: Encor que ta plume diurne Nom ait deferit la Palejline } Et que de ce fon loxjtit en: T outejois ce defr d’entendre Le pim exquis de lyniuers, ^A fait ton l>olpim loing cjlendre: Luy a fuit yoir de pim dater s. Tantpeuples yite leurs paifages , Hommes nuis alUns, &*Sdutidges 3 îufhue içy de nul decouuers. Je l?oy ton Voyage,qui pu (je Tom dcgrczjgr dtmenfions T>'ynStrabonypui le ciel cotnpafje, Et les hetbite^orizons, Lefqttels Ptolomée limite: Mau leur congnoiffance petite Surpaient tes conceptions. Car ayant cofloyéd’^iphrique Les régnés riche s dater s. Les Imngtains pats d'^Amérique DoElcment nom as decouuers: Encor en l’^AntarEHq'auances. Non "V ne>mau deux telles Frances Qui Joient miracle à l’yniucrs. Et te que tam au leferit d homme N auoitpar deçà rapporté T u t’exprimes y tn le pains, fomme Tel tu le fais , qu'en "Verne Z objettrté mefme en feroit clerc: Tant que par ce moyen t ejpere Que Ion y erra refuft itc Des Mondes cejl tnfni nombre, Qiù feit Alexandre plouref, O que d'arbresiçyie nombre. Quels fruits doux ï’y pacz^fauourer: Que de montres diturs en formes, Quelles meurs de liure di/formes Aux noflm tufça.is coulourer! icyoy lAgent qui idolâtre T’ttntofl l>n poij/on efaille, Ors 1'» bots,l/n metalpm plaflrc Pare ',v m s en maire,& taille': T an tufl l>n P an,qui mis en teuure Noflre Dieu tout pui/Jànt defcoeuurc. Qui de flmitters émaillé Par maintes beautc^feit h moule, Et l enrichit d’animaux maints, Qui la terre enferme de boule Entoura des cidsclers/crains. De la fartent tes Antipodes, Ces peuples que tu accommodes A ces Saunages inhumains, Defquels quand la façon liens lire ■ A use tant d’inhumanité D'horreur,de pitié, & puis d’ire, îeptnirfuis ces grands cruauté^. Quelquefois de leur politique Je lotte la fùn£îcpratique, Auecques leursfimplicitcsQ Las f de ton offrit limage Dieu eujlpofc en autre corps, Lequel d’im marinier orao-e Eu)l aiité les grands effors, Qfù eu fl craint de hoir par les W« Les efcl 4 tsj.es coups furibondes Des arm c's, Çr cent mille morts, P oa n’aurions decefe hifoire Le doc le çÿ Iterirable trait: Mais Die» fiigneux & de ta Ho ire Et Jff de l'équitablefiuhait Ve la France, quint defire Que chofis ram foutant lire, Ce defir a mis en effait. c’cjl quand H eflrena ce pôle Ve ton bon efiritt’efleut O Theuet.pour porter parolle Ve ces peuples,ainfi yeulut Que de yoir de freux rufuffis, Et pour le mieux, ilfeit que peuffis Parfaire ce que autre om ne fient, Ainfi l'Europe tributaire A ton labeur, t’exaltera: - * P ne pourra Francefi taire, 'Ain s t’admirant fie/gaïera, Lifant ces mwucilles cachées Et par nul cfiriuant touchées: les lifant,elle t honorera. IN THEVETVM NOVI ORBIS PERAGRA torcm & defcripcorem, Io. Auracùs , literarutn Græcarum Rcgius profelTor. A Vre tenus, fii nonpedibus, nec nauibus yllis, Plurimm & taras,menfits & efl maria. Multatamen non nota maris terréqttereiiéta His loca, nec certis teflificata notis, At maria & terras pari ter y a ms ifie Theuetm Et yifit,&menfits nattibus,&pedibus, Pïgmra certa refer t Ion?arum hœc firipta yiarum, lunatique orbis ctirfir & atithor adefl, Vix que audita alitsffùbieéla fâeltbus edit H te ocubs, terra fifies abAntipodum. Tantum alu s hic Cojmogrdphîs Cofinograflms antett. Audit u quanta certior efl oculus. PREFACE AVX LECTEVRS, Onfdcratkpar moy,combien la lon¬ gue expérience des chofes,& fidde ob- feruation de plufieurs pais nations, enfimble leurs meurs & façons de vi- § tire , apporte de perfettion À l'homme; comme fil riÿ auoit autre plus loua¬ ble exercice ,par lequel onpmffe fujfi- famment enrichir fin efirit de toute vertu héroïque &*fiïéçe tr< fiolide-.ou- trema première namgatwn au pais de Louantyn la G me,Turquie, Egypte, Arabie, laquelle autre¬ fois ay mu en lumière, me fuis derecheffoubs la protection cm duite du grand G onuerneur de l'vmuersfi tant luy a pieu me fai¬ re de grâce,abandonné k la difiretion On mercy de tvn des elemens le plus tnconji antjnomspitoyable, gy* ajfeuréqui joit entre les au- trcs,auec fefis vaijfiaux de bois ,fragles caduques ( dont bien fimmit Ion peut plus efierer la mort que la vie) pour natmer vers le pôle A n tarBiqueJequeln a ïamais efédecouuert ne congnêüpav les Anciens, comme il appert par les efents de Ptolomce & autres, mcfme le noflre de Septentrion, iufques a L’Equmoftal : tant fen faut qu'ils ayentpajfé outre,<&* pource a efléeftimc inhabitable. Et auons tant fait par nog io u rnées,q itefo mmespamenas à t Inde A- menque,enuironle Capricorne, terre ferme de bonne température, T ain ft que particulierement & plus au Ion? nous déli¬ bérons f cure cy apres. Cequeïay osé entreprendre à limitation e p uju u, j gf aru s perfimnages , dont les gefles plus qu héroïques, T célébrés par les hiflaires,lesfim viure cnco- ) es au lourd huy en perpétuel honneur &* gloire immortelle. Quia donné PREFACE. donne aigmmnt a ce g rat niJoe te H owcrefe tant va tueufemen t ale(?i a parfes cfciits Vlyffesfnon ccsle longuepérégrination y zT loingtain difcoursjqu d a fait en diurn lieux, âuec frexperiae de pin fmtrs chopes fat par eau fie par terre, apres le ftcagemetde Troie ? Qui a cjk occafon a Virgile de tat louablemet eprire le Troicn E~ née(combien qüêfelm aucuns Hiflomgrapkes, tlenfl mallmmu- junct hure fonproprepais es mains deps ennemis) finopour auoir vertueufement refilé à la fureur des vndes impet neuf s ,o< autres mtoueniens de la marine,H y ait y eu et* experimetéplufmm cho- fes^fmdlemëtparuenu en ItalieiOr tout ain fi que le fotmerain -æ VJ Il rf- K * _ mime auj £ | ./ JT " - - r » r -7 rw. m v ËJ Uü. r j j pour cxecuterfin de/feinjoitpar mer ou par terre . U f € peut faire,comme Ion voit le plus feu uet aduemr,que quelques y nsfouhs c e prêt exte,facent coufhtme d en ahufer. Le n egociateur pour y ne attarde & appétit infatiable de quelque hic particulier ey* tempo¬ rel Je bazardant inâifcretemet,efl autat vïtuperablefmfi que tref- hie lerepred Horace enfes Epifres,corne celtty efl louable,qui pour l embelliffement & tÜuJhration de fon eferityéy* en f tueur du bien public f expofe hbremet à toute difficulté. Cefte méthode a bien fieu pratiquer le f âge Socrates,,0* apres luy Platonfon difiplejefquels nonfeulem et ont eflé cont ens d'auoir voyagé en pa ïs ejlran vos y au y t PR E F A CE. Acquérir le comble dephilofàphte,wakaufisipour la communiquer an public fins effoir d'aucun loyer ne rccopmfe.Ckcro ria ilpas en¬ voyéfin fils Marc à Athènes,pour en partie ouyr Cratippm en Phi- lof opine,m partie pour apprendre les meurs 0 façons deviure des citoyens d’Athènes? Lyfandcr eleu pour fit magnanimité,,C omter- rmir des Lacedemonims, afi vaillamment exécuté plufieur s belles entrep) fies cotre Alcibiades,homme preux 0 vaillant :0 Antio- chmfon lieutenant fur la mer, que quelque laÜurc ou détriment m il ait encouru,n'eut iamais le cueur abat fie, ains a tant pourfiy- m f on ennemy par mer 0 terre, qt4e fmaUement il a rendu Athè¬ nesfioubsfin obèfiance,Themifi odes mm moins expert en l'art mi¬ litaire mu en philofiophie, pour monftrer combien il auoit defir cl ex¬ po fier fa vie pour U liberté de fin pais, a perfiuadé aux Athéniens, que largent recucilly es mines, que Ion auoit accoufume de dtfiri- buer aupeuple fit fl conuerti 0 employé a bafiir natures,fufies,0 galères,cotre Xerxcsfiequdpour en partie iatmr dejfait,& en par¬ tie mis en route,cogratulant a cefle heureufi victoire (contre le pro¬ pre Avn ennemy) luy a faitprefient de trois les plus appar et es citezi defin empire. Qui a caufiéd Selcuc Micanor,d l’Empereur Augu- fleCefar, & a plufieurs Princes & notablesperfinnages depor¬ ter dans leurs dcuifis 0 en feigne s le Daulphm, 0 ïanchrt de la nature,finon donnans infini dion à la pofi enté,que l'art de la man¬ ne ifi lepremier,®* de tous les autres le plus vertueux ? Voua fans plus long ibficoim,exemple en la naudation,corne toute chofic,a au¬ tant quelle efi plus excellente, plusfont difficiles les moyens pour y pamenmainf qiiapres l’cxperïëce mus tefinoime Anfioteparlant de vertu. Et que la mtuigattanfiait toufiours accompagnée de perd, dôme vn corps de fin vmbre, l’a biemonfiré quelquefois Anachar~ fs Philofiophejequel apres au oir interrogé de quelle ejj>efjeur efinent Us ais 0 tablettes, dont font comfiofces les nautres : 0 la refionfi faible PR E F A C E. faicliè,qrids efoientfeulement de quatre doigts: Déplurent ifri cH donnée la vie de U mort de ccluy qui auecques naurres flotte fis mer. Or mcfaeurs,pour auoir allégué tant d'excdlemperfimnages, ri clique ic m'efiime leur àuoir eflre compte, encor moins les ega- IcrJuts te me fuis perfide que la grandeur ri A lexandreyia cm- pcfcMfes fuccejfeurs de tenter,voire iufquesà l'extrémité, la fort u- m; aufli ri a le fi auoir cm ment de Platon mfques là intimidé An- 7/en quelque climat,zpne,ouparallèle quecefint y tant de la marine , if es, terre ferme, la température de Pair, les meurs O* façons de vïure des habit an s, la forme & propriété des animaux terreflrcs, marins: enfemble d arbres, arbrifeaux, a- tsec leurs t fruits,minéraux 6^ pierreries: le tout reprefintévmemet du naturel par portrait le plus cxquis,qu dm a efépofiibb, Quant au refie, ie meftimeray bien heureux,fil vous plat fl de receuoir ce mien petit labeur, d'aufit bon tueur, que le vousprefente: m'affeu - rat au frplus que chacun l'aura pour ag xablefi bien dpenfe au grand trauail de fi longue or pénible pérégrination, quay voulu entreprendre,pour à l'œil Voir,& puis mettre en lumière les cho cs plus mémorables que ie y ay peu noter & recueillir, comme Ion verra cy apres , ADVER.TISSEMENT AV LECTEVK PAR M. DE LA P O R T P. E ne doute point, LeBeur,que U defcriptïon de ce fieprcfente hiftoire ne te mette aucunemet en admiration 3 1ant pour la variété des chofis nui te font a l'œil dcmojlrées, que pourplufteurs au¬ tres qui deprime face te femblerotpluftoft mon- firueufes que naturelles.Maïs apres auoir meu- remet cofideréles gras ejfeclsde noflre mere Nature, te croy ferme¬ ment que telle opinion n'aura plus de heu en ton ejjnit. Il te plaira femblablemet ne tesbabir de ce que tu trou aéras la defcriptïon de pltifieurs arbres,corne des palmiers, bcftes,<& oyféaux, cjlre totale¬ ment contraire à celle de nozymodernés obfiruateurs pfquels tant pour n auoir vcu les lieux, que pour le peu d'expérience £r doBrine qu ils ont,ny peuuentadiouflerfoylTe fuppliantauoir recours aux gens dupais qui demeurer par deçà, ou a ceuxqmontfait ce vova- gefefquels te pourront apurer de la veritlD audtagefil y a quel¬ ques diBions Francoifes qui te femblent rudes ou malaccomodces. tu en accu feras lafieburela mort: la febure,laquelle a teüemÈ aetentt l A ut heur depuis fin retour,qu il na pas eu loyfir de reuoir fin,hure ayant que le bailler â tImprimeur,eflant prefUde ce faire f.w li œmmiemmt de monfeigneur le Cardin.il de Sms. La mon qmaprcumu Ambroise de u roRTE ,bSmeftudieux f « l-‘ Ongne Francoife, lequel auoit pris [entier, charge du prefint lucre Toutefois tu te doibs ajfeurer, que noflre V? * 1 L’EMBARQVEMENT DE L'AVTEVR. CHAPITRE PREMIER. o m b i e n que Jcs elemens, & toutes chofès qui en pro- uiennent fous la Lune , iuf- quesau cctre de la terre, (cm- blent ( comme la vérité eft) Toutes auoir efté faittes pour l’hom- dtofis n 1 n r m e: u elt- ce q ue N atu re mere ont y ic de toutes chofès, a cfté, & eft toufiours telle,quelle à remis mCt ôc caché au dedans les chofès les.plus precieufès Sc excellentes de fon oeuure, voire bienfy elt remifè elle mefme : au contraire de la chofc D artificielle. Le plus fçauant ouurier,hiJlèbien Apel- & fart les ou Phidias,tout ainfi quil demeure par dehors feu- &de na lement pour portraire, grauer, & enrichir levaifïèau, turç - ou ftatue,aufsi n’y a que ie f uperficieJ,quireçoiue orne¬ ment & poliflure : quant au dedans il refte totalement rude &mal poli Mais de nature nous en voyons tout le contraire. Prenons exemple premièrement au corps humain. Tout I artifice ôc excellence de nature eft ca¬ chée au dedans, & centre de noftre corps, mefme de cre- 4 /-i V Exemple en U ter¬ re. LES SINGVLARITEZ tout autre corps naturelle fuperficiel &c extérieur n eft rien en comparaifon, finon que de l'intérieur il prend fon àccompliflement & perfection. La terre nous mô- ftre extérieurement vne facetriffce, & mclancholique, couuertele plus fouiiet de pierre s,efpines & chardons, ou autres fcmblables. Mais lî le laboureur la veult ou- tirir auecques loc & charrue,il trouuéracefte vertu tant excellente, prefte deluy produire à merueilles,& le rc- compenferau centuple. Aufsieftla vertu vegetatiue au dedans delà racine,& du tronc de la plante, rcmparce a lenteur de dure efcorce, aucunesfois fimple, quel¬ quefois double: &k partie du fruidt la plus precieufe, ou c fi: celle vertu de produire & engédrerfbn fembla- blc cft ferrée,corne en lieu plus feur ,au cétre du mefme fruiel. Or toiit ainfi que le laboureur ayât fondé la ter¬ re &c reccu grand émolument: vn autre non content de voir les eaux fuDerficiellement les a voulu fonder au femblabl ar i Vtîlitelle l.t mtii - gatton. Cciujc de l.t natii- gttion de l'Auteur aux ^4- mtr'i - e moyen de celle tant noble nauigatiô, auecnauires & autres vailfeaux. Et pour y auoir trou- ué er pelle ainfi Hable, félon mon iugemét,decemot aW?, qu i lignifie mer, ou deftroid : ou fi vous dides Haurc, nb hmriendis aauti^ fi tuée en Normandie à no lire grad mer & Océan GaIlique,ou abadônans la terre, feifînes voile,nous achcminans f us celle grad mer à bon droit appellée Océan, pourfôn impetuolité de ce mot axSu comme veulent aucuns : & totalement loubmis à la merev & du vent 6c des ondes, le fçay bien, qu’en la lu- ♦ * * * a ij Cj les sINGVIARITEZ perftitieufeÔcabufiue religion desiCctils plu; leurs fai- oient vœux, prières, de facrifices à diuers dieux,félon Superflu que la necefsité fe prefentôit.Doncqucs entre ceux qui tion des vouloycnt faire exercice lut lcau, aucuns îettoicntau Anciens comm encement quelque pièce de monnoye dedans, du%t . que par maniéré de prefent Se otfrande,pour auecques tou- nmger. r congratu ] ation ren d re les dieux de la mer propices & fauorables. Les autres attribuans quelque diumité aux vents, ils les appaifoient par eftranges cerimonies: comme Ion. trouue les Calabricns auoir faiefc aLipix, vent ainfi nômc:&lesThuriens etPamphiliens à quel¬ ques au très. Ainfi liions nous en l’Eneide de Virgile (fi elle eft digne de quelque foy) combien, pour 1 im¬ portune prière de Iunon vers Éolus Roy des vents, le miferable Troïen a enduré fus 1 a mer, Se 1 a querelle des Dieux,qui en eft enfuy uie. Par cela peut on euidem- mentcognoiftre l’erreur &abus, donteftoitaueuglée l’antiquité en ion gentilifinc damnable, attribuât à vne créature,voire des moindres, de fbubs la puiflance de 1 home,ce qui appartient au feul Créateur: lequel iene fçaurois iùftifammét louer en ccft endroit, pour feftre comuniqué à nous, Se nous auoir exempté dune fi tc- nebreufèignorâce.Et de ma part,pour de fi (eule gr⬠ce auoir tant fauoriie noftre voyage, que nous dônant le vent il bien à poupe, nous auôs trâquillemét p aisé le deftroict,&dela aux Canaries, ifles diftâtes de i’Equi- nodtial de vin gtiept degrez, de de no ftre Frâce de cinq cens lieues, ou enuiron. Or pour plui leurs raiions m’a icmblé mieux fèantcommécercemien diicoursâ no¬ ftre embarquement,comme par vne plus certaine mé¬ thode. W* ■ thode.Ce que faifànt,(i’elpere amy Lecteur)fi vous nre nez plaifîr ale lire,devous conduire de point en autre, Se de lieu en lieu, depuis le commenccmetiulqucs a la fin,droit, corneauec le fil de Thelee,oblèruant la lon¬ gitude des pais, & latitude. Toutcsfoisou ienauroys faidi tel dcuoit*,que la choie,& voftre iugement exquis meriteroit,ie vous iupplic m’exeufer, confidcrant eilre malailc a. vn hommelèulct, fans fàueur de fupportdc uclque Prince ou grâd Seigneur, pouuoir voyager &c elcouurir les pais lointains, y obleruât les choies lin- gu lier es, n’y executer grandes entreprifès, côbien que de foy en fuit allez capable,Et me ibuuient qu a ce pro¬ pos dit très-bien Arilcotc, Qu’il cftimpolsible de fort inalaile, qucceluy face choies de grande excellence,& dignes de louènge,quand le moyen, c’eft à dire,richel¬ fes luy défaillent: ioindl que la vie de l’homme cli ble¬ ue,lubiedfe à mille fortunes &: aduerfitez. Du dejîroiB Anciennement nomme Cdpe , & Au-iourahuy Gibduir. c H a p. z. Oftoyans donc I’Elpaigne àleneEre auec vn vent fi calme &propice,vi lû¬ mes iniques vis à vis de Gibaltar, fins toutefois de fi près en aprocher pour piulîeurs caules: auquel lieu nous feimes quelque lèiour. Ce defiroit Diflmt efHùrlès limites d’Elpaigne,diuilànt l’Europe d’auec deCi- l’Afrique: commeceluy de Conflantinopie, l’Europe a iij J * //les & autres jhmtht r.tr. Ebitfa. I.ES S INGViARITEZ de I’Afle. Plufieurs tiennent iceluy dire l’origine de no ftremer Mediterranée, comme fi la grand mer pour eftre trop pleine, fe degorgeoit par ceft endroit fus la terré,du quel efcript Ariflote en Ton hure Du monde » en celle manière: L'Océan, qui de tous colleznous en- ” uironne, vers l'Occident près les colonnes d’Hercules, 5 > le relpand parla terre en no lire mer , comme en vu port, mais par vu emboucliement fort eftroidt Auprès de ce de Ht oit fe trouuent deux ides allez prochaines l’vne de l’autre, habitées de barbares, courfàires, 8c riteT^de elclaues la plus grande part,auec la cadene à la iam- CM- p, c} lefquefs trauaillent à faire le fel, dont il fe fait là bien grand trafique. De ces ifles l’vne efl Auftrale, 8c plus grade faite en forme detriâgle, h vous la voyez de loin, nôméc par les anciens Ebufus, & par les mo¬ dernes Icuiza: l’autre regarde Septentrion, appellée Frumentaria. Et pour y aller cil lanauigation fort dif¬ ficile, pour certains rochers, qui fe voient à fleur d'eau, 8c autres incommoditez. D auantage y entrent plu- fleursriuiercs nauigables,quiy apportent grand enri¬ chi] fement, comme vnc appellee Malue, feparant la Mauritanie de la Celarienfè: vne autre cncorcs nom¬ mée, Sala, prenant lourcc de la montagne de D Lire : la¬ quelle ayant trauerfe le Royaume de Fcs,lc diuifèen forme de celle lettre Grecque û y puis fe va rendre dans cedefiroit: & pareillcmct quelques autres, dontàprc- fent me déporte. Ic diray feulement en pallant,que ce de droit pàfsé, incontinent fus la colle d’Afrique ini¬ ques au tropique de Cancer, on ne voit gu ères croiflre ne decroiftre la mer, mais par delà, h toll que l'on ap¬ proche lettixj. I-rumen taria. M due, fl- SaUjî. ri* DF. LA FRANCE ANTARTÏCQVE. 4 croche de ce grand ficuuc Niger, vnze d egrez de la li¬ gne, on fen apperçoit aucunement félon Je cours de ce Hcuuc.En ce dcflroidt de la mer Mediterranée y a deux môtagnes d’admirable hauteur, l’vnedu coflé de l’A¬ frique, félon Mêla, anciennement dite Calpc, main¬ tenant Gibaltar: l’autre Abyle,lefquelles enfemblel’on appelle Colonnes d’Hercules:pource que félon aucuns Dùa-fês il les diuifa quelquefois en deux,qui para Liât n’eftoient opinions quvne montagne continue,nommée Briard. Et là re- ff' ^ cve ~ tournant de la Grèce par ce deflroit feit la confumma- w 1 /"* 1 1 n ■ 1* Coluncs non de les labeurs, eitimant ne detioir,ou pouuoir pal- ^ fer oultre,pour la vaftité & amplitude de la mer,qui fe- cw / f f flendoit iufques à fon orizon,& fin de fà veuë. Les au¬ tres tiennent,que ce mefme Hercules, pour laiflér mé¬ moire de les 1 leureufes conqudles, feit là eriger deux Colonnes de merueilleufe hauteur,du collé de l’Euro- p e. Car la couftum e a eflé ancienneni ent, que les no- coujîu - blés grands Seigneurs fiifoient quelques hautes medesan colonnes au lieu, ou ils finiffoient leurs voyages &: en- Roy s treprifès, ou bien leur fcpulchre& tôbcau: pour mon- & Sa - n A * - i . ,1 ttvtPtiYt itrer par ce moyen leur grandeur & eminence par lus tous les autres. Ainfiliions nous Alexandre auoir laifsé quelques figues aux lieux de l’Afie maieure,ou il auoit eflé. Pour mefme caufe à cfté criée le Coîofïèà Rho- O des. Autant le peult dire du MaufoIce,ncbré entre les fèpt merucilles du mode, fait&bailipar Artemifia en l’hôneur,& pour l’amitié quelle porto it à fon mary au¬ tant des pyramides de .Méphis, fous lefquelles choient inhumez les Roys d’Egypte.D’auantage à l’entrée delà mer maieureIule Cefar feit dre]fer vnc haute colonne * * * * a îuj encurs. O LES SINGULARITES de marbre blanc : de laquelle,&du coloffe de Rhodes d trotmerez les figures en ma Defcription de Leuant. Et Hercu- pourtant que ptufieurs ont ellé de ce nom, nous duos les a efîé, auec Arrian Eîifloriographe,ce Hercules auoir elle ce- dujïfônt l uv nue les Tyriés ont célébré: pource q iccux ont edi- tsaiv fiéTarteffe a I a frontiere d’ 1 ifpagne, ou font 1 es colon- &CJ * ncs dont nous auons parlé: & la vu temple a luy confa- Tarte/- crc,& bafti à la mode des Phéniciens, auecques les fa- /, - orifices & ccrimonics, qui fy faifoient le temps palsé: tienne au f s ^ ^ nommé le lieu d’Hercules. Ce dcftroit au- yf"f c A iourd’huy ell vn vray allie,& réceptacle de larrons, py- qTIL rates,&: efeumeurs de mer,corne TLires,Mores,& Bar- tarifa bares,ennemis de noftre religion Chreftiennedefqucls de trof- voîtigeans auecques nauires volent les marchants qui f\T c de vîennet trafiquer tant d’Afrique,! ifpagne, que de Fra- ce:m efmes qu’eft encor es plus à déplorer, la captiuité % rue , de plu rieurs Chre (liens, defquels ils vient au tant inhu- 1 mainement que de belles brutes, en tous leurs affaires, outre la perdition des a mes,p ou rie vio le ment LES S I NC V LAR I TE Z rené, & Cefarienfc. Là tout le peuple eH; fort noirrau- t tes fois ce pais a efte peu habite, auiourduy beaucoup plus,fans parler tic diuers peuples au milieu de cefte cô- trée, pour ladiucrfité des meurs & de leur religion,la congnoiffance de (quels meriteroit bien voyage tout exprès. Ptolemée n à faid metion de la partie extérieu¬ re vers le mkly, pour n’auoir elle decouuerte defon téps. Plufieurs l’ont deferitte plus au long,corne Pline, Mela,Strabo, A pian, & autres,qui m epefehera de plus myarrefter. Celle région dit Herodian eftre fécondé & populeufc,& pourautât y auoir gens de diucries for Colmes tcSî &£ a ços de viure. Que les Phéniciens quelquesfois depienr, foiêtvenuz habiter ÏAfrique,môfl:re ce qu’efteferit en 7JSc- langue Phénicienne en aucunes colônes de pierre, qui yesPhc- fe voyentencores en laville deTinge,nômée à prelent nickm. Tamar, appartenant au Roy de Portugal. Quant aux meurs: tout ainfi que fl diuerfe la température de l'air, félon ladiuerlitc des lieux: aufsi acquerét les perfonnes variété de temperamens, & par confcquccc de meurs, pour la lympathie,qu’ily à de lame auec le corps: cô- ■ me môlire Galien auliurc qu’il en a eferit. Nous voyos en no dre Europe, mefrne en la France,varier aucune¬ ment les meurs fèlo la variété des païs:côme en la Cel- tiqu e autremet qu’en F Aquitaine, & là autremet qu’en la Gaule Belgique: encorcsen chacune des trois on Mai/s trouuera qnelq variété. En general 16 trouue les Afri¬ ca rcli- cains, cauteleux : côme les Syriens,auaresdes Siciliens, g;on des jfahtiisiles Afians, voluptueux. î l y h aufsi v arieté d e rc- ligionsdesvns gentilifçnt,mais d’vne autre façon,qu’au temps palsc:les autres font Mahometiftcs 7 quelques vns PE LA FRANCE ANTARCT1QVF. 6 vns ticnét le Chriftianifmc dvne maniéré fort eflrage, & autremét que nous.Quât aux belles brutes,elles font fort variables. Arillote dit les belles en Abc eftre fort cruelles, ro b u fie s en l’Europe,en Afrique môftrtieufès.Pourla ra- cattjèpœr rite des eaux,plu (leurs befles de diuerfe cfpcce font con- traintes de faffemblerau lieu ou il fetrouue quelque eau: auant pratiqué les Ro mains,corne plulieurs fois ils ayent faicl voyages,ôc expéditions en Afrique,pour fauoir par long temps dominée. Corne vous auez de Scipion fur- nommé Africain, ils emportoyent toufiours ienc foay quoy d’eftrange, qui fomblok mettre Ôc engendrer fean- dale en leur cité ôc République. De £Afrique en particulier* ch a p. 4 . R quant à la partie d’Afrique, laquelle nousauôs colloyéevers l’Océan Atlan¬ tique, corne Mauritanie, ôc la Barbarie, Btdwie ainli appellée pour la diuerlité Ôc façon ^ rt JV lc rr r „ . . . p T effrange des habitans : elle elt habitée de a He ^ PoîtY Turcs, Mores, Ôc autres natifs du païs, quoy aï fi vray cil qu’en aucus lieux e! ic efl peu habitée,ôc corne de- 'fêmée* forte,ut à caufo de l’excefsiue chalenr,qui les cotraint de¬ meurer tous nuds , hors-mis les parties honteufes, que pour la llerilitéd aucuns endroits pleins dàrcnes,Ôcpour • • b ij # très ballons pour (oy défendre. Que h quelquefois ils font furpris en petitnombre,comme quand ils vontpef- cher, ou autrement j ils gaignent la mer, 6c fc iettans de¬ dans fe lau tient à bien nager : à quoy par contrainte le font ainl î duits & accoutumez. Les autres neftans fi ha¬ biles, ou nayans l’indutrie de nager, montent aux ar¬ bres , <3e par ce mefme moyen euitent le danger d’icelles belles. Faut aufsi noter que les gens du pais meurent plus fouuentparrauilïèmetdes belles làuuagcs,que par mort naturelle : 6c ce depuis Gibaltar iufques au cap Verd. Ils LES S I NGV I AU I TE Z la quantité des belles fauuages, comme Lions, Tigres, Dragons, Léopards, Buffles, Hyeues,Panthères, & au¬ tres, qui contraignent les gens du païs aller en troupes a leurs affaires Sc trafiques, garnis d’arcs, de fléchés, 6c au- 4 - —" “ DE t A FRANCE AKTARCTIQVE. 7 Ils tiennent la malliciircufèloy de Mahomet,encores Refait,» plus fuperftiticulèmét que les Turcs naturels. Auant que &* «re¬ faire leur orailôn aux temples 6c moulquée$,iIs le lauent momcs entièrement tout le corps, eftimans purger l’elprit ainlî ^ B ' u ~ corne le corps par ce huement extérieur &: ccrimonieux, >W ’ auec vn élément corruptible.Et eft l’oraifon faicte quatre fois le iour, ainlî * lue i’ay veu Faire les Turcs a Conftanti- noble. Au temps pâlie que les Payens eurent première¬ ment, de auant tous autres receu celle damnablc religion, ils cftoyent contraints vne fois en leur vie faire le voyage de Mccha, ou eft inhumé leur gentil Prophète: autremét MccJm ils n elpcroyent les delices,qui leur cftoyent promifès.Ce ftpulchrc qu’obferuent encores auiourd’huy les Turcqsr&faftem- f Mit ~ bien: pour faire le voyage auec toutes munitions, coin- me fils vouloyent aller en guerre,pour les incuriions des dartres Arabes, qui tiennent les montagnes en certains lieux, en Me' Quelles alfemblées ay-ie veu,cftant au Caire.&lamaëni c ^* jé, w _ * * licence &c triomphe que Ion y fait? Cela obier lient en¬ cores plus çurieulèment & eftroittement les Mores d’A- frique, & autres Mahometiftes, tant lont ils aueuglez & obftinez. Qui m’adonne occafion de parler en ceft en¬ droit des Turcqs,& du voyage,auant qu entreprendre la guerre, ou autre chofe de grande importance. Et quand principalement le moyen leur cft ofte de faire ce voya¬ ge, ils ficrif en t quelque belle fàuuage oudomeftique, ainli qu’il fe rencontre : qu’ils appellent tant en leur lan¬ gue,qu en Arabefque, Corban , dieftion priic des Hebreux Corban,. & Cliaidces, qui vaut autant d dire, corne prefent, ou of- frade. Ce que ne font les Turcs de Lcuat,mefmes dedans Conftatinoble. Ils ont certains preftres,les plus grads im- b iij f • — * LE 5 SINGVLARITE2 pofteurs du monde:ils fontcroyrc & entendre au vu lgai¬ re qu’ils feauent les fecrets de Dieu, & de leur Prophète. 5 1 , > j . *l _ r ^ t» pour parler fouuétauecques eux. D’auâtage,ils vient ciV ne maniéré défaire fort cfMge, $z fattribuét le premier _ -fc. “ * les E?y~ j w pues cré¬ miers /»- uenteurs des let¬ tres et Cil ïiictcrcs. vfaac d’efaiture,fur toutes autres nations.Ce que ne leur j .* 4 11 ■ I BArbitcs Affczjkd ligneux. accorder iamais les Egyptiens, aufquels la meilleure part de ceux qui ont traité des antiquitez, donner la première inuention d’efcnre,ôcreprefenter par quelques figures la coception de l’efprit. Et à ce propos a eferit Tacite en ce¬ lle manière, Les Egyptiens ont les premiers reprefenté &c exprimé la conception de fefprit par figures d’animaux, grau ans fus pierres,pour la mémoire des homes,les cho¬ ies anciennement faites & aduenuës. Aufsi ils fe dient les premiers inucteurs des lettres &caraderes.Et cefle inuen tîonCcomme Ion tronue par efcrit)a cité portée en Grèce des Phéniciens,qui lors dominoyent fus fa mer,reputans àlcur grand gloire,corneinuenteurs premiers decc qu’ils auoycnt pris"des Egyptiens. Les homes en cefte part du colle de I Europe font afles belliqueux,coiiftumiers defe oindre d’huilc,dontils ont abodance, auat qu’entrepren¬ dre exercice vioIent:ainfi que faifoient au temps parte les Athlètes,& autres, à hnque les parties du corps,comme mufcles, tendons, nerfs, & Iigamens adoucis par l’huile, fulTent plus faciles &difpos à tous mouuemens, félon la variété de l’exercice : car toute choie molle &c pliable eil moins fubiecte à rompre, ils font guerre principalement contre les Eipagnols de frontière,en partie pour la re¬ ligion, en partie pour autres cauies. U crt certain que les Portugais, depuis certain temps en ça, ont pris quel¬ ques places en celle Barbarie,Scbafty villes & forts, ou ils ont O * 1 DE LA FRANCE ANT AR C T I ÇVV E. ont introduit noftre religion : fpecialement vnc belle ville,qu’ils auoyét nome Saindte Croix,poury eftre ar- s.croîx* riucz 5c arreftez vntcl iour : & ce au pied d vnc belle môtagne.Et depuis deux ans ença la canaille cl u pais al- r ' er ' 7d ~ femblez en grâd nôbre, ont précipité de deliiis Jadidc ,7f * motagne,grof les pierres,&cail loux,qu’ils auoyent tiré des rochers: de manière que finablemct les autres ont elle côtraints de quitter laplace.Eta tou h ours telle ini¬ mitié entre eux,qu’ils trafiquet de fucrc,huile,ris,cuirs, & autres par hoftages & perfonnes interpolées. ïls ont Fertilité quatité dallez bons fruits, corne orages,citrcs,limons, de la Bar grenades,& fèmblablcs,dôt ils vient par faute de meil- ^ arie ' leurcs viâdes:du ris au lieu de blé. Ils boiuét aufsi huil- les,ainli que nous beuuons du vin. Ils viuentaflez bon aagCjplus ( a mon aduis) pour la fo brie té, &c indigence de viandes, que autrement. D es ifles Fortunées 9 maintenant appelle es Canaries. „ cha p. 5. aux frontières de Mauritanie de u ers ”«*> & Lfte Barbarie Iailscc à main gauche, ayans toufiours vent en poupe, nous coneneumes parl’inftrumentdema- cV - rme, de combien nous poumons lors des hk* approcher desilies Fortunées, htuées l'ortu- i’Occidcnt,ain(i appellécs par les Anciens, pour îabené température de l’air,& fertilité d’icelles. Or le premier iour deSeptébrc audit an,àhx heures du matin, com- méçames à voir l’vne de ces ifles par la hauteur d'vnc môtagne, de laqlle nous parleras plus amplcmét & en particulier cy apres.Ces ifles,félon au ce s,font eflimées eftre dix en nôbre:de!dlles y en a trois,dot les Auteurs pour que y aïK-fi ap- t'clldtsdt'S ^incîis. N amine des ii les ïvr ta¬ nces. Chip 3 , 4.J.cf 6. ïjks For î unies p.trauoy vhiinte- nmt itp- pditxsCit tUfii’S. LES SINGYLA&ITEZ not fait métion, pour ce qu elles font dcfcrtcs,Ôc no ha- bitées:les autresfèpt,c efta^auoirTerterife Ufle de Fer la G6miere,Ôc la grand iüe lignâmet appellee Canarie, font disantes deféquinoxial de vingtfept degrez : les trois autres,Forcauéture } Palmc 6 c Lencelotc, de vingt- huit degrez.Et pourtaïlonpeut voir,que depuis la pie- miere iSfques a la derniere, il y a vn degré, qui vault dixfèot lieues & demye,pris du Noit au Sinlelon opi¬ nion des pilots. Mais fans en parler plus auant, qui voudra rechercher par degrez celcPces la quantité des lieues 6cftades,que contient la terre, & quel e propor¬ tion il y à de lieüc 6: degré ( ce que doit obferucr ce uy qui veut eferire des pais 5 comme vray cofmographe) if pourra vcoir Ptolomec qui en traitte bien aroplcmct en Ua Cofmographie.Entre ces ifles n y àq la plus grade qui fut appellee Canarie: &c cé pour la multitude des grâds chiens, quelle nourrift: ainlique îccitcPline,6c plufieurs autres apres luy,qui difènt encores que Iuba en emmena deux: maintenant fit toutes appelices Ca naries pour celle mcfnie raifon,(ans diltinétioii aucu- nc.Maisfélonmôopinioniefldmcroye pluftoft auoir ellé appellées Canaries pour l’abondance des cannes & rofeaux fumages, qui fontfurle riuage de la Mer: car quant aux rofeaux portans fucre, les Efpagnols en ont planté quelque partie, depuis le temps qu'ils ont com¬ mencé à habiter ces lieux là: mais des fumages y en a* uoit au parauant, que ce pais aye porté chiens ne grâds 11 e petis: ce queaufsi n’eli vrayfemblablc: car principa¬ lement ay con'.meii par expérience, que tous ces Sauna gesdccouuers depuis certain temps cnça,onques n’a- uoyent DE IA PR ANCE ANTARCTIDE. c> uoyent eu conguoifsancc de chat, ne de chien: comme nous monftreronsen Ion lieu plus amplement. lefcay bien toutesfois que les Portugais y en ont mené 6c nour- ry quelques vns,cc qu’ils font en cores auiourd’huy,pour chalferaux cheures 6c autres belles fumages. Pline donc en parle en celle manière, La première ci l ap pcll é c O m- omln~. brion, ou n’y à aucun ligne de baftiment ou mailon: es montagnes fe voit vn eftang,&arbres femblablcs à celuy ^rbre qu’on appelle Fcrula, mais blancs 6c noirs , dclqueis on fàwge. epraint de tire eau:des noirs,l’eau ell fort amere:& au con traire des blancs, eau plaçante à boire. L’autre ell appel- lée Iunonia, ou i 1 ri y a quvne mailonnctte bailie feule- i monta, ment de pierre. Il fen voit vue autre prochaine, mais moindre & de incline nom.Vnc autre cil pleine de graeîs lefirds. Vis à vis d’icelles y en auoit vnc appellée fille de ife & neiges, pourcc qu’elle cfi toujours couuerte de neiges. m % es - La prochaine d’icel le eit Canada,ainli dite pour la multi- tArtcira ' tude des grands chiens quelle produit, cômc délia nous auons ditîclont luba Roy de Mauritanie en amena deux; & en icelle y a quelque apparence de hallimcns vieux. Ce pais anciennement a elle habité de gens fumages & barbares, ignoras Dieu & totalement idolâtres, adorans le Soleil, la Lune, 6c quelques autres planètes, corne fbu- ueraines deitezjdefquelles ils receuoycnttous biensnnais depuis cinquâteans les Elpagnols les ont défaits ôc fubiu- guëz, 6c en partie tuez, 6c les autres tenus captifs 6C clcla- ues: lefquelsfhabituans là, y ont introduit la foy Chrc- llicnne,dc maniéré qu’il n’y a plus des anciens 6c pre¬ miers habitateurs, linon quelques vas qui fe font retirez durnhU racliez aux montagnes: comme en celle du Pveh, de f^' c ' nc ° J J tienne. 1 1 $ mbù dès Crf»rf ries re- & C Bote des ifk'S Cti- mrks. Sucre de Cundm. Sucre de A Sucre de Arabie, LES ÎINOVLARITEZ laquelle nous parleras cy apres. Vray efl que celieu d\ vn refuse de tous les bânis d’Efpagne, lefquels par punition on enuoye là en exil: dont il y en à vn nôbre infini: aufsi defclaues, defqucls ils fe fçauent bien feruir à labourer la terre, Se à toutes autres chofeslaborieufes. le ne me puis afTez ememeillcr comme les habitans de ces illcs Se d’A¬ frique pour eftre voifms prochains, ayent elle tant difte- rens de langage, déco leur, de religion Se de meurs: at¬ tendu mefme que pluficurs foubs 1 Empire Romain ont conquehé Scfubiugué la plus gràd part de 1 Afrique,(ans touc 1 er à ces ifles,comme ils firent en la mer Méditerra¬ née, confidcré quelles font merneilleufemétternies, fer- uans à prclcnt de grenier Se caue aux Eipagnolsjainfi que la Sicile aux Romains Se Gencuois. Or ce pais tresbon de foy eftant ainfi bien cultiué raporte grands reuenuz Se emolumens, Se le plus en fucres : car depuis quelque téps ils y ont planté force canes,qui produilent fucres en gra¬ de quantité,Se bonàmerueilies:& non en ces ides feule¬ ment,mais en toutes autres places qu’ils tiennét par delà: toutesfoisilneflfi bon partout quences Canaries. Et la caufe qu'il ci 1 mieux rccucilly Se cîefiré,e ft que les i fl es en la mer Mediterranée,du collé de la Grèce, commeMct- telin, Rhodes, Se autres clcladcs rapportans tresbons lu¬ cres, auant quelles fulïènt entre les mains des Turcs,ont elle démolies par négligence, ou autrement. Etnay veu en tout le pais de Leuant flaire lucre,qu'en Egypte: Se les cannes,qui le produilent, croiffent fur ieriuagedu Nil,lequel aulsleft fort bien eftirné du peuple Sed.es mai- chans,quientraniquent autant Seplusq de celuy de noz Canaries. Les Anciens eftimerent fort lefucre de l’Ara- Etp. DE I.A FRANCE A N T A R C T I QV E. jq bie,pource qu’il efloit merueilleufêment cordial & fou- ucrain, fpecialemcnt en mcdicines, &nc lappîiquoycnt guercs à autres choies: mais auiourd’huy la volupté cil augmétéeiufïjues là, fpecialemcnt ennoftre Europe,que Ion ne fçauroit faire fi petit banquet, mehnes en notre manière de viure accoutumée, que toutes les (auces ne foyentfùcrées,ôc aucunesfois les viandes. Ce qu’a été dé¬ fendu aux Athéniens par leurs loix, corne chofc qui cfle- minoit le pcuplcrcc que les Lacédémoniens ont fuiuy par exemple. Il et vray,que les plus grands feigneursde Turquie boyuent eaux tierces, pource que le vin leur et défendu par leur loy. Quant au vin, qu’a inuenté ce grâd Hippocrates médecin,il etoit fèulemét permis aux perfonnes malades & debilitéesrmais ceiourd’huy il no 9 et prefquc autant commun, que le vin et rare en autre pars. Nous auons dit cela enpafànt fur le propos de fu- cre, retournons à notre principal fubie£t. De bleds,il y en a quantité en ces iflcs,aufsi detresbon vin, meilleur . Cana que celuy de Candie,ou le trouucnt les maluailîcs,com¬ me nous déclarerons aux ides de Madère. De chairs,fuf- nfammét, commechcuresfauuages & domotiques,oy- feaux de toirte efpece, grande quantité dorages,citrons, grenades, & autres fruits, palmes,& grande quantité de bon miel, il y â aufsi aux riucs des fleuries,des arbrifléaux, que Ion nome papier, 6c aufdits fleuries des potions no- f mtxnü ~ mez ! dures, que Paulus Iouius en fonliure des Poiflbns, ~ pcnieeftrceturgeons,dont ferepaiflent lespauures et 1 claues, fi ans detrauail â grande haleine, le plus forment à faute de meilleure viandeiet diray ce mot en pafïant, qti ils font fort durement traitez des Efpagnols,principa- « * c IJ o ï;fAk } herbe. Bi'Cjgom me noire, Çy U ma niere de Ufaire. Bois fit- bant y en y fige an Heu de chadeÜe. ^~ V I H i —g 3 ^***^ LES S I N G V L A R î T 1: Z lcraent PortLi 2 j Ci (le de Fer, C H A P. 7. - Ntrc ccs ifles iay bien voulu particulie- remcntdefcriïe Hile de Fer, prochaine à Tjlc de la TencrifPc,ainf] appellée, parce que de- Fer pour-- dans fe trouuent mines de 1er: comme celle de Palme pour l’a bodancedes pal- ri ^“‘ mes,&ainb des autres.Et encores quelle loit la plus petite en toute dimenbonfearfon circuit n’efè que de bx lieues)b cft elle toutesfois fertile, en ce qu’elle Fertilité codent,tant en canes portas lucres,qu’en bcftial, fruits, 5c beaux iardinl parfus tous les autres. Elle efè habitée des dcier ' Efpagnols,ainfi que les autres illcs. C^uaut au blé il n’y en a pas fufiifancc pour nourrir les habitansrparquoy Japlus § lan d pai t,corne les efclaues,font contraints de fe nour- rii de laid, & f ourmages de cheures, dont y en a quâtité: parquoy ils fe mêlèrent frais,difpos,£c merueilleufcment bien nourris: par ce q tel nourrifTcmét par cou (lu me ciè familier a leur naturel, enfemble que la bonne tempéra¬ ture de Pair les faüorife. Quelque demy phüofopie ou demy médecin ( honneur gardé à qui le mérité ) pourra demanda en ^ciè endroit,fi v'flnis de telles choies 11 c font giaueleux, attendu quclelaiét 6c formage font matière LalSl et de grau elle, ainb quel on voitaduenirà pîubeurs en no- f 0lirm ^ flie Europe: ic refpondray que le fburmage de foy peut Fp‘ d ~ cfère bon & mauuais, grauelcux & non grauelcux, félon mkux ' a quantité que Ion en prend, ôc la dilpobtiondcla per- ionne. Vray elè qu’a nous autres, qui à vue tnefme heure non contcns d’vne efpece de viande, en prends bien fou- ^ « ■ * c 11IJ Viucrs nourrif- jaxent s Û-: CMtCYS peuples. Le L ; ici trtsbon nourrif- Jemcnt. LES SINGVLARITEZ lient de vingt cinq ou trente, ainfi qu'il vient, &: boire de mefroc, 6c tant qu’il en peut tenir entre le bail 6e les fan- Hes, feulement pour honorer chacune d’icelles,&en bonne quantité ôc forment: fî le fourmage Ce trouuêd'a¬ bondant, nature déliagreuéedelà multitude, en pourra m il faire fon nroirït, ioint que de loy il cl raflez diflicile a cuire ôc à digérer: mais quâd leftomach eft difpos,non debilitcdcxcefsiuccrapule,non feulement il pourra di¬ gérer le fourmage, ftilt-il de Milan,ou de Béthune,mais encorcs choie p! us d u re à vn b eioing. Retou nions a no- ftre propos : ce neft d vn Coimograpbc de difputer Cx a- uant delà medicine. Nous voyos les Sauuages aux Indes viure fept ou liiudmoys à la guerre de farine faide de certaines racines fèiches 6c dures, aufciuelles on iugeroit ny auoir nonrriflemet ou aucune fubfîâce. Les habitons de Crète 6c Cyprene viuet prefque d’autre chofc que de laidages,qui font meilleurs que de noz Canaries, pource qu’ils font de vaches, 6c les autres de cheurcs. le ne me veux arrefter au laid* de vache, qui cfi plus gros & plus gras que d’autres animaux, 6c de cheurceft médiocre. Doua mage que le laid de tresbonnourrifîement, qui promptement eft conuerti en fàng, pource que ce neft que fing blanchi en la mamelle. Pline auiiure rr. chap. 42.récite que Zoroaftrcs âvefcu vingt ans au defert feu¬ lement de fou nuages. Les Pamphiliens eu guerre 11 a- uoyent prefque autrcsviures,qu e fhurmages aafneffe Sc de chameaux. Coque i’ayveu faire femÜlablement aux Arabes :6c non fèulemen t boy tient laid au lieu d’eau paf- dns les defèrts d Egypte, mais aufsi en donnent à leurs chenaux. I tpoui rien 11 ci ailler qui plus appartienne à ce p refont DE LA FRANCE ANTARCTIQUE, prcfcnt cifcours, les anciens Efpagnols la plus part de l’année ne viuoycnt que de glans, comme recite Strabon &Pofsidomc,de(quels ils faifoient leur pain, 5 c leur bru- mge de certaines racines : & non feulement les Efpa¬ gnols, mais plufieurs autres, comme dit Virgile en fes Georgiques: mais le temps nous a apporte quelque fa¬ çon de viureplus douce & plus humaine. Plus en toutes ccs iflcs les homes font beaucoup plus robuftes & rom¬ pus au trauaifque les Efpagnols en Efpagne,nayans auf- h lettres ne autres eftudes,(mon toute ruiticité. le diray pour la fin aies fçauants,& bien a pris au fuel de marine, tat Portugais que autres Efpagnols, dilent que cefte illc efl droitement foubs le diamètre,ainfi qu’ils ont noté en leurs cartes marines, limitans tout ce qu’ait du Nortau Su: comme la ligne equinoétiale de Aocit 5; Efl, c’efl a- icauoir en longitude du Leuantau Ponent: corne le dia¬ mètre efllatitude du Mort auSurlefquelles lignes (ont e- galcs en gradeur,car chacune contient trois cens (curante degtezjôc chacun degré, comme parauant nous auons dit,dix(ept lieues & demye. Et toutainfî que la ligne c- quinoctiale diuifé la Spherecn deux, Seles vingtquatre climats,douze en Orient,Seautant en Occident:aufsi ce- fle diamétrale paflant par noflreifle, corne Pcquinoctiale par les ides fàinét Orner,couppe les parallèles, & toute la Sphère,par moytié de Scjÿétrion au Midy. Au fur plus ic n’ay veu en cefte illc choie digne d’eicrire, (mon qu’il y a grande quantité de icorpions, 5 e plus dangereux que ceux que fay veux en Turquie, commei’ay congncu par cxperience:auÉiles Turcs lesamaffent di/i gemment pour en f aire huille propre à la médecine, ainu comme hvfcii d /-'■/e de Fer t fl J ou b s bt Uwe di.t O metrde « Vtdvur dude’i ré, O des t ans. ries. ■ - - LES SlNCVLARITEZ les médecins en fçauent fort bien vfer, Des ijles de Madere . C H A P. S. Jsles de Modéré non con- gnenl’s des ^An¬ ciens. Madere, que jt^ni jte en Ltn vue de porta - Siriiatto des isks de Ma- Ous ne lifons point es Auteurs, que ccs i(les ayent aucunement efté congncuës ne dccouucrtes, que depuis foixante ans ença, que les Efpagnols Ôc Portugais fe font bazardez 6e entrepris plufieursna- uigâtions en l’Océan. Ht comme auons dit cy deuant, Ptolemée a bien eu congnoiflance de noz ides Fortunées, mednes iniques au Cap verd. Plineaufsi fait mention que Iuba emmena deux chiens de la gran¬ de Canarie, outre plufieurs autres qui en ont parlé. Les Portugais doneques ont efté les premiers qui ont decou- uerteesidesdontnous parlons, 6e nommées en ! cur lan¬ gue,Madere, qui vault autant à dire comme bois, pour¬ tant qu’elles eftoyent totalcmct defèrtes,pleines de bois, 6c non habitées. Or elles font fituées entre Gibaltar,& les Canaries,vers 1 c Ponent : 6c en no dre nauigation les auôs codoyées à main dextre, diftantes de l’equinoctial enui- ron trente deux degrez,6e clés Fortunées de ioixate trois lieues. Pour decoiiLi rir 6c cultiuer ce païs,aind quvn Por- tugais maidre pilot ma récité,, lurent contraints mettre le feu dedans les bois,tant de haute fuftaye,que autres,de la plus grande 6c principal ci île, qui cfb faite en forme de triangle, comme a des Grecs,contenant de circuit qua¬ torze lieues ou enuiron:ou lefeu côtinua lelpace de cinq a flx iours de telle vchemécc 6c ardeur, qif ils furent con¬ traints Célébré entre au- très. DE LA FRANCE ANTARCTIQUE* 14 traints de fè (àuuer 2c garantira leurs nailires: Scies autres qui n’auoyent ce moyen & liberté, fe ietterent en la mer, iniques a tant que la fureur du feu fuftpalsée. Incôtinent apres le mirent à labourer, planter, 2c femer graines di- uerfès,qui profitent merueilleufement bien pour la bo¬ ue difnofition 2c aménité de l’air : puis baflirent maifons 2c fbrterefies, de manière qu’il ne fètrouuc auiourd’huy lieu plus beau 2c plus plaifant. Entre autres choies ils ont planté abondance de cannes, qui portent fort bon lucre: dont il fe fait grand trafique, 2 c auiourd’huy cfl célébré Sucre de le lucre de Madere. Celle gent qui auiourd’huy habite Ma “°' e Madere, eft beaucoup plus ciuile & humaine, que celle des Canaries, 2c trafiqueauectous autres le plus humai¬ nement qu’il cfl polsible. La plus grande trafique cfl de lucre, de vin, ( dont nous parlerons plus amplemet ) de miel, de cire,orenges, citrons, limons, grenades, 2c cor- douans. Ils font confitures en bône qualité, > es meilleu- Confitu¬ res 2c les plus exquifès qu’on pourrait fouhaitter : 2c les font en formes d nomes, de femmes, de lyons, oyfcaux, " ' ! 2c poifions, qui elt cliofc belle a contempler,2c encores meilleure à goufter. Ils mettentdauâtage plulieursfruits en confitures,qui le peuuét garder par ce moyen, 2c tranl- poLier es païs ei franges, au j oulagemét 2c récréation d’vn chacun. Ce païs elf donc tresbeau, 2 c autâtfertile:tant de Fertilité Ion naturel 2: lituation (pour les belles montagnes accô- des hks pagnées de bois, 2c fruits effranges, lelqucls nous n’auôs y 1 par deçà) que pour les fontaines 2c viues lourccs, dont la dl> e ' campagne cil arrofée, Sc garnie d’herbes 2c paff urages lùfifammént,belles fumages de toutes (ortesraufsi pour auoir diligemment enrichi le lieu de labourages. Entre T * 1 d ij c,mvi (touj re. Prowo' toise a F. tbiopie. F,jlendstc de de l Ethio¬ pie* LES S INGVLARI TEZ an pelle le promontoire ou cap Blanc, pourcc, qu’il efl plein de (aidons blancs comme neige,(ans apparenceau- cime d herbes ou arbresidiftant des i 11 es Canaries de 70. liëuës, 6: laie trouuc vngoufre de mer,appelle parles gens du paisDargin,du nom d’vnc petite iÜc prochaine de terre terme,ou cap de Palme, pour l’abodace des pal¬ miers. Ptolemee a nommé ce cap Vcrd, le promontoire d'Ethiopie, dont il a eu cognoiflance fins palier outre. Ce que de ma part i’cft imeroye eftre bien dit, car ce pais contient vnegrandeeltendue:dc manière queplufîeurs ont voulu dire,qu’Ethiopieclt diuifeeenl’Alîe & en l’A¬ frique. Entre Iefquels Gemma ;’hrifè dit que ! es moms Ethiopiques occupants la plus grade partie de l’Afrique, vontiufques aux riues de l’Océan occidental, vers Midy, iulqnes au fieuue Nigritis. Ce cap eflfort beau 6c grand, entrant bien auat dedans la mer,fitué fus deux belles mo- tagnes. Tout ce pais efl habite de gens allez fumages, non autant toutcslois que des balles Indes, fort noirs cô- meceux del a Barbarie. Et fan 1 1 noter,que de pu is Gibal- taiyufques au pais du Prefte Ian,ôc Calicugcôtenant plus de trois mille lieues , 1 c peupleeft tout noir. Et mefmcs iay veu dans Hierufdem, trois Euefqucs de la part de ce PrefteIan, qui eftoyent vemiz viiïtct le fùnt (epulchre, beaucoup plus noirs,que ceux de la Barbarie,& non fins occafionxar ce nef à dire que ceux gencralemct détou¬ ré IA trique, (oy eut egalement noirs, ou de femblables meurs 8c conditions les vns comme les autres: attendu la variété des regios, qui font plus chaudes les vues eue les autres. Ceux de 1 Aiahic ec Egypte (ont moyens entre blanc 6c noirdes autres bruns ou grifâÜrcs, que Ion ap- DE LA' PR AN CE ANTARCTIQUE. 17 pelle Mores blancs : les autres parfaiCtement noirs com- Mores meaduftes. Ils viucnt la plus grand part tous nuds,com- blancs, me les Indiens, rccongnoiffans vn roy, quils nomment en leur langue Mahouat : linon que quelques vns tant hommes que femmes cachent leurs parties hôteulcs de quelques peaux de belles. Aucuns entre les autres por¬ tent chemifès &: robes de ville ellofte,qu’ils reçoiuent en trafiquant auec les Portugais. Le peuple efk allez fami¬ lier 8c humain entiers les effranger s. Auant que prendre leur repas,ils le lauent le corps &c les membres:mais ils er¬ rent grâdement en vn autre endroit,car ils préparer très- mal ôcimpurement leurs viandes,aufsi mâgent ils chairs & poiflons pourris,& corrompus: car le poiffon pour fon humidité,la chair pour eftre tendre & humide,elf incon¬ tinent corrompue par la vehcmente chaleur, ainli que nous voyons par deçà en elle: veu aufsi que humidité eft matière de putréfaction, & la chaleur cil corne caufe effi¬ ciente. Leurs mailons & hebergemens font de mefmes, tous ronds en manière de colombier, couucrts de ionc marin,duquel anfsi ilsvfent en lieu dcIi£t,pourfc repofèr & dormir. Quanta la religion,ils tiennetdiuerfîtc d’o- Religion pinions allez eftranges & contraires à la vray c religion. “ Les vns ad o re nt 1 es id o les, I es au très M aho met, princi- e fJ /' paiement au royaume de Cambre, cftim ans lesvns, qu'il y à vn Dieu auteur de toutes choies, & autres opinions non beaucoup diflemblables à celles des Turcs. Il y â au¬ cuns entre eux,qui viucnt plusauflcrement que les au¬ tres, portans à leur col vn petit vaiflcau fermé de tous co- llcz,8c colle de gômeen forme de petit coffret ou cfluy, plein de certains cara&ercs propres à faire inuocations, c % : que, LES S1NGVLAUTEZ dont cou ftu mie re ment ils vfent par certains iours fans lofter , ayans opinion que cependant ne font en danger d’aucun inconuenient. Pour Jmariage ils faffemblent les vnsauecles autres p quelques promeffes, fans autre cere¬ monie. Cette nation fe maintient allez ioycufe, amou- reufe des danfes,qu’ils exercent au foir à la Lune,à laquel¬ le ils tornent toujours le vifàge en danfant, par quelque maniéré de reuercce 6e adoration. Ce que ni a pour viay affaire vn mienamy, qui le fçait pour y auoir demeure BdrU- quelque temps. Par delà font les Barbazins & Scrrets, a- zins & uec lefquels font guerre perpétuelle ceux dont nous auôs Scrrets parlé,combien qu’ils foyent femblablesjhors-mis que les f^ le f s , Barbazins font plus fauuages, cruels & belliqueux. Les ' A * n ' Scrrets font vagabonds, & comme defefperez, tout ainfl que les Arabes parles dcferts,pillans ce qu’ils permet dans Joy, fans roy, finon qu’ils portent quelque honneur à ce- Iuy d’entre eux quia fait quelque proue fie ou vaillance en guerre: Ôc allèguent pour raifon, que fils eftoient foubmis à l’obeiffance d'vn Roy,qu’il pourrait prendre leurs enfans, & en vfer corne d’cfclaues, ainfl que le roy de Senega. Ils combatent l us l’eau le plus fouuent auec petites barques, faittes d’efcorche de boys, de quatre )rafsées delong, qu’ils nomment en leur langue Alma- dics. Leurs armes font arcs & flefehes fort aiguës, &c en- uenimées, tellement qu’il n’eft pofsibledefe fauuer,qui en à efte frappé. Dauantageils vfent de battons de can¬ nes, garnis par lé bout de quelques dents de bette ou poifïon, au lieu defer,defquels ils fe fçauent fort bien ai¬ der. Quand ils prennent I eurs ennemys en guerre,ils les refèruent à vendre aux eftransers, pour auoir autre mar- . . -.*■-- i i.r ch and lie dits. DE IA FRANCE À NT À R CT I QV E. !S chandife( car il n’y âvlàge d’aucune inonnoye) fans les tuer & manger: comme font les Canibalcs, 6c ceux du Brefil. le ne veux omettre que ioignant celte contrée,y h vntresbeau fleuue, nômé Nigritis,6c depuis Scnega,qui a rigrltit eftdemefme nature que le Nil,dont il procede,ainfique veulent plu f leurs, lequel pal le par la haute Libye, Ôc le terhUSe ' royaume d’Crguene, trauerlânt par le milieu de ce pais 6c l’arroufant, comme le Nil fait l’Egypte :6c pour celle raifon a eflé appelle Senega. Les Elpagnols ont voulu plufieurs fois par lus ce fleuue entrer dedans le pais, 6c le iubiuguer: 6c de fait quelquefois y ont entré bien quatre vingts lieues: mais ne pouuans aucunement adoucir les gens du pais,elf rages 6: barbares, pou reuiter plus grands incoueniens (è four retirez. La traffiquc de ces lauuages ell en elclaues,en bœufs, & cheures, principalement des cuirs,6c en ont en telle abondance, que pour cent liures de fer vous aurez vne paire de bœufs, & des meilleurs. Les Portugais fè vantent auoir cflé les premiers,qui ont mené en ce cap Verd, cheures,vaches,6c toreaux,qui de¬ puis auroyétainfi multiplié. Aulsiy auoir porté plates fîc îèmêces diu crics,comme de ris,citrons,orenges. Quant au mil,il cil natif du pais,6c en bonne quantité. Auprès ijlcspres du promontoire Verd y à trois petites iftes prochaines de du cap terré ferme,autres que celles, que nous appelions Illes de Verd^jo cap Verd,dont nous parlerons cy apres,affez belles, ;lour Jd htLii * les beaux arbres,quelles produilènt: toutesfois elles ne font habitées. Ceux qui font là prochains y vont fouuét pelcher,dont ils rapportent du poiflon en telle abondan¬ ce, qu’ils en font de la farine, 6c en vient au lieu de pain, apres eitre lèiché, 6c mis en poudre. En 1 vne de ces ifles c ij .LES SINGYLÀRITEZ DE IA FRANCE ANT A RÇT I CQV E. lo fetrouuc vn arbre, lequel porte fueilles femblables a cel- , > -les de noz figuiers, le fruit eft long de deux pieds onen - c JïrH[ uiron, ôc gros en proportion, approchant des grofies & ' * * longues coucourdes de 1 ’iile de Cypre. Aucuns manget de ces fruits, comme nous faifons de fucrins & melons: &au dedans de ce fruit eft vne graine faite à la iemblan- ce dvn rognon de licurc, delà grofïèur d’vne febue. Quelques vns en nourriffent les linges, les autres en font colliers pour mettre au col; car cela cft fort beau quand il cft fèc & afïàifonné. Du yin de Palmiers, c h a r. n. Tant efeript le plus fcmiaafrement qniî à efté pofsible ce que meritoit eftre ef- cript du promotoire Verd, cy dcïïus dé¬ clare, iay bien voulu particulièrement traiter,puis qu’il venoit à proposai esPal- miérs,& du vin bruuage que les Sau- uages noirs ont appris d’en faire, lequel ch leur langue ils appel lent,Mignol. Nous voyons combien Dieu pere & Mivml créateur de toutes choies nous donne de moyens pour le foulagcmcnt denoftre vie,tellement que ri l’vn defaut, il il remet vu autre, dontil ne JaifTe indigence quelcon¬ que a la vie humaine, fi de nous mefmes nous ne nous delaiffons par noftrc vice &c negligcce : mais il donne di- uers moyens, félon qu’il îuy pïaiic, fans autre raifon. Doncques fi en ce pais la vigne n’eft familière comme autrepart, 6c parauenture pour n’y auoir efte plantée & m m,* c uj i LES S INCVLARITE‘2 diligemment cultiuée;il n’y a vin en vfage, nô plus que» plu heurs autres lieux de note Europe,ils ont auec pro- uidence diurne recouuert par art & quelque diligence cela, que autrement leur elloit dénié. Or ce palme cft vnarbre merueilleufementbeau,& bien accompli, (oit en grandeur, en perpétuelle verdure,ou autrement,dont v luf, m rs il y en àplufieurs efpeces, & qui prouiennent en diuers cjjxcesde lieux. En l'Etuope,comme en Italie,les palmes croiflent pAlmes. abondamment,principalement en Sicile,mais telles. En que'que frôtiere d’Elpagiieeiles portent fruitalpre Sc malplail ant à manger. En Afrique,il cil fort doux,en Egypte femblablcment, en Cypre& en Crete,en l’Ara¬ bie pareillement. En Iudee,tout ainli qu’il y en à abon¬ dance, auGi eft-celaplus grande nobldle &: excellence, principalement en Iericho. Levin quelon en fait, ell ex¬ cellent, mais qui offenle le cerueau. Il y à de cell arbre le malle & la femel le: le malle porte là fleur àla brandie, la femelle germe fins fleur. Et elt chofe memeilleufè & digne de contemplation ce que Piinc& plufreurs autres enrecitét : Que auxforefls des palmiersprouenus dU na turel de la terre, fi on couppe les malles, les femelles de- uiennentfterilesfàns plus porter de fruit : côme femmes vefues pour l’ab fonce de 1 eurs marks. Cclt arbre deman¬ de le pais chaud,terre fàbJonneufe,vkreulè, & corne fà- léc, autrement on luy file la racine auant que la planter. Quant au fruit il porte chair par dehors, qui croifl la première, &ab dedans vn noyau de bois, eeft à dire la graine ou fcmence de l’arbre: comme nous voyons es pommes de ce pais. Et quainfi foit Ion en trouuede pe¬ tites fins noyau en vncmefme branche que les autres. PliJi. rj. ehdp. 4 . DE IA fRANCE ANTARCTIQV£, 2 O Dauantage.cefl; arbre apres eflre mort,reprend nai/Em- ce de fbymefmc : qui femblc auoir donne Je nom à ccd: oyfeau, que Ion appelle Phénix, qui en Grec fîgnifîe Pal- Phtnix, me, pource qu’il prend aufsi naïf] a a ce de foy fans autre oy ^ m moyen. En cores plus ceft arbre tant celebrc à donc lieu ^ ' r & argument au prouerbe,que l’on dit,Remporter la pal- me, ce (1 à dire le triomphe & victoire : ou pource que le P rouer- temps pafsé on vfoit de palme pour couronne en toutes ^ c ■ victoires, comme toufiours verdoyante: combien que chacun icu,ou exerciceauoit fon arbre ou herbe parti¬ culièrement,comme le laurier, le myrthe,fhierre,& Ib- liuier: ou pource queceft arbre,ainh que veulent aucuns, ayt premièrement efté consacré àPhebus,auam que le laurier, & ayt de toute antiquité reprefenté le ligne de victoire. Et la raifon de ce recite Aule Gelle, quand il pwpvk- dit, que ce fl arbre à vue certaine propriété, qui conuient té de U aux hommes vertueux & magnanimes: ceft que iamais ?^ me - la palme ne cede, ou pliefoubs le fais 7 mais au contraire L !“ re 31 tant plus elle eft chargée, & plus par vne manière de refi- ch **' C ' ftence, fe redrefle en la part oppohtc. Ce que conferme Ariftotc en fes problèmes, Plutarque en fésSympofia- J* ques, Pline &Thcophrafte. Et femblc conucnir au pro- jj pos ce que dit Virgile, c û M t; N obéis iamais au mal qui f importune, tildes Ains vaillamment rehfte à la Fortune. plantes. Or elt il temps déformais de retourner à noitre pro¬ montoire : auquel, tant pour la difoofition delairtrefo chaud (eftant en la zone torride difhnt 15. degrez de la ligne equinoctiale) que pour la bonne nature de la terre, croift abondance de palmes,dcfqucls ils tirent ccr- __ " ■ ii * • . e nij LES SINGVLARITEZ tain foc pour leur clelpence de boiflon ordinaire. L’arbre rc de fri- ouuert auec quelqucinllrumenr,corne à mettre le poin, re ce *vm ^ vn p iec l 0 u deux de terre,il en fort vne liqueur,qu’ils re- çoiuent envn v aideau de terre delà hauteur dei’ouuer- turc,& la reforuent en autres vaifîeaux pour leur vlàge. Et pour la garder de corruption, ils la Client quelque peti, corne nous faifons le verius par deçà: tellement que le Ci colume celle humidité crue eflant en celle liqueur, laquelle autrement ne le pouuant cuire ou meurir, necel- de pd- tniers. corro : de con- fill'cncc, elle cil femblable aux vins blancs de Ch amp a- P fT'y~ S ne ^ ^ Aniou: le goule fort bon, de meilleur que les ci- 'dcpitl- trcs Bretagne. Celle liqueur cfl trelpropre pour rc- mùru hclchir 6c de!altérer, a quoy ils font lubiets pour la con¬ tinuelle DE LA FRANCE ANTARCTIQUE. 21 tinuellc 8 c excefsiuechaleur. Le fruiéf de ccs palmiers, (ont petites dattes,afpres 8 c aigres,tellement qu il iVell fa¬ cile a en man ger :n eantm oin s queleius delarbre ne lai C- fe à eftre fort plaifmt à boire:aulsi en font eflime entre eux, comme nous faifons des bons vins. Les Egyptiens anciennement, auant que mettre les corps morts en bat me,les ayans préparez ainfi qu’eftoitlacouftume,pour mieux les garder de putréfaction, les lauoycnt trois ou quatre fois de celle liqueur, puis les oignoyent de myr¬ rhe, 8 c cinnamome. Ce breuuage cft en vlage en plu- fîeurs contrées de fEthiopie, par faute de meilleur vin. Que ; ques Mores femblablcmét font certaine autre boif ^€utn (on du fruit de quelque autre arbre, mais elle cft fort af- forts de pre, corne venus,o u citre d e cormes,auant qu elles (oyent &'*»*£?* meures. Pour cuiterprolixité,ie laifleraypluheurs fruits 8 c racines, dont vfent les habitaus de ce pais,en aliments 8 c médicaments, qu’ils ont appris feulement par expé¬ rience, de manière qu’ils les fçatient bien accommoder en maladie. Car tout ainfi qu’ils cuitcnt les délices &: plusieurs voluptez, lefquelles nous (ont par deçà fort fa¬ milières, aufsi font ils plus rohuftes & difpos pour endu¬ rer les iniures externes,tant foyent elles grades: 8 c au con¬ traire nous autres,pour eflre trop délicats, femmes offen fèz de peu de chofè. f LES SINGVLARITEZ De la rimere de Sencgmi. c h a p . 12, Roy au - ne de Se negm , appc-'é du nom dujli'u- ue. Ombien que ie ne me Toys propofe en ce mien difeours, ainfï que vray Géogra¬ phe défaire les pais, vil les,citez, fieu Lies, goufres, m Stagnes, diftances,fituations, & autres chofes apparrenas à la Géogra¬ phie,ne m’a femble tou tes fois eftre hors de ma profefsion, de faire amplemét quelques lieux les pf> notables, fclô qu’il venoit à propos,& corne ic les puis auoir v eu z,tant pour le plaifir & contentement,qu en ce faifintle bô 5c bien affedionnéLedeiir pourrareceuoir, que pareillement mes meilleurs amis: pour lelquels me femble ne pouuoir alfezfitir e,e ncoparaifon du bon vou¬ loir & amitié qu’ils me portent: joint que ic ne me fuis perfuadé depuis le commencement de mon liure elcrire entiercmet la vérité de ce que i’auray peu voir 8c côgnoi- ftre. Or ce fleuuc entre autres chofes tant fameux (du¬ quel le pais & royaume qu’il arroufe, a cfbc nommé Sé¬ né gua: comme noftre mer Mediterranée acquiert diuers noms felonla diuerfité des contrées ou elle pâlie) eît en Libye,venant au cap Vcrd, duquel nousauons parlé cy deuant:8c depuis lequel iniques à la riuiereje pai's ell fort pIain,fihlonneux,8c ilcrilaqui eft caufè que là ne le trou- uc tant de belles rauiflàntes, quailleurs. Ce ileu ue cil le premier, & pins cclebrc de la terre du colle de l’Océan, fèparantla terre feiche 8c aride de la fertile. Son ellédue cil iniques à la haute Libye, 8c plufîeurs autres païs 8c royaumes,quil arrofe. Il tient de largeur enuiron vne lieu?, DE LA FRANCE ANTAR CT I QV E, 2.1 lieue,qui toutesfois ell: bien peu, au regard de quelques ri- uieres qui font en rAmerique:defou elles nous toucheros plus amplement cy apres. Auaut qu’il entre en l’Océan (ainfi que nous voyons tous autres flcuucs y tendre & aborderai le deui(è,&y entre par deux bouches elôgnées 1 vne de l’autre énuiron demye lieue, lefquelles font afîès profondes,tellement que Ion y peut mener petites naui- res. Aucuns Anciens, corne Solin en fon liure nom me opinion Polyhiflor, Iules Ce for, & au très,ont eferit ce grad fleuue de °i U€l ~ du Nil paflant par toute 1 Egypte, auoir me fine fource 5c • • - 1 „ I V o en s fur origine que Senegua,&de mcimes montagnes. Ce que i' QY \J me n’dl vrayfemblable. Il cflcertain que la naiflanee du Nil du Nil, efl bien plus outre l’Equateur,car il vient des hautes mon & de Se tagnesde 13 cd , autrement nommées des anciens Geo- ne à> Ud - graphes,montagnes de la Lune,Icfquellcs fontia fcpara- Manu- tion de l’Afrique vieille à la no lîu elle, comme les monts £»« de Pyrénées de la Fracc d’auec l'Efpagne. Et font ces môta- lii Ltme > gnes ïïtuces en la Cyrenaique,qiueft outre la ligne quin- f cc ze degrez. La fource de Senegua dont nous parlons, QriZw procède de deux montagnes, l’vne nommée Mandro,Ôc de %ne- f autre Thala, diPondes des montagnes de Bed,de plus de mille lieues. Et par cecy Ion peut voir combien ont erré pluheurs pour n’en auoir faid la recherche,comme ont fait les modernes. Quant aux montagnes de la Lu¬ ne^’des font lituées en l’Ethiopie inferieure,& celles d ou vient Senegua eu Libye, appelléc intérieure : de laquelle Monta- les principales montagnes font Vforgati,d’ou procédé la »«« de riuierc deBergade,la montagnede Cafo, de laquelle de- L ‘^ e - feend le fleuue de Dardede mont Mandro cleué par lus les autres, comme ie puis coniedurer, à caufè que toutes f ij ra LES SINGVLARITEZ riuieres,qui courent depuis celle de Sainte, îufques a ccilc de Malle,diftans lvne de l’autreenuironfeptantelieues, prennent leur four ce de celle montagne. ID auantage le mont Gir^ile, duquel tombe vneriuierenommée Cym- pboificde HagapolevietSubo flcuuc peuplé de bo poil- ion,Se de crocodiles ennuyeux & dommageables à leurs voyflns. Vray cft que ftolemée qui à trai&é de p ailleurs pais Se nations eftrangds, à dit ce que bon luy â femblé, Nd M- principale met de l’Afrique & Ethiopie, & ne trouuc au- tettr An- - teuT entre les anciens,qui en ay e eu la côgnoilfance 11 bô - de»4 eu nc & parfaitte,qui m’en puiile donner vray cotentemct Quand il paric du promontoirc de PrafFe (ayant quin- c %zc degrez delatitude,&qui cil la plus lointaine terre,de tome t a laquelle il à eu congnoiilanccicôme aufsi deferit Glarean friyuc. a la fin deladefcription dAfnquejde Ion temps le mon¬ de inferieur a elle deferit,neantmoins ne la touché entiè¬ rement, pour eftrc priué & naaok consneu vne bonne partie de la terre méridionale, qui a elle dccouucrte de d offre teps. Et quant tk quant plulîeurs chofes ont efté adio liftées aux eferits de PtoIcmée:cc que Ion peut voir à la table generale,qui eft proprement de luy. Parquoy Ie Lecteur fim p le,n ayant pas beaucoup verfé en la Cofino- graphie 6e congnoilfance des chofes, notera, que tout le monde inferieur cil diuifé parles Anciens en trois parties inégalés, dfçauoir Europe,Afie,& Afrique: defhucllcs ils ont eferit les vus à la vérité, les autres ce que bô leur a 1cm blé, f ans toutesfois rien toucher des Indes occidentales, qui font auiourd’huy la quatriefine partie du monde,de- couuertes par les modernes: comme aufsi à elle la plus grand part des Indes oricntales,Calicut,6c autres. Quant à celles DE LA FRANCE ANTARCTIQVE. 23 à celles de l'Occicienr,la France AntardtiqucjPcru,Mexi¬ que, on les appelle auiourd’h uy vulgairement, Le non- wmem ueau monde, voire iniques au cinquante deuxiefme de- mor} àe. gré ce demy de la ligne, ou cille deilroit deMagello, & pluheurs autres prouinces du collé du North, & du Su a coflé du Louant: 6c au bas du Tropique de Capricorne cnl’Ocean méridional, & à la terre Septentrionale: des¬ quelles Arrian, Pline, 5 e autres hi fl o ri o graphes n’ont fait aucune mention qu’ci 1s ayent elle decouuerts de leur temps. Quelques vnsont bien fait mention d’aucunes Ifas He ifles qui furent decouuer tes par les Carthaginois, mais i’e- flimeroys ejftre les iiles Fiel perides ou Fortunées. Platon im- q UC ]q UC nombre de tiens £e defclaues, enuoyez par les \ind vtu T , 1 i •- 1 J . r . Portugais pour eultmer la terre,en aucuns endroits qui fe trouueroyent propres : & principalement pour y faire a- niasde peaux de cheures,dont y a grande quantité,&en font fort grand trafique. Et pour mieux faire, les Por¬ tugais deux outrois fois l'année pafient en ces iflésauec nauires & munitions, menas chiens & filets, pour chafler aux chaires fumages : defquelles apres eftre efcorchées referuent feuïemct les peaux, qu’ilz defeichent auecques de la terre & du fel,en qu elques vaifleaux à ce appropriez, y Pour les garder de putrefadf ion: & les emportent ainfi en /w ’ E , r P aïs >P uis en % nt l cut ‘ s morroquins tant celebrez par 1 " ' ‘ l'vniuers. Aufsi font tenus les habitans desilîes pour tri¬ but, rendre pour chacun au Roy de Portugal le nombre de fix mille chaires, tant fumages que domeftiques fa¬ ites &, Riche es : leiqucllesils delmrenta ceux, qui delà partd’iccluy Seigneur Font le voyage aueefes gridsvaif- f eaux, aux Indes orientales, comme à Calicut, & autres, p a flans parcesiiles : &cft employé ce nohre decheures pour les nourrir pendant le voyage, qui eft de deux ans, ou plus,pour la diftance des lieux,&la grade nauigation qu i. huit faire. Au fùrplusl'àir en ces Pies eff peftilen- tieux &. mal fain, tellement que les premiers Chrefticns quiont , __ DE LA PRANCE ANTARCTIQVE. Z K qui ont commencé à les habiter, ont efté par long temps vexez de maladie, tant à mon iugement pour la tempe- rature de l’air qui en tels endroits ne peut eftrebone,que pour la mutation. Aulsi font là fort familières & com¬ munes les fleures chaudes,aux Efckues fpecialement, 6c quelque flux defongrejui ne pcuucnt eflrene l’vnnelau- tre que d’humers exccfsiuement chaudes & acres, pour leur continuel trauail 6c mauuaifo nourriture, ioint que la température chaude de l’air y cofent, 6c 1 eau qu’ils ont prochaine:parquoy reçoiuent î’exces de ces deux elemes. Des tortues^ d'y ne herbe qu'ils a' t C H A P, 14. Vis qu’en note nauigation auons déli¬ béré eforire quelques nngularitez obfer- uées és lieux 6cplaces ou auons efhhil ne fora hors de propos de parler des tor¬ tues, que noz ifles deflfus nom ces nour- riflenten grande quantité,aufli bien que de chaires. Or il fen trouue quatre eipeces, terreftres. Quatre marines,la troif icfme viuant en eau douce, la quatrieflne ejpeccsde aux mardis: le {quel les le n’ay délibéré de déduire par le tortues. menujpour cuiter prolixité,mais foulement celles quifo voyent aux riuages de la mer,qui enuironnc noz ifles. Ccftecfpcce de tortues faillcnt de la mer fus le nuage Tortue au temps de fou part, fait de tes ongles vnc fofle dedans ***rmc. les fàblonSjOu ayant fait fos œufs ( car elle cA du nombre des ouiperes,dont parle AriAote)lcs couurcfl bien,qu’il eilimpofsible de les voir netrouuer, iufqties à ce que le cr iP cfp ecc 1 . 1 . p. cJjdpAQ MAnic- reaepre- di'c les tortues m. uir.es. EjpM&iY de ces ef CdHks de tortues marines, Çj* CVMC ils fm joueur. LES SINGVLARITEZ flot de la mer venant les decouure: puis par la chaleur du Soleiluuilàeftfort vehcmcteje part fengedre&cclofl, ainfi que la poule de ion œuf,lequel confifte en grand nombre de tortues,de la grandeur de crabes (qui eit vue de poiflon) que le flot retournant emmeine en la mer. Entre ces tortues, il fen trouuc quelques vnes de fi merueilleùfe grandeur, me fines en ces endroits dont ie parle, que quatre hommes n en penuent ailcflcr vne« co¬ rne certainement i’ay veu, 3 ? entendu par gens dignes de foy. Pline récite,quen la mer Indique font de fi grandes tortues, que lefcaille cfl: capable ôdùffiian te à couurir v- nc maifon médiocre: & qu’aux ifls de la mer Rouge, ils en peuuent faire vaiffeaux nauigables. Ledit auteur dit aufsi en auoir de fcmblables au de fl r oit de Car manie en Ja mer Perfique. Il y a plufîeurs maniérés de les prendre. Quclquesfois ce grâdanimal,pour appétit de nager plus dou3cernent, & plus librement refpirer,cherche la partie Superficielle delà mer vn peudeuant midy,quad l’air cft feraimou ayant le dos tout decouuert,& hors de I eau, in¬ continent leur eicaille cfl fi bien dcfcichée par le Soleil, quelles ne pouuans defeendre au fond de la mer, elles flottent par deflus bon grc mal gré : 6c iont ainii priies. Lon dit autrement, que de nuvt elles forcent de Ja mer, cherchant a repaiflre, & apres eflre fàoules 6 z laisées fen? dorment furleau près du riuage, ou lon les prend aife- mentjpour les entendre ronfler en dormant: outre plu- fieurs autres manières qui fèroient longues à reciter. Quant à leur couuerture &: eicaille ievous 1 aille â pen- fer de quelle efpefïèur clic peut cflrc, proportionnée â ia crandeur. Aufsi fur la coite du d cftroit d c Maeelkn, & delà DE LA FRANCE ANTARCTIQUE. l(Ç delariuierede Platedes Sauuagcs en font rondelles, qui leurleruent de boucliers Barcelonnois,pouren guerre receuoir les coups de flefehes de leurs ennemys. Sembla- blementles Amazones fur la colle de la mer Pacifique,en font ram pars,quand elles le voyent aflàilliesen leurs Io- gettes,5c cabannes. Et de ma part i oferay dire & foufle- nir auoir veu telle coquille de tortue , que la harquebu- fene pourroit aucunement trauerfer. Il ne faut deman¬ der combien noz insulaires du cap Vcrd en prennent, & en mangent communément la cliair, comme icy nous ferions du beuf ou mouton. Auisi cfb elle fcmblablc à la chair de veau,& prefquede mefhie goull. Les Sauua- ges des Indes Amériques n en veulent aucuncmét man¬ ger, perfùadez de celle folle, opinion, qu die les l'endroit pefàns, corne nufsi elle cil pelante, qui leur cauferoit em¬ pêchement en guerre : pourec queflans appefàntis, ne pourroyent Iegercment pourfuyurc leurs ennemys, ou bien échapper &c cuadcrleurs mains. Ic recitcray pour Hijîoire la fin i hifloire d’un Gentilhomme Portugais lépreux, d .^Z cr ‘ lequel pour le grand ennuy qu’il receuoit de (on mal, cherchant tous les moyens de fabfenter de Ion pais, comme en extremedelèfpoir, apres auoir entédu la con- quclle de ces belles ifles par ceux de fon pais, délibéra pour récréation fy en aler. Doncques il fe drefiaau meil¬ leur équipage,qu’il luy futpofsible,c’ell afçauoir de na- uircs, gens, & munitions, b ellial en vie, principalement cheurcs,dont ils ont quantité : Se fïnablement aborda en 1’vnè dejpes ifiesiou pour le degoull que luy eau ! oit la ma ladk^ou pour eflrereffafié de chair, de laquelle couflu- miercment il vfoit en fon païs, luy vint appétit de man- Vortu ms . O CT ^ inùpd- E thie de U tortue a- ttcc U Sa kmade. C** * - »'V LES S INGVLARI TE t trer œufs Je tortues, dont il fiflordinaire l’cfpace de deux ans, & de maniéré qu’il fut guéri de Fa lepre. Or ie de- manderoys volontiers, fi Fa guerifon doit dire donnée à la température de l’air,lequel il auoit châgc, ou à la vian¬ de . lecroiroys à la vérité,que l’vn & l’autre c-nfomble en partie, en pourroient eilre caufo. Quant a la tortue, Pli¬ ne en parlant tant pour aliment que pour médicament ne Fait aucune mention quelle Toit propre contre la lè¬ pre: toutesfois il dit quelle de vray antidote contre pla¬ ceurs venins, fpecialem entée laSalcinandre,parvne an¬ tipathie, qui eil entre elles deux, & mortelle inimitié. Que il cefl animant auoit quelque propriété occulte &£ particulière contre ce mal,ic m’en rapporte aux philofo- phes & médecins. Et ainfi l’experience à donné à con- gnoiflre la propriété de plu fie urs médicaments, de la¬ quelle Ion ne peut donner certaine raifon. Parquôy ie confodleroys volontiers d’en faire cxperiéce en celles de ce pais,&: des terredres,f i Ion nen peutrccouurcrde ma¬ rines: qui f'eroit à mon jugement beaucoup meilleur Ôc pîusfour,que les vipères tant recommandées en celle af¬ fection,&, dont eft compote le grand Thériaque : atten¬ du qu’il n’cft pas fourvfor de vipères pour le venin quel¬ les portent, quelque chofe que Ion en diedaquelle choie cilaufsi premièrement venue d’vnefeule expérience. Lon dit que plu heurs y font allez à l’exemple de ceduy cy,&leur abienfucccdé. Voila quant aux tortues. Et quant aux ch eûtes que mena noftrc Gentilhomme,elles ont là fi bien multiplié, que pour le prefont il y; en a vu nombre infini: & tiennent aucuns,que leur origine vient 4 fol à, & que parau ant n’y en au oit elle veu. Relie à par- DE IA r HAN CE ANTARCTIDE. 27 Jerdvne herbe,qu’ils nomment en leur langue OcfèUIe. OrfiÜle, Ode herbe ett corne vne efpece de moufle, qui croift à herbe, * la fommité des hauts & inaccessibles rochers, tans aucu¬ ne terre, & y en a grande abondance. Pour la cuillir ils attachent quelques cordes aufomtnet de ces montagnes & rochers, puis montent à mont par le bout d’embas de la corde, & grattans le rocher auec certains indru mens la font tomber,co mm e voyez foire vn ramonneur de chc- mineedaquelle ils referuent &c defoendent en bas par vnc corde auec corbeilles,ou autres vailèaux. L’émolument & vfltge de ceftc herbe eft qu’ils l’appliquent à faire t ein- ^ ac / Mi tures, comme nous auons dit par cy deuant en quelque 5. palTage. De tijle de Feu . c h a p . 15.. Ntre autres Angularités, ie nay voulu omettre lii le deFeu,ainfiappellée, pour¬ tant que continuellement clic iette vne flambe de feu, telle, que fi les Anciens /Y* ymrurjf n i en eufient eu aucune congnoiflance, ils »&■?«*. l’eulient mife entre les autres choies, qu ils ont elcrit par quelque miracle & Angularité, aulsi bien que la montagne de Vefuue, &la montagne d’Etna, defquellcs pour vray en recitent merueilles. Quant à Etna en Sicile,clle aiette le feu quelquesfois auecvn bruit merueilleux,corne au temps de M. ÆmiIe&T. Flamin, comme elcrit Orolè. Ce que conferment pluAeurs au¬ tres Hiftoriographes, corne Strabon,qui afferme l’auoir * « i « g “j ijle de Ira/, Çy* four - (Jttojf cuji MonîA- frrtt de .P.ujjole. r LES S INGVtARI TE Z _,_^emment confiderée. Qui me fait croire, qu’il en foit quelque chofe, mefine pour le regard des A rf-%. m é"*F* Jli'rt jrt* I t 4 ^ f - i^Si rt. I É 1 /i 4 *T. ff "1 1 J*% 1 jTPt f* Q / 1^ 0 j 0 , A A epreuue auecques i’irii, telmoing le plus fidcle, de ce quen trou- uons aux hiiloires. Ieicay Bien quequelcun d’entre noz modernes eieriuains, a voulu dire,quel’vne des Canaries iette perpétuellement du feu,mais qu’il fe garde bien de prendre celle dont nous parlons, pour l’autre. Ariflote auhure,desmerueilles parled’vncifiedccouuerteparles Carthaginois,non habitée, hiquclleiettoit comme flam¬ beaux Je feu, venant de matières lui tu renies, oultre plu- fieurs autres choies admirables. Toutesfois ie ne icau- roy siuger qu’il ayt entendu de 1 a no lire, en co res moins du mont Etna, car il eftoitcongnu deuantle règne des Carthaginois. Quanta la montagne de Puflple, elle eft iîtuce en terre ferme:5c ii aucun vouloir dire autrement, ic m’en rapporte : de ma part ie n’ay trouue, que jamais ayt eilé congnue,que depuis mil cinq cens trente,en celle part de Panent, auec autres tant lointaines, que pro¬ chaines, 5c terre continente. Il y à bien vne autre mon¬ tagne en Hirlande,nommée Hccla, laquelle par certains temps iette pierres fulfureufes, tellement que la terre de¬ meure inutile cinq ou flx lieues à l’entour pour les cèdres de foulfre dont elle cil; couuerte. Ceftc îfle dont nous pat J on s,co tient t nuit on (eut lieues de circuitinoniée àbo ik îaifon Idcac feu, car la motagneayat de circuit iix cés fepdtencufpas, & de hautcui mil cinquate cinq braisées ou enuiron,iette cotinueliemet par le fommet vue flâbc, que Ion voit de trente oit qualité lieues fur la mer, beau- coup DE IA T HAN CE A N T A lï C T I CQV E. 2 g coup plus clerement tanuyt que Ieiour, pource ou en bonne philofophie la plus grande lumière anéanti!} Ja moindre. Ce que donne quelque terreur auxnauigans, qui ne l’ont congneuë au parauant. Celle flambe ell ac¬ compagnée deic nefçay quelle mauuaifc odeur, refen- tan t au en nem eut le !o u I fre,q lieft ar gu ment qu’au ventre de celle môtagne y a quelque mine de foulfrc. Parquoy Ion ne doit trouuer telles manières de feu cflragcs,atten¬ du que ce font choies naturelles, ainfi quetclmoignent les philofophesxefl que ces lieux font pleins de foulfre & autres minéraux fort chaux, dclquels fe refoult vnc va¬ peur chaude & fèiche fcmblablea feu. Ce qui ne fe peut faire fans air, Pourquoy nous apparefïènt hors la terre par le premier foufpirail trouué,&qiud cl les font agitées del’air. Aufsidelàfortétles eaux -naturcllemétchaudes, § feiches,quelquesfois adflringentes, comme fontcines & beinsen Allemagne & Italie. Dauantage en Efclauonie près Apollonia le trouue vne Ion terne ferrant d’vn roc, ou l'on voit fburdre vne flamme de feu, dont toutes les eaux prochaines (ont comme bouil lames. Ce lieu donc cil habite de Portugais, ainfl que plufleurs autres par de¬ là. Et tout ainfl que l’ardeur de celle montagne nem- pclche la fertilité de la terre, qui produit plufleurs elpe- ces de bons fruits,ou efl vne grande température de Pair, viues lources belles fontcines: aulsi la mer qui l’enui- ronne, nefheint celle vehemente chaleur, comme recite Pline de la Chïmere touflours ardente, qui felleint par terre ou fo in iettez de (fus, & efl; al 1 u m c e p ar eau. De î. C H A P. U>. Y. fçay tresbien que plufleurs Colhio- grapbes ont fuffifamment défait le pais d’Ethiopie, mefme entre les modernes, ceux qui ont reccntement fait plufleurs belles nauigations par celle co Itc d’Afri¬ que,en plufleurs & loingtaines contrées: toutes fois cela nempefehera,que filon la portée de mon petit clpnt, îc 11 e ferme aucunes iingulantez obferuées en nain géant pai celle nacflaie coilc en la grade Amérique, Ol 1 Ethiopie efu de telle eflendue, quelle porte & en Aiie,& en Afrique, &: pource Ion ladeuifeen deux. Celle qui cil en Afrique, au lourd nuy ellappcllée Inde, terminée au Le liant cie Li mer R.ouge, & au Septentrion de fEgy- DE LA FRANCE ANTARCTfCQV E. Zp de l’Egypte & Afrique, vers le Midy du fleuue Nigritis, que nous allons dit dire appelle Scnegua:au Ponentclle a l'Afrique intérieure,qui va iufqucsaux riuages de i’O- cean. Et ainùd efté appellee du nom d'Ethiops fis de Vulcain, laquelle âeuauparauat plufieurs autres noms: vers l’Occident montagneufe,peu habitée au Levant,& areneufè au milieu,mefme tirant à la mer Atlantique. Les autres la deferiuent ainli : Il y a deux Ethiopies,lV- ne efl foubs l’Egypte, région ample de riche, de en icelle efl Meroë,i{1e trefgrande entre celles du N Ü : & d’icelle tirant vers l'Orient régné le P refie-Ian. L’autre n’efl en- cores tant congneuë ne dccouuerte, tant elle efl grande, finon auprès des riuages. Les autres la ciiuifcnt autremét, c’efl afçauoir l’vne part cflre en Aiie,& l’autre en Afrique, que Ion appelle auiourd’huy les Indes deLeuât,enuiron- née delà mer Rouge & Barbarie, vers Scptétrion au pais de Libye de Egypte. Celle contrée efl fort môtagneufè, dont ! es principales montagnes font celles de Bed, Ionc, Bardite,Mefcha, Lipha. Quelques vus ontefcritles pre¬ miers Ethiopiens de Egyptiens auoir cfté entre tous les plus rudes & ignorans, menans vue vie fort agre(le,tout ainfi que belles brutes dans logis arrefté, ains fe repofans ou La nuyt les prenoit, pis que ne font auiourd’huy les Mafouites. DepuisI’Equinoétial vers rAntarduquc,yâ vne grand contrée d’Ethiopes,qui nourrit de grands Ele- phanSjTigres,Rhinocéros. Elle à vne autre région por¬ tant cinnamonie, entre les bras du Nil. Le Royaume d’Ettabcch deçà & delà le Nil, efl habité (les Chrelliens. Les autres font appeliez Ichtliyopha gcs,nc viuants feule¬ ment que de poifïon, rendus autresfois foubs lobeifsace mH - h Senc?ua n “ —■ ji. etnac- nsment Nîmtis. £3 Dcjcri - ption de ’C Ethio¬ pie. Meroï, ijîe. lîoyau- me d’Eï- TctU'cJ), Jchtbyo- ?iWes, 1 * w Amytw des .An- thropo - ph&vs entiers leurJlqy. Mené l'i’/f Cd- pknled'E thtcpk , ancien* - tnentSt- Lu LES $INGVLÀRITE Z du ( ' fhiir fort rcijtùs en ne les cf- picerks. LES S I NGV L AU I TE 2 le ne veux omettre que il la Guinée, le fruit le plus fre¬ quent,&; dontfe chargent lesnauires des païs effranges, ell la Mani guette, tresbo une ôefort requiie fur toutesles autres efpiccries: au fsi les Portugais en font grande traf- iîque. Ce fruit vient parmy les champs de la forme d’vu oignon, ce que volontiers nous cuisions reprefenté par ligure pour le contentement d’vn chacun, fi la commo¬ dité l’euft permis. Car nous nous fommes arreflez au plus neceflaires. L’autre qui vient de Calicut & des Molucques, n’cft tant efeimé de beaucoup. Ce peuple de Guinée trafique auec quelques autres Barbares voi- 1ms,d’or,& de Ci d’vne façon fort effrange. Il y a certains lieux ordonnez entr’eux, ou chacun de" (à part portéfà march^difcjCeux de la Guinée le lci,& les autres for fon¬ du en mafle. Et fans autrement communiquer enfem- blc, pour la défiance qu’ils ontles vnsdes autres, comme les Tuics& Arabes,S; quelques fumages de l’Amérique auec leurs voifins, laifient au lieu dénommé le fel & or, poite là de chacune part, Cela fait fe transporteront au lieu ces Ethiopes delà Guinée, ou fils trouult de l’or fuf- fifamment pour leur fel, ils le prennent & emportent, li¬ non ils 1 c laiilent. Ce que voyans les autres,c’eil afçauoir ei, i orne fitifiaii c,y cn adioufter5t,iufques à tant que cc i oit allez, puis cliacû emporte ce qui luy appartint. Entc- dezdauatage q ces Noirs de deçà,font mieux appris & pl ? ci uils que les autres,pour la communication qu’ils ont a- uec p lu heurs marenans qui vont traffiquer par delaraufii allèchent les autres a trafiquer de leur or, par quelques menues hardes, corne petites camizoles & habiliemens e vil pris,petits couffeaux & autres menues hardes & {ferrailles. 4 - t I DE LA r RANCE ANTARCTIQVI. 33 ferrailles. Aufsi trafiquent les Portugais auec les Mores de la Guinée, outre les autres cliofes d’iuoires, que nous Tr(t ffï~ appellôs dents d’Elcphas : ist— uw$ ncitre,apres y auoir bien peu ici ourne, potirlinfeclionde Fair, ainfi quauôsdit cy deuant,il iut quefbon de pourluyure no Are chemin, colloyans toufioursiuf- ques a la hauteur du cap de Palmes,& de ccluy que Ion appelle à Trois points,ou palTe vn tresbeau flcuue portant grands vaitTeaux, par le moyen duquel fe mené grüd trafique par tout le païs:&lcquel porte abon¬ dance d or & d argent,en malle nô monnoye. Pourquoy les Portugais le Ion racoliez & appnuoilezaucc les habi¬ tons, £c ont Là bafti vn fort chaftcau, qu’ils ont nome Ca- llcl de mine:&no fins eau le, car leur or eft fins co parai- Ion plus fin q celuy de Calicut, ne des Indes Amériques. Il eft pardeçal Equinoétial enuirô trois degrez &c démy-r Il letton tic la vue riuiere,qui prouient des montagnes du xiïs nome Ganta : & vne autre pl 9 petite nomée Rhcgiu: ..elquclles nortenctrcsbôpoifim,au relie crocodiles dan- gel eux,ainli que le Nil & Senega,quelon dit en prendre Ion origine, Lon voit le fable de ces Heuues refembler à or puluetile. Les gens du pais chaflent aux crocodiles,6c en mangent comme de venaifon, le ne veux oblier, qu il me lut récite, auoir efle veu près Caftel de minc,vn , m ?c le J* 111 '* 11 ayant forme d’homme, que le flot auoit • e ür * arene - Lt fut onye femblablement la femelle en retournant auecques le flot, crier hautement 5e fe cou ou pouil abfènce du malle : qui cA chofc digne de que que admiration. Par cela peut on cognoiArë la mer produire •Ip-, , ■- DE LA ER AN CE ANTARCTIQVE. 34 produire^nourrir diuerlité d’animaux,ainfi corne la ter¬ re. Or cftans paruenus par noz tournées iufq lies fbubsl E- quino&ial, n’auôs délibéré de palier outre,fans en efcrire quelque choie. Celle ligne Equinodiale,autrement cer¬ cle Equinodial, ou Equateur, eft vne trace imaginatiue du folcil par le milieu de l’vniuers, lequel lors il diuifc en deux parties égales,deux fois 1 ânee, c cftalçauon le qua- g^ino- torziefme de Septembre,Sd’vnziefme de Mars,6e lors le Bkle. foleil paffe directement par le zénith de la terre,& nous biffe ce cercle imaginé,parallèle aux tropiques 6e autres, que Ion peut imaginer entre les deux poles 3 Ie folcil allant de Leuât en Occident. Il eft certain que le folcil va obli- quemet toute l ance par 1 Ecliptique au Zodiaque, linon auxiours deffus nommez, 6e eft directe ment au nadii de ceux qui habitent là. Dauantage ils ont droit orizon,fans que l'vn des pôles leur foit pl us eleué que l’autre. Le jour 6c la nuit leur font égaux, dont il à cité appelle Equino- dial: & félon que le foleil felongne de Tvn ou l’autre pôle,il fc trouueinequalitç de ioursôc nuits, & clcuation m cïud, de pôle. Donc le foleil déclinant peu à peu de ce point EquinodialjVa par fbn zodiaque oblique, prefque an tro pique du Capricorne: ôene pailant outre fait le fblftice sdüke d’H y ucr: puis retournât pal le parce mefme Equinodial, d'h'yucr iniques à ce qu il foitparuenu au ligne de Cacer,ou eft le foliHcc d’Eftc. Parquoy il fait fix lignes partant de l’Equi- sdûia no dial à chacun de ces tropiques. Les Anciens ont efti- mé celle contrée ou zone entre les tropiques,eftre in¬ habitable poc! r 1 es excefsiues chaleurs,ainfi que celles qui font prochaines aux deux pôles,poureftre trop froides.^ Toutesfois depuis quelque temps ença, cefte zone a i il LE 5 SINGVLARÏTE2 c-fté Jccouucrte par nauigations, & habitée, pour cflre fertile & abondante en phtlieurs bonnes choies,noiiob- flantles chaleursîcomme les Kl es de Saint Homer «5e au¬ tre:, J ont nous parlerôs cyapres. Aucuns voulansloubs celte ligne comparer la froideur de la nuyt,à J a chaleur du tour, ont pris argument, qu’il y pouuoit, pour ce re¬ gard, auoir bonne température, outre pl u fleurs autres Tipen- î at/ons que ic laifïeray pour le preient. La chaleur,quad me de nous y p a liâmes, ne me fembfa gueres pl us vehemente, . Au relie il y a force ton- Er pourccesilks de S.Ho- ilîe,nomméel’ifle des Rats, ijh des y a autant d c verdure q u il eh pofsib 1 e, & n’y a choie qu i Jiats - montre aduflion quelconque. Ces i 11 es foubs la ligne j (les de Equinoxiale font marquées en noz cartes marines,S.Ho s. iio- mer,ou S, Thomas, habitées auiourd huy parles Portu- mer,ott gais, combien quelles ne (oient fi fertiles, que quelques » i. i ho- autres: vray elt qu’ilfyrecuille quelque lucre : mais ifs fy mu * tiennent pour trafiquer auec les Barbares, & Ethiopies: c’eha fçauoir, d’or fondu, perles, mut, rhubarbe, caflc, b clics,oy féaux,&: autres choies félon 1 c païs. A u fsi font en ccsiflcs les laifons du temps fort inegalles & differen¬ tes des autres païs: les perfonnes fubiettes beaucoup plus a maladies que ceux du Septentrion. Quelle différence & in equalité vient du fbJeil, lequel nouscômuniquc les qualitez par faire fiant entre luy &c nous. Il pafTe(comme chacun entend): deux fois l’année perpendiculairement par là,&fors deferit noftrc Equinoétial, c’dtafçauoirau moys de Mars & de Septembre. Enuiron celte ligne il fo trouiie telle abodance de poiffons, de pluf leurs & diuer- ts i air pus quelleeft icy a la Saint Iean £ plüyeSj&tempehes. fridJf mcrxomeaufsi en vnc autre DF, LA FRANCE ANTAPCTIC (Vy E ^ fesefpeces, que c'efl choie merneilleufè de les voir fus ' l'eau 3 & les ay veu taire fi grand bruit autour de noznaui- ü f ÇC(ie , i ■ ' i j-a'' T / , amers res,qu a bien grande dimculte nous nous poumons ouyr parler l’vn I autre. Que fi cela adulent pour la chaleur fouis U du roleil, ou pour autre raifon, ie m'en rapporte aux phi- /gw. lolophes. Relie à dire, qu cnuiron noftre Equinoctial, i’ay expérimenté l’eau y dire plus douce,& plaifànteà Eauma- boire qu’en autres endroits ou elle efl lort là!ée,combien nn€l J oti - que plufieurs maintiennent Je côtraire, éflimants deuoir \ e ,J on ^ s dire plus fàléc, d’autant que plus près elle approche de la mCiuL ligne, ou efl la chaleur plus vehc mente: attendu que de là vient Faduflion & fàleure delà mer : parqu oy ellre plus douce, celle qui approche des pôles. le croirois vérita¬ blement que depuis l’vn 8e l’autre pôle iniques à la ligne ainfï que lait n’dl egalement tempéré, n’cftre aufii 1 eau tempérée: mais loubs la ligne la température de l’eau fuy- urc la bonne température de l’air. Parquoy y à quelque raifon que l’eau en cetl endroit ne foie tant filée comme autre part. Celle lignepalséecornmençames à trouuer de plus en plus la mer calme 6c p ail Ib le, tirants vers lé cap de Bonne dp cran ce. Que non feulement tout ce qui efl foubsla ligne esl h i i r - & 'f®- de la cunofité des hommes, toit pour ■ Î 3 , A cupidité ‘SÉH’Çflh a PP etlt ° - congnoii ; rc routes choies,ou de r Cli . fp uuir in~ ’ peur acquérir poilds;ons, Ôecuiteroyfi Wi M^T^ ÏÏ h etc, qu’ils le font hazardezf comme dit 1 c 0 1 1 • ■ t » aux lit le Sage, oc apres luy le poete b; or ace en K ' 9 9 4 4 1 n ) mes, I. ES S INCYHUTEZ fcsEpiftres)atous dangers Ôetrauaux, pour Enablement pauuretécflongnée, mener vue vie plus tranquille, Cuis cmiuyou fâfcherie. Toutesloisil leurpouuoiteftre afîez de fçauoir & entédre que lefouuerain ouurier à baili de Et propre main ce il vntuers de forme toute ronde, de ma niereqiie l’eau a cÜéfèparcede laterre, à fin que plus co¬ rn ode ment chacun habitaften fon propre element,OLi pour le moins en celuy duquel plus il participerait : tou- tesfois non cotais de ceilsont voulu fçauoir,fil eftoitde toutes pars habité. Ncantmoins pour telle recherche & ■ diligence,ie les efliine de ma part autant & plus louables, que les m odernes efcriuains &nauigateurs, pour nous a- uoir fait libelle ouuerture de telles chofes,lefquelles au¬ trement a grâd peine en toute n offre vie eufsiôs peu fi bie opuiioj coprendre, tat fen faut cj les eufsiôs peu executer, Thaïes, flsurspbi . S oras i Ariflote, & plufleurs autres tant Grecs que lofiplîcs, d-^hns,ont dit, qui! n’eftoitpofsible toutes les parties du f tout U 10 onaeeftte habitées: I vue pour la trop grande &c infup- mode ejl portable chaleur, les autres pour la grande & vehemen- ujnit.i te roi d aie. Les autres Auteurs diuifans le mode en deux parties,appelées Hemifpcrcs, Ivrie defquellesdifentne pou u o ii aucuncmét eftre habitée: mais l’autre cnlaquclie nous ommes^icceflairemét eilre habitable. Etain/i des cinq parties du môdeils en oftet trois, de forte cj fdô leur opinion nen refteroit que deux,qui fufent habitables.Et P ,°a rlcdoner “if^àentédre d vnchacun ( cÔbiéqueie ië^és 'IZr* I CS ^ aLUtS * l S norcn t)t expliqueray cecy f flmeft ^ , 1. n L ' P cis apeiteiTient. Voulans donc prou uer rdlemt P Ius gTpS partie de la terre êft inhabitable, ils fup- é. } o>etauoir cinq zones en tout le mode,par lefquellesiîs veulent DE LA FRANCE ANT AÜ C T I QV E, C : & " 3 ^ veulét mefurer & côpaifer toute la terre : &defqlles deux font froides,deux tcperées,& l’autre chaude. Et h vo 9 vou lez fçauoir corne ils colloquent ces cinq zones,cxpofcz voftré main fcneftre au foleil leuàtjes doigts cflcdus &fc- oarez l’vn de l’autre f&p ccflc méthode! cnfeignoitaufsi Probus Grâmaticus) puis qiud aurez regardé le foleil par les interualles de voz doigts,Eefchilfezles & courbez vn chacuen forme dvn cercle. Parle pouce vous entendrez la zone froide,qui eft auNort,laqlIepour lexcefsiue froi- Zone durc(cômc ils affermét)eftinhabitable. Toutesfois 1 expe froide. rience no 9 à oôftré depuis quelque teps toutes ces parties iufques biê près de noflrepole, mefmes outre le parallèle Ardique 5 ioignant les Hyperborées,corne Scauie, Dace, Succe,Gorde,Noruergie, Dânemarc,Thyle, Liuonic, Pi- lappc,Prufe,Rufie,ou Ruthenie, ou il n’y âq glace &c froi dure ppetuel Ie,eftre neatmions habitées d’vn peuple fort rude,felô,&fauuage. Ceq iecroy encorcs plus parle tef moignage de Môlicur de Câbray natif de Bourges, Am- baf fadeur pour le Roy en ccs pais de Septétrio, Pologne, Hogrie,& Trâfyl u a nie, qui m’en a hd de met côiqué la ve rite,home au fur pi 9 pour fon eruditio,& cognoiisace des lagues, digne de tel mai lire, & de telle entre prifè.Parquoy iontexculables les Anciés, & nodu tout croyabJes^ayans parlé p conie£ture,& nô par experiéce. Retournôs aux au très zones. L’autre doigt d enote la zone teperée, ! a qu clic Zoœ eft habitable, &: ic peut cllcndrc iufques au tropique du te P erC °' Cancre:côfeien qu’en approchât elle toit plus chaude que téperce,corne celle qui eft iuftement au milieu,c’cft af a- uoir entre ce tropique &: le pole.Le troihcfme doigt nous represétela zonefituée entrcles deux tropiques,apcellce r* r ’Xjnc ir- perce, . Autre «t* / .‘idc. LES S I NGVLAR I TE Z torride, pour Pexcefsiue ardeur du foleil,quipar manière d.e parler laroftitôc brufletoutc,pourtant à efté eftim ée inhabitable. Le quatricime doigt eft l’autre zone tépe- rée des Antipodes, moyenne entre le tropique du Capri¬ corne & l’autre po!e,laquelle eft habitable. Le dnqiefme qui eft le petit doigt,flgm de l’autre zone froide,qu’ils ont parai!env-t eftimée inhabitable, pour mefme radon que celle du pôle oppchte :de laquelle on petit autant dire, comme auons dit du Septentrion,car il y a fomblable rai- fou des deux. Apres donc auoir congneu celle réglé & exemple,facilement Ion entedra quelles parties, de la ter¬ re font habitables,& quelles non,félon l’opinion des An¬ ciens. Pline diminuant ce qu eft habité, eforit que de ces cinq parties,qui font nommées zones,en faut ofter trois, pour ce qu elles ne font habitables: lefqu elles ont ede de- lignées parle pouce,petit doigt,& celuy du milieu.il ode pareillement ce que peut occuper la mer Océane. Et en vn autre lieu il eforit, que la terre qui eft defloubs le zo¬ diaque eft fouiement habitée. Les cauftes qu ils allèguent lour lefquelles ces trois zones font inhabitables eft le ..roid vehement, qui pour la longue diilance & abfonce du foleil eft en la région des deux pôles : & la grande & cxcefsiue chaleur qui eft foubs la zone torride,pour la vi- cinite &côtinueîle prefoncedu foleil. Autant en affermer pic (que tous les T.ieologiens modernes. Le contraire toutesfois fo peut monftrer parles eferits des Auteurs cy deffus alléguez, par l’authorité des Pliiîofophes,foecia- 1 ement de noftre temps, par le tefiïioignage de l’eforit lire fainte : puis par l'cxpericncc,qui furpàfe tout, laquelle en a eft e faite par moy, Strabon,Mela,& Pline, côbicn qu’ils approu- !L DE LA FRANCE ANTARCTIQUE. 37 approuuent les zones, efcriuent toutesFois qu’il fetrou- ue des hommes en Ethiopie, en la peninfule nomee par ^ 1 J*^ les Anciens Aurea, &enlifle Tâprobane,Malaca, & Za- umes motrafoubs la zone torride. Aufsi que Scandinauiedes Hyper- monts Hyperboréês,& païs à lentourpres le Septentrion ^' cn ‘ es e ~ (dont nous auonscy déliant parlé) font peuplés ôc habi- tés: iaçoit félon Hérodote, que ces montagnes foyent di- !tCiS ‘ reniement foubs le pôle. Ptolemée ne les a colloquées jfi près,mais bien a plus de (optante degrczde l’Equino- <5tial. Le premier qui à monflré la terre contenue feubs les deux zones temperées eflrc habitable,a cilé Parmeni- des,ainfi que recite Plutarque. Plufieursont eferit la zo¬ ne torride non fculemétpouuoireflre habitée,mais aufsi efire fort peuplée. Ce que prouue Auerroes parle te F- moignage d’Ariflote au quatriefme de fonliure intitulé Du ciel Ôc du monde. Auicenne pareillement en (à fé¬ conde do Firme, ôc Albert le Grand au chapitre fixiefmc de la nature des régions, feftorcétdc prouucr par ra^fbns naturelles, q celle zone efl habitable,voire plus comode pour ia vie humaine,quc celles des tropiques. Etparainfi Zo ^ to >' nous îaeoelurds eflre meilleure,pi us comode,& plus fàlu Y ^ £me ^ bre à la vie humaine q nuIJ e des autres: car ainf i q lafroi- ,V* e - ] * q CO** deur eh ennemie, aufsi efl la chaleur amie au corps hu- mode,et main, attendu quenoflre vien’efl que chaleur Ôc nu mi- filière. dite, lamortaucontraire,FroideurôcEcrite. Voyla donc ^ ue - es comme toute laterre efl peuplée, ôc n efl iamais fans ha- riwrw ’ bitate urs, pour chaleur ne pour froidure,mais bien pour dire infertile, comme i’ay veu en l’Arabie deferte ôc au¬ tres contrées. A ufsi a eflé l’homme ainfi crée de Dieu, qu’il pourra viure en quelque partie de la terre,Foit chau- LES SINGVLARITEZ de,froide, ou tempérée. Car luy mefmeà dit à noz pre¬ miers pareils : Croiflcz, Si multipliez. L’experience d'a- uantage (comme plufieurs fois nous auons dit)nous cer¬ tifie,combien le monde cfi ample, 6 e accommodableà toutes créatures,&: ce tant par continuelle nauigation fus la mer, comme par loingtains voyages fur la terre. De là multitude & diuerfité despoifions est unsfouis lu ligne EquinoBiule. c h a p. 20. Vant que fortir de nodre ligne,i’ay bien L ^^ v °ulu Elite métion particulière du poif ‘ " (on,qui {ctrouue enuironiept ou huict degrez deçà & delà,de couleurs fi diuer- f-' s 5 & en tell e multitu d e, qu il n’elt pof- fible de les nôbrer,ou amaiîèr enfèmble, comme vn grand monceau de blé en vn grenier. Et faut entendre, qu’entre ces poilfons plulieurs ont fijynindz nauires plus de trois cens lieux: principalement les dora¬ des,dontnous parleronsafTczamplement cy apres. Les marfouins apres auotr veu de Ioing noz nauires, nagent impetueufement âlcncontre de nous,qui donne certain prefageaux mariniers de la part que doit venir le vent: car ces animaux,di(ènt ils,nagentà foppofite,& en gran¬ de trouppe, corne de quatre à cinq cens. Ce poiifon eft pourquoi a pp} Tartaiypafsàt par le pais du gràd Roy Cham. Elle dl ha¬ bitée de diuerfitc de peuples ,tantcn meurs que religion. V ne grandeparde ellfoubsl obeiirancedePrefle-Ian, la¬ quelle tient le Chriftianifme des autres font Mahu méd¬ ites,comme défia nous auons dit, parlans de l’Ethiopie: les autres idolâtres. L’autre voyc au partement de no- llre grand cap,tireàdextre, pour aller à fAmérique, la¬ quelle nous fiiyuimes,accompagnez du vent, qui nous fut fort bon & propice. Nonobnantnous demeurâmes cncores allez longtemps fur l’eau, tant pour la diltance des DH LA HR AN CH ANTAHCTIQVE. 4Z des lieux,que pour le vent, que nous eûmes depuis con¬ traire : qui nous eau fa quelque retardement, iufques au dixhui&iefme degré de noflre ligne, lequel derechef nous fauorifa. Or ic ne veux pafler outre, (ans dire ce signe que nous aduint,chofe digne de mémoire. Approchans de no lire Amérique bien cinquante lieues, commença- mes à fentir 1 air de laterrc,tout autre que celuy delà ma- chôment rine, auecques vue odeur tantfuauc des arbres,herbes, dcsMme fleurs,& fruits du païs,que jamais bafine,fufle celuy d’h- ru î ues ' gy pte, 11 e fembla plus plaifànt,nede meilleure odeur. 1 Et lors ie vous laiiTe à penfer, combien de ioye rcccu- rent les panures nauigans, encores que de long temps n’euflént mange d e pain, 6e fan s efp o ir dauantage d’en re- couurer pour leretour. Le iour fuyuant, qui fut le der¬ nier d’Odobre, enuirô les neuf heures du matin dccou- urifmes les hautes montagnes de Croiflmourou, com- Monta* bien quece ne fufU endroit, ou nous prétendions aller. Parquoy cofloyans la terre de trois à quatre Unes loing, * fans faire contenance ci e vouloir defeendre, eftans bien informez,que les fàuuages de ce lieu font fort alliez auec les Portugais, & que pour néant nous les aborderions, oourfuy uifmes chemin iufques au deuxiefme de Noué- jre , que nous entrafmes en vu lieu nommé Maqueh, uaquch pour no us en quérir des choies, lpecialement de l’armée du Roy de Portugal. Auquel lieu noz elquifs dreflcz, pour mettre pied en terre,feprefenterentfeulcmét qua¬ tre vieillard s ae ces fauuagesdupais, pource que lois les jeunes efloient en guerre, lefqucls de prime face nous fuyoient, eftimans quecefuifent Portugais,leurs cnnc- mys : mais on leur aonnatcl ligne dalîèurance,qu a la . I ij Citp de Frie. Gechdy. i'oujlti- mes des SdiiUd- oes de manger leurs en- nemys. 4 LES SINGVLARITEZ •fin Approchèrent denous. Toutesfois ayans là fei b ur¬ ne vingt quatre heures feu lement,fdmes v ode pour tirer au cap de Fric, dihant de Maqueh vingteinq lieues. Ce pais ch merueilleufèment beau, autrefois decouuert Se . îabité parles Portugais,lefquel$y auoycntdônéce nom, quieftoxtparauant Gcchay,& bâfliquelque fort,efpc- rans la faire rdidcnce,pour l'amenité du lieu. Mais peu de temps apres, pour iene fçay quelles caufes, les Sauua-r ges du pai s les firent mourir,& les mangèrent comme ils font couhumierement leurs ennemis. Et qu’ainfî loir, lors que nous y arriuamcs,ils tenoientdeuxpaum es Por¬ tugais, qu’ils auoient pris dans vnc petite caraueJle,au£ quels ils fc deliberoyent faire fèmblablc party,qu aux au¬ tres,melmcs àfept de leurs compagnons derecente mé¬ moire : dont leur vint bien à propos noftre arriuée, lefi quels par grande pitié furent par nous rachetez, & déli¬ vrez d’entre les mains de ces Barbares. Pompone Mele appelle ce promontoire dont nous parlons,le front d’A¬ frique, par ce que de là elle va en ehrefsiffant comme vn angle,&retourne peu à peu en Septentrion & Orient, là ou cil la fin de terre ferme, & de l’Afrique, de laquelle Ptolomce h à oncf eu congnoiflançe. Ce cap eh aufsile chef delà nouuelle Afrique, laquelle termine vers le Ca¬ pricorne aux montagnes de Habacia & Gaiacia. Le plat pari voifin eh peu habite,a caufè qu’il ch fort brutal & barbare, voire monhrueux : non que les hommes foient h difformes que pluficurs ont efeript, comme fi en dor¬ mant 1 auoient fongé, ofans affermer qu’il y à des peu¬ ples, aux quels les oreilles pédent iufques aux talons : les autres auec vn œil au front,qu’ils appellent /uifinafesdes autres DE LA FRANCE ANTAUTIQV'E. 4$ autres fans refie: les aurtes n’ayans qu’vn pkynnis de telle longueur qu’ils fcnpeuuent ombrager contre l'ardeur D , 1 , i 1 - O du IblciLôe les appellent monomères, moncfcclcs, 6e feiapodes. Quelques autres autant im pertinens en eicri- uent encore de plus eflrages, inclines des rao dernes eferi- uainSjfàns in ge ment,fans ration,6e (ans expérience. le ne veux du tout nier les montres quife font outre le deflèin de nat ure, approuuezpar 1 es philoloplies, confirmèz par cxpcriecc,mais bien impugner choies qui en font la clon- gnécs,& en outre alléguées de meime. Retournons en cell endroit à no lire promontoire. Il fy trottue pluficurs belles fortdangereul.es & veneneufes,entre autres le Ba- filifc, plus nuifànt aux habitans 6c aux eflragers, melines fus lesriuages de la mer à ceux qui veulent pefclier. Le Bafilifc (corne chacun peut entëdre) cil vn animal véné¬ neux, quituelliômedefon fetil regardéecorpslongen- uiron de neuf pouces,la telle eleuée en pointe de feu,fur laquelle y a vue tache blanche en maniéré de couronne, la gueule rou geaflre,& le refie de la face tirant lus le noir, ainfi quei’ay côgneu parlapeau,queieveientreles mains d’vn Arabe au grand Caire. Il cnafle tous les autres fer- pens de fon fifHet(comme dit Lucain) pour feu 1 demeti¬ rer maiflre de la campagne. La Foine luy efl ennemy e mortelle félon Pline. Bref, ie puis dircauecSallulle qu il meurt plus de peuple par les belles lau uages en Afrique, que par autres inconueniens. Nous n’auons voulu taire cela en pafïant. Lu 8. cht&.£ù 1 iij l a J unMLAKl X t De lijle de Madagafear , dutycynent de S* Lduyeut chap. 23 . E gi and dehr que i’ay de ne rien omettre qui loit vtile ou neceflàire aux Ie£teurs loint qu’il me femble eftre l’office dvn elcnuain,traiter toutes chofes,qui appar tiennet a Ion arguaiét/ans en iaiffer vne, m’incite a defcrire en ceft endroit celle 1 e tant notabIe,ayant feptante huit degrez de logitude ™foKDeuDl! & A I & trente munî¬ qüe temps (Mquek tiennet prefquc mefine formel re- igion.que les Mahometiftesiaucuns eftis idolatres,mais dr ï« T*» £lÇ ° n ] COmble " S u ’ elle aIt cfté defcouuerte Madagafcar en leur langue : riche au &£f l'L tïe EmhÏfif f rT' r % mefine,fins J" sfiuideB' clloIe P ;lrc lcçafortrare, & pre- mU cicufeiauuiqu’elle ellfortcordiale&propreàreconîbr- terles particsplus noblesdu corps humain. Etd'icchiy I- ( DE LA FRANCE ANTARCTIQUE. 46 fe fait grande traffîque au eeques les marc ha ns élira gers. J)c noflre arrime a la France Antarcfique^ autrement Am crique ^au heu nommé Cap de Frie. c H a p. 14 . Près que par la diurne clemcce auec tant de trauaux communs &c ordinaires à h longue nauigation, fuîmes paruenus en terre ferme,non lî toit que noltrc vou¬ loir &c efperaccle délirait,qui hit le dix- ielme iour de Nouembre ,au lieu de c repofer ne fut queltion,linon de decouurir ôc chercher lieux propres à faire fieges nouueaux,autant eltônez co¬ rne les Troyehsarriuans en Italie. Ayans donc bien peu feiourné au premier lieu, ouauions pris terre,comme au precedent chapitre nous lauons dit, leimes voile de re¬ chef iulques au Cap de Frie, ou nous receurent très bien les Saunages du païs,monflrans félon leur mode euidens lignes deioye: toutesfoisnous nylèiournames quetrois iours.Nous faluërct doc les vns apres les autres corne ils ont de couitume,de ce motCaraiubé,qui elt autat,corne, bône vie,ou foyes le bien venu. Et pour mieux nous co- muniquer ânoltre arriuée toutes les merueilles de leur paiSjlvn de leurs grands Morbicha oiialfoub,c elt a dire, Roy, nous feltoyad’vne farine faite de racines & de leur Cahouin, qui elt vn bruuage compole de mil nommé Auaty,& elt gros comme pois. Il y en a de noir Se de blanc, & font pour la plufgrande partie de ce qu’ils en recueillent ce bruuage, failans bouillir ce mil auec au- m ij . » Cdp de Jl Prie. Cohotiw bruudpe des ^4- merï - ques, uétutty ejlece de mil. StfcrJU- riort des SAUüA - pei à fai¬ re ce bm Uctpe. ù L’ES SINOVLARITE 2 très racines, lequel apres auoir bouilly cft de femblable couleur que le vin clairet. Les Sauuagcs le trouucnt Ci b5 qu ils feu enyurcnt comme Ion fait de vin par deçà: vray Vf ^ cf pais comme moud devin. Mais efeou tes vnefupcrfHtion à faire ce bruuage la plus effrange qu’il cft poisibie. Apres qu i! a bouilly en grands vafes faits in gc nie u (e me lit déterré graile,capables d vn muy,vien¬ dront. quelques filles vierges mâcher ce mil ainfii boullu, puis leiémettront en vn autre vai fléau à ce propre: ou fî vne femme y eft appelle, il faut quelle fabflienne par certains louis de fou mary,autremet ce bruuage ne pour- roit jamais acquérir perfecSion. Celaainfïfeu,Ie feront oui îr derechef iufqu es à ce qu ri f oit purgé, comme nous DE IA FRANCE ANTÀRCTÏQVE. 47 nous voyons le vin bouillant dans le tonneau , puis en vient quelques iours apres. Or no us ayant ainfi traictez nous mena puis apres veoir vne pierre large 8 c longue de cinq pieds ou enuiron,en laquelle paroilïoient quel¬ ques coups de verge,ou menu ballon, & deux formes de pie : qu’ils afferment eftre de leur grand Caraïbe, lequel ils ont quafi en pareille reuerence,que les Turcs Mahom- met: pourtant (difcnt il ) quil leur a donné laçongnoifi fonce & vi'àge du fen,enfemble de planter les racinesdef- quels parauant ne viuoicnt quedcfueilles 8 c herbes ainil que belles. Eftants ainil menez par ce Roy,no us ne lail - fions de diligemment recongnoiftre &c viliter le lieu,au¬ quel le trouua entre plu!leurs commodités qui font re- quifes,quil n’y auoit point d’eau douce que bien loingde là,qui nous empefoha d’y faire plus long ierour,&ballir, dont nous fufines fort fa (chez, coniideré la bonté &a- menitc du pais. En ce lieu fe trouu e vne riuiere d eau là- Rmert Jée, paflànt entre deux montagnes elôgnées l‘vne de l’au- tre d’vn iecl de pierre : & entre au païs enuiron trente & fix lieues. Celle riuiere porte grande quantité de bon poiffon de diueriès eipeces,principalement gros mulets: tellemct queilàs là nous veimes vn Saunage qui print de ce poiffon plus de mille en vn inilat &d’vn traid de hlet. Davantage fy trouuent plufieurs oyfeaux de diuerfes oyfaux fortes &c plumages, aucuns au fs i rouges, que fine eicarlat- & àmm te: les autres blancs, cendrez, 8c moucherez, comme vn cmenllon. Et de ces plumes les Sauuages du païs font ù * pennaches de plufieurs fortes,defquellesiè cou urent,ou pour ornemen t,ou pour beauté, quand ils vont en guér¬ ie , ou quils font quelque maifacre de leurs ennemis : les m iij nquc, oyfttiu yome. O LES S I NGV L ARI TE Z Rok fiii nutrcs en f on t robes & bonnets à leur mode. Et qu ainfi Toit, il pourra eftrc veu par vne robe ainfi faite, de la- fonte L quellei’ay fait prefentâ Monheur de Troiftieux gentil- L'^me- homme de la tnaifbn de monfeigneur le Reuerendifsi- me Cardinal de Sens, & garde des féaux de France,hom¬ me ^ dific, amateur de toutes fîngiilaritez, & de toutes perfonnes veLtueufès. Entre ce nombre d’o y féaux tous ci flères à ceux de noffre hemifphere,fen trouue vu,qu’ils nomenten leur langue Arat,qui eft vn vray héron quant à la corpulencc,horCmis que fon plumage eftrouge co¬ rne Cm g de dragon. Dauantage fc voyent arbres Ctns nôbrc, & arbrifeaux verdoyans toute lannee, dont Ja plus part rend gommes diuerfes tant en couleur que Petrsyi autremet. Aufsi fc trouuét, auriuagedelà merde petits ffttüfvr vignots ( qui cfc vne efpece de coquille de grofleur d’vn P°* s 1 ^ es Sauuâgcs portent à leur col enfilez com- m e perles,(pecialemcnt quand ils font malades: car cela, aiferitils prouoque le ventre, &: leurfert de purgation. Les autres en font poudre, qu’ils prennet par la bouche. Difent outreplus, que cela eft propre à arrefier vn flux de fang: ce que me femble contraire a fon autre vertu pur- gatiueaoLitesfots il peut auoir les deux pour la diuerfité cîe fes fubffances. Et pource 1 es femmes en p o rtét au col 6e au bras plus couftumierement que les hommes. Il fe trouue femb labié ment en ce pais & par tout le nuage de Ja merfur le Cible abondance d’vne efpece de fruit, que cuestm j es Efpagiiols nomment Feties iÿia r ifïe S> r ond eS comme vnteJÎon, mais plus cfpefïes & plus groffes, de couleur rougeaftrc:quc Ion diroit aies voir qu’elles font artificiel¬ les. Les gens ci u païs n’en tiennent conte. Toutesfois les r /Ijgjpagnols rmes, DE LA ÏRANCE ANTARCTIQUE. 48 Is par finguliere eftime les emporta en leur pais, es femmes & filles de maifbn en portent couftu- mierement à leur col cnchaflecs en or, ou argét, ce qu’ils difent auoir vertu contre la colique , doleur de teilc, & autres. Bref, ce lieu cft fort pîaifànt & fertile. Et fi Ion entre plus auant,fe trouue vn plat pais couuert d’arbres autres que ceux de noftre Europe: enrieby da- uantage de beaux fieuues, aueceaux mcrueillcufcment cleres,& riches de poiflbn. Entre lcfqucls 1 en deferiray vnencefl endroit,monftrueux, pourvu poiflbn d’eau douce, autant qu’il eft pofsible de voir. Ce poiflbn cft de grandeur & grofleur vn peu moindre que no lire ha- réc, armé de telle en queue, comme vn petit animant ter- relire nome Tatou, la telle fans comparaifon plus grofle que le corps,ayant trois os dedans 1 ’ei chine,bon à mâger, pour le moins en mangent les Saunages, ôdenomment en leur J angue,Tamou h ata. * » i % m mi TctMoit- httd y ef- pece de püijjon admira - blet LES SINGVLARITE2 De la rhùere de Ganabara , autrement de lanaire& comme le pais ou ar y iuamcs^ fut nommé France 'ue. chat* 25 . ’Ayans meilleure commodité de fèiour- S net aù cap de Frie, pour les râlions fuf- dites, il fut queftion de quitter la place, faifans voile autrepart, au grand regret I ~ * aïs, le des gens du pa'ts,iefquelseîperoyentde nous plus long (êiour & alliance, lu y liant la promefle que fur ce à noibre arriuée leur en autans faite : pourtant nauigames I’efpace de quatre iours, iuf- i]ucs au dixiefme,que trou liâmes celle grade riuiere nom Gan* - mee Ganabara de ceux du pais,pou r la Similitude qu’elle f^dith U aU ^ aCj ou ^ an ^ re J P ar CCL1X qui ont fait la première de- pour U couLIcrtc ce P a is, diftante de la ou nous citions partis, fimilim- de trente lieues ou enuiron. Et nous retarda par le clic¬ hé du min le vent,que nous eûmes ai lès contraire. Ayansdonc pafîc plufieurs petitesilles,fur celte code de mcr,& lede- Ihoit de noftre riuiere, large comme d’vn trait d arque- bulc,nous fûmes d auis d’entrer en cell endroit,& auec noz barques prendre terre : ou incontinent les babitans nous receurent autant humainement qu’il fut polsible; 5c comme eftans aduertiz de nollrc venue,au oient drefsé \n beau palais a la couflumc du pais, tapifle tout autour de belles fucillcs d arbres, & herbes odoriferes, par vne maniéré de congratulation,môflrants de leur part grand ligne deioye, & nous inuitans â faire le jfctnblable^ Les plus vieux principalement,qui lontcommeroys & o-ou- uerneurs fuccefsiuemct Tvn apres l’autre, no us venoyent Voir,& Uc. ■ DE IA FRANCE ANTARCTIQVE, 45 voir,& auec vne admiratio nous laluoyct à leur mode 5 c en leur langage: puis nous côduifoientau lieu qu’ils nous auoient préparé : auquel lieu ils nous apportèrent viures -de tous collez,comme farine laite d’vnc racine qu’ils ap¬ pellent Man ihot,& autres racines g rodes & menues,tref- Mdm - donnes toutesfois 5 c plaçantes à manger, & autres cho- b oî > riiC1 ' p r* \ i ■. i ■ » n ■ Wf uc ItX- les lelon le pais : de manière qu eltans arnuez, apres auoir ^ ^ loué 5 c remercié ( comme le vray (. breflien doit faire) sama - celuy qui nous auoit pacifié la mer, les vents, bref, qui yfînt nous au oit donné tout moyen d’accôplir li beau voyage, & f ont ne fut queltion (mon le recréer & repofèr fur l'herbe ver- j ’ ine ' te,ainfi que les Troïcns apres tant de naufrages 6c tem- pellcs,quand ils eurent rencontré celle bonne dame Di- do : mais Virgile dit qu’ils auoycnt du bon vin vieil, 5 c nous feulement de belle eau. Aptes auoir là leiourné J’elpace de deux moys,& recherché tant en iiles que terre ferme, fut nommé le païs loing à l’entour par nous dé¬ co uuert, Frace Antarctique, ounefètrauualieu plus co- France niode pour baflir 5c fc fortifier q u’vne bien petite illc,c 5 - " y i - • p / r '*]> tr/t/wf, tenant leulement vne lieue de circuit,iituee pretque a t o- 1 rigine de celle riuiere,dont nousauons parlé, laquelle pour mefînerailbn auec le fort qui fut bafti,à elle aufsi Ijkfort nommée Coîligni, Celte iile ell fort plaifànte, pour commo- ellre reueltue de grande quantité de palmiers, cedres, ar- e * la ~ bresde brelil,arbrilleauxaromatiques verdoyans toute ^ l’année : vray ell qu’il n’y a eau douce, qui ne foit aflez mim _ loing. Doitcqu.es le Seigneur deVillegagnon,pour l’ai- mëtfor- feurer contre les efforts de ces S au Liages faciles à offenlèr, ri f e k 5 c aufsi contre les Portugais,fi quelquesfoisfe vouloient adonner là, felt fortifié en ce lieu, comme le plus com- n o o les SINGVLARITES modc,ainfi qu il lu y a cité pofsible. Quant aux viures,lcs S au Liages luv en portent de tel que porte le pais, comme poiflons,venaifon, & autres belles fauuages, car ils n’en nourri lient de princes, comme nous huions par deçà,ta¬ nnés de ces racines,dont nous auons nagueres parlé,fans pain ne vin : Se ce pour quelques choies de petite valeur, corne petits coufteaux, ferpdtes,& haims à prendre poif- fon. le diray entre les loue tiges de no!treriuiere,que là jtQ'hedc P res I e deftroit fe trouue vn marefc ou lac prouenant la ùqucllJ plus grand part d’une pierre ou rocher,haute merueiileu- le ment & eleuée en l’air en forme de piramide, & large en proportion , qui elt vne chofe quali incroyable. Celte roche cfb cxpolce de tous coïtez aux flots Setor- mentes dela mer. Le lieu elt à 1 a hauteur d u Cap ricorne vers le Su,outre l’Equinoffial vingt ôe trois degrez & de- my,foubs le tropique de Capricorne. D u poijfon de ce grand fie uneJufnommé. C H A P. 27* Cdrubit- les, peu¬ ples "W- mnts de ebetir Jm msùne. Mahire. Lors que premièrement ce païs fut defcouuert,ainfi que défia nous auons dit,qui fut lan mil quatre cens nouante feptjpar le commandement du Roy de CafHlIc,cesSau- uages cflônez devoir lesChreftiens de cefte façon,qu’ils n’auoyent iamais veuc, enfemble leur maniéré de faire, ils les eftimoyent corne prophètes,& les honoroyct ainfi que dieux: iufquesà tant que cefte canaille les voyatdc- uenir malades, mourir, & eftre fubiets à femblables p ai¬ dons côme eux,ont comenec à les mefprifer,& plus mal traiter que de couftu me:cô me ceux qu i depu is font aliez par delà,Espagnols &Portugais,de maniéré,que fi on les irrite, il s ne font difficulté de tuer vn Chrefticn,& le man¬ ger,corne ils font leurs ennemis. Mais cela fe fait en cer¬ tains lieux, 5c fpecialement aux Canibales, qui ne viuent d autre chofe: corne no 9 faisôs icy de bœuf 5c de mouto. Aufsiont ils laifsé àlesappeller Charaïbes, qui efl à dire prophètes,ou demidieux,les appellans corne parmefpris & opprobre, Mahire, qui cftoit le nom dvn de leurs an¬ ciens prophètes,lequel ils detefterct 5c eurent enmefpris. Quant à Tou pan ils Feftiment grand, ne farreftant en vn lieu,ains allant çà &là,& quil déclaré fes grands fecretsà leurs prophètes. Voyla quant à la religion de noz Bar¬ bares ce que oculairement i en ay congnu, &entédu par le moyen dvn truchement François,qui auoit là demeu¬ re dix ans, 5c entendoit parfaitement leur langue. Des Amériques , 54 DE IA PRANCE ANTARCTIQUE. Des Amériques y & de leur maniéré de y menant hom¬ mes que femmes . chap, 25. Ous auons dit par cy deuant, parlans de rAfrique, qu’auons coftoyée ennoftre nauigation, que les Barbares &e Ethio- pes, 8e quelques autres es Indes alloyent ordinairement tous nuds, horftmis les * parties hôteufes, lefquelles ils couuroyét de quelques chemifès de cotton,ou peaux,ce qui cft fans comparaifôn plus tolerable, quen noz Amériques, qui Façon de viuent touts nuds,ainfi qu'ils fortent du ventre de la me- Jwedes re } tant hommes que femmes, fans aucunehontc ou ver- gongne. Si vous demandez fils font cela par indigen- mcr ^ ue> ce,ou pour les chaleurs, ie refpondray quils pourroyent faire que) ques chemiles de cotton,aufsi bien quils fçauet faire lifts pour coucher; ou bien pourraient faire quel¬ ques robes de peaux de beftes fauuages ôe fen vcftii,ainfî q ceux de Canadaicarils ont abondance de beftes fuma¬ ges, 8e on prennent ailèment : quant aux domeftiques ils n’en mou rriftent point. Mais ils ont celle opinion d’eftre plus alegres, & difpos a tous exercices, que fils eftoyent veftuz. Et qui plu s eft,fils font veftuz de quelque che- mife legere, laquelle ils auront gagnée a grand tiauail, quand ils fe rcncôtrent auec leurs ennemis,il s la dépouil¬ leront incontinent, auant que mettre la main aux ai mes, qui font l'arc &laflefche,eftimans que cela leur ofteroit la dextérité, 8e alegrété au côbat, mefmes qu’ils ne pour- royentaHement fuir, ou fc mouuoir deuant leurs enne¬ mis,voire qu’ils feroient pris par tels veftemets : parquoy o ii f Je f le LES S 1 NGVI.ARITEZ fe mettront nuds,tant font rudes Se mal ad niiez. Tou- tesfois ils font fort defireux de robes,çhemifes,chapeaux Sc autres accoutrements, Sc les efiiment chers Se pré¬ cieux iufques hvqu’ils JesLiilTcrotplus tofl gaffer en leurs etites logettes, que les veffir, pour crainte qu’ils ont de es endommager. Vray cfl qu’ils les v cil iront aueu nef- fois pour faire quelques cahouinagcs, c eÊ à dire, quand ils demeurent aucuns iours a boire Sc faire grand chere, apres lamort de leurs pcrcs, ou de leurs parens : ou bien en quelque folcnnité de maflacre de leurs ennemis. Encores fils ont quel que hobergeon ou chemife de etite valeur veflues, ils les dcfpouillcrôt Sc mettront fus eurs eftaules levoulasalleoirenterre,pour crainte qu’ils ont de les gaffer. Il fe trouue quelques vieux entre eux, qui cachent leurs partieshonteufes de quelques fueill es, mais Icplusfouuent par quelque indifpofition qui y efh Aucuns ont voulu dire quen noitre Européen commen cernent quelle fut habitée, que les hommes &fem mes cftoiét nuds, hors-mis les partiesfecrettes:ainfi que nous liions de n offre premier percmeantmoins en ce temps la les hommes viuoient plus longaage que ceux de main¬ tenant, fins cflre offenfez de tant de maladies: de manié¬ ré quils ont voulufouffenir quetouts hommes deuroyét aller nuds, ainfï qu Adam Sc Eue noz premiers parens effoienten paradisterreffre. Quant àceflc nudité il ne 'Mmi- ^ etrouue aucunement quelle foitdu vouloir & côman- dementdeDicu. Ic fçay bien que quelques hérétiques appeliez Adamians, maintenans faufement ceftc nudité, & les feétateurs viuoyent touts nuds,ainfï que noz Ame- iiqucs,doiit nous parlons, Sc afsiiloient aux lynagogues 1 „ pour ans , hc- yetiques mainte¬ nant U nudité. DE LA FRANCE AMTARCTI QV E . 55 pour prier à leurs templ es touts nuds. Et par ce Ion peut çongnoiEre leur opinion euidemment faulfe : car auant le péché d’Adam ôc Eue, l’efcripturcfàinte nous tefm oi¬ gne,qu'ils choient nuds,&apres le couuroyent de peaux, corne pourries eflimcr de prelènt en Canada. Laquelle erreur ont imité plufieurs,corne les Turlupins,& les phi- lofbphes appeliez Cyniques : lefquelsalleguoyentpour leurs raifons,&cnfcignoyct publiquemét l’hômc ne dc- uoir cacher ce q nature Juy à dôné.Ainfî font môErez ces hérétiques plus impertinens apres auoir eu la côgnoifsâce des chofes,q noz Ameriqs.Les Romains quelque ellrage façon,qu’ils obfèruafient en leur maniéré de vilire,ne dc- meuroiét toutesfois ainfi nuds. Quant aux ftatues & ima ges,ils les colloquoyent toutes nues en leurs tcples,corne recite Tite Liue. Toutesfois i ! s ne portoyent coife ne bonnet fos latefte: comme nous trouuons de Caius Ce- fàr j lequel eftant chauue par deuant,auoit couEume de ramener fescheueux de derrière pour couurir le front: pourtant priE licence de porter quelque bonnet léger ou coife, pour cacher ceEe part de la telle,qui eEoit pelée. Voylafus le propos de noz S au unges. I’ay veuencores ceux du Pcru vfer de quelques petites chemifolcs de cot- ton façonnées à leur mode. Sans elongner de propos, Pline recite qui l extremité de l’Inde orientale ( car ia- mais il n’eut congnoiEance de l’Amerique) du col ce de Ganges y auoir certains peuples veEuz de grandes fucil- les larges,ôceftrc de petite ftaturc. le diray encore de ces auures Sauuages, qu’ils ont vn regard fort efpouuanta- ' ;,Ie parierauEere, réitérant leur parole plulîeurs fois. Leur langage cE bref & obfcur, toutesfois plus aile à o iij Opinion des Tur¬ in pins y et philoju - phesCyni ejues ton chant U nuditc. Iules Ce * fxr por¬ tait bon¬ net con¬ tre it Cütt Jl ume des Rom eus-, &ponr- quoy. S LES SINGVLAS.ITEZ comprendre queceluy des Turcs ne des autres nations de Leuant,corne ie puis dire par expérience. Ils prennent grand plaifirà parler indiftindtemengà vâcer les victoires &; triumphes qu’ils ont fait fus leurs ennemis. Les vieux tiennent leurs promefïes & font plus fïdcles q les ieunes, tous neantmoins fort fubiets al’arrecin,non qu’ils defro- bentl’vn l’autre,mais fils trouuentvnChreftien ou autre effranger,iis le pilleront. Quant à l’or & argent,ils ne luy en feront tort, car ils n en ont aucune congnoiiîance. Ils vfcnt de grandes menaces, fpecialcment quand on les a irritez, non de frapper feulement, mais de tuer. Quelqueinciuilitc qu’ils ayent, ils font fort prompts à faire feruice & plaifir, voire a petit fàlaire: charitables îuf~ qucs a conduire vn effranger cinquâte ou foixante lieues dans le païs, pour les difficultés & dangers, auec toutes autres oeuures charitables âchoneftes, plus ie diray qu’en¬ tre les Chreftiens. Or noz Amériques ainfi nuds ont la couleur extérieure roygeaftre, tirant fus couleur de lion: CQti l ettr & la raifon ie la laifleray aux philofophes naturels, & nature- pourquoy elle n eft tant adufte comme celle des Noirs le. d’Ethiopie: au furplus bien formez ôc proportionnez de leursmembresdes yeux toutesfois mal faits, c’cftàfca- uoir noirs,loufches,& leur regard prefq uc comme celuy d’vnebeffe fàuuage. Ils font de haute fhture,difpos & alegres, peu fubiets à maladie, fînon qu’ils reçoiuet quel¬ que coups de flefohes en guerre. de LA FR A N C E À N T À R C T IQV £. De la manière de leur manger O- boire. CHA P. 5 ^ 1 0* L eil facile a entendre, que ces bonnes r | ■ ■ | I y gens ne iont pas plus ciuils en leur ma- «t ger, qu’en au très c h ofes. Et tou t ai ni 1 S qu’ils nont certaines Ioix,poure[]irc ce 0 qi-û eft bon, &c fuir Je côtraire,aufsi man- gentils déroutes viandes, à tous Jours 2c à toutes heures,fins autre dilcrction. Vray efeque d’eux- mefmes ils font allés fùpcrflitieux de ne manger de quel¬ que belle,foit terreflre ou ac uatique,qui foit pesâte ci che miner, ains de toutes autres qu’ils cognoilïent plus légè¬ res à courir ou voler 3 comme font cerfs & bichesipource qu’ils ont ceflc opinion, que celle chair les rendroit trop pefms,qui leur apporter oit inconuenict,quâd ils fe trou- ueroient affaillis de leurs ennemis.lls ne veulent aulsi ma ger de chofes fdées, & les défendent à leurs ènfans. Et quandils voyent les Chrelliens mu ger chairs falecs,ils les reprennent comme de chofe impertinente, difans ,qnc telles viandes leur abbregéront la vie. Ils vient au tel le de toutes efpeces de viandes, chair & poil Ton, le tout roftia leur mode. Leurs viâdes font belles làuuages,rats de di- uerlès efpeces 2c grandeurs, certaines efpcces de crapaux plus grads q les noilres, crocodiles 2c autres,qu’ils mettet toutes entières lus le feu,aiiccques peau & entrail lesi&r en vsét ainfi làns autre difficulté ivoire ces crocodiles, Iefàrds gros comme vn cochon d vn moys,& longs en propor- tion,qui eft vne viande fort friande, tefm oings ceux qui en ont mangé. Ces lelàrds font tant priuez,qu ils f appro- o iiij Les Sais- rnmsYi- O ncrn sas loîx. Que lest *4ynen - entes ont en hor¬ reur la chair fa¬ ite. Viandes ordinai¬ res des Sauna- très. O Lefart des met itjs. Silence des SM- nages à U u Idc. *4itAîy brimade. Manie - re de Li¬ ttré des chent de vous,prenât voftre repas, que fi vous leur iettez quelque chofe,ils la prendront fans crainte ou difficulté. Ces Sau Liages les t uct à coups de fléchés. Leur chairrefsé- blca celle aVn poulet. Toute la viande qu’ils font bouil¬ lir ,iom quelques petites ouiftres, 6e autres efcailles de mer. Pour mander ils noblement certaine heure liini- CO té e, mai s a toutes heures, qu’ils (è fentét auoir appétit, foit Ianuict apres leur premier fommeil,fe leueronttresbien pour manger, puis le remettront à dormir. Pendant le repas ils tiennent vnc merueilleufe filence, quiefl loua¬ ble plus quen nous autres,qui iafons ordinairement à ta ble. Ils enflent fort bien leur viande,&: ii la manger fort pofément, fcmocquans de nous,qui deuorons a la table au lieu de manger : & iamais ne mangent, que la viande ne foit fùffifammét refroidie. Ils ont vnc chofe fort effrâ- ge: lorsqu’ils mangent, ils ne buront iamais , quelque lie ure que ce (oit: au contraire quâd ils fe mettront â boi¬ re,ne mangeront point,& pafleront aiifli en bu-uant voi¬ re vn iour tout entier. Quand ils font leurs grands ban¬ quets 6c fblennitez,corne en quelque maflacre, gu autre foIennité,lors ne ferot que boire tout le iour,fans mâger. Ils font bruuages de gros mil blanc 6r noir,qu ils nôment en leur langue Auaty: toutefois peu apres auoir ainfi beu, & felffre fcparez les vns des autres,mangerdtindifférem¬ ment tout ce qui fetrouuera. Lespauures viuent plus de poilfonde mer,ouiffres,6cautres chofes fèmblables,que de chair.Ccux qui (ont loing de la mer pcfchét aux riuie- rcs : aiflsi ont diucWité de fruits, ainfi que nature les pro¬ duit,ncantmoins viuent Ion g temps Oins 6c difpos. Icy fuit noter que les anciens ont plus communemet vefeu de poifi anciens. DE IA FRANCE ANTARCTIQUE. de poifloiij que de chair: ainli que Hérodote afferme des Baoiloniens,qui ne viuoient que de poilfon. Les loix de Triptolemc, félon Xenophon,defendoient aux Atheniés lVlàge de la chair. Ce neft d o ne choie f i eftran ge d e pou uoir viure de poiHon Inns vlagc de chair. Et mefmcs en noilre Europe du commencement, & auant que la terre fuit ainli cultiuée 6e habitée,les hommes viuoient enco- res plus aufterementlans chair ne poiflbn,n’ayans î’indu- ff rie d’en vfer: 6c toutefois efloient robuiles, 6c viuoient longue ment,fans dire tant dteminés,quc ceux de noilre temps : lelquels d autant plus qu’ils font traités délicate- ment, 6c plus (ont fubiets a maladies, 6c débilités. Or noz Saunages vient de chairs 6c poifi'ons, comme nous auons dit: 6c en la manière qui vous cil icy monferée par figure. Quelques vnsd’iceux fie couchent en leurs Les hom mes r.mr pim font neun i s délicate¬ ment >et nains sot rcbujies. LES S ING VL AR I TE S litSts pour manger, au moins {ont afsis, Ipecialementle pins vieil dvne Famille fera dedans fon licl, & les autres auprès, luy faifàns le Feruice:comme 11 nature lesauoit enleignez à porter honneur a vieil!elfe. Encor es ont bien . cefte lionnel te tey aie le premier quia pris quelque groflè proy c,ioit en terre ou en eau,il en diltribuera à tous,prin¬ cipalement aux Chrefliens, Fil y en a, &; les inuiteront li¬ béralement a mager de telle viande, que Dieu leur don¬ ne, eltimans rccéuoiriniurefivoüs les rcfufeztn cela. Et qui plus cil,de primefàce que Ion entre dans leurs logct- tes, ils vous demanderont en leur langue,MarabifTere, commentas tu nom: car vous vous pouuezafieurer,quc fils le fçauent vue lois, iamais ne lobliront,tant ils ont bonne mémoire, & y fuE Cyrus Roy des Perles,Cyneas légat du Roy Pyrrhus,Mitbridates,ne Cefar,Iel quels Pli¬ ne récite auoir cité de tresbonne mémoire: & apres leur auoir refpondu quelque propos,vousdemanderôt,Ma- rapipo,que veux tu dire,&plufieurs autres careJlès. Contre £ opinion de ceux qui efhmcnt les San- Mm eCîre pelus. chap. 31. Ourtant que pluficurs ont celte folle opinion que ces gens que nous appelles Saunages,ainfiqu'ils viuént parles bois & champs à la manière prefque des be¬ lles brutes,cll:re pareillement ain/î pelus par tout le corps, comme vn ours, vn ecrfjVJi lion,mefmes les peignent ainlî en leurs riches ta¬ bleaux : bref, pour défaire vn homme Sauuage, ils Iuy attribueront LttT DE LA PRANCE ANTARCTIQVE. attribueront abondance de poil, depuis le pied iniques en telle,corne vn accident in imparable,ainfi qua vn cor¬ beau la noirceur: ce qui efl totalement faux: niefmes i en ay veu quelques vns obilinez iufques là, qu’ils affer- moyent obftmëmentiufques à iurer d’vne choie,qui leur eit incertaine,pour ne l’auoir veuèxombien que telle foit la commune opinion. Quant à moy,ie le fçay & l'affer¬ me aiïeurë ment, pour l’auoir ainfi veu. Mais tout au eon traire les Sauuages,tant de l’Inde orientale, que de nofhe Amérique, 1 lient du ventre de leur mere aufsi beaux &c polis, que les enfans de noftre Europe. Et II le poil leur croifl par fucceision de temps en aucune partie de leur corps, comme il auient à nous autres, en quelque partie que ce foit,il s l'arrachent auecques les ongles, referuë ce- luy de la telle feulement,tant ils ont cela en grâd horreur, autât les homes que les fanes. Et du poil des fourci[s,qui croifl; aux hommes parmefure,leurs femmes le tondent 8c raient auec vne certaine herbe trenchante coin me vu rafoir. Celle herb e reifembleau ionc qui vient près des eaux. Et quant au poil amatoirc ôc barbe du vifage, il s fe V * l’arrachent comme au telle du corps. De puis quelque tüuppey temps ença, ils ont trouuc le moyen de frire ic ne içay quelles pinfettes,dont ils arrachent le poil bmfquement. Car depuis qu’ils ont efté fréquentez des Chrciliens, ils ont appris quelque vfage de mallcer le fer. J t pource ne croirez d or efnauantl’opnion commune & façon de fai¬ re des peintres, aufquels efl permife vne licence grade de peindre pfulieurs choies à leur icule difcrerion, aiuii qu’aux Poètes de faire des comptes. Que filaduient vne fois entre les autres qu vn enfant iorte ain.ii velu du ven- P déforme hmuinc co u titre d’cfàiil- h's. LES SINGVLARITEZ tre de la mcrc,& que Je poil fe no u mile &c augmente par tout (on corps, corne Ion en a veu aucuns en France, cela cil vn accident de nature,tout ne plus ne moins que fi au cunnaillojt anec deuxteftes, ou autre choie fèmblable. Ce ne font choies fi admirables, confédéré que les mede- Monjh't dns & philofbphes en peuucnt donner la ruifon. f en ay veu va en Normandie couuert d’efcailles,côme vue car¬ pe, Ce font imperfections de nature, leeonfeffe bien, mefine félon la glofe fur le treziefme d’fifaic,qu’il fe trou* ue certains montes ayants forme d’hommes, qu’ils ont appeliez Satyres,viuantspar les bois,£e velus corne belles fumages. Et de cela font pleins les eferits des poètes,de ces Satyres, Faunes, Nymphes, Dryades, Hamadryades, Orcadcs,6cautres manières de montes, lesquels ne fè trouuentauiourd’huy, ainfi corne letemps pafle, auquel J’efprit malinf’eftorçoit partons moyens à deceuoir Tho- me,fc transformant en mil ! c figures. Mais auiourd’huy, que note Seigneur par compafsion feJt eômuniqué a no us,ces efprits malingsont efté chaflcz hors, nous don¬ nant puiflan ce contre eux, ainfi que tefmoignela fàinte eferipture. Aufsi en Afrique fè peuucnt encores trouuer certains montes difformes,pour les raifons que nous a- lions alléguées au côtnencement de ce liurc,Ôc autres que ie lairray pour le prefent. Au fiirplus quant anoz Amé¬ riques ils portent cheueux en tefte,façoncz prefque ainfi que ceux des moynes,ne leur paffans point 'es oreilles: yray eff qu’ils lescouppent par ledeuant de latefle: & di- fent pour leurs raifons, ainfi que ie m en luis informé, mefrnes à vn roitelet du pais,que f’ilsportoyent chcucux longs par deuant, cfcri- uages nomment Paquoucrc, efl; parauanture le plus ad- ^ d mirable,qui te trouua oncq’. Premièrement il n’ete pas plus haut de terre iniques aux branches,qu’vnc brade ou quoucre, enuiron, & de gro fleur autant qu’vn homme peut em¬ poigner de (es deux mainsxela fentend quand il efl venu à telle croiflance: & en efl latige fi tendre, quon la coup- peroit aifëment dVn coufleau. Quant aux fueiîles,elles font de deux pieds de largeur, 6c de longueur vne brafïe, Vn pie 6c quatre doigts: ce que ie puis affleurer de vérité. flen ay veu quafi de cefte meflne efpece en Egypte 6c en Damas retournant de Ierufalem : toutesflois la fueille ri approche a la moitié pies en grandeur de celles de l’A- merique. Il y a dauantage grande difterence au fruit:car celuy de cefl arbre, dont nous parlons,efl de la longueur d’vnbon pié:ç’efl: a fçauoir le plus Ion g,6c efl; gros, com¬ me vn côcombre, y retirant aifles bien quant a la façon. Ce fruit qui nomment en Ietl langue Pacona,cft tref- P.icontt, bon venu en maturité 5 c de bouc concoction. Les Sau- fruit. uages lecuillent auantqu’il (oit tellement meur,lequel ils portent puis apres en leurs logettes, comme Ion fait q DE LA E R ANC E ANTA5.CT IQVï. €z les fruits par cîcça. Il croift en l’arbre par môceaux,trente ou quarante enfemble, & tout auprès l’vn de l’autre, en petites branches qui font près du tronc : comme pointez voir par la figure que x ay fait reprefènter cy deffus. Et qui eft encore plus admirable, ceft arbre ne porte iamais fruit qu’vnc fois. La plus grand part de ces Sau- u âges,iufques bienauantdans le païs,fe nourrift de ce fruit vue bonne partie du temps : & d’vn autre fruit, qui vient par les champs, qu’ils nomment Hoyriri, lequel à voir pour fa façon & grandeur loneftimeroit eftrepro- jçc'* duit en quelque arbreitoutesfois il croift en certaine her¬ be, qui porte fueille femblable a celle de palme tant en longueur que largeur. Ce fruit cft long d’vne paulme, en façon d’vne noix de pin, hnon quil eft plus long. Il croift au milieu des fueilles,au bout d’vne verge toute ronde: 8c dedans fe trouue comme petites noifcttcs,dont le noyau cft blanc 8c bon à manger,hnon que la quanti¬ té (comme eft de toutes chofes) oftenfc Ie eerueau: la¬ quelle force Ion dit eitre femblable en la coriandre,fi cl¬ ic n’eft préparé : pareillement fi i autre ej toit ainfi prépa¬ ré, peut eftrc qu’il depouilleroit ce vice. Neantmoins les Amériques en mangent, les petits enfans principale¬ ment . Les champs en font tous pleins à deux lieues du cap de Frie, auprès de grads marefeages,que nous pafla- mes apres auoir mis pie a terre à noftre retour. le d iray en paifant, outre les fruits que nous vilmes près ce nu- rais,que noustrouuamesvn crocodile mort, de la gran- Crecodi* deur d’vn veau, qui cftoit venu des prochains marais, Se là auoit efté tué : car ils en mangent la chair, comme des le fard s, dont nous auons parlé. Ils le nomment en leur q ü 1ES S1NCVLARIT E Z laciwe- langue Iacareabfou : &c font plus grands que ceux du Nil. abfou. Les gens du pais difent, qu’il y à vn marais tenant cinq lieues de circuit,du codé de Pernomcri, diftat de Ja licr n e dix degrez, tirant aux CanibaIes,ou il y a certains cro¬ codiles, comme grands bœufs, qui rendent vue fiimée mortelle parla gueulle, tellement que b Ion fapproche d’eux, ils ne faudront à vous faire mourinainfi qu’ils ont entendu deleurs ancelhes. Au mefmelieu, ou croift ce ^' L1 ‘ t ^ ollt nous pelons, fe trouue abondance de heures fcmblables aux noffres, horf mis qu’ils ne font fi grands ne de Semblable couleur. Là Ce trouue aufii vn autre pe- ~ 4 £ou- tit animant, nommé Agoutin, grand comme vn heure un+mi- mefcreu,I e p o il co mmevn fin gher, d roit & e! eue,la telle comme celledVn gros rat, les oreilles, ôda bouche d’vn heure,ayant la queue longue dvn pouce, glabre totale¬ ment fur le dos, depuis la telle iufcjs au bout de la queue, l e pied fourchu comm e vn porc. fis viuent de fruits,au£ fi en nourriflent les Sauuages pour leur pIaifir,ioin6l que la chair en eft tresbonne à mander. O L/A mania e cjuus tiennent d faite mcifîons fut leur corps. chat. 34. L ne fuffit a noz Saunages d’efire tous nuds, & Ce peindre le corps de diuerlès coulcuiSjd arracher leur poil,mais pour fe rendre encore plus difformes , ils fe perlent la bouche eilans encores ieunes auec certaine herbe fort aigue: teileméj que le pertuis faugmentc auecques le corps : car ils met¬ tent de- 'tv TE LA FRANCE ANTARCTl QVE Pierre ti¬ rant fia couleur (i'eme- raude. tent dedans vne maniéré de vignots, qui cft vn petit poif- Fg»of, fon longuet, ayant l’efcorce dure en façon de patinotre, ^ ct!t P°f laquelle ils mettent dans letrou,quadlepoiffon efthors* de ce en formé dvn doifil, ou broche en vn muy de vin* dont le bout plus gros cft par dedans, & le moindre de¬ hors, fus la 3 eure baffe. Quand ils font grands fis point de fe marier,ils portent de greffes pierres, tirans fus cou¬ leur d’emeraude,& en font"telle eftime, qu il n’efl facile d’en recouurer deux/i on ne leur fait quelque grad pre- fent,car elles font rares en leur païs. Leurs vo*If ns de a- mis prochains apportent ces pierres dvne haute monta¬ gne, qui cft au païs des Canibales,lefquelles ils poliffent auec vne autre pierre à ce dédiée, fl naïuement, qu’il nefl pofsiblc au meilleur ouurier de faire mieux. Et fè pour- royent trouuer en celle mcfmc môtagne aucunes éme¬ raudes, car 1 ay veu telle de ces pierres, que Joneufïiugée vraye emeraude. Ces Amériques donc fe défigurent ainfî,& difforment de ces grands permis & greffes pier¬ res au vifaige: à quoy ils prennent autant de plaifîr, quvn Seigneur de ce païs à porter chaines riches & precieufès: de maniéré que celuy d entre eux qui en porte leplus,efl de tant plus eflimé ôetenu pour Roy ,ou grand Seigneur: & non feulement aux leures de à la bouche,mais aufsi des deux collez des iouës. Les pierres que portent les hom¬ mes, font quelques fois larges comme vn double ducat de plus,& efpeffcs dvn grand doigt: ce que leur empefehe la paroîle, tellement qua grande difficulté les peut on entendre quand ils parlent, non plus que fils auoient la . bouche pleine de farine. La pierre auec fa cauité leur rend la ,eure dedefloubs grofTe comme le poing: 6c fe- * « -i q 11J r n i LES SINGVLARITE2 Colliers de ■>/- mots. Sorte de Ion la grofleur iepeutcflimcrla capacité du permis entre la bouche & le menton. Quand la pierre cil oftée, fils veulent parler, on voit leur {àliue for tir par ce conduit, chofehideufe à voincncores quand celle canaille fè veut moqu er, ils tirent la langue par la. Les femmes & filles ne font aiafi difformes : vray efl qu’ci les portent à leurs oreilles certaines chofes pend lies,que les homes tout de gros vignots & coquilles de mer : ôc efl cela fait comme vnc chandelle dvn liard de longueur & grofleur. Les | 4 yj; ç JT} O hommes en outre portent croi flans longs &c larges dvn pie fus la poitrine,&font attachez au col. Aufsi en por¬ tent communément les eufans de deux à trois ans. Ils portent aufsi quelques colliers blancs,qui font dvne au¬ tre efpecc de plus petis vignots,qu'ils prennent en la mer, &, les tiennent chers &: en grande eftime. Ces parino- patino - très que Ion vend maintenant en France, blanches quafi très hlm comme iuoire, viennent delà, 8ê les font eux mefmes. Les matelots les achètent pour quelque choie de vil pris, & les apportent par deçà. Quand elles commencèrent à dire en vfàge en noflre France, Ion vouloir faire croire que c eftoit coral blanc : mais depuis aucuns ont mainte¬ nu la matière de laquelle elles font faites eflre de porce¬ laine. On les peut baptilcrain ti que Ion veut. Quoy qu’il en (oit, eftant au pais, fén ay veu d’os de poiflbn.Et les hs d’cf femmes portent hrafîclets de ces efcailles de poiffon, & ^ onî ^‘ lits t0lIt ‘tinfi qu’vn gardebrasdegedarme. Ils efli- Defur- ment ^ ort ccs P etites patinotres de verre, que Ion porte mite' des de deçà. Pour le comble de defon-ïïité ces hommes & ,Ar,KÙ- femmes le plus forment font tous noirs, pou relire teins r cs - de certaines couleurs & teintures, qu’ils font de fruits d’arbres, BrjjJtf- DE LA FRANCE ANTARCTIQUE. £4 d'arbres, ainfi que défia nous a lions dit,& pourrons en- cores dire. Ils lè teignent & accomirentles vnslcs autres. Les femmes accoutrent Jes hommes,leur raifans mille gentillelfes, comme fi gu res,ondes, & autres choies fiem- niables, déchiquetées fi menu quil n’eil pofsible de plus. On ne lit point que les autres nations en ayentainfi vie, Ontrouue bien que les Scythes allans voir leurs amis, quand quelcun ciloit décédé, le peignoyent levilagede noir. Les femmes de Turquie fe peignent bien les ongles de quelques couleurs rou ge ou perfe,pelant par cela dire plus belles : non pas le relie du corps. le ne veux oblier que les femmes en celle Amérique ne teignent le vifage & corps de leurs petits enfans de noir feulement, mais de plu (leurs autres couleurs, & d’vne fpecialement qui tire fur Je Boli armeni, laquelle ils font d vnc terre grafTe co¬ rne ar gille, quel le couleur dure l elpacede quatre tours. Etdeceflcmefme couleur les femmes fe teignét les ïam¬ bes,de manière qu’à les voir de 'oing, on les eflimeroit e~ flre reparées de belles chauffes defiudlametnoir. Des virions^ fangesiliufions de ces Amériques de la perfecution quih moment des e frit s malins. C H A P ^ C 0 ■■ 'EU choie admirable , que ces pauures gcns,encores qu ils ne foiét raifonnablcs, four élire priuez de l’vfagedevraye rai- éon,& delà congnoilfance de Dieu, font fubiets à plu (leurs iliufions phàtafhques, 6 e perlée ut ion s de J.’dp rit malin. Nous q iiij Pour - (jnoy les uimeri - qttes (ont fitbiets aux per¬ fections du malin t’fprit. *Abc~ celle opinion, qu’ils difent la vérité. Nous dirons bien lcs ' en ceil endroit aucc PhiIon,le premier qui a interprété les longes, &c lêlon Trogus Pompeius, qui depuis a elle fort excellent en celle melme fcience. Pline ell de ceh aduis que Amphiclion en a elle Je premier interprète, Nous pourrions icyamener plufleurs chofes des fon • ^ y;) P re - ges & dminatiôs,& quels fonges font véritables,ou non, ^‘1™' enlêmble de leurs elpeces ; des caufes, Ici on qu’en auons desfôn- peu voir es anciens Auteurs : mais ponrcc que cela repu- *es t gne a nohre religion, aufsi qu’il eft défendu y adiouilcr foy, nous arreltans feulement à l’elcriture lainte, & a ce qui nous efl commandé,ie me deporteray d’en parler dauantage : m’alïèurant aufsi que quelque choie, qu’on en veuille dire,que pour va ou l’on pourra cuiilir aucune LES SINOVLARITES chofèjOnfè pourra fetomper en infinité d'autres. Retour no ns aux Sauuagcs de 1 Amérique. Ils portent donc grande reuerence à ces Prophètes fufnommez, lefquels Vdgis^U fis appellent Pages ou Charades , qui vaut autant à dire, chantï' colT f ne p)emidieux:& font vrayement idolâtres, ne plus Cf * ne moins que les anciens Gentils. Des faux Prophètes & Magiciens de ce pats, qui communiquent duce les cfrits mahngs : & d'vn Arbre nommé AbouriL C H A P. 36'. E peuple ainii elongné de la vérité ou¬ tre les perfecutions qu’il reçoit du malin efpritj&les erreurs de fes fonges, efl en¬ cor es fi hors de raifbn , qu’il adore le Diable par le moyen d aucuns Tiens mi- niftrcs, appeliez Pages, deTquels nous a- Qth'hsot jjQjij défia parle . Ces Pages ou Chardibcs , (ont gens de l VtrL mauuaif ' e vie, qui Te font adonnez à Teruir au Diable pour {Zlt- deceuoir leurs voiTins . Tels impo (leurs pour colorer ges nom- leur mefchanceté, Scie Faire honorer entre les autres î, 11e me^pA demeurent ordinairemét envn lieu , ains i.ont vagabôds, 5 ou eirans ça & là par les bois & autres lieux, ne retournans Ig^dc point auecques les autres, que bien rarement & à certai- leursim- nés heures,leur faifans entendre,qu’ils ont communiqué pjims. auecques les efprits,pour les affaires du public,& qu’il faut faire ainTi ôc ainfî, ou qu’il aduiemdra cecy ou cela: 6e lors ils font rcceus & careliez honorabi entent, eflants - nourris & entretenue fans faire autre chofe : encore Te Ai ment DE LA FRANCE ANTARCTIQUE, 66 feftiment bien-heureux ceux la qui peuucnt demeurer en leur bonne grâce, & leur faire quelque prefent. S’il aduient pareillement qu’aucun d’entre eux aye in¬ dignation ou querelle contre fon prochain, ils ont de I i r , » couftume de fe retirer vers fes Pages , aftin cju’ils lacent mourir par poifon celuy ou ceux aufquels ils veulent mal. Entre autres chofes ils f aident d’vn arbre nommé en leur langue portant fruit vcneneus & mortel, Afaué lequeleftdelàgrofleurdVnechafcaignemoyenne,&effc ^bre, vray poifon, ipecialement le n oïau. Les hommes pour legcrc çaufe eftant courroucez contre leurs femmes leur en donnent, & les femmes aux hommes. Mefmesces malheureufès femmes, quand elles font enceintes, fi le mary les afafchées, elles prendront au lieu de ce fruit, certaine herbe pour fe faire auorter. Ce fruit blanc aucc fon noiau eft fait comme vn a delta, lettre des Grecs. Et de ce fruit les Saunages,quand le noiau eft dehors,en font des fonnettes qu’ils mettent aux iambes, Iefquellcs font aufsi grand bruit comme les fonnettes de par deçà. 1 ,es Sauuages pour rien nedonneroient de ce fruit aux eftragcrs eflant fraiz cuilly, mefmes defedent à leurs en¬ fuis y attoucher aucune met, deuant que le noiau en foie olté. Ceft arbre eft quafi femblable en hauteur à noz poi¬ riers. Il à ta fueillc de trois ou quatre doigts de longueur, & deux de largeur,verdoyate tou te Tannée. Elle a lef col- ceblanchaflre. Quad on en couppe quelque brache,elle rend vn certain fuc blanc, quafi comme laid. L’arbre couppe rend vue odeur merucillcufèmcnt puante. Par- quoy les Sauuages n’en vfent en aucune forte, mefmes n en veulent faire feu. le me déporté de vous deferire icy r ij DE LA IRA N CE ANTAKCTIQVE. Gy la propriété de pluueurs autres arbres, portans fruits beaux a merueilles,neantmoins autant ou plus veneneux que ceftui cy, dont nous parlons, & duquel vous auons icy prefenté le pourtrait au naturel. Dauantage il faut noter que les Saunages ont en tel honneur & reuerence ees Pages, qu’ils les adoret ou plufloftidaktrcnt:mefmes quand ils retournent de quelque part,vous verriez le po¬ pulaire aller au deuat,fe profternât,& les prier: difant,Fais q ie ne fois malade, q ienc meure point,ne moy, ne mes enfans : ou autre choie. Et luy refpond, Tu ne mourras point,tu ne feras malade, ôc fcmblables choies. Que fil adulent quclquesfois que ces Pages ne dient la vérité, & que les choies arriuent autrement que le prefàge, ils ne font difficulté de les faire mourir, comme indignes de ce tiltre & dignité de Pages. Chacun village, félon qu’il eft plus grand ou plus petit, nourrift vn ou deux des ces vé¬ nérables. Et quâd il eft queitio de fçauoir quelque grade choie, ils vient de certaines ceremonies &c inuocations ceremo - diaboliques,qui fe font en telle manière. On fera pre- nies de mierement vuelogettetoute neufue, en laquelle jamais ce ^eo- homme n’aura habité,& là dedans dreiferôt vn liét blanc P :etes 5 ôc net à leur modc:puis porteront en iadicte loge grande f ■ / t r r , i . . J canos de quantité de viures, comme du cahoum, qui cit leur bon- tcf^-it ion ordinaire, fait par vue fil le vierge de dix ou douze malin. ans, enfemblede la farine faite de racines, dot fis vfent au cahoa- lieu de pain. Et toutes choies ainii préparées,le peuple af m ' fèmblé côduit ce gentil prophète en la loge,ou il demeu¬ rera ièul, apres qu’vne ieunc fille luy aura donné àlauer. Mais faut noter que auant ce my itéré, il iè doit abfte- nir de fi femme lefpace de neuf iours. Eitant là dedans » # H r îij. * ***** Quelles font les interro- trions t- • ' faites a ïefprit malin, l-lcmoül fret. LES S I NC VI A R I TE Z feul, & le peuple retiré arriéré,il fe couche plat fur celicL & commence àinuoquer Pefprit maling par 1 efface d’v¬ ue heure, & d’auantage, f allant ie ne fçay quelles cere¬ monies accauftumées:tellement que fur la fin de les in- uocations lelprit vient à luy flfflant,comme ils diffnt,& fluliant. Les autres m’ont recité, que ce mauu ais èlprit vient aucuncsfois en la prefence de tout le peuple,com- bienqu’il ne le voit aucunement, mais oyt quelque bruit & hurlement. Adonc ils feferient touts d’vnc voix, en leur langue,difàns, Nous te prions de vouloir dire la vé¬ rité à no lire prophète, qui t attend 1 a dedans. L’interro¬ gation eft de leurs ennemis, Içauoir lefquels emporterot la viétoire, auec lesrefponces demefme, qui dilènt,ou que que leu a fera pris, & mangé de les ennemis, ou que l'autre fera offêfe de quelque belle fauuage,& autres cho fes félon qu’il eft interrogé. Quelcun d’eux me dift entre autres choies, que leur prophète leurauoitprcditnoftre venue. Ils appellet ce 11 dprit Homouljîra. Cela Ôc pim fleurs autres choies m’ont affermé quelques Chrefliens, qui de long temps fe tiennent là ;& ce principalement, qu’ils ne font aucune entreprit lansauoirla reffoncc de leur prophète. Quand le myffcrc eft accôplijcprophè¬ te fort, lequel eftant incontinent enuironné du peuple, fait vnc harangue,ou il récite tout ce qu’il a entendu, Et Dieu Içait les car elles Scprefens, que chacun luy fait. Les Amériques ne font les premiers, qui ont pratique la ma¬ gie abuliuc.mais auant eux elle a effe familière à plu- licui s nations, îufques au temps de noffre Seigneur, qui aeflaci & aboli Iapmfsaccde Sathan, laquelle il cxcrcoit fus le genre humain. Ccn’cil donc fans caufe.qu'elle’ efl défendue DE LA FRANCE ANTARCTIQVE. 6 S défendue par les cfcripturçs. D’icelle magie nous en trou ^ mx e ' uonsdcuxefpcccs principales, l’vne par laquelle Ion co- ^V e numiqueaueclesdpritsmalings,qui donne intelligence ’ ^ ’ des chofes les plus fccretes de nature. Vray elc que l’v¬ ne cil plus vitieufe que l’autre, mais toutes deux pleines de curiofité. Et queftil de befoing, quand nous auons les chofes qui nous font necefïaircs, & en entendons au¬ tant qu’il pleift àDieUjiious faire capables, trop curieule- ment rechercher les fecrets de nature, & autres chofes, defquelles noftrc Seigneur feft referue à luy feul lacon- snoilTance? Telles curiofitésdemonftrentvn iugement contre imparfait , vne ignorance 6c faute de foy & bonne reli- ceux qui gion. Encores plus eft abufé le (impie peu pie, qui croit telles impofturcs. Et ne me puis allez emerueiller,com- ' me en pais de loy & police, on 1 aille pulluler telles ordu¬ res , auec vn tas de vieilles forci'eres, qui mettent herbes aux bras, pendent efcritcaux au col,force m y (1er es, cere¬ monies, qui gueriflent de fleures, 6c autres chofcs,qui ne font que vraie idolâtrie,digne de grade punition. Enco¬ res fen trouucra il auiourd’huy entre les plus grands, ou Ion deuroit chercher quelque raifon 6c iugement, qui font aucuglez les premiers. Parquoy ne fe faut esbahir, f le (impie peuple croit legcremët ce qu’il voit dire fait par ceux qui (’eftiment les plus Liges. O brutalité aucn- fflce 1 Que nous fert i’eferiture fainte,que nous feruent les foix,&autres boucs fcicnces, dont noftrc Seigneur nous a donne congnoiflancc, Il nous viuons en erreur & igno¬ rance,comme ces panures Sanuages,6c plusbi utalement que belles brutes ? Toutesfois nous voulons cfic dli- mez f^auoir beaucoup, &c faire profefsion de vertu. Et Ir* — - ■-•v ., LES SINGVLAEITE2 pource il ne fè faut emerueiller fi les Anciens ignorans la vérité font tôbez en erreur, la cherchons partons moyés, & eneores moins denoz Saunages: mais la vanité du mode cefTcra quand il plaira à Dieu. Or fans plus de pro¬ pos,nous auons commencé à dire, qu’il y a vne magie Theur- damnable,que 16 appelle Tbeurgta> ou Goetia, pleine d’en- chantements,parolles, ceremonies,inuocations,ayant ' quelques autres eipecesfous elle: de laquelle on ditauoir cité inuenteur vn nôraé Zabulus. Quant à la vraye ma¬ gic,qui n’ell autre chofc que chercher & contempler les choies celeftes, celebr er & honorer Dieu, elle a eûé louée gie ?7 Ame. Zabtt - ha. Quelle efl U 0 raye indue. de pluficurs grands perfonnages. Tels eftoient nobles Roy s qui vifirerent noih'e Seigneur. Et i M-dçnts en ligue des Ver /es figniü Zdtnol ces trois y s qui viüterent noftre Seigneur. Et telle ma¬ gie a citéeftimee parfaite fâpiencc. Aufsi les Pertes nerc- ceuoyent iamais homme a la coronne de leur Empire, , fil ne ftoit appris en ccfte magie, c’eft a dire, qu’il ne fuit fige. Car Magus en leur langue n’eft autre choie que fà- S e en la noftrc,&: en Grec, Sapiens en Latin. D’icelle jfa l° n au °i r cfté inuenteurs Zamolxis & Zoroaftrc, no ccluy qui e£ltant vulgaire,mais qui eftoit fils d’Oromafe. Auisi Platon en ion Alcibiade dit, n cftimer îa magie de Zoroaftrc eftre autre chofe, que congnoiftre & ceîcbrer Dieu. Pour laquelle entendre luy incline auec Pythago- ras,Empedoclcs, & Dcmocrite, feftre hazardez par mer & P ar terre,allons en païs eftranges,pour congnoiftre ce- ftc magie. le fcay bien que Pline, &c plufieurs autres te font efforcez d’en parler, comme des lieux & nations ou elle a efté célébrée & fréquentée, ceux qui Iontinuentée & P^tiquée,mas affes obfcurement difeerné quelle ma¬ gic, attendu qu il y en a pluiieus eipeces. Quant à moy, voyla ce «K M -W - DE IA FRANCE ANTARCTIQVE.' C>S Yoyla ce qu’il ma femblé bon en dire pour le prefènt, puis qu’il venoit à propos de noz Sauuages. Que les Sdmuges Amériques croyent l'urne ejlre immortelle. CHAP. 37. E pauure peuple, quelque erreur ou ignorance, qu’il ait, h eft il beaucoup plus tolérable, & fans comparaifon,que les damnables Athcilles denoftre téps: lefquels non contons d’au oir cité créez a l’image Ôc femblance du Dieu eternel, parfaits fus toutes créatures, malgré toutes efcrituresSc miracles,fê veulent comme défaire, & rendre belles bru tes,fins loy ne fins raifon, Et puis quainfl eft, on les dc- uroit traiter comme belles : car il n y a belle i uiionna- blc, qui ne rende obéi flan ce & feruice à l’homme : com¬ me eftant image de Dieu : ce que nous voyons iour- nellement. Vrayeft, que quelque iour on leur fera fen- tir, fil refie rien apres la feparation du corps & de rame- mais ce pendant qu’il plaife à Dieu les bien confeiller, ou de bonne heure en effacer la terre, tellement qu’ils n’ap¬ portent plus de nuyflmce aux autres. Donques ces pan¬ ures gens ëflimentlame ellre immortelle, qu’ils nom¬ ment en leur langu e Cher cpicou are. Ce que i’ay entendu les interroger, que deuenoitleurefprit,quâd ils raouroient, Les a mes, difènt il s, de ceux qui ont vertu eu femét côbat- tu leurs ennemis, fen vôtauec plufleurs autres âmes aux lieux de plaifmce, bois jardins,& vergiers : mais de ceux Contre les ^4- theijks . Opinion des S & fc trouuent tou tes en fèm b le, en de beaux lieux,ainfi que difèntnoz Pro- p actes., qui les vihtent fbuuent o; parlent à elles? Et tien¬ nent celle opinion aile urée, fans en vaciller de rien. Vne autre fois citant allé voir vn autre Roy du païs, nommé Pnuiihonjüu ^lequel le trou ué malade en fon liéÉ d’vne He¬ ure co n tinu e, qu i co m m cnce a m’interro gcr:& e ntre au - très chofes,que deuenoyent les âmes de noz amis,à nous autres, Maires , quand ils mouroyent : & luy faifant re- fponcc qu elles afloyent aucç 77wp*M,iI creut aifement: en contemplation de quoy me diü, Viença, ie fay enten¬ du faireli grand récit de Toupxn^ qui peut toutes chofes, parle à luy pourmoy, qu’il megueriffe, & Ci le puis c/fre guéri,ie te rcray plu fieurs beaux prefens : ieveux eflrc ac- coudre corne toy, porter grand barbe, & honorer Tou- p.m comme toy. Et de fait citant guéri, le Seigneur de Viîlegagnon délibéra de le faire bapti(êr:Sc pource Iere- tintauec luy. Ils ont vne autre folie opinion: c’eflque- flants fur l’eau, foit mer ou fluue,pour aller cotre leurs en¬ nemis, fi furuient quelque tempeife, ou orage (comme iladuient bien forment ) ils croyent que cela vienne des âmes de leurs parens & amis : mais pourquoy,ils ne fça- uent:& pour appaifèr la tormcte,ils iettent quelque cho¬ ie en l'eau,par maniéré deprefènt: ellimas par ce moyen pacifier les tempefles. Dauantage,quand quelcun d en¬ tre eux DE IA FRANCE A NT A R C T I QV E j Q treeux decede, Toit Roy, ou autre, auant que le mettre en terre, fil y â aucun qui ayt cliofe appartenante au trefpafséjil le garderabiendele retenir, ains le portera publiquement, & le rendra deuant tout le mode, pour dire mis en terre auecques luy: autrement il ellimeroit que lame apres la Ce paration du corps le vi endroit mole- lîcr pour ce bien retenu. Pleult à Dieu que pluficurs d’en¬ tre nous euflent fèmblable opinion (ientens fans erreur) Ion ne retiendrait pas le bien dautruy, comme Ion Paît auiourd’huy fins crainte ne vergongne. Et ayant rendu à leur home mort ce que luy apattenoit,il efl lie & gar- rote de quelque cordes,tat de coton que d’cfcorce de cer¬ tain bois, tellcmet qui! n’cflpofsiblc, félon leur opinion, qu’il reuienne: ce qu’ils craignent fort,difâns,que cela eft aduenu autres lois à leurs rnaieurs & anciens, qui l eur a elle caule d y donner meilleur ordre : tant font fpirituels & bien en teignez ccs pauures gens. Comme ccs S. lu sage s font guerre les vns contre les autres , c> principalement contre ceux, qu'ils nomment Mar gageas & Tha bat ares, & d’vn arbre quils appellent Hayn,duquel ils font leurs bajhns de guerre, chat. 38. E peuple def Amérique cft fort fibiet a quereler contre les voifins, fpecialemcnt contre ceux qu’ils appellent en leurs lan¬ gue, May gageas ôc 7 babauresi&c riz autre moyen d’appailer leur quer battent fort & ferme, ils font alfemblecs defîx mil hommes, quelquefois de dix, & autrefois de f ij LES SINGVLARITES douze: ceft à fçaûôir village contre village, ou autre¬ ment ainfi qu’ils fc rencontrent: autant en font ceux du Peru, & les Canibales. Et deuant que exécuter quelque grande entreprifè,foit à la guerre ou ailleurs, ils font a f- femblée,principalement des vieux, fins femmes ne en- fans, dyne telle grâce Se modeflie, qu’ils parleront I vn apres l'autre,& celuy qui parle, fera dili gemmer efcoûté: puis ayant fait fa harangue, quitte fa place à vu autre, & aiufî confècutiiiement. Les auditeurs fout tous afsis fur la terre, (mon quelques vns entre les autres, qui en con¬ templation de quelque prééminence, foit par lignée ou d ailleurs,feront lors afsis en leurs Iicis. Ce que conf do¬ rant, me vint en mémoire celle louable couflume des gouucrneurs de Thcbes, ancienne ville de la Grèce : lcf- qucls pour délibérer enfèm'ble de la République efloient toufioursafsis fus Ja terre. Laquelle façon de faire Ion eflimc vn argument de prudence: car Ion tient pour cer¬ tain félon les philofophes, que le corps afsis &c a repos, les efprits font plus prudens Se plus libres, pour n’eflre tant occupez vers le corps quad il repofè,que autrement» Dauantage vnc chofc cflrange efl qneccs Amériques ne fontiamais entre eux aucune treue,ne padlion, quel¬ que inimitié qu’il y ait, corne i:ont toutes autres nations, mcfmes entre les plus cruels &c barbares, comme Turcs, Mores ôe Arabes: ôepenfeque fi Thefée premier auteur des traies entiers les Grecs y efeoit, il fèroit plus em- pefché qu’il ne fut onc. Ils ont quelques rufes de guerre pour furprendre l’vn l’autre,aufsi bien que Ion peutauoir en autres lieux. Donc ces Amériques ayans inimitié per¬ pétuelle,ôc de tout téps contre leurs voifms fiifnom iriez, fe cher- DE LA FRANCE ANTARCT I QV 1, 71 fe cherchent fouucnt les vns les antres , & Ce battent au¬ tant furie u le ment qu’il cft pofiible. Ce que les contraint dVne part & d’autre de le fortifier de gens & armes cha¬ cun village. Ils faiferableront de nuit en grand nombre pour faire le guet: car ils font couftumiers de Ce fùrpren- dre plus de nuit que deiour.Si aucunesfois ils fontaduer- tis, ou autrement le foupiônnent de la venue de leurs en- chauffè- nemisj ils vous plantcrôt en terre tout autour de leurs tu- traptsdes gurcs, loing d’vn trait d’arc, vue infinité de cheuillesde bois fort agues } de maniéré q lebout qui lort hors deter- * ' re eftant fort agu,nele voit quebien peiuce que ie ne puis mieux coparer qu’aux chauffet râpes, dot Ion vfe p deçà: à fin que les ennemis fepercétles pieds,qui s6tnuds,ainfï que le relie du corps:& p ce moyen les puitfent laccagcr, c’eft afiauoir tuer les vns,les autres emmener prifonniers, Ceft vn trefgrad hôneur à euxjefquels partâs de leur pais pour aller aflailUr les autres fur leurs frôtieres, &c quad ils amènent plufïeursde leurs ennemis prifonniers en leur oais:aulsi eil il célébré, & honoré des autres, comme vn ïiloy & grâd Seigneuiyquienaleplustué. Quand ils veu¬ lent furprendre quelque village Fvn de l’autre,ils lé ca¬ cheront, & mu (Ter ont de nuit parles boisainfi que re¬ nards, Ce tenans là quelque efface de temps, iufqucs à tant qu’ils ayent gaigné l’opportunité de feruerdeflus. Arriuans à quelque village ils ont certaine induftrie de ietter le feu és logettes de leurs ennemis, pour les faire faillir hors auec tout leur bagage, femmes &enÉms. Bilans faillis ils chargent les vns les autres de coups de flefehes confufement, de maffes & efpées de bois,qu’on- que ne fut Cl beau pafietemps de voir vne telle mdlée. - > ILS S ING VLARI TI 2 Ils Ce prennent & mordent auec les dents en tous cm droits^uils fcpcuuentrencontrer^"parlesleures quiîs ont pertuifèes : monkrans quelquefois pour intimider leurs ennemis, les os de ceux qu’ils ont vaincus en guerre, 111 "S cz • , ° re ^ 1 ^ em pîoyent tous moyens pour ïafeher CLUS cnncm ^ s - Vous verriez les vns emmenez pnlon- . - ». i —_____ /■ s ^ is d “ jl I SK -v~. : Æ '’-'.V 'î 'V ts j J* ' r +f~jr-' il 1 m *r- * r K. V - iw - r- r- -*7 ' Sfi >R,' - iJki '••.iCS -£. ..- ' „ *■ j ; ~_.. L .£* s Y, :■ • ,v'i — — _ V- - g<-■ ri niers,Iiez,&garrotez comme larrons. Ht au retour de ceux qui fen vont en leur pais auec quelque ligne de vi- crouc Dieu fçait les en relies & hurlemens qui fe font. Les femmes fuiuent leurs maris à la guerre,, non pour coinoatre comme les Amazones,mais pour leur porter .x ad nu ml ire r v : u res, ôc autres munitions requifesa telle guerre:car quelquesfois ils font voyages de cinq & f lx SS*®* , ret0Ur f er - Et S“»n d veulent départir pour guiac, ils mettent le feu en toutes leurs Jo DE IA FRANCE AN'TARCTI QJ/ E. JZ ce qu’ils ont de bon,ils le cachent loubs terre infoucs a leur reto ur. Qui eh plus grâd entre eux, plus à de fem¬ mes à fon feruice. Leursvi tires font tels que porte le pais, *<*?***& farines de racines fort délicates, quâd clics font récentes: ntcmes ^ mais Ci elles (but quelque peu enuieiilies, elles font autant mn cs plaidantes à manger, que le fon d’orge ou d aucne: Se au relie chairs ûu u agi ncs, & poiflon, le tout fèiche a la fu¬ mée. On leu r porte aufsi feu rs liées de cotton, i es hom¬ mes ne portans rien, que leurs arcs Seflefches a la main. Leurs armes font grolfes efpées de bois fort mafsiues Se pefmtes:au relie arcs, $e flefcnes. Leur arcs font la moi¬ tié pl us longs que les arcsTurquois, 2c les âefohcs à l’e- qüip client, faites les vues de cannes marines,les autres du bois d’vn arbre,qu’ils nôment en leur langue H a tri ^ por- H&i, tant fudllage fèrnb labié au palmier, lequel eh de cou- dr ^' e ‘ leur de marbre noir, dot plulicursle difènt dire! debcnc: toutesfois il me fomble autrement, car vray Hcbene ch plusluyfànt. Dauantage l’arbre d’Hebene n’eh fembla- Hebem blc à cclluy cy, car cehuicy eh fort efoineux de tous co- hezrioint que le bo Hebcnc fè pred au pats de Calicut,2e en Ethiopie. Ce bois cil fi pelant,qu’il va au fos de l'eau, comme 1er: pourtant les Saunages en font leurs efpées à combatre. l! porte vn fruit gros comme vn cheuf, 2c quelque peu pointu àl’vndes bouts. Au dedas trouuerez vn noy au b 1 a n c c o m me n ci ge : d u q u cl Fruit i ay appor¬ té grande quantité par deçà. Ces Saunages en outre font de b eaux colliers de ce bois.Aufsi eftil fi dur oc h fort,fco- menous dilions n’agueres )que les helches qui en font faites, font tant fortes, quelles pcrceroyent le meilleur Bouc ^ ;er corfclet. La troifiefme picce de leurs armes ch vn bou- 1 mj des Sait- Mages, DE LA FRANCE ANT A R C T I QV 1. 73 cliei'jdont ils vfent en guerre. Il effc fort long,fait d e peaux cl’vne belle de mefme couleur que les vaches de ce pais, ainlî diuerfihées,mais de diuerfe grandeur.Ces b oitcliers font de telle force &refïftcce, commeles boucliers Bar- celonnoiSjde manière,qu’ils attendront vn arquebuze,& par confequentchofè moindre.Et quataux arquebuzes, plufïeurs en portent qui leur ont efté données depuis que les Chreftiens ont commencé à les hanter, mais ils n’en {çauent vler, linon qu’ils en tirent aucunesfois à grande difhculté,pour feulement efpouucntcr leurs ennemis. Ld manière de leurs combats, tant fur eau ,aue fur terre, chap. 33. I vous demadez pourquoy ces Saunages font guerre les vns contre les autres, veu qu ils ne font gueres plus grands feigneurs l’vn que lautre : au fsi qu’entre euxnyàïi- cheflès fi grandes, & qu’ils ont de la terre ailés & plus,qu’ils ne leur en faut pour leur necefsité. Et pour cela vous fùftira entendre, que la caufe caufe de leur guerre eft allez mal fondée, feulement pour ap- pourquoi petit de quelque vengeance,fans autre raifon, tout ainfi que belles brutes, fans fepouuoir accorder par honne- ^ fteté quel coque, difàns pour refolution, que ce font leurs „ s} f es ennemis de tout temps. Ils faifemblent donc, (comme %ns con- auons ditcy deuant) en gradnombre, pourallertrouuer leurs ennemis,fils ontreeeu principalement quelque in- tm - iure récente: &c ou ils fc rencontrent, ils fè battent à coups de flefehes, iufqucs à fè ioindreau corps, ôefentrepren- t S.itiut ■ ges ohjîl court - geux. LES S I NGV L AR I TE Z dre par bras 8e oreilles,6e donner coups cle poing. Là ne faut point parler de cheuaî s dôt pou nez péfer corne l’em¬ portent les plus forts. Ils font obfhnez 6e couragcuXjtel- Iement queauant que le ioindre & battre ( comme auez veu au precedent chapitre) cftans à la campagne clon- gnez les vns des autres de ta portée d vnc harquebuze, quelques fois l’efpaced’vn iour entier on plus ic [ x - _epou ucntable qu’il eft pofsible, hurlans 6e crians h confufé- mentj que Ion ne' pourroit ouïr tonner, monftrans aufsi en haut auec leurs efpées &c mafses de hois, Nous fom- mes vaillans ( difent ils - nous auons mangé voz païens, aufsi vous mangerons nous: 6e plu fleurs menaflesfiïno- h's: comme vous reprefente la prefentefigure. En ce '.%W » ns de marner DE IA FRANCE ANTARCTIQUE. J a Bnce les Saunages femblent obferucr l’ancienne ma¬ nière de guerroyer des Romains, lcfquels auantque d’en treren bataille faifoient cris epouuentables 6cvfoientde grandes menalTes. Ce que depuis a efté pareillement pratiqué p les Gaulois en leurs guerres, ainfi q le deforit Tite i lue. L’vne & l'autre façon de faire m’a fèmblé elIre fort differente à celle des Acneiens:dont parle Homere, { )arce qui ceux eftants près de batailler & doner Falfaut a eurs ennemis,ne faifoient aucu bruit,ains fè cotenoient totalemét de parler. La plut grade vcngeace dont les Sau Couflu- uagesvfont, & qui leur {Semble la plus cruelle 5c indigne, me ^ es et de manger leurs ennemis. Quand ils en ont pris au- SiUim ~ cun en guerre, fils ne font les plus forts pour l’emmener, pour le moins fils peuuenqauant la recouffe ils Iuy coup- kurTen- peront bras ou iambes : & auantque le laiffcr le mange- nmis. ront,ou bien chacun en emportera fon morceau,grand ou petit. S’ils en peuuent emmener quelques vns lut ques en leur pais, pareillement les mangeront ils. Les anciens Turcs, Mores, & Arabes vfoient quail de ccte façon (dontencoresauiourd’huy fe dit vn prouerbe, le Prwer- voudrois auoir mangé de fon cueur) aufsi vfoyent ils prefque de femblables armes que noz Sauuages. Mais depuis les Chrétiens leur ont forgé, 6c montre à forger ff s armes, dont auiourd’huy iis font hattuz, en danger qu’il n’en aduienne autant de ces Sauuages, foient Amé¬ riques ou autres. Dauantage ce pauure peuple fc hazar- j^ a ^ s de fur l’eau, foit douce ou talée, pour aller trouuerfon de ia- ennemyveomme ceux de la grand riuicrc de Ianairc con- naireen- treceux de Morpion. Auquel lieu habitent les Portu- gais ennemis des François : ainfi que les Sauuages de cc b t ij ^ lAÎmâ ■ dies fai * tes d'e- fcoircs d’arbre. Suferjîh t 'ton des Sauna¬ ges k o- J ter les e- fcorces des ar¬ bres. LES S I N G y L A R I T E 2 mcfme lieu font ennemis de ceux de Ian aire. Les vaif féaux, dont ils vfent fus 1 eau, font petites Almadies, ou barquettes compofées d efcorces d’arbres, fins clou ne chenille, longues de cinq ou fix bradées,& de trois pieds de largeur. Et deuez fçauoir, qu’ils ne les demandent plus mafsiues,eftimans que autrement neles pourroyent raire voguer à leur plaiiir, pour fuyr, ou pour future leur ennemy. Ils tiennent vne folle fuperftition à dépouil¬ ler ces arbres de leur efcorce. Leiour qu’ils les dépouil¬ lent (ce qui fe fait depuis la racine iufquesau coup peau) ih ne buront, ne mangeront, craignons ( ainf qu’ils di- ient ) que autrement il neleuraduint quelque infortune fur 1 eau. Les vaifleaux ainf faits,ils en mettront cent ou lix vingts, plus ou moins, &en chacun quarante ou cin¬ quante perfonnes,tant hommes que femmes. Les fem¬ mes feruent d’epuifer & ietter hors auec quelque petit vaifleau d aucun fruit cauc l’eau qui entre en leurs peti- tes nafïcllcs. Les hommes font aifeurez dedans auec leurs arm es, nageans près de la riue:& fil fe trouue quel- *4meri- cjues a- mis des ïraçois. que village, ils mettront pie à terre, & le ficcageront par rcu & Lang, fils font les plus forts. Quelque peu auant renrrine*» Uc A ****.:„„„ « - Air 1 1 :eu&fàn n V / a l ^ f'-w aUrtIIL nofcieamuee, les Amériques qui fe difent noz amis, a- y cm pris fus la mer vne petite nauire de Portugais e- 1 tants ™ cores en quelque endroit près du nuage, quel que refiftence qu’ils peuffent faire, tant auec leur artil¬ lerie que autrement :neantmoin$ elle fut prife,les hom- mes mangez, horf mis quelques vus que nous rachet⬠mes a noftre arriuée. Par cela pouuez entendre que les Saunages,qui tiennent pour les Portugais font ennemis des Saunages oufe font arrêtez les François, & au con¬ traire. DE LA PR AN CE AN TARCTlQVE. traire. Au refie ils combattent fur l’eau, comme fur Ja terre. S’il aduientaucunesfois que Ja mer (oit f urieufè ils 1 ; ■ '■ * 1 • ■ ! ■ * ; *“ 1 ‘ ) } 1 eu i : c c î c nerdris, ou autre ch oie eftimans par ce moyen appaifer les ondes de la mer. ’ Ainfi font quafi les Mores & Turcs en tel péril, fe lauans le corps d’eau de la mer, & à ce pareillement vouhms con craindre ceux de leur copagnic, quels quils foyent,ainfi que i ay veu cftant fur la mer. Noz Sauuages donques retournans en leursmaifons victorieux, monftrenttous figne deioye, fonnans fifres,tabourins,& chantans à leur mode: ce qu'il faittresbon ouïr,auee les inftrumensde mefme,faits de quelques fruits cauezpar dedans,ou bien d os de belles, ou de leuis ennemis. Leurs infirumens de guerre font richemét eftoftes de quelques beauxpen- naches pour décoration. Ce que Ion fait encores au- iourd'huy, & non fins raifon, ainfi en a l’on vfe le temps pafle. Les fifrcs,tabouiins,ôc autres inflruméns fcmblent reueiller les efprits afïopisj&les exciter ne plus ne moins que fait le fouflet vn feu à demy mort. Et n’y a ce me fcmble, meilleur moyen de fufeiter lefprit des hommes, que par Je fonde ces infiniments : car non feulement les hommes, mais aufsi les cheuaux, fans toutesfois en faire côparaifon aucune, femblét treifaillir corne d’vncgayc cé de coeur: ce qu’a.elle obferuc detouttéps. Il eft vraymue les Amériques, & ces autres Barbares vient coufhimiere- ment en leurs affaults & combats de cris & hurlements fort epouuentables,ainlïquenous dirons cy apres des Amazones. •v ! 4 t Uj Folle opi¬ nion des s&um- Turcs y & Mo¬ rts, Tabou - fins, fi¬ fres, & autres inftru - ments , excitent les ef *i prit s t * # t T riite- metfait aux pri- Jôtmiers Sduuii - pcs par leurs en¬ nemis. LES SINGVLARÏTEZ Comme ces 'Barbares font mourir leurs ennemis , quils ont pis en guerreles mangent. C H A P 40. & Près auoir déclaré,comme les Sauüages de toute l'Amérique, mènent leurs en¬ nemis priionniers en leurs logettes &tu~ gures, les ayans pris en guerre, ne refte que déduire, comme ils les traittent à la nn du ieuûls en vient donc ainfi. Le pri- fonnier rédu en leur pais, vn ou deux, autant déplus que de moins,fera fort bien traité, quatre ou cinq iours, après on luy baillera vne femme, parauenture la hile de ccluy auquel fera le prifcnnier, pour entièrement luy admini- ftrerfes neceisitez à la couchette ou autrement, ce pen¬ dant eft traité des meilleures viâdes quelon oourratrou- 11 er, feftudians al engrelïer, comme vn chapon en mué, iufques au temps de Je faire mourir. Et ce peut iceluy temps facilement cognoiftre, par vn collier fait de fil de coton, aucc lequel ils enfilent certains fruits tous ronds, ou os de poillon,ou de beffe, fûts en façon depateno- fires,qu ils mettent au col de leur prifonnier. Et ou ils au¬ ront enuie de le garder quatre ou cinq lunes, pareil nom¬ bre de les patenofires ils luy attachcrôt : & les luy oftentà mefiuc que les lunes expirent,cotinuantiufques a la der- nici c: & quand il n en relie plus,ils le font mourir. Au¬ cuns,au lieu de les patenofixes,leur mettent autant de pe tis colliers au col, comme ils ont de lunes à viure. Da- Lantagc, tu pourras icy noter, que les Sauuages ne con¬ tent fi. non iniques au nombre de cinq : & n'obferiieüt ^ ' aucune- DE IA fRANCE ANTARCTIQVE. aucunement les heures du iour, ny les iours me fines, ny les mois, ny les ans, mais content feulement par lunes. Telle manière de conter fut anciennement commandée par Solon aux Athéniens, à fçauoir, d’obfcruer les iours par le cours de la lune. Si de ce prifonnier & de la fem¬ me qui luy cfl donnée,prouiennent quelques enfans,le temps qu’ils font cnfèmble,on les nourrira vneefpace de temps,puis ils les mangeront,fe rccordans qu’ils font en- fans de leurs ennemis. Ce prifonnier ayant efté bien nourri Se engrefsé,ils le feront mourir ,eftimans cela à grand honneur. Et pour la fblennité de tel maflacre, ils appclferôt leurs amis plus loingtains,pour y.afsiflcr,<5e en manger leur part. Le iour du maflaere il fera couché au lié!,bien enferré de fers (dont les Chrefliés leur ont don- ne l’vfage ) chantant tout le iour Se la nuiéf telles chan- fons, Les Mar gageas nos amis-font gens de bien, forts 6>c puiflans en guerre, ils ont pris & mangé grand nombre de noz ennemis, aufsi me mangeront ils quelque iour, quand il leur plaira : mais de moy, iay tué Se mangé des parens Se amis de celuy qui me tient prifonnier: auec plu f îeu rsscblab les paroi es. Par cela pou uez côgnoiftrc qu’ils Lcs Sdti ne font cote delà mort, encor es moins quiln’eftpofsible Z depenfer. I’ay autrefois (pour pkifir)deuifé auec tels pri- Tonniers, hommes beaux Se puiflans, leur remonflrant, mon. fils nefe foucioyent autrement, deftreainfi maffacrez, comme du iour au lendemain : iquoy me refpondans en rifée Se mocquerie,Noz amis, difoyent ils, nous ven¬ geront, Se plufïeurs autres propos, monftrans vnehar- diefle Se afleurance grande. Et fi on leur parloit de les •Vouloir racheter d'entre les mains de leurs ennemis,ils ■a- ■ + * t mi r -ocd , fi , cl!) fe m «tta an au™. T 1 s |U 1 “y cl ‘ l pofs’D.t'j ayant fou cfpcc de bois ai:(si richement 7 '/alte¬ rnent des femmes friftm - nier es. Ceremo¬ nie ctUX mdffit¬ em des r*j nieves. Cdhati- in 3 bi'u- tidtre. Q LES S I Vf3 VLAR ÏTE Z pre n o y c nt to u t en ni o cquerie. Quant aux tem ni es & hiles, que ion prend en guerre, elles demeurent prifon- nicres quelquetéps,ainfi que les homes,puis font traitées de niefine,hod-mis que on ne leur doue point de mary. Elles ne font auisi tenues h cap dues,mais elles ont liberté d itllci ça & la. on les faittrauailler aux iardins,& apel- cher quelques ouïtres. Or retournons à cemafîacrelLe maiftre du prifonnier, comme nous auons dit, inuitera tous ces anus a ce iour, pour manger leur part de ce bu¬ tin, aucc loice CiWouÏHj qiu elb vn bruuage fait de otos nri), au ce certa nés racines. A ce iour folennel tous ceux qui y afsiftent, le pareront de o elles plumes de diuedes couleurs, ou fè teindront tout le cor Dont huit p ciller, qu’on leur en fait’ autant de lautrcparr, quand ils Ion t p ris en gu err c. Ce co rps a in fi m is p a r pie- ce$,&cuità leurmodcjleradifiribuéà tous } quelque no-* v DE IA FRANCE AKTARCTIQVE. 77 richement eitoffée cle diuers plumages. Et tant plus le prifonnier verra faire les preparatiues pour mourir, Se plus il moulurera lignes de ioye. Il fera donc mené,bien hc & garroté de cordes de cotton en la place publique, accompagné de dix ou douze mil Saunages du pais,les ennemis, & la fera a homme corne vn porceau, apres plu- heurs cerrmonics. Le priionnier mort,là femme,qui 1 uy auoit cité donnée,fera quelque petit clucil Incontinent Je corps chant mis en pièces, ils en prennent le fang & en Jaucnt leurs petis enfans malles,pour les rendre plus har- dis,comme ils difentjeur remonftrans,que quand ils fe¬ ront venuz à leur àage,ils faccntainlî à leurs ennemis. L A - rnols. LES S INC VLARÏ TE Z bre qu'il y ait, à chacun Ton morceau. Quant aux eut rail¬ les,les femmes communément les mangent, & la telle, ils la relerucnt a pendre au bout d’vne perche, fur leurs Jo gettes, en ligne de triomphe &c victoire: 5c fpecialement CaniU - prennent plailir à y mettre celles des Portugais. Les Ca- henné- nibales ôc ceux du collé de la riuierede Mangnan, {ont mis mor encores plus cruels aux Elpagnols, les fai la ns mourir tel} des pj us cruellement fans comparaifon,& puis les mangent. Il ne fetrouuepar les hiftoires nation,tant (bit elle bar¬ bare, qui aitvfé de (xexcefsiuecruautéhinonqueIofephe elcrit,que quand les Romains allèrent en ïerufàlem, la famine,apres auoir tout mangé,contraignit les meres de ^nthro tLlcr lents enhns, & en manger. Lt les Anthropopha- pophd - ges qui font peuples de Scythie,viuent dc chair humaine corne ceux cy. Or celuy qui a fait ledit m alla cre, in con¬ tinent apres fc retire en (a maifon, &c demeurera tout le iour fans manger ne boire, en fon licl : & fen abfliendra encores par certains iours, ne mettra pie à terre aulsi de trois fours. S’il veut aller en quelque part, fo fait porter, ayant celle folle opinion que fil ne failbit ainfi, il luy ar- riueroit quelque delà lire, ou mefme la mort. Puis apres il fera aucc vnc petite fie, faitte de dens d’vne belle, nom¬ mée Agoutin,plulîeurs incifions & permis au corps, à la poitrine,& autres parties,tellement qu’il apparoiftra tout déchiqueté. Et la raiion,ainli que ie m'en fuis informé à quelques vns,eft qu’il fait cela par plailir, reputant a grad gloire ce meurtre par luy commis en la perfonne de fon ennemy. Auquel voulant remonftrer ta cruauté de la choie,indigné de ce,me Penuoya trcsbien,disât q c’efloit grand honte ànous de pardonner à noz ennemis,quand les * DE LA FRANCE ANTARCTIQVE. ?S les auons pris en guerre;& qu’il cft trop meilleur les faire mourir, à fin q l’occafion leur loit oftéc de faire vne au¬ trefois la guerre. Voyla de quelle diferetion fe gouuer- ne ce pauure peuple brutal. le diray dauantage à ce pro¬ pos que les filles vient de telles incifions par 1 e corps, l’e- fpace de trois iours continus apres auoir eu la première purgation des femmes : iniques à en eltre quelquesfois bien malades. Ces mefmes iours aulsi fabûiennentdc certaines viandes, ne fortans aucunement dehors,& làns mettre pie à terre,comme defia nous auons dit des hom¬ mes, alsifes feulement fur quelque pierre accommodée à cell affaire. Que ces Saunages font nmueilleufmmt 9 . chat. 41. L n’eft trop admirable, lî ce peuple che¬ minant en tenebres,pour ignorer la vé¬ rité , appete non feulement vengeance, mais aulsi le met en tout effort de l’exc- cuter: conlidcré, que le Chrefticn, en- L j met tout deuoir de les prelchcr par parollesles f/jw. F Jus l lu nibJes ce douces qu’il Juy eftoit pofsible : néant- moins DE LA FRANCE A N T A R C T I ÇU’ r . moins ne peut tant Elire pourluy, que fus je champ ce- Juy auquel il choit prifonnier, ne le feit mourir à coups de tlefcn.es, Va,difbitiJ,tu ne mérité,que Ion te hcc mon rit honorablement,comme les autres,& en bonne com¬ pagnie. Autre choie digne de mémoire. Quelquesfois tut emmené vn ieune enfant malle c!e ces Saunages de Mmeriquc, du pais & ligue de ceux qu’ils appellent Ta- baiares, ennemis mortels des Saunages ou ibnt les Fran ¬ çois, par quelques marchans de Normandie, qui depuis baptifé, nourri, &marié a Rouen, viuanten homme de bien,fauiik de retourner en fon pais en noz nauires,aaec de vingt deux ans ou enuiron. Aduintqu’cftantpardeîa futdecouiiert aies anciens ennemis par quelques Chré¬ tiens: lefquels incontinent corne chiens enragez de furie coururent à noznauires, défia en partie delaifîées de gés, ou de fortune le trouuans fins merci ne pitié aucun, fe icttent delfus, & le mettent en pièces la fins toucher aux autres,qui choient là près. Lequel corne Dieu Je permih, endurant ce piteux mafiacrc leur remonftroit la foy 'dc iuvchris t, vn foui Dieuentrinitédeperfonnes&: vnité d effence: & ainh mourut Je panure homme entre leurs mains bon Chrehicn. Lequel tourcsfois ils neman gèrent, comme ils auoient accouftumé faire de leurs en¬ nemis. Quelle opinion de vengeance cil plus contrairei nohre Ioy f Nonobftant fetrbuuetencorcs auiourd’huy plufleurs entre nous autres autant opiniâtres à fe venger, comme les Saunages. Dauutage cela eh entre çuxdi au¬ cun frappe vn autre, qu’il fe propofe en receuoir autât ou plus, que cela ne demeurera impuni. C’eh vn tref beau fpeclacie que les voir quereler, ou fe battre. Au rc- v iij Fidélité des Sau¬ nages . ma M n o a l'vdroit des dire [liens. Corne Je marient C'mx de Idimc - riqin LES SINCYLARITEZ fte allez fidelesl’vn à l’autre:mais au regard des Chreftiés les plus attestez & lubtils larrons, encores qu’ils lovent nuds,qu’il cft pofsible : & eftiment cela grand vertu,de nous pouuoir dérober quelque choie. Ce queien parle, cft pour l’auoir experimété en moymefme. Ceft qu’en- uiron Noël,eftantlà, vint vn roy du pais veoir le Sieur de ViIIegagnon,ceux de la compagnée m’emporterét mes habillements,co mine i cft ois malade. V oyla vn ni ot de leur fidelité & façon de faire en pafiant, apres auoir parlé de leur obftination appétit de vengeance. Du mariage des Saunages Amériques* CHAP, 42. N ’Hft chofe digne de grande corn mifera- tionja créature, encore quelle foit capa¬ ble de raifon, viure néant moins brutale- ment.Par cela pouuons congnQiftre que nous ayons apporté quelque naturel du ventre de noftre mere,que nous demeu¬ rerions brutaux,lî Dieu parla bonté nilluminoit noze- Iprits.Et pourcene faut peler, que noz Amériques (oient plus diferets en leurs mariages,quen autres chofes. Us le marient les vnsauec les autres, fins aucunes cerimonies. Le coiilin prendra la confine, & l’oncle prendra la niece fans différence ou reprehenfion,mais non le frère la leur. Vn nomme d’autant plus qu’il efteftimé grand pour les prouëiles & vaillantifesen guerre, & plus luyef:permis auoii de femmes pour le lèruir: aux autres moins. Car a vray dire, les femmes trauaillent plus fins côparaifon, c’eft 4 ■ vs a- v,a r cpi V- e mn- DE LA FRANCE AN.TARCTI QV F. g 0 c eft d fcauoir d cueillir racines,faire farines, b ru uages, a- malferles fruits,faire iardins, & autres choies, qui appar¬ tiennent au mefnage. L’homme feulement va aucune- fois pefeher ,ou aux bois prendre venaifon pour viurc. Les autres roccupent feulement a faire arcs &c flefehes, Iaifïans le furplus à leurs femmes, ils vous donneront ■Oefora- vne Elle pour vous feruir le temps que vous y ferez, ou uon ^ cs autrement ainfi que voud rez: & vous fera libre d c la ren- -yif dre, quand bon vous femblera, & en vient ainfi cou fai- y/’, mierement. Incontinent que ferez la,ils vous interroge- ma. ront ainfi en leur langage, Vicnça, que me donneras tu, & ie te bailJeray ma Elle qui efl belle, elle te fèrutra pour te faire de la farine,& autres necefsitez? Pour obuieri ce- lh f c la, le Seigneur de Villegagnon d no Ere a muée défendit du sa¬ ins peine de la mort, deneles acointer,commcchofè il- gneur de licite au Chrc tien. Vray eft,qu apres qu’vne femme cft v^ e g^~ mariéc,il ne faut qu’elle fe ioue ail eurs : car belle eft fur- * no aHX • r' il ?■ c c il *i Fmncoîs priie en adultéré, Ion mary ne fera faute de la tuer : car ils ^ ont cela en grand horreur. Et quant d l’homme, il ne luy comro- fera rien, effimant que fil le touchoit, il acquerrait mb auxfcm mitié de tous les amis de 1 autre, qui engédreroic vneper- mes Sm petuelle guerre ôediuorfe. Pour le moins ne craindra u ^ cs ’ delà répudier: ce qui leur eft loifible,pour adultéré : au (si poureftre fterile, Ôene pouuoir engédrer enfans: & pour quelques autres occafions. Dauantagc ils n ont iamais compagnée de iour auecleurs femmes, mais la nuit feu¬ lement, ne en places publiques, ainfi que pluheurs effi- ment par deçà: comme les Cris, peuple de Th race & au¬ tres Barbares en quelques ides de la mer Mngellanique, chofè merucilleuiement deteftable,& indigne de Chre - m f ■ » v mj. Confia- mt (ind¬ ame des lydiens, tslrme - r.kns, et h.tùiur.s diCtic. *" L LS $ Si NGV LARI TE 2 {lien xuiqucîpeuuentferuird exem pIe e n cefl encîroit ccs p a u u res b ru ta u x. Les fem m es p e clan t c; ue il es font p rof (es ne porteront pci ans fardeaux, & ne feront choie pe- nible,ains fe garderont très bien délire ofenfecs. La fem¬ me accouchée quelques autres femmes portent! enfant tout nud J a uer à la mer ou à quelque riuiere, puis le re¬ portent à la mere, qui ne demeure que vingt & quatre heures en couche. Le pore coupera le nombril à l’en- tant aucc les dents : comme i’ay veu y clhmr. Au relie traittent la fem m centra uai 1 autant fongneufemct,conv me 1 on lait par deçà. La nourriture du petit enfuit cil lelaid de la mcrc:toutesfois que peu de iours apres iana- tiuité luy bailleront quelques gros alimens, comme fa¬ rine mafchec, ou quelques fruits. Le pere incontinent que 1 enfuit eicne luy baillera vn arc & Reich e a la main, comme vn commencement & proteflation de guerre & vengeance de leurs ennemis. Mais il y à vne autre cho¬ ie qui galle tout: queauant que marier leurs files les pè¬ res 6c mt res les proilernent au premier venu,pour quel • que petite choie, principalement aux Chrefiens* allans par delà, fils en veulent vfer, comme nous auonsiadit. A ce propos de noz S a images nous trou uo ns parles initoires, aucuns peuples auoir approché de telle fi- çon de &ire en leufs mariages. sJLue en vnede L cpiliics,& Strabonen fi Cofinographie efcriuent que les Lydiens & Arméniens auoyent de couilumc d’en- uoyer leurs files aux nuages de la mer, pour la fe mm- fccrnans a tous venans, gaigner leurs mariages. Autant ielo Iultin, en faifbyent les vierges de Hile deCvpremour ^u^nei cui do uai ic oc mariage; Iefqu elles ëffans quittes à bien DE LA FRANCE ANTAR CT I QVR, g r èc bien iulHEces, ofTioycnt par apres quelque choie à la. deeffe Venus. IJ^ 1 en pourroit trouuer auiourd’huy par deçà j lclqueîles faifàns grande profelsion de vertu &. de religion, en fcioient bien autant ou plus,fins toutesfois offrir ne jaiefènt ne chandelle. Et de ce ie m’en /apporte a la vente. Au fiirplus oc la confanguinité en maria< T e, Saint Hierofine elcrit, que les Athéniens auoyent de cou En r m Eu me marier les frétés auecles lœurs,&nô les tantes aux cpiftyeà nepueu 2 : ce qui cft au contraire denoz Amériques. Jtutfi-* Pareillement en Angleterre, vne femme iadis auoit Ii- ï m - bette de le marier a cinq hommes, & non au contraire. En outre nous voyons les Turcs, Perles, & Arabes, pren¬ dre plufieurs femmes : non pas qu’il foit bonnette ne to¬ lérable en noftre Chriftianifine. CôcluEô,nozSauuages en vlent en la maniéré que nous auons dit, tellcmct que bien à peine vne Elle eft mariée ayant El virginité : mais eftans mariées elles n’oferoient Elire faute:caries maris les regardent de prés, comme tachez de ialouEe, Vray eit qu elle peut laiflèr ion mari, quad elle eft mal traitée: cequi aduientfouuent. Cornenous liions des Egyptiés, qui faifoient Je femlable auat qu’ils eu lient aucun es loix. En celle pluralité de femmes dont ils vient, comme LesSdu* nous auons dit,il y en a vne touEours par Eis les autres plus iauonlée , approchant plus près delà perfonne, faf ieurs qui n’eft tant fubietteautrauai), comme les autres. Tous f mmu les en fans qui prouiennent en mariage de ces femmes, Ediie reputez légitimés, difants que le principal auteur de génération ett le pcrc,& la mere non. Qui eft caufe que bien louucnt ils font mourir les en fans malles de leurs ennemis eliants plafonniers, pource que tels enfants â I_ ÉF ' _ ■ , * Marne - rc des Sauna - ges dm- jepultu ' rer les corps. Opinion de Dioge nés de U fi culture du corps. LES SINGVLARITEZ l’aduenir pourroyent dire leurs ennemis. Des cerimonies , Jèpulture , funetdiües^ mils font d leurs décès. C H A P. 43. Près auoir déduit les meursj façon de vi- ure,&; plu (leurs autres manières de faire de noz Amériquesjrefteà parler de leurs funérailles de fepultures. Quelque bru¬ tal ité q 1 s’ils ayét, eneores ont il celle opi¬ nion & co U (lu me de mettre les corps en terre,apres que lame eft (e parée, au lieu ou le defuntl en (on viuant auoit pris plus de plaiftr : eftimans,ain(i qu’ils difent,ne le pouuoir mettre en lieu plus noble, qu’en la terre, qui produiflles hommes, qui portetant de beaux fruits, & autres richeffes vtiles de neceflaires à l’vfàge de 1 homme. Il y a eu plufieurs anciennement trop plus im- pertinens que ces peuples (aunages, ne ie foucians, que detuedroit leur corps,fuft il expofe ou aux chiens, ou aux oyféaux : comme Diogenes, lequel apres fa mort com¬ manda fon corps eftre hure aux o y féaux, & autres belles, potu le manger, difànt,qu’aptes (a mort fon corps ne fen tii oit plus de mal, de qu’il aimoit trop mieux q fon corps fèruift: de nourriture que de pourriture. Semblable- ment Lycurgus Legiftateur des Lacédémoniens com¬ manda expreflement, ainfi qu elèrit Seneque, qu’apres fà moit fon corps full ictté en la mer. Les autres, que leurs cojps fuflcnt h ru (lez de réduits en cendre. Ce panure peupie quelque brutalité on ignorance qu’il ait,fe mon- lire DE LA IR AN CE A N T A R C TIQV E. g 2 fore apres la mort de Ton parent ou amy fans com parai- fon plus raifonnable que ne faifoient anciennement les Parthcs 5 lefquels auec leurs loix telles quelles au lieu de mettre vn corps en honorable fepulture, l’expo- foient comme proie aux chiens & oyfeaux. Les Taxi]les à fomblahle iettoientles corps m orts aux oyfeaux du ciel comme les Calpicns aux autres belles. Les Ethiopiens iettoientles corps mortsdedas les jeunes. Les Romains les bruloient & rcduifbicnt en cendre, comme ont fait plulieurs autres nations. Par cecy peut Ion congnoiftre quenoz Sauuages ne font point tant dénués de toute hon netteté qu’il ny ait quelque choie de bon, conhderé en¬ core que fans foy & fuis loy ils ont ceft aduis,c’eftà afoa- uoir autant que nature les enfeigne. Ils mettent donc leurs morts en vue folle,mais tous afsis, corne délia nous auons dit,en maniéré que faifoient anciennement les Na fomones. Or La fepulture des corps ett fort bien aii prou- uée del eforiturc fainte vieille & nouuclle,enfomble les rurc ^ cerimonies, fi elles font deuê'mcnt obfcruécs : tant pour promet auoir elle vaiffeaux & organes de lame diurne & immor par U telle,que pour donner efperâce de la future refurrettion: fainte ef 6c qu’ils ferovent en terre comme en garde foure, atten- cr,tt * re > X 4 ^ J , dans ce iour terrible de la refurreétion. On pourroit a- mener icy plulieurs autres chofesa ce propos ,Ôc comme 1 plulieurs en ont mal vfé, Icsvns dvne façon, les autres d’vneautre:que la fepulture honorablement célébrée ett; ourlés chofo dm in temais ie m’en deporteray pour le prefont,ve- Sduthi ~ nant à no lire principal fubict. Donques entre ces Sau- ^ a * u âges, fi aucun pcrc de famille vient a cîcceder, fos fem- ^ mes, fos proches parens 6z amis menerôt vn dueil mer- famille. i * * - x l) LES SINGVIARITEZ ueilleux,non parl’efpace de trois ou quatre iours,mais de quatre ou cinqmoys. Et le plus grand duci!, cft aux qua¬ tre ou cinq premiers iours. Vous les entendrez f aire tel bruit & harmonie comme de chiens & chats : vous ver¬ rez tant homes quefemmes couchez fur leurs couchct- 1 tes p enfile s, les autres le cul contre terre fem brada ns Ivn l’autre, comme pourrez voir par la pre fente fîgurc:difàns en leur ian guc, Noilre pere & amy eftoit tant hom me de bien, fl vaillant a la guerre, qui au oit tant fait mourir de les cnncmis.il eftoit fort & puiflant,il labouroit tant bien noz tard ms, il prenoit beftes &c poiffon pour nous nour- ni,hclas il efl' trefpaffe, nous ne le verrons plus, fmona- }'t es la mort aucc noz amis aux pais, que noz Pages nous ndem auoir veux, 5: plufieurs autres femblables parolles. "-*• Ce DE LA FRANCE ANTARCTIQV E. g 2 Ce qu’ils repeterôt plus de dix mille fois,continuans jour 6aiuit 1 efpace de quatre ou cinq heures,ne ceflàns de la- miter. Lcsenfans du trefpafîcaubout dVnmoysimnte- ront leurs amis,pour faire quelque fefte &loJeniiité à fbn honneur. Et là faflembleront painturez de diuçrfès cou¬ leurs^ e plumages,& autre équipage à leur mode,fiûfitns mille palfetemps & cerimonies.le feray en ceft endroit 0y c ViX mention de certains oyféaux à ce propos 3 ayans fembk- Jisfim h Je cry & voix qu vn lu b ont de ce pais, tirât fur le piteux: Mable lefquels ces Saimages ont en fi grande reuerence, quon ¥ nelcs o feroit toucher, di&ns que par ce chant piteux ces hbm ' oy féaux plorent la mort de leurs amys : qui leur en fait a- noir fouuenance. ils font donc eftans ainfi afiemblez &ç s-» U \T - - C- _ . . s co u 1 eu rs, dâ i es, ieux, I ri bu M .m nu m .— — m- mm M - m iprr, J ^ * |> Lr.ï U -* ' accouftrezdepluinaîges ___ tabourinagcs 3 auecliuiicsfaictes des os des bras&iam- - « x iij % ■ \ * u- nii des J'um us eÿ* Mi¬ tres ben * pies cwx funérail¬ les d'au¬ cun ci¬ toyen. *rflexn- dre le Grand. LES S INGVLARITEZ bes de leurs ennemis, 6c autres inftrumens à la mode du pars. Les autres, comme les plus anciens, tout ce iour ne ceffent de boire fans manger, & font! bruis par les fem¬ mes 6c parentes du defund. Ce qu’ils font, ainfï queie me fuis informe, eff à fin d’eleuer le cœur des ieunes cn- fms, & les emouuoir 6c animera la guerre, les enhardir contre leurs ennemis. Les Romains auoyent quafi fem- b la b le maniéré de faire. Car apres le décès d’au eu citoye, qui auoittrauaillé beaucoup pour la Republique, ilsfai- foient ieux,popes ,6c chants funèbres a la louenge &îrô- nctir du dcmnd,enfcmble,pour donner exéple aux plus ieunes de femployer pour Ja liberté & conferuation du pais. Pline récité, qu’vu nomme Lycaon fut inuenteur de telles danfes,ieux 6c chants funèbres,pompes & obfe- ques,que Ion faifoitlorscs mortuailles. Pareillement les Aigiues , peuple de Grece, pour la mémoire du furieux lion défait par Hercules,faifoiét des ieux funèbres. Et Ale xandt e le Grand, apres auoir vcule lepulchre duvaillat Hccùoiyen mémoire de les prouëfTes commanda, ôduy feit plu heurs car elles & foîennités. le pourrois icyame- nci plulieijts hütoires, comme les Anciens ont diueriè- ment oblbruéles fcpukures, félon Ja diuerhté des lieux: mais poui euiter prolixité, luhira pour le prefènt enten- dic la couftume de noz Sauuagesrpource que tat les An- ejens, que ceux de no lire temps ont fait plu heurs ex¬ cès en pompes funèbres,plus pour vnc vaine 6c mon¬ daine gloire qu autrement. Mais au contraire doibuent entendre,que celles qui font faites à l’honeurdu defund w pour cregard de (bn amc,fontlouables:Ia déclaras par ce moyeimmortelle, 6c approuuaslarefurrediô future. Des DK I A FRANCE ANTAR CT I QV E, DesMortugabes , 0 * de la chanté ~de laquelle ils vient entiers les esir an 7 ers. J tS S4 C H A P 4" T* Vis quil cfi que (lion de parler de 1102 Saunages, 110 us dirons encorcs quelque ehofe de leur façon de viure. En leur pais il n y a villes,ne forte relies de gran¬ deur , linon celles que les Portugais, ôc autres Chreftiens y ont baftics,pour leur commodité. Les maifbns ou ils habitent font petites lo ^CttCSj qu ils appellent en leur langue Mortugabes , afïem- jettes des Idées par hameaux ou villages, tels que nous les voyons «ma** en aucuns lieux par deçà. Ces logettesfont.de deux, ou & es > & trois cens pas de long, & de largeur vingt pas, ou enui- ron,plus ou moins: bafties de bois,& couuertesde fueil- les de palme, le tout difpofc (I naïfuement, quil eft im- pofsible de plus. Chacune logette a plufieurs belles cou- uertures,mais balles,tellement qu’il fe faut bailler pour y entrer, comme qui voudrait pafTèr par vn guichet. En chacune y à plufieurs ménagés : & en chacun pourluy & fa famille trois brafTées de long. le tromic encore ce¬ la plus tolérable, que des Arabes &Tartares, qui ne baL, * , -i- . - . fÿ' f tnient jamais mailon permanente , mais errent ça & la co m m e vagab 0 ns:toutes fois i 1 s fe gou u ernent p ar q u el- » ont ques Ioix :&c noz S'arma ges n’en ont point, fi non Celles point de que Nature leur a données. Ces Saunages donc en les mAi f m maifonnettes, font plufieurs ménagés enfemble, au mi- lieu defq.uell.es chacun en fon quartier, font pendus les liéls à pilliers, forts ôe pu ifïànts attachez e$ quarrure,Iel- V * * « X lllj Arabes bm citipor¬ tent U roi ton. Tny. M uni- &'• oyfeuu. Refucne des S ms - ti.wes, O Poules, LES SINGVLARITEZ quels font fuies de bon coton, car ils en ont abondance, que no rte vn petit arbre d e la hauteu r d’vn homme, à la femblanee de gros boutons comme glands : difberans toutefois a ceux de Cyprc, Malte & Syrie. Le (dits lifts ne font point plus efpes qu’vn linceul de ce pa&:& (è cou client là dedans tous nuds, ainli quils ont acouftume d’eilre. Ce lift: en leur langue cft appelle lny y & le coton dont il cft fait, Manimt. Des d eux collez du lift; d u mai- lire de la famille les femmes luy font du feu le iour& la nuit: caries nuits font aucunement froides. Chacun ménagé garde 6c le refome vne forte de fruit gros com¬ me vn œufdautlmchcmui eil de couleur de iioz cocour- des de par deçà : ellant en façon de bouteille perféedes deux bouts,paflànt parle milieu vn baftô d’1 iebene,Iong d vn pied 6c demy. LVn des bouts cft planté en terre,l’au¬ tre elt garny de beaux plumages d vn oyfeau nommé Am, qui eft totalement rouge. Laquelle choie ils ont en tel hôneur 6c reputatiô, corne h elle le nient oit :6c eflimét celaeftre leur Toi:pan ; car quand leurs prophètes vien¬ nent vers eux,ils font parler ce qui cil dedans, entendans par ce moyen le fecrctdc leurs ennemis,6c comme ils di- ient, Içauent nouuelîes desames de leurs amys decedez. Ces gens au tour de leurs maifons ne nourriflent aucuns animaux domelliques, linon quelques poules, encorcs bien raremet 6c en certains endroits leuletnet, ou les Por- tugais premièrement les ont portées: car au parauat n’en auoyent eu aucune congnoiilànce. Ils en tiennent toute- ^ - u peu de compte, que pour vn petit coufteauvousau îcz deux poules. Les femmes n’en mangeroyent pour rien.ayans toutefois a grand deplailir, quand ils voyent aucun DE LA ERA N CE ANTARCTÏ QV E. aucun Chieflie magei a vn repas quatre ou cinq oeufs de poule,IefquelJes poulies ils nômen xArignane :eflimas que *4n- pour chacun oeuf ils m agent vne poule, qui fuflïroit pour repailtre deux nommes. Ils nourrilîent en outre des per¬ roquets, lelquels ils changer en trafique aux Chrefliens, P&yo- pour quelques feriailles. Quant a or,&argent monnoyé, Ü ms * i s n en vient aucunement. Iceux vnefois entteles autres, wd yfk ayans pris vne nauire de Portugais,ou il y auoit grandie d'or nombre de pièces d’argent monnoyé, qui auoit cité ap- m porté de Morpion,ils donnèrent tout à vn François,pour & n j en ' quatre haches,& quelques petis coulteaux. Ce qu’ils clH- moiét beaucoup,& non fans raifon, car cela leur eftpro- o-cs. ~ prepour coupper leur bois, lequel auparavant citaient * cotraints de coupper auec pierres, ou mettre le feu es ar¬ bres,pour les abattre: &àfaireleurs arcs & fléchés ilsn’v- foient d autre choie. Ils font aufurplus fort charitables, & autant que leurloyde Nature le permet. Quant aux cho- 2*21 les qu ils efbment les plus precieufes, cometout ce qu’ils nages l « îeçoiuent des ChrcfiienSjiîs en lont fort chiches: mais de «*#ew tout cc quicioiften leur pais,non,commeahmensde ^ bertes, fruits & polifons, L en font alfez liberaux ( car ils ' * nont guère autre choie ) non feulement par entre eux, maïsaulsia toute nation, pour-ueu qu’ils ne leur (oient ennemis.Car incontinent qu’ils verront quclcundeloinn- an iuer en leur païs,ilsluy prefenterôt viures .logis, &c vne fille po ur Ion le ruice, comme no us audns dit en quelque endi oit. Aufsi viendront a 1 entour du peregrin fem mes & h H es alsifcs contre terre, pour crier ôcplorer en ligne de ioyc & bienvenue. Le {quelles fi vous voulez endurer icttans lai mes, diront en leur langue,Tu lois Je tresbien y r LES SINGVLARITE2 venu, tu cs de nozbons amys, tu as prias fi grand peine de nous venir voir, & plufieurs autres carefles. Aufsi lors j. * Vrcuer- lr «■ ft que les femmes. S’ils cheminent tréte ou quarante lieu es tant fur eau que fur terre, ils viuent en communauté : fi i vn en a,il en cômuniqueraaux autres,fil en ont befoing: ainfi en [ont ils aux ellrangers. Qui plus effc ce pauure J île eft curieux de chofes nouuelles,Ô£ les admire(auf onle prouerbe , Ignorance eft mere d’admiration) mais encore d auatage pour tirer quelque chofè qui leur a g grée des etrangers, fçauent fi bien flatter, qu’il dt mal- aîfede Iespouuoir éconduire. Les hom mes première¬ ment, quand on les vifite à leurs loges & cabannes, apres • s es auoir laluëz, j'approchent de telle afleurance Sc fanai- 1 * * r karité i DE LA FRANCE ANTARCTIQV E. Jiarîté,qu’ils prendrôtincontinentvoftrebônet ou chap- peau, & Tayant mis fur leur telle quelquefois plufieurs î’vn apres l’autre,le regardent admirent, auec q uelque opinion d’eftreplus beaux. Les autres prendront voftre dague, clpce, ou autre coufteau fi vous en auez, & auec ce menafïèrôt de parolles &c autres gefles leurs ennemis; bref,il vous recherchent entièrement, & ne leur faut rien refufer,autre ment vous n’en auriez lèruice,grâce,ne ami¬ tié quelconque, vrayeftquilsvous rendent vozhardcs. Autant en font les hiles & femmes,plus encore Hattercf- lès que les hommes, & toujours pour tirera elles quel- ue choie, bien vray quelles le contentent de peu .Hiles ’enviendront à vous de mcfine grâce que les nommes, auec quelques fruits,ou autres petites chofes,dont ils ont accoufhimé faire prefens,dilàns en leur ligue, Agatouren, qui cil autant a dire comme tu es bon, par vne maniéré e flatterie: Eoriaffepui, môftre moyecquetu as,ainfïde- fireufes de quelques choies nouu elles, comme péris mi- rouërs, patcnollres de voïrre:aufsi vous fùyuent à grand trouppes les petis enfans, & demandent en leur langage, Hdmabepindit ,donne nous des heims,dont ils vient à pre- dre le poiifon. Et font bien appris à vous vfer de ce terme deuat di^ÂgatourmjLu es bon, Il vous leur baillez ce qu’ils demandât: lino, d’vn vilage rébarbatif vous d iront, H'tp- pochi j va, tu ne vaux rien , Dangdtapa atouga , il tefaulttuer, auec plufieurs autres menai Tes 6e iniurcs:de manière, que ils ne donnent quen donnant, 6c encore vous remarquée & recongnoilfent à iamais, pour le refus que leur aurez fait. m « S’A" i imïi LES SINGVLARITES Dejcnptton ivne maladie nommée Pians^à laquellefontfubiets icspeuples de £ Amérique jant es if]es que terreferme. C H A P. 4 e . r U ■fà' SS® Pians, maladie des Sdu- v rfs-ej, et r a ■ Jonon- ?me. Sauu.t- ves,peu- tic fort hsxu- rteax,e f Cachât bié qu’il n y a chofe depuis la terre iufques au premier ciel,quelque compaf- fèment & proportion qu’il y ayt, qui ne foit fùbietteà mutation &: continuelle al¬ teration. L’air donc qui nousemiironne, n’eflantair fimplemét,ains coin pôle, ueft toufioursfemblâbleen tout temps, ne en tout endroit, mais tantoil dvne façon,tatoi i dvne autre rioint quetou- tes maladies (comme nous dient les médecins ) viennent ou de l’air, ou de la maniéré de viure : ie me fuis aduifé de efcrirevne maladie fort familière & populaire en ces ter¬ res de l’Amérique & de l’Occidét, deeouuerres de noflre temps.Or celle maladie appelléc Pians les ges du pais, ne prouient du vice de l’air, car il efl là fort bon & tempe- ré:ce que montent par expérience les fruits que produit la terre auec le bénéfice de l’air ( fans lequel rien ne fe fait, foit de nature ou artifice) aufsique la maladie prouenant du vice de l’air offenfè autât leieune que le vieux, le riche comme 'epauurc, moyennant totitesfois Iadifpolîtion interne. Reftc donc quelle prouicnne de quelque male- ucrfàtion,comme de trop fréquenter chamellemétl’hô- me aucc la femme, attendu que ce peuple efl fort luxu¬ rieux , charnel, ôc.plus que brutal, les femmes fpcciale- rnent-, car clics cherchent & pratiquent tous moyensa emouuoir les hommes au déduit. Qui me fait penfer 6c. dire dire plus que vrayfembiable telle maladie n cflre au tre _ DE LA FRANCE A NT A R C T I (VV F + trcchofeque celle belle verolle auiourdhuy tant com¬ mune en noftreEurope, laquelle faufcment on attribue aux François,comme ri les aut res n’y eftoieùtaucunemét rii blets: de maniéré que maintenant les étrangers l'appel¬ lent mal Frâçois.Chacunfçait côbienverirablemët elle lu xurie en la France, mais nô moins autrepart: & fontprife premièrement à vn voyage a Naples,ou i’auoyent portée quelques Espagnols de ces ifles occidentales: carparauât quellesfuilentdecouuertcs &fubiettesàI’Efpagnoî,ne fut onc mention, non feulemét par deçà, mais aufsi ne en la Grèce,ne autre partie de l’Arie, & Afrique. Et me Tou¬ rnent auoirouy reciter ce propos quelquefois à defuncfc mofieur SyJuius, médecin desplus doiftes de noftre tëps. » mon iugement mieux feant & plus rai- fonnablc l’appeler mal Espagnol, ayant delà fon origine pour l’egard du païs de deçà, qu autrement : car en Fran¬ çois ci t appcllée veroIe,pource que le plus fouuent, félon le temps 6e les coplexions elle fe manifefteau dehors à la peau par puftules,que Ion appelle véroles. Retournons au mal de nozSauuages,& aux remedes dot ils vient. Or ce mal prend les perfonnes tant S au uâges, corn me Chre- ftiens par delà de contagion ou attouchement, ne plus ne moins que la vérole par deçaiaurii ail m cimes fÿmpto mes, & iniques là ri dangereux, que fil eft enuieilli,il cft malaifédele guérir, meime quelquefois les afflige iuri quesà la mort. Quant aux Clir eft iens habitons en l’Ame- que, fils fefrottent aux femmes, ils ncuaderont iamais qu’ils ne tombent enceft inconu en iént r b eau coup plus toftquc ceux dupais. Pour la curation,enièmblepour quelque alteration, qui bien fouuét accompagne ce mal,. 9 ■ ■. y uj « * * Vrdye crm ne de U "Vf. rck. Vérole, peur- cjnoy dïjl nommés m ïrà- cots. Ci ratio de ceéte maladie~ Hixou ' rahé } ar¬ bre. LES SINGVLARITEZ ils font certaine deco&ion de Iefcorce d Vn arbre nom¬ me en l eur langue Hiumyabé, de laquelle ils boiuent auec aulsî ho ou meilleurfûccés,que de noftre gaiac: au (si (ont plus allez à guérir que les autres, à mon aduispourleur température 8c corn piexîon,qui n’eft corrom nue de cra¬ pules,comme les noftres par deçà. Voila ce qui m’alèm- blé dire à propos en cefl endroit:& qui voudra faire quel que difficulté de croire a mes parolles,qu’il demande l’o¬ pinion des plus fçauâs médecins fur l’origine ôteaufede celle maladie,Ô£ quelles parties internes font plus toflof- fenlccs,ouelle le nourrit : cari’en vois auiourdhuy plu- fieurs contradictionsafiezfriuoles,fnon entre les doéles) & fen treuue bien peu, ce me femble, qui touchent au point, principalement de ceux qui entreprennent delà guérir : entre Icfqucls le trou lient quelques femmes, & quelques homes autant ignorans, qui cil caule degrâds inconueniens aux pauures patiens, car au lieu de les^ue- rir,ils les précipitent au gouffre & aby fine de touteaffli- t ^ 10n ‘ * {.y a quelques a u très maladies, co mm e o p h thaï- ^de m l es (defquelles nous auons délia parlé ) qui vienne! dV- ophibtl- fie abondance de lumee, comme ils font Je feu en plu- f/i:es } cÿ* fleurs pairs 8c endroits de Ieu ;, s cales 8c logettes, quu ont dotuüts grandes,pour ce qu ils f aflemblent vn grâd nombre pour 1 leur hebergement. le Içay bien que toute ophtiiâlmiene \ îent pas de celle fumée,mais quoy qu il en loir,elle vient toujours du vice du cerueau, par quelque moyen ou il A D ait elle ofleafe. Aufsi n cil route maladie dieux ophthaL* Zxefl comme mefînelon peut voir entre les habitans de opbthitl- ^ men( l’ de j dont nous parlons : car plufieurs ont perdu nm\ a \ eue fins au oirin fl animation quelconque auxïeux, qui SrfUUct- gesa DE LA FRANCE ANTARCTIDE, BS qui ne peut élite à mon iugement,que certaine humeur dedans le nerf- optique ,empefchât que leiprit delà veuë ne paruienne à l’oeil. Et celle plénitude & abondance de matière au cerneau,félon que ien puis congnoifirc, pro¬ meut de l’air,& vent au (Irai,chaud & humide,fort fami- venta» lier par delà,lequel remplit ayfément le cerucau:comme Jirdmd dittresbien Hippocrates. Aufsi expérimentons en nous A w * mefmes par deçà les corps humains deuenir plus pefâns, la telle principalement, quand le vent cil au M idy. Pou r guérir ce mal des ïeux, ils couppent vue branche de cer- c»rdm tain arbre fort mollet, corne vne dpece de palmier, qu’ils ^ ccs emportent à leur maifon, & en diflillent le fuc tout rou- n geatre dedans l’œil du patiet. le diray encor es que ce'peu- ple n’eil iamais fubiet à lepre, parai y fie, vlceres, & autres vices extérieurs & fù perfide! s, comme nous autres par deçà : mais prefque touflours fains & dû pos cheminent d’vne audace,la telle leuée comme vn cerf Voila en paP fàntde celte maladie la plusdangereufè de noflre Fran¬ ce Antarctique. J) es maladies plus frequentes en £ Amérique , & la méthode au ils obferuent àfeguérir. chap. 46'. Ln’y accluy de tant rude dprigqui n’en- tende bien ces Amériques dire compo- lez des quatre elemens, corne font tous corps naturels,& par ain f 1 fubxets à meP mes affcCtions, que nous autres, iniques à la difïblution des elcmës. Vray elt que les maladiespeuucnt aucunement dire diuerfes, félon la température de l’air, de la région, Se delà maniéré de vi- ■9 * «■ 9 y uij t- ’jd eipnts 6c âmes de leurs paï ens, & que ne ne leur eit un- po siolc,qu ils ont puillànce de faire parler lame dedans Folle opi¬ nion des Smiua- m * ïen aro‘i' leurs pro pbetes et de leurs muUdies LES S X'NGVI A R I TE Z urc.Ceux qui habitent en ce pais près de la mer s font fort fubiets à maladies putredineufes, heures, caterres, fie au¬ tres. En quoy font ces panures gens tant perfuadez, fie abufèz de leurs prophètes, dont nous auons parlé, lef quels font appeliez pour les guérir, quand ils font mala¬ des : & ont celte folle opinion, qu’ils les peuuent guérir. On ne icauroit mieux côparer tels galans, qu’à plusieurs batteleurs, empiriques, impoffceurs, que nous auons par deçà,qui perfuadent ayfement au iimpie peuple, fie font orofclsiondc guérir toutes maladies curables, & incura- oies.Ce que ie croiray fort bien,mais que iciencefoitde- uenue ignorance,ou au contraire. Donques cesprophe- tes donnent à entendre à ces beltiaux, qu’ils parlent aux DE IA FRANCE ANTAR CTI QV E le corps. Aufsi quand vn maladeralîè,ayant quelque hu¬ meur enMomac & poulmons,laquelle par débilité, ou autrement il ne peut ietter, il eftime que c’eflfon amc qui fc plaint. Or ces beaux prophetes,p ourles guérir, les fïi- Metlw- ceront auecla bouche en la partie ou ils fendront mal, dede^ penfàns que par ce moyen ils tirent &c emportent la ma- tir les ladie dehors .Ils fe lacent pareillement Tvn l’autre, mais ma ^ l£S ceneft auecques tcllefoy & opiniô.Les femmes en vfent ol ^f f autrement. Elles mettront vnfil de coton long de deux ™ pieds en la bouche du patient, lequel apres elles fucenr, è™ eftimâs aufsi auec ce fil emporterla maladie. Si lvn bief ù fe l’autre par mal ou autrement, il eft tenu deluy fucerfi playe,iufques à ce qu’il foit guéri: & ce pendant ils fab- ftienneht de certaines viandes, Iefquelles ils eftimét eftre contraires. Us ontcerte méthode de faire incifions entre les efpaules,& en tirent quelque quantité defimg;ee qu’ils font auec vne efpece d’herbe fort trenchâte, ou biéauec dents de quelques belles. Leur maniéré de viure eftans Manie* malades cl t, qu’ils ne donneront jamais à manger au pa- rc ^ "W- tient,fi premièrement il n en demâde,&le Iaifler ont plus urc , dçs toft languir vn moys. Les maladies,comme i’ay vcu'ny font tant frequentes que par deçà, encores qu’ils demeu- ^ cs mU * rent nuds iour & nuit: aufsi ne font ils aucun excès a boi- re ou a manger. Premièrement ils ne goutteront de fruit corrompu,qu’il ne fbit iüftément meur: la viande bien cuitte. Au furplus fort curieux de cognoiftre les arbres & fruits, & leurs propriétés pour en v.fèrcn leurs maladies. Le fruit duquel plus comunemétils vient en leurs mala¬ dies, efi; nommé , gros comme vne moyenne ci- trouille, fait tout autour corne vne pomme de pin, ainfi f kL > k- ^ 1 DE IA FRANCE ANTARCTIQUE. $o que pourrez voir par la prefente figure. Ce fruit deuient iaune en maturité,lequel eft merueilleufèment excellent, tant pour fa douceur que fàueur, autant amoureufe que fin fùcre ) & plus. Il n’eftpofsibled’enaportcrpar deçà, fî- non en confiture, car eltaut meur il ne fè peut longuemct garder. Dauantage il ne porte aucune graine : parquoy il fc plante par certains petis reiets, comme vous diriez les greffes de ce païs à enter. Aufsi auaut queftre meur il efb n rude à manger,qu’il vous efcorche la bouche.La fueil- le de ceft arbriffeau, quand il croift, efl fèmblabié à celle d’vn largeionc. Ic ne veux oblier comme par hngularité entre les maladies vue indifpofmon merueilleufe,q leur eau lent certains petis vers,qui leur entrer es pieds, appel¬ iez en leur langue Tom > lefquels ne font gueres pl us gros rmtf- que cirons : ôecroir ois quils f engendrent &c concreent pcce de dedans ces mefmes parties, car il y en a aucunesfois telle ^ erSt multitude en vn endroit,qu’il fefait vne groife tumeur comme vne febue, auec douleur & démangeai ion en la partie. Ce que nous eft pareillement aduenu eflans par delà,tellement que noz pieds eftoyent couucrtsdc peti¬ tes boflettes, aufquelles quand font creuées Ion trouue feulement vn ver tout blanc auec quelque bouc. Et pour obuicr à cela, les gens du païs font certaine huile dvn fr uit nome Hiboucouhu ,fem bl àt vne date,lequel n eft bon à mansen Iaqucllc huille ils referuent en petits vai (féaux coulw* D i * . ** c r * de fruits,nommes en leur langue Caramemo ,& en frottent P " ir & les parties ofFenfees:cliofè propre, ainfi qu’ils afferment, fi*™ y fi contre ces vers. Aufsi feu oignent quelquefois tout le co rps,quand ils fè trouucnt lafî'ez. Celle huile en outre elf propre aux playes &vlcercs, ainfi qu’ils ont cogncupar z ij 7 >#- <]ue des SdlVlA- ores «b LES S INGVLAE. T TE 2 expérience. Voylades maladies & remedes dontvfent les Amériques. La maniéré de trafiquer entre ce peuple. T)yn oyfeau nomme Toucan^ de l’efjncerte dupais . C H A P. 47. Ombié quen J’Amérique y ait cïiuer/ïté de peuples, Sauuages neaumoins, mais de diucrfès ligues &: factions, court li¬ miers de faire guerre les vus contre les autres : toutefois ils ne Jaiffent de traf i¬ quer, tant entre eux qu’aucc les etran¬ gers, (fpecialement ceuxqui font près de la mer) de tel¬ les choies que porte le pais. La plus grande trafique cft de plumes dauftruches, garnitures d’efpées faites de pennaches,& autres plumages fort exquis. Ce que Ion apporte de cent ou fix vingts lieues, plus ou moins, auat dedans le pais: grand quantité fcmblabement de colliers blancs & noirs: aufside ces pierres vertes, lefou elles ils portent aux leu res, comme nous auons dit cy deflùs. Les autres qui habitent lus la cote de la mer, ou trafiquent les Chrétiens, reçoiuent quelques haches, couteaux,da- gucs > e!pées,& autres ferremés, patenoftres de verre, pei- gnes,mii'ouërs,& autres menues befongnes de petite va¬ leur: dont ils trafiquent auec leurs voifins, n’ayans autre moyen, (mon donner vne marchandife pour l’autre: &c en vfent ain fi, Donne moy cela,ic te donneray cecy, fans tenir long propos. Sur la cofte de la marine, la plus fre- quete marchandée cft le plumage d’vn oyfeau, qu’ils ap¬ pellent 91 DE LA FRANCE ANTARCTIQV E. pellent en leur Lingue Toucan,lequel deferirons fommai- rement, puis qu’il vient a propos. Ceft ovfeau cfï de la grandeur dvn pigeon.il y en a vne autre cipecc delà for¬ me d’vne pic, de mefme plu mage que l’autre: ceft àfça- uoir noirs tous deux,hors-mis autour de la queue,ou il y a quelques plumes rouges, entrelacées panny les noires, foubs la poitrine plume iaunc, enuirô quatre doigts, tant en longueur que largeur: & n’efl pofsible trou n cri aune plus exccllet que celuy de ceil oilèauuu bout de la queue il a petites plumes rouges corne jfàng. LcsSauuages en yrcnentlapeaujà l’endroit qui cft iaunc,ôdaccommodét a faire garnitures d’efpéesàleur mode,a: quelques robes, chapeaux, &c autres choies, l’ay apporté vn chapeau fait de ceplumage,! ort beau & riche,lequel a clic prefèntc au Descri¬ ption du T QttCM, oyfcm de l\Amc- ri que. Chape du eflrdtfo-e copofede pluma- 2 es. O Roy, comme ehofe finguliere. Et de ces oyfeaux ne l’en trouuefinoncn nolfre Amérique, prenant depuis Lui- * - t f _ V SinruLt- rùcxjp- portct’s par l'*/îH leur de l\yj mé¬ fia ne tn Vrance. Permu¬ tât^ des choies a- mt l'yfi wdemo- O noyé. Mos Vy rentes pour- ouoy eu fi ajfclle%j Vtilité de U traf faite. LES S INfîVLAR I TE Z uierc de Plate iufques à la riuiere des Amazones. Hz fen troime quelques vns au Peru, mais ne font de fi grande corpuléce que les autres. A la nouuelle ElpaignCjFloride, Mefsi que,Terre neuue, il 11c fen trouue pointai caufe que le pais eft trop froid,ce quils craignent merueilleufomct. Au relie cefl oyfeau ne vit d’autre chofoparmy les bois ouilfait larefidence,linon de certains fruiftzprouenans du païs. Aucuns pourrdient penfèf qu’il fuit aquatique, ce quincll vray ïemblable,comme i’ay veu par expé¬ rience. Au relie cell oyfeau ell merueilleulement difror me& monftrueux, ayant le bec plus gros & plus long quafiquele relie du corps.I’cn ay aufii apporté vn qui me fut donné par delà , aucc les peaux de plulieurs de ai- uerfescouleurs,les vnes rouges comme fine efcarlatte, les autres iaunes, azurées, &: les autres d’autres couleurs. Ce plumage doc eft fort eflimé entre noz Amériques,du quel ils trafiquent ainfi que nous auons dit. Il ell certain qu’auantl’vfiigede mfinoye on traflïquoit ainfi vnecho- fe pour l’autre, & conliftoit laricheflè des hommes, voi¬ re des Roys, en belles, comme chameaux, moutons & autres. Et qu'il foit ainfi, vous en auez cxéples infinis,tant en Berofe qu en Diodoredclquels nous recitetla maniéré que les amies tenoiet de trafiquer les vns auec les autres, laquelle îe trouue peu cliffercteà celle de noz Amériques & autres peuples barbares. Les choies doncancicnnemct le bailioient les vnes pour les autres, comme vne brebis pour du blc, de la laine pour du fol. La trafique, fi bien n ou s con fid erons,dl merueilleufomct vtile^outrc quel- f le cille moyen d’entretenir la focieté ciuile. Aufsi ell elle fort célébrée par toute nation. Pline en fon foptiéme en attribue ut '€ CI IA FRANCE ANTARCTIQVÏ. 51 attribue l’inucntion &. premier v&ge aux Phéniciens. La trafique des Chreftiens auccques ies Amériques ,font momies,bois de brefil,perroquets,coton,en change d’autres cliofes, comme nous auons dit. Il fa pp or te au isi des c h de là certaine efpice qui cil la graine d vue herbe, ou ai- flirn a- brifTeau de la hauteur de trois ou quatre pieds. Le fruit uec les t reflcmble à vue freze de ce pais, tant en couleur que au- trement Quand il eft meur, ilfc tronue dedans vne petite gZ' ce femence comme fenoil. Noz marchons Chrcfticns le d\ÿice. chargent de celle maniéré d’cfpice, non toutefois li bon¬ ne que la maniguette quicroiften la code de l'Ethiopie, & en la Guineeraufsi neil elle à comparer à celle de Cali- eut,ou deTaprobane. Et noterez en paflant, que quand lo dit 1 efpicerie deCalicut,il ne faut eftimer qu elle croifle Ejpicem là totalement,mais bien à cinquante lieues loing,en ie ne ^cah~ fçay quelles illes,6c Ipecialemêt en vne appellec CorchcL Toutefois Calicut eft le lieu principal ou fe mené toute la trafique en l’Inde de Leuant: & pource cil dite elpicc- rie de Calicut. Elle elldonc meilleure que celle de noftre Amérique. Le Roy de Portugal, comme chacü peut en¬ tendre , reçoit grand émolument delà trafique qu il lait de ces efpicerics, mais non tant que le temps pafle:qui ell depuis que les Llpagnols ont decouuert lillede Zehut, iflcce riche & de grande eftendue, laquelle vous trouuezaprcs auoir palfé kdedroit de Magellan. CedciSle porte mine ^ d’or,gingembre,abodance deporceleineblanche. Aoies ont decouuert Aborncy, cinqdegrez ce 1 cquinoctial, 6e ?>iolxqs r % plufieurs ill^ desNoirs,iufquesàcequils fontparuenuz aux Moluques, qui font Atidore,Terrenatc,Mate,6c Ma P chian petites iflesaflwpresr vne de l’autre: comme vous ^ * z üij pourriez dire les Canaries, delquelles auons parlé. Ces iflcs disantes de noftre France de plus de cent o&ante degrez,8c Htuées droit au Ponent,produifent Force bon¬ nes elpiceries, meilleures que celles de l'Amerique fans comparaifon. Voila en paffant des Moluques,apresauoir traité de la trafique de noz Fauuages Amériques, Des oyjèauxpim communs de ïAmérique. C H A P. 48. Ntre plufieurs gères d’oy féaux que natu re diuerlement produit, defcouiirantfes dons par particulières proprierez,dignes certes dadmiratiô,Iefqu elles elle a baillé à chacun animal viuant, il ne fen treuue vn qui excédé en perfection 6c beauté, ceftuicy, qui le voit couftumietement en l’Amerique, De/in- nom me des Saunages Camide, tac n attire fe pl aifoit a p or- cannée, tr ?* re ce ^ 0 jdcau, le reueftantdvn G plaifint & beau oyfiaude P ei fage,qu il eftimpofsiblc n admirer telle outiriere. Celt excdlttc °yi«ii n excédé point la grandeur d’vn corbeau : 6c fon bcdnu-, plu mage,depuis levetre iufques au gober,eft jaune corne hn or: es ælles& laqueuë, faquelleil a fort longue, font de couleur de Hn azur. A ceft oyfeau fe trouue Vn autre lemblabié en groffeur,mais different en couleur: car att n eu q u elautreale pl u m a gc iau n e, ceftuicy la r o u gc,co- me ne c cailattc,6c le refte azuré.Ces oyleanxfbnt elpe- ces de perroquets, & de meftne forme,tant^n tefte, bec, 1 3 LÎ en pieds. Les j a nuages du pais les tiennent fort chers, a eau c que trois ou quatre fois 1 année ils leur tirent les plumes, DE IA FRANCE ANTARCTIQVf. plumes, pour enfaire chapeaux, garnir boucliers, cfpécs de bois, tapifferies,& autres choies exquifes, qu’ils font cou {lumière ment. Lefdits oyféaux font li priuez, que tout Iciour le tiennent dans les arbres, tout autour des ]o~ gettes des Sauuagcs. Et quand ce vient lurle loir, ces oy- féaux fe retirent les vus dans les loges, les ^titres dans les bois: toutefois ne faillétiamais à retourner le lendemain, ne plus ne moins que font noz pigeôs priuez,quinidifiét aux maifbns par deçà. Ils ont plufieursautres cfpeces de perroquets tous différés de plumage les vins des autres. Il y en à vu plus verd q nul autre, q tè trouue par delà,qu’ils •Aiw- nôment Aiourouh: autres ayaus furJatcffe petites plumes r0:: j °- y ~ azurées, les autres vertes, quénôment les .SauuatK ' J a 1 , ■ - hV ■ Mm- gwm. il ne 1 en trouue point de gris, comme en la Oui- nee,S t en la haulte Afrique.Lcs Amériques tiennent tou¬ tes ces efpeces doy féaux en leurs loges,fans eftre aucune¬ ment enfermez, comme nous faifons par deçà : ientens apres les auoir appriuoifez dcieuncfléà la maniéré des Anciens,comme dit Pline au liure dixième de Ion hilfoi¬ re naturelle, parlant des oyleaux: ou il afferme que Stra- Q$ f ut bon a cité le premier qui à montré à mettre les oyfeaux 8 f re ~ en cage, lelquels parauant auoient toute liberté daller & venir. Les femmes fpecialement en no unifient quelques vns, fcmbiables de nature & couleur aux lotions de par en edge. deça,Iefquels elles tiennent fort clicts,iufques à les appel- ler en leur langue,leurs amis. Davantage noz Amériques apprennent à ces oyfeaux à parler en leur langue, com¬ me à demider de la farine,qu’ils font de racines: ou bien leur apprennent le plus fou tient à dire & proférer qu’il Luit aller en guerre contre leurs ennemis, pôur les pren- mx r cm a mis les oyfedux Ohodstn ce de per roquets en ho¬ mérique. Depuis quel tifs a tiens eu ccngnoij fine e des perro¬ quets. JExclit - mutto de Marcus Cato con¬ tre les de lices de fin teps. LES S INGVLARITEZ cîre,puis les manger,& pîufieurs autres chofes. Pour rien ne leur donnera sent des fruits a manger, tant aux grands qu’aux petisicar telle chofe(di(entils)lëur engendrent vn ver,qui leur perce le coeur. Il y a multitude d’autres per¬ roquets (àuuages,qui fe tiennent aux bois,desquelsils tuent grande quantité, à coups de fléchés, pour manger. Etfontces perroquets leur nids au fommet des arbres, de forme touteronde,pour crainte des belles picquantes. il â elle vn temps que ces oy féaux ne 11 oient congncuzaux anciens Romains, & autres pnïs de F Europe, (mon de- puisfcôme aucuns ont voulu dire)qu Alexandre leGrâd enuoya fon lieutenant Onehcnte en I ille Taprobane, lequel en apporta quelque nombre : & depuis fè multi¬ plièrent li bien,tant au pais de Leuant qu’en Italie,& prin cipalement àRomc, cômc ditColumclle au liuretroif- ielmedcs dits des Andes, que Marcus Portius Cato (du¬ quel la vie &: doctrine lut exemple à tout le peuple Ro- main)ainfi com me (c (entant (candalizé, dilt vn iour au Sénat: O peres co(cripts,ô Rome malheureufè,iene (ça y plus en quel temps nous fômmestombez,depuis que i’ay veu en Rome telles monftrof itcz,c efl â fçauoir les hom¬ mes porter perroquets lus leurs mains, & veoir les fem¬ mes nourrir,&auoir en délices les chiens. Retournons à noz oy (eaux, qui (è trouuent par delà, d’autre efpeee Sc fort eftrangesfcomme e(l celuy qu ils appellent Toucan, duquel nous auons parlé cy douant ) tous diItérés à ceux de noftre lie mi fphere: corne pouuez plus clerement voir par ceux,qui nous (ont reprefèntez en celiure, Sc de plu - (leurs autres, dontiay apporté quelques corpsgarniz de plumes, les vues iaunes, rouges, vertes, pourprées, azu¬ rées, DE LA FRANCE ANTARCTIQUE. 24 . rces, & de plufieurs autres couleurs: qui ont elle prefèn- tcz au Roy, comme chofes fingulieres, & qui nauoient oncques elle veuës par deçà. Il relie à defcrire quelques autres oifeaux allez rares & eftrages:entre lefquels le trou uevne efpece demcfme grandeur Ôc couleur que petis corbeaux,linon qu’ils ont le deuant de la poitrine rouge, comme fang, & fe nommeta, fon bec eft cèdre, & ne vit d’autre cîio fe, finô d’vn fruit d’vne efpece de palmier, nommé Jerabuua. Il fentrouue d’autres grans comme noz merles, tous rouges comme fangde dragon, quils nomment en leur langue Ouidpitffl. Il y a vue autre efpece delà grofïeur d vn petit moineau,lequel eft tout non, vi- uant d’vne façon fort éftràge. Quand u eft foui de foi mis, 6c autre petite vermine qu il mange, il ita en quelque ai- brifTeau,dans lequel il ne fera que voltiger de haut en bas, de branche en branche,fins auoir repos quelconque. Les Saunages le nomment^»»»». Entretous les oy féaux qui font par delà, il fen trouue encore vn autre , que les Sau- uages ne tu croient ou orfenfèroient pour choie qucleon que. Ce 11 oyfeau à la voix fort efeiatante & piteulc,corne celle de 11 offre Chatbuant: & dient ccs panures gens que fou chant leu r fait recorder leurs amis morts, eftimâs que ce font eux qui leur enuoyent, leur portant bonne for¬ tune,& mauuaife à leurs ennemis. Il n’efl pas plus grand qu’vn pigeo n ramier,ayant couleur cendrec,&. v niant du fruit d’vn arbre qui 1 appelle Hiuûhy ubc,\c ne veux oublie! vn autre oyfeau nommé Goudwbucb , qui neil pas plus gros qu’vn peut cerf volant, ou vne giolle moufehe : le¬ quel neantmoins qu’il foir petit, eft fibeau à le voii ,qu il eft impobible de plus. Son bec eft longuet 5c fort menu, Pdïion, cyJt'AH ijlrame, Icrahu' net efpece de pal¬ mier. Quidpitt, oyfeau. udnnon : oyfèati. ^4titre tf pece d’oy featt. Hitioara he,arbre, CoHttm- buch,oy- fèau fort petit. Aij Se £à couleur grifàtr&Et combien que ce toit le plus petit oyfèau, qui foit (cômeie pcfe) foubs le cieI,neantmoins il chante nr eru cille ulc ment bien, 8c ed fort plaidant à ouyr. le laide les oyfèaux d’eau douce & iàlée, quiiont tous dif ferensà ceux de par deçà,tant en corpulence qu en varié¬ té de plumages. Ic nedoute,Letteur,qtieiiQZ modernes autheurs des dures doyféaux, ne trouuent fort effrange laprefentedefeription que i en fins, & les pourtraits que iefayrepretentez. Mais fans honte leur pourras reputer celaàlavraye ignorance qu’ils ont des lieux, lefqucls ils n ont iamais vifitc, & à la petite congnoiflance qu’ils ont pareillement des chofcs edrangeres. Voila donc le plus îbmmaifement qu’il m’a efte pofsible,de$ oyfèaux de no dre Frace Antarctique, 8: c.e que pour le temps que nous y auons fèiourné,auons peu obferuer. Des yemùfons & Jauuagmes , que prennent ces Saunages. chap. 4.9, L mcfemble 11’edre hors de propos, iî re recite les bedes qui fè trouuent es bois 6 c montagnes de i’Almerique, & comme Jeshahitans du pais les prenait pour leur nourriture. lime fouuient auoir dit en lènt aucuns animai.- rUjucs’k lcsbo ! s S ranc ^ c quantité de f au nages, comme cerfs, bi- pndn h- cbes,fan , gliers,& autres. Quand ces bedes fe détraquent p.ss fm - a 1 efeart pour chercher Icur vie, ils vous feront vire foiîc profonde conuerte de fueiîlages, au lieu auquel labede hantera clquc endroit, comme ils ne nourri!- IX nfmipftinnpc mme DK IA FRANCE ANTARCTIQVE. 55 hantera le plus fouuent,, mais de telle rufe 2c finefle, ou a grand peine pourra échapper : & laprendrut toute viue, ou la feront mourir là dedans, quelque-fois à coups de flefehes. Le Sanglier eff trop plus difficile. Iceluy ne rei- fcmble du tout le noftte, mais cil plus furieux & dange¬ reux: & à la dent plus longue6eapparente.il efttotalcmct noir 6e fins qu e u ë: d’au an ta ge il porte fur le dos vn euent femblal de de grandeur à ccluy du marfouin, aucc 1 equcî il refpire en l’eau.Ce porc farinage iette vn cry fort cfpou- uentable,aufsi ented Ion les dents elaqueter & faire bruit, foiten mangeant ou autrement. Les Saunages nous en amenèrent vne fois vn lié, lequel toutefois efehappa en noffre prelcnce. Le cerf 6e la biche nont le poil tant vni 6e délié corne par deçà, mais fort bourreuxëe treffonné, allez long toutcsfojs. Les cerfs portent cornes petites au regard des noffres. Les Sanuages en font grande effime, pource quapres auoir percé la leure à leurs petisenfans, ils mettront fouuent dedans le permis quelque pièce de celle corne de cerf pou r l’augmenter,effimans quelle ne porte venin aucun:mais au contraire elle répugne 6:em- pefche qu a l’endroit ne fen gendre quelque mal.Plinc af¬ ferme la corne de cerf dire remede & antidote cotre tous venins. Aufsiles médecins la raettet entre les méditâmes cordiaux, comme roborant & confortant l’eftomac de certaine propriété,comme l’iuoire6c autres. La fumée de celle corne bmflceapuiiTance de c ha fier les 1er pens. Au¬ cuns veulent dire que le cerf fait tous les ans corne nom uéJIc: 6c lors qu’il ell defHtué de les cornes,le cache, mel- rnes quâd les cornes luy veulent tomber. Les anciens ont effimé à mauuais prefage la rencontre d'vn cerf oed’vn Sdn^litr de l'*4- mcriatic. Cerf de que. Proprié¬ té de U corne de l>n cerf. îieure:mais nous fbmmes tout au contraire,aufsi eftcefte opinion folle, fuperftitieufè, & répugnante a noflre reli¬ gion . Les Turcs & Arabes fontencores auiourd’huy en Refucrk ceft erreur. A ce propos noz Sanuages fe font perfuadez des sm< vne autre refuerie, & fera bien fubtiîqui leur pourra dif- u * es ' fuader : laquelle eft, quayans pris vn cerf ou biche, ils ne les ofèroient porter en leurs cabanes, qu ils ne leur ayent colippe cuiiles & ïambes de derrière,eiHmaos que fils les portoientauec leurs quatre membres, cela leuroflcroit le moyen à eux & à leurs enfuis depouuoir prédre leurs ennemis à la courfe : outre plu heurs refueries, dont leur cerucau cfl perfumé.Et n’ont autre raifon,hnon que leur grand Charaïbc leur a fait ainh entendre : aufsi que leurs Pages & médecins le défendent. Il s vous feront cuire leur venaifon par pièces,mais auecla peau: & apres qu’elle eft ciiitte fera diftribuee a chacun ménagé, qui habitent en vne loge tous enfemble, comme efeoliers aux colleges. Ils ne mangeront iamais chair de befte rauiflante, ou qui fc nourrifle de choies impures, tant priuée foit elle : aufsi Ucfcri- ne f" e ff° lce tont d appriuoifer telle belle, corne vne qu’ils ption du appelcnt ùhtty) grade comme vn reernard de ce n.Vi'ç avant cheté de blanc & noir,ayant les oreilles câmevn reo-narA cl ^viitc comme celle a vne petite poulie d’Inde,& les pieds rouges. ■ DE IA FRANCE ANTARCTIDE. $6 rouges. Aufsi y à des percîris nommées en leur langue Mûcouacanna, qui font plus greffes que les noflres. Il fe Mmud ti'ouue d’au ant âge en T Amérique grande quantité de ces cam^ef belles,qu’ils nommée Tdfih'm, dehrees & recommanda- & blés pour leur deformité. Aufsi les Saunages les pourfuy u enta la chaire, non feulement pour la chair qui en eh Jjgÿ; tresbônne, mais aufsi pour les peaux, dont ces Saunages font boucliers,defquels ils vient en guerre .Et cil la peau de celle belle fi forte, qu’à grande difficulté vn trait d’ar- balefteJa pourra percer. Ils les prennent ainfi que le cerf & 1 e fàngliefjd o n t no u s au ons parlé n’agueres. Ces belles font de la grade ur d vn grand aine, mais le col plus gros, p t - lon la telle comme celle d ’vn taureau d vn an des d ents ti en t ’apibire- chates & agues:toutes£ois elle îïch dagereufe. Quand on la pourchaiTe,elle ne fait autre refiftece que la fuite, cher¬ chant lieu propre à ie cacher, courant plus légèrement que le cerf. Elle n’à point de queue, finon bien peu ,dc la longueur de trois ou quatre doigts, la quelle cil fins poil, corne celle de i’Agoutin. Et de telles beftes fans queue ie trouue grande multitude par delà. Elle aie pie forcüu, a- uec vne corne fort longue, autant prcfque deuant com¬ me derrière.Son poil eilrougeâtre,comme celuy d aucu nés mules,ou vaches de par deçà: 6c voila pourquoy les Chreitiens qui font pàr delà, nomment tel les belles va- ches,non differentes d autre eboie a vne vache, hors-nais qu’elle ne porte point de cornes:ôcala vér ité,elle me icm ble participer autat de l’aine que de la vache: car il fc trou ue peu debeftes d’efpeces diuerfes,qui lercflcmblenten- tierement fins quelque grande difterence. Comme aul- fi des poiilons, que nous auonsveu fur la mer a la coite p An g. LES SINGVLARI TE Z de l'Amérique feprefènta vn entre les autres ayant la re¬ lie comme d vn veau, & le corps fort bizerre. Et en cela pouuez voir Iiixluftrie deNature, qui a diuerlifiéles ani¬ maux félon laduierlitcdeleurs clpeccs,tatenl eau qu'en la terre. Dyn arbre nommé Hyuourahe. c h a p. 50. Il ynon- y., ne, ar¬ bre. E n e v ou d rois au c u n e m ent I ai lier c n ar¬ riéré,pour fon excellence de lingulanté, vn arbre,nome des fumages Hyuourdhe } qui vaut au rat à dire,comme cl 1 ofè rare. _ Çef arbre cil de haute Hat ure, ayant 1 e- ^ lcorceargetine,Ôc au dedans demye rou a quali le goull de fil, ou côme bois de rigliffe, ainfi que l ay pluheurs lois expérimenté. L’efcorce de cefl ar- bre a vne merueilleufe propriété entre toutes les autres, ainsi cifcen telle réputation vers les Saunages, comme le bois de Gaiacpar deçà: mef'mcs qu'aucuns eftimentdire vray Gaiac,ce que toutefois ienapprouiteicar ce n’eft pas ci dire, que tout ce qui a mcfme propriété que Je Gaiac, oitneantmoms Gaiac. Nonobftant ils fen feruétau lieu n e Gaiac,! entends des Chrefiiés,car les Saunages ne font tant iubiets a celle maladie cômune, de laquelle parlons pi us amplement autre part. La maniéré d’en vlérell telle: fHf Lo'*P r 7 d SMlqt,c quantité de celle efcorce, laquelle jfc'ftar , c f tci . d “ quand elleeftrecentement fcparée d'auec hrti cboisdaquellecouppecparpetismorceaux fontboullir en eau lelpace de trois ou quatre heures, mfqu es à tant que ■ .'l jtj. DE LA FRANCE A NT A R C T I qv E. ÿj que ceile decoclion deuient colorée,comme vin clairet. Et de ce bruuage boiuét par J efpace de quinze ou vingt iours confecutiuement, Faifiins quelque petite diete : ce que fuccede fort bien ainfique i’ay |>eu entendre. Et la¬ dite efcorce n’eE feulemét propre à ladite affection, mais a toutes maladies froides & pituiteufes, pour atténuer &: defeicher les humeurs: de laquelle pareillemét vfentnoz Amériques en leurs maladies. Et encore telle décoction c fi: fort plaç ante à boire en pleine fante. Autre choie lin- Excellen guliere àceft arbre,portant vn fruit de la groflcurd’vne ce prune moyenne de ce païs , iaune comme fin or de du- cat : &; au dedans fe trouue vn petit noyau, fort luauc Sc uyuem- delicar,auec ce quil ejfl merueilleufèment propre aux ma rahé. lades & degouEcz. Mais autre choie fera parauenture eErange, & prelque incroyable, à ceux qui ne l’auront Veuë:ceE qu’il ne porte fon fruit que de quinze ans en quinze ans. Aucuns m’ont voulu donner à entendre de vingt en vingt: toutesfois depuis i’ay feeu le contrarie, pour m’en eEre fuEllamment informé, mefines des plus anciens du païs.Iem’en fis monErer vn, & me diE celuy qui me le monEroit, que de fil vie n’en auoitpeu manger fruit que trois ou quatre fois. Il me iouuient de ce bon fruit de l’arbre nommé Lothe y duquel le fruit eE fi friant, tothe ainfi que recite Homere en fon Odyfïee,lequel apres que Homm les gens de Scipion eurent gouEé ,ils ne tenoient conte î ,fC * de retourner a leursnauires, pour mangerautres viandes &c fruits. Au fùrplusen ce pais le trouuent quelques ar¬ bres portas caEe,mais ellcn’eE fl excellente que cell ed’E- gypte ou Arabie. B i* LES SINGVLARITEZ j)'yn autre arbre nommé Vhebehafou& de:: monf- cbes a miel qui le fréquentent. c h a p. 5*. Liant quelque iour en va village, aidant du lieu ou choit noftre refidence enuh ron dix lieues,accompagné de cinq Sau¬ nages, &c d’vn truchement Chrehien, ie me mis i contempler de tons collez 'es arbres,dont il y auoitdiu ‘ ' r :: entre quels ie m’arrehay à celuy duquel nous voulons parler, lequel à voir Ion iugeroit cidre ouurage artificiel, & non j)c.foi- de Nature. Ceft arbre ch merueilleufemét haut,Ies bran- piïthâ ches partants les vnespar dedâs les autres,les fueitlcs fern arbre no y a bles à celles d’vn chou , chargée chacune branche de T ] f f Ion fruit, qüieft d’vn pie de longueur. Interrogant don- behdfo», „ 3 J , r . . c .1 e3 quesl vn de la compagnie quel eltoitce truir,i! me mon* hrelors, & m’admonnëhe de contempler vue infinité de mouches, alentour de ce huit, qui lors choit tout verd, duquel fe nourriflcntccs mouichesamiel : dont î ’clloit retiré vn grand nombre dedans vn permis de cell arbre, Deux sf- ou elles faifbient miel &c cire. Il y à deux elpeces de ces P cccs ^ mou (clics : les vues font îirofTes comme les no Pures, qui /■ * J, t ne viucnt feulement que de bônes Peurs odorantes, ainsi font elles vn miel tresbon, mais de cire non en tout (i iau- ne que la nofïre. Il fen trouue vue autre efpece la moytie plus petites que les autres : leur miel eh encore meilleur que le premier, 6c le nomment les Saunages Hira . Elles ne viuent de la parture des autres, qui caulc à mon aduis, qu’elles font vue cire noire comme charbon: &. fen fait grande quantité,(périalement près lariuieredes Vafes,6c de Plate. nionf- cbes 't mie!. Hir.i, miel . * - B ij * T- «jW- . G?e de miel te¬ nu en& quafi incroyable à ceux qui ne lauroient veuè'.lls la nom ment Haiit ,ou Hitütbt, de la gradeurdVn bien grâd eue- non d’Afrique/on ventre efl fort anale contre tcrrefflle a la telle prefque femb labié à celle dvn enfant, & la face fèmblablementjÊOiiime pouuez voir par la prefènte figu re retirée du n: com- mevn enfant affligé de douleur. Sa peau c/lcendrée ; velue comme celle JVn petitours.Ellc ne porte finotro ongles auxpieds longs de quatre doigts,faits en mode c CSlre ^ S ¥ ca T e > aucclcfijuelles elle grimpe au ;; TII Y’ 0U e ï dc » eu, '«p usqu'en tcrre.Sa qucuécftlot à J- C tl J 1S dol S ts 'V ;uit wea peu de poil.Vue autre cia le digne de mémoire, ccft que celle belle n'a jamais cil veue ICO DE IA FRANCE ANTARCTIQUE. veuc manger d'homme viuant,encorcs que les Saunages enavcût renu longue efpace de temps, pour vçfirfi elle mangeroif,.ainfi queux mcfmes mont recité. Pareille¬ ment ie ne l’eufïe encore creu, iufques à ce qu vn Capi¬ taine de Normandie nommé De lefpiné, & le Capitaine Mon f' Mogneuilîe natif de Picardie, fe pormenas quelque iour en des bois de haute Fu fraye,tirèrent vn coup d arquebu- CdÙltdi- ze contre deux de ces belles qui choient au Me dvn ar- ne Mo- brc,dont tombèrent toutes deux à terrej’vne fort bldlcc, gmudic. & l’autre feulement eiiourdie,dc laquelle me fut fait pre fcnt.Et la gardât bien Iefpace de vingt fix iôurs, ou ie con gnu que iamais ne voulut manger ne boiie : mais toufi lôurs à vn mefmc dlat,laquelle a la fin fut eflranglée par quelques chiens qu auions mené auecnous par delà. Au¬ cuns dlimentcefte belle viurefeulement des fucillcs Je certain arbre,nome en leur langue Atnàhut. Ccfl arbre etl haut elcue iur tous autres de cc pais, fis f ueilles fort peti¬ tes Se déliées. Et pour ce que coullumierementelle dl en ce fl arbre ils l’ont appel lé Haut. Aufurplus fortamoureu fede F homme quand elle cit appriuoilée, ne cherchant qu’à monter fur les efpaules, comme fi Ion naturel elloit dappeter toufiourschofcs hautes, ce que malaifement peuuent endurer les Saunages,pource qu ils font nuds,6e que ccfi animant a les ongles fort a gu es, Se plus longues que le Lion,ne belle que i’ayc veu,tant farouche Se gi an- Je fok elle. À cc propos i’ay veu par expérience certains Cbamcleons, que Ion tenoit en cage dans Conilannno- ^ pl e, qui furent apperccuz viure feulement d c 1 ah . Ht par ainliie congncu dire véritable, ce d c mauoientditles Sauua^es de celle belle. En outre encore quel le demeu- ü B iiij 1 Indu- fine & faits ad¬ mirables de Ndttt re . LES SINGVLARITEZ rail attachée iour & nuict dehors au vent &à la pluye (carce païs y eftalfez fûbiet)neantmoins elle effoit tout iours auÉifcche comme parauant. Voila les faits admira blés de Nature, & corne elle Ce plaida faire chofès gran- des,diuelfes,& le plus fouuentincomprehcnlibles& ad¬ mirables auxhommes . Par.quoy cefcroitchofeimperti¬ nente d’en chercher la caufe & raifon, comme plu heurs de iour en iour fefforcent : car cela efl vn vray fecret de Nature, dont la congnoiffance eft referuée au feul Créa¬ teur, comme de pluheurs autres que Ion pourroit icy al¬ léguer, dont ie me deporteray pour fommairementpar- uenir au relie. Comme les Amériques fontfeu , de leur opinion du delugeiO 4 desferremens dont tls vient. chat. 55. j Près auoir traité d'aucunes plates fingu 1 Iieres, & animaux incôgneuz,non feu¬ lement par deçà, mais aulsi comme ic en le en tout le refte de nollre monde abitabJe, pournauoirefté ce païscô- gneu ou decouucrt,que depuis certain ' * ! 1 ps en ça: i ay bien voulu,pour mettre fin à nollre dit cours de l’Amérique,deferirela maniéré fort effrange, ont vient ces Barbares a faire feu,comme par deçà auec Aictho- Jf P’. erre ^^ cr: ^quelle inuention à la vérité ellccle- dedesfati ltc ’ d ? nnce diuinement à l'homme,pour fa neccfsité. Or i n °z Sauuages nennent vne autre méthode, prefque in- , u crédible,de faire feu,bien differente à la nollre,qui ell de happer UdHS o faire feu —V pt.Li piu3 long. o>eluy qui veuic taire feu, mettra le plus petit ballon en terre, percé par le milieu, lequel tenant a- DE LA FRANCE ANTARCTIQUE. 10Ï frapper le-fer au caillou. Ht faut entendre qu’ils vient couftutnierement de feu, pour leurs necefsitez, comme nous faifons:& encore plus,pour refiler à cef c efprit ma¬ lin,qui les tormente : qui cil la caufe qu’ils ne fe couche¬ ront iamais quelquepart qu’ils foient,qu’il n’y ayt du feu allumé,a l’entour de leur licl.Et pourcc tant en leurs mal¬ lons que ailleurs,foit au bois ou à la campagne, ou ils font contraints quelquefois demeurer longtemps,com¬ me quand ils vont en guerre, ou chaffer à la venailon, ils portent ordinairement auec eux leurs inflrumensà faire feu. Docquesils vous prendront deux ballons inégaux, l’vn, quieft le plus petit de deux pieds, ou enuiron, fait de certain bois fort fcc. portant moelle : l’autre quelque Thm. 7 htitiX~ tin. Premiè¬ re inu en¬ tier* dit fm. Vulcain inuereur Opinion des Setll- Uitgcs tou chant yn de!me. u ce les pieds qu’il mettra defïiis,fichera le bout de l’autre ballon dedans le pertuis du premier,auec quelque peu dccotton, nommées Surnom , non feulement en celu endroit,mais en plu fleurs autres. Les Sau uages les chai lent pour les manger, & fi elles fe voyent côrraintes, el les prendront leurs petis au col, & gaigneront la fuyte. Ces monnes font noires 6 c grifes en la Barbarie,^ au Pé¬ ril de la couleur dvn regnard. Là ne fetrouuent aucuns linges,comme en l’Afrique & Ethiopie : mais en recom- penfe fe trouuc grand multitude de 'fanons , qui font be¬ lles armées, dont les vns font de la grandeur & hauteur d’vn cochon,les autres font moindres : 8 c àhn que ie dife ce en palïant, leur chair ell merueilleufement délicate à manger.Quant au peuple de celle contrée, il ell plus bel¬ liqueux, qu’en autre endroit de l’Amerique, pour eflre coniin & près de les ennemis : ce que les contraint à fcx- ei ccr au lait delà guerre. Leur Roy en leur langue l’ap- oellc Quoniambec ,leplus craint & redouté qui foit en tout J epais,aulsi cllil Martial & merueillculernét bclliquei ix, Etpcnféquc iamaisMenelaüs Roy Sc codudteurdc l’ar¬ mée des Grecs ne fut tant craint ou redouté des Troiens, que ccltuy ci cil de les ennemis. Les Portugais le craignet lus les autres, car il en à fait mourir plufieurs. Vous ver¬ riez fou palais, qui cil vne loge faite de melme, 8 c ain fi que les autres, ornée par dehors dételles de Portugais: car c ell la coufttime d’emporter la telle de leurs enne¬ mis,les j icndre for leurs loges. Ce Royaducrty deno- llie venue, nous vint voir incontinent au lieu ou nous cf ions^Ô^ feiotunal efpace de dixliuitiours 3 occupant a meilleuic partie du temps,principalement de trois heu rcs c matin a réciter les victoires & geltes belliqueux i contre DE l A IRA N CE ANTARCTIQJE. ic.j. contre (es ennemis:d’auantage menafièr les Portugais, a- ucc certains geftes, lcfqucls en fiilâgucil appelle Peros. Ce Roy cfb le plus apparét 8c renom me de tout le pais. Son village £c territoire cftgrâd, fortifie à lentour de baftiôs 2c plateformes de tertre, rauorifez de quelques pièces, comme fauconeaux, qu’il a pris fus les Portugais. Quant à y auoir villes 8c maifons fortes de pierre,il n’en y a point, mais bien, comme nous auons dit,ils ont leurs logettes fort longues 8c fpatieufes.Ce que nau oit encorcs au corn mencement le genre humain,lequel eftoit (i peu curieux & fongueux d’elfre en feureté, qu’il ne fcfoucioit pour lors eftre enclos en villes murées, ou fortifiées de lofiez & rempar$,aiüs eftoit errât & vagabond ne plus ne moins que les autres animaux, fins auoir lieu certain Sc de (igné pour prédre fonrepos,mais en ce lieu le repofoit, auquel la nuytlc furprcnoit,(àns aucune crainte de larrôs:ceque ne font noz Amériques, encore quils foient fort fuma¬ ges. Or pour cocluhon ce Roy, dont nous parlons, fefti- mefort grand, flena autre choie à réciter que fes gran¬ deurs, reputant à grand gloire 2c honneur auoir fait mou rir plu (leurs perfonnes 8c les auoir mâgées quant 8c quât, meftnes iufques au nombre de cinq mille, comme il di- fbit.il n’eft mémoire qu’il fe foit iamais fait telle inhuma¬ nité,corne entre ce peuple. Pline recite bien, que lu le Cc- fir en fes batailles cft cftimé auoir fait mourir de fes en¬ nemis nouante deux mille vnzeccns hommes:2c le trou lient plu (leurs autres guerres 6c grands faccagemés, mais ils ne le (ont mangez Tvn l’autre.Et par ainfi retournans a noftre propos, le Roy 8 c fes ftibiets (onten perpétuelle guerre 8c inimitié auec les Portugais de Morpion,6c aulsi C iiij P crû J. Combien ci! cfiimc Iule Cc- far auoir J ait mou rir de pa s,iemc (uîs aui fc de dire Vil motde ce aeau fleuuede l’Amérique,que les Elpa gnois ont nommé Plate, ou pour la Lu- minière geur.ou pour les mines d’argent qui fe deldt!c 0 1 1 t i 4 " 1 J pourquoi _ ,trouuent auprès, lequel en leur langue ils appellent,Plate : vray cil que les Saunages du païs le nomment Parànagacü, qui cil: autant adiré comme mer, ou grande congrégation d eau. Ce flcuue côticntde lar¬ geur vin gtfix lieues, efiant outre la ligne trentecinq dc- grezj&diftantdu Cap de fiiint Augullin fix cens feptâte ïieuesde penfe que le nom de Plate luy a elle donné par premier ceux qui du commencement le decouurirent,p ourla rai Voyage fon premièrement amenée. Aufsi lors qu’ils y paruin- dcsF f?f- drent, reeeurent vne ioy e meruei 11 eu le,eliimans celle ri- * /*^ uieretant large élire le dfeftroit Mage .1 Unique, lequel ils ^ P i ate cerchoycnt pour palier de 1 autre collé de lAmeriquc: toutefois congnoflïàns la vérité de la chol'e, délibérèrent mettre pied à terre,ce qu’ils feirent. Les Saunages du pais fe trouuclet fort ellonnez 3 pour n’auoir iamais veu Chré¬ tiens ainfi aborder en leurs limites : mais par 1 uccefsion de temps les appriuoiferent, Ipecialemét les plus anciens, fie habirans près le riuage, auec prefens & autrement : de manière que vifitansles lieux ailes librement,trouucrent plu(leurs mines d'argent: & apres auoir bienrecongneu les lieux,fen retournèrent leurs nauires chargées de bre- fil. Quelque temps apres equipperent trois bien grandes ^ 6ya9t D jj Second lis S INCVLARI TE 2 nanircs de gens & munitions pour y retourner, pour la cupidité de ces mines d’argent. Et eflans armiez au met* me lieu,ou premièrement auoyent eflé,defplierent leurs cfquifs pour prendre terre: c’eftà fçauoir le capitaine ac¬ compagne d enuiron quatre vingts foldats,pour refiller aux Saunages du païs, fils faifoyent quelque effort : tou¬ tefois au lieu d’approchcr,de prime face ces Barbares feu fuyoient ça là: qui eftoit vne ruze, pour prattiquer meil¬ leure occafion de furprendre les autres, desquels ils fe fën toient offenfezdcsle premier voyage. Donc peu apres qu’ils furent en terre, arriuerent fur eux de trois à quatre cens ces Sauuages, furieux 2c enragez comme lyons créés Ef affamez, qui en vn moment vous faccagèrent ces Ê£pa- pcignds. gnols, 2c en feirent vnc gorge chaude, ainfi qu’ils font couflumiers de faire : monftrans puis apres à ceux, qui e- ftoient demeurez es n'auires,cuifles & autres membres de leurs com pagnons roftiz, donnans entendre que fils les tenoient,!eur feraient le fèmblable.Ce que ma efté récité par deux Efpagnols qui eftoient lors esnauires. Aufsi les Sauuages du païs lefçauent bien raconter,comme ebofe Troifief digne de mémoire,quand il vient à propos. Depuis y re- msifojA tourna vne compagnie de bien deux mil hommes auec a ' autres nanircs, mais pour eftre affligez de maladies, ne p eurent rien execu ter, & furent contrains fen retourner Qmtrief ainfi.Encore depuis le Capitaine Arual mil cinq cés qua- me yoja rante Se vn,accompagné feulement de deux cens bornes? & c - 2c enuiron cinquante cbeuauxy retourna,ou il vfa detel- snwage le ruïè,qu’il vous accouffcra mefsieurs les Sauuages d Vne m . L a terrible maniéré.En premier les efpouuentaauec ces cbe- [ j r(M i riaux, qui leur citaient incongneuz, 2c reputez comme befres DE LA FRANCE ANTARCTïQYE. J07 belles rauiflàntes : puis vous frit armer fes gens, d armes fort polies & luilantes, & pardefïus eîeuécs en boflèplu- fieurs images elpouentables, côme telles de loups, lions, léopards,la gueule ouuerte,figures de diables comuz,dôt furent li efpouuetez^rcs pauures Sauuages qu’ils f en fuy- rent, & par ce moyen; furent chaficz de leur païs. Ainll font demeurez maiftres & leigneurs de celle contrée,ou¬ tre plulieurs autres païs circonuoylins queparfuccefsion de temps ils ont conqueflé, mefines iniques aux Molu- ques enl’Ocean,auPonct de l’autre collé de l'Amérique: de maniéré qu’auiourdhuy ils tiennent grand païs à l’en¬ tour de celle belle riuiere, ou ils ont baily villes & forts, &ont elle faits Chrelliens quelques Sauuages d alenui- ron réconciliez enle.mble.Vray ellquenuiron cent leu es de là fetrouuent autres Sauuages, qui leur font la guerre, lelquels fontfort belliqueux, de grandeflature, prelque Sdm t, comme çeans : & ne viuent çuere linon de chair humai- ijr t) , - T - 1 ■ 1 t ri tomme ne comme les Canibales. Lelditspeuples marchent h Je- ccans, gerementdu pic,qu’ils peuuentattaindre les belles lauua ges à la courfe.ils viuent plus longuemét que tous autres Sauuages,côme cent cinquante ans, les autres moins. ils font fort fubiets au péché deluxuredamnablc & enormé deuantDicuïduquel ie me deporteray de parler,non feu¬ lement pour le regard de celle contrée de l’Amerique, mais auGi de plulieurs autres. Ils font donc ordinaireméc la guerre, tant aux Efpagnols, qu’aux Sauuages du païs à l’entour.Pour retourner à no lire propos,celle riuiere de Plate, auecques îe terroir circonuoilinell maintenât fort ^ cm riche,tant en argent que pietreries.EJ le eroifl par certains u jours de l’année, comme faitfemblablemcin I’Aurelane dtHne D iii 'j dis car ratière LES S INGVLARI TEZ qui eft au Pem,&comme le Nil en Egypte. A la bouche de celle riuiere fe trouuent plu fiera rs iiles, dont les vnes font habitées, les autres non. Le païs eft fort montueux, depuis le Gap de fainte Marie iufques au Cap blanc, fpe- ciaiementceluy deuers la pointe faiHt Helene,diftante de la riuiere foixante cinq lieues ; &de la aux Arenes gour¬ des trente Iieuës:puis encores de la aux Balles à l’autre ter¬ re, ainh nommée Balle, pour les grades valces qui y font. Et de Terre bafîcà l’abaïe de Eonde,fèptante cinq lieues. Le relie du païs n a point cfté frequetc des Chreftiens, ti¬ rant iufques au Cap de laine Dominique, au Cap Blanc, & de la au promontoire des vnze mille vierges,cinqlian¬ te dcuxdegrez &: demy outre l’equinoélial : &là près efi: le détroit de Magellan, duquel nous parlerons cy apres. Quant au plat païs,il cil de prêtent fort beau par vnc infi¬ nité de laminages, fontaines,ôcriuiercs d'eau douce, aux¬ quelles le trouue abondance detresbon poilfon. Et font lefdites riuiercs fréquentées d vue efpccc de belle,que les Sdnco- Sauuagcs nomment en leur langue S.marnmm , qui vaut W ^lf~ aucant a dire co mme belle triade. De fait c'eftvn animal amphibie, demeu rant plus dans l’eau q tic dans terre, & hk . n’eit pas plus grand qu’vn petit chat: fa peau qui cil mail¬ lée de gris, blanc, &c noir,cil fine comme velouxi les pieds cftans laits a lafcmblance de ceux dvn ovleau de riuiere. Au relie la chair eft fort délicate, &trcsbonne à manger. En ce païs fe trouuent autres belles fort eftranges & mon il ru eu les en la part tirant au détroit, mais non li cruelles qu’en Afrique. Et pour côclulion le naïs a prefont le peut voir réduit en telle forme, que Ion le pi endroit du tout pour vn autre: car les Sauuagcs du païs ont depuis peu de temps 4 DE LA FRANCE ANTARCTIQUE. ïo g de temps cnçamuentc parle moyen des Chrciliens arts & (ciences treiingenieufes,tclicment qu’ils font vergon- gne maintenir à plulïeurs peuples d’AiiefcdenoftreEu- rope, i’entends de ceux qui curieufement obièruét la lov Mahomctifle ) epi]entique&: damnablc do&rine. Du détroit île.Magellan^ de celuy de Dmcne. C H A P. Jtr. Vis que nous tommesapprochez iî près ^ de ce lieu notable, il ne fera impertinent en eferire fom mairem ent quel qu e cho¬ ie. Or ce d étroit ap pe 1 é en Grec * f v,, S ' jfSS - r i* ^ ^ , Ssxstf&Sl ainii que i océan entre deux terres, & ‘à vn détroit de terre entre deux eaux: comme celuy de Dariene confine 1 Amérique vers le mi- dyA k iepare d’auec vue autre terre aucunemét dccou- uerte, mais non habitée, ainfi que Gibaitar, l’Europe d’a- iiecqucs 1 Afrique,& celuy deConlîantinoble l’Europe de J’Afie : appelé détroit de Magellan du nom de celuy quipremieremet ledecouurit,fituécinquâtedeux desrés ‘p *' e ' de ni y delà l’equino&ial : contenant de largeur deux %%£ lieues, par vne mefme hauteur, droitl’Eft& Oueft, deux Un^ mille deux cens lieues de Veneculedu Su au Non daunn tage du cap d Elïeade,quidlâ l’entrée du d étroit, iufq ues a 1 autre mer,du Su, ou Pacifique feptantequatrelieues, iniques au pi eniiercap ou promontoire qui cir quarante degrez. Ce détroit a elle long temps deiîré & cherché de plus de deux mil huit cens lieues,pour entrer par ceft en¬ droit en lamer Magellanique, dite autrement Pacifique, Oiiij «BVl I • LES SINCVIARITEZ ^mmc & pamenk aux ifles deMoiuque, Americ Vefpucc l’vn Vefiuce. ^ me iHeurs pillots qui ay t eke , à coftoyc prefque de¬ puis Irlande iufqucs au cap de laint Augukin,par lecom mandement du Roy de Portugal, l’an mil cinq cens & vn. Depuis vn autre Capitaine, l’an mil cinq cens trente quatre,vint iniques à la région nomée des Geans. Celle région entre la riuiere de Plate &: cedeftroit, les habitons font fort puiffans, appelez en 1 curia gu e Patdgpncs> Geans pour la haute ftature & forme de corps. Ceux qui pre¬ mièrement decouurirent ce pars,en prindrent vn fine¬ ment, ayant de hauteur douze palmes, & robufle à l’aue- nant: pourtant h mal aifé à tenir que bien à grand peine y futfifoient vingt &: cinq hommes : & pour le tenir, con- uintle lier pieds & mains, es nauires: toutefois ne le peu- rent garder long temps en vie: car de dueil & ennuy fè laifîà(comme ifs difent) mourir de faim. Celle région cil de melme température que peut ckre Canada, & au¬ tres païs approchans de noftre Pôle : pource les habitans fe vellent de peaux de certaines belles, qu’ils nomment en leur laiaguc, 5 «, qui ek autant a dire,comme eau pour¬ tant félon mon iugemengque ceft animal la plus part du temps,refîdeauxriuages des flcuues. Cellebelleeilfort rauiflante, faite d’vnc façon fort effrange, pour quoy ie la vous ay bien voulu repre Tenter par figure. Autre cho¬ ie : Si elle ek pourfuyuie, comme font les gens du païs, pour en auoirla peau, elle prend Tes petis fus le dos, & les couurantdc fa queue grofle & longue,le làuue a la fuite. Toutefois les Saunages vfentd’vne finefle pour prendre cellebekc : faifânt vne folfe profonde près du lieu ou el- 11 e a de couftume faire là relidence,ôc la couuret de fueil- lcs de LA FRANCE ÀNTARCTIQVE. i 0 _p les verdes, tcllemét qu’en courat, fans fè doubter de J’cra- buTelle,lapauure bette tombe en cette fottèauecccs pe- tis.Et le voyantain b prifè,eiIe(comme enragée)mutile &c tue les petis : Sc fait fcscris tant eCpouuentables, qu elle rend iceux Saunages fort craintifs Setimides. En fin pour tant ils la tuent a coups de flclches, puis ils l’elcorchent. Retournons a propos: Ce Capitaine, nomme Fernand de Magellan,homme couragcu x,citant informé delà ri- chelTe, qui fepouuoit rctrouuer es iflesdes Moluqucs, comme abondance d elpicerie, gingembre,cane! !c,mu- feades, ambre gris, myrobalans, rubarbe, or, perles, & autres rirhelîès, Ipecialement en lïfle deMatefMahian, Tidore, & Terrenate,allez prochaines lyne de J autre, e- Oimant par ce détroit, chemin plus court & plus com¬ mode, le délibéra, partant des iiîes Fortunées,aux illcà de I r oj\ioe de Fer¬ nand de Magel¬ lan. Cap des Vierm, O Theycd. LES SINGVLARITEZ cap Verd, tirant à droite route au promontoire de Saint Auguftin,huitdcgrez,outre la ligne, coffcoya près de ter¬ re trois moys entiers; 8c feit tat par Tes journées, qu’il vint îufques au cap des Vierges, di tant de 1 equinoétial cin¬ quante deux degrez, près du deftroit dont nous parlons. £t apres auoir nauigé l’efpace de cinq journées dedans ce détroit de l’Elt droit àOueft fur l'Océan : lequel fendant les portoit (ans voiles dépliées droit au Su, qui leurdon- noitvn mcrueilleux co ntétement,encore que la meilleu¬ re part de leurs gens fuilent morts,pour les incommodi- tez de l’air &c de la marine, & principalement de faim 5 c foif. En ce détroit fe trouuent plufieurs belles illes, mais non habitées. Le pais alentour eft fort fterile,plein de montagnes, 8c ne Vy trouue f non belles rauillantcs, oy- feaux de diuerfes efpeces, fpecialement autruches : bois de toutes fortes,cedres, 8c autre efpeced arbre portât fou fruit prefque refèmblantànoz guines,mais plus délicat a manger. Voila l’occafion, & corne ce détroit a elle trou- ué. Depuis ont trouue quelque autre chemin nauigâs fur vne grade riuiere du collé du Peru>coulat fur la colle du nôbre de Dieu,au pai s de Chagre, quatre lieues de Pana- ha,&de la au goulfe faint Michel vingtcinqlieuès.Quel- que téps apres vn Capitaine ayant nauigé certain teps fur ces dénués fè hazarda de vil îter le païs:8c le Roy des Bar¬ bares de ce pais là, nome en leur langue Tberca, les receut humainemet auccques prelcns dor 8c de perlesfainfi que m’ont récité quelques Efpagnols qui efloient en la côpa- gnie)combien que cheminas fur terre ne lurent fans grâd dàgeîjtant pour les bei les fiuu âges, que pour autres incô- moditez. Ils trou uerét par apres quelque nôbre des habi¬ tons DE LA FRANCE ANTARCTIQUE. HO tansdupaïs fort fàuuages 6c plus redoutez que les pre¬ miers , aufquels pour quelque mauuaife affeurance que Ion au oit d’eux,promirent tout feruice & amytié au Roy principalement, qu’ils appellent Atorizÿ\ duquel reccuret ^ ton ~ aufsiplufieurs beaux prefens,comme grandes pièces dor pelantes enuiron dix liures. Apres aufsi luy auoirdônc de ce qu’ils pouuoiet auoir, & ce qu’ils cftimoiégq luy feroit le plus agréable,c efl à feauoir menues ferrailles, chemi- fès, & robes de petite valeur: fmablement auccques bon¬ ne guides attaignirent Dariene.De là entrèrent & dccou- Detroit urirent la mer du Su de l’autre cofté de l’Amérique,en la- & Darié quelle font les Moluques,ou ayanstrouué lescommodi- m ' tez dclTus nommées, fe font fortifiez près de la mer. Et ainfi par ce détroit de terre ont (ans comparailon abrégé leurenemin fans monter au détroit Mage Ilanique, tant pour leurs trafiques, que pour autres commoditez. Et depuis ce temps trafiquent aux ifles des Moluques, qui font grandes, & pour fe prefent habitées & réduites au ChriÛianifme, lefquelies au parauant eftoient peuplées * m ‘ de gens cruels,plus fans côparaiion,que ceux de 1 Amé¬ rique , qui cftoientaueuglez & priuez de la cognoifïànce des grandes richefes que produifoient lefdites ifles: vray eft qu’en ce mefme endroit de la mer de Ponenty à qua¬ tre illes defertes, babitées(commeils afFcrment)fculemét de Satires, parquoy les ont nommées Ifles de Satires. En cefte mefine merfetrouucntdix ifles,nommées Manio- Ies, habitées de gens fumages,leqüels ne tiennent aucune religion. Auprès d icelles y à grands rochers qui attirent les nau ires à. eux,à caufèdufer dot elles font clouces.Tcl- lement que ceux qui trafiquent en ccpaïs la font con- E ij Terre ^ h [Ira¬ is m en¬ core de- co ({fier¬ té. Scauolr ejï fil y a mï> deux des, ou non, & f>r ce les obmhns j- des Philo fôphes. LES S INGVLAK.ITE2 tu: : d’vfer de petites nauires cheuiïlées de bois pour eui ter te ! danger. Voila quant a noftre détroit de Magellan, Toucba itt d ; l’autre terre n o m me e A u fl raie, I aqu c 1 le co- ftoyâtle détroit effc laifîee à main /enellrc, ne/l point cn- corcs congnué des Chrefticns:combien qu’vn certain pi¬ lot Anglois, homme autant ellimé & expérimentéà la marine que Ion pourroit trouuer,ayât paflé le détroit,me dit auoir mis pied en celle terre:alors ic fus curieux de luy demander quel peuple habitoit en ce pais, lequel me re- /nonditque c'eftoient genspuiflâns & tous noirs, ce qui neft vrayfemblablc, comme ie luy dis, veu que celle terre cft quali à la hauteur d’Angleterre Ôc d’E/cofTe, car la terre e/t comme elclatâte & gelée de perpétuelles froi- dures,&: hyuer continuel. Que ceux qui habitent depuis la rimer e de Plate iuf- ques au détroit de Magellan font nozjtntipodes. chat. 57 .. Ombien que nous voyos tant en la mer qu’aux fleuues, plu fleurs illes diuifees & fèparées de la continente,! 1 ell ce que I’c- lement de la terre eft ellimé va ièul Qc mefme corps, qui n’cll autre choie, que ccflc rotondité & fuperficie de la terre, laquellenous apparoi/l toute plaine pourEi grade 6c ad¬ mirable amplitudc.Et telleelloitl’opiniondeThale Mi- lelié,l vndes fept /âges de Grèce, 5 c autres Philo/ophes, comme recite Plutarque. Occetes grand PhîlofophePi- thagorique collitue deux parties de la terre, à /cation ce- ifle cy DE LA FRANCE A NT A R C T I QV E, m ite cy que nous habitons, que nous appelons Kcmifphc- re:& celle des Antipodes, que nous appelons femblable- ment Hemifphereinferieur. Tlicopompe hifloriogra- phe dit apres Tertullian contre Hermogpie, que Sil jadis afferma au Roy Midas, qu’il y au oit vn monde & globe de terre,autre queceluy ou nous fbmmes. Macro- be*d auâtage(pour faire fin aux tcfmoignages)traitte am¬ plement de ces deux hemi/p hères, & parties de J a terre, auquel vous pourrez auoir recours, fi vous defirez voir plus au long fur ce les opinions d es Philolbphes.Mais ce- cy importe de fçauoir, fi ces deux parties de la terre doi- uent dire totalement fcparées & diuifées l’vne de l’autre, comme terres differétes, & diimées dIredeux mondes: ce que n’eft vrayfemblahlc, cofîderé qu il n’y à qu vn élé¬ ment de la terre, lequel il faut dlimcr dire coupé par la mer en deux parties, corn me efcritSolin en ion Polyhi- ilor, parlant des peuples Hyperborées. Mais i’aymerôys trop mieux dircrvniuers dire fcparc en deux parties ega les par ce cercle imaginé,quc nous appelons cquinodial. D’auantage fi vous regardez l'image & figure du monde en vn globe,ou quelque charte, vous congnoi/lrczclai- rementjComme la mer diuife la terre en deux parties,non du tout egalcs,quifont les deux hemifpheres,ainfi nom¬ mez par les Grecs. Vue partie de l’vniuers contient l'Afic, Afrique,& Europe: l’autre contient l’Amerique, la Flori¬ de,Canada,& autres régions comprilesfoubs le nom des Indes Occidentales, aulqucllcs pluficurseflimcnt habi¬ ter noz Antipodes. le fiay bien qu’il y a plufieurs opi- ofmions nions des Antipodes. Les vns dlimét n y en auoir point, les les autres que fil y. en a, doy lient dire ceux qui habitent UJ Quels peu pics font antipo¬ des, (jÿ* antichto nés les 1ns aux autres. Dijje) rn c? entre untipo¬ lies çÿ* ami ch ta ?m. LES SINGVLARI TE 2 l’autre Hemifphere,lequel nous eft caché. Quant à moy ie feroye bien d’auis que ceux qui habitent foubs les deux pôles (car nous lesauons monitrez habitables)font véri¬ tablement antipodes lesvns aux autres. Pour exemple, ceux qui habitent au Septentrion, tant plus approchent du pole,&plus leur efteleué, le pôle oppofite eft abaifle, & au contraire: de maniéré qu’il faut neceffai rement que tels (oict Antipodes:& les autres tat plus elongnét des pô¬ les approchas de I equinoctiaI,&i moins font Antipodes. Parquoy ieprendrois pour vrais Antipodes ceux qui ha¬ bitent les deux pôles, &c les deux autres prins diredlemét, celtafoauoir LeuantSe Ponant : & les autres au milieu Antichtones,làns en taire plus long propos. Iln’y a point dedoubtc que ceux du Peru font Antichtones plus toit qu’Antipodes, a ceux qui habitent en Lima,Cuzco,Cari- quipa, au Peru, a ceux qui font autour de ce grand fleuue Indus,au pais de Calicut,iile de Zcilan,& autres terres de 1 A/ie. Les habîtans des iflcs des Moluques d’ou viennent les eipiceries, a ceux de l’Ethiopie, auiourd huy appelléc Guinée, Erpour celleraifon Pline a tresbien dit, quec’e- ItoitJaTaprobanc des Antipodes, confondant, comme P tifleurs,Antipodes aucc Antichtones. Carcertaincmct ceux qui viuent en cesiilcs font Antichtones aux peuples qui habitent celle partie de l’Ethiopie, comprenât depuis origine du Nil, iniques a Pille de Mcroë : combien que ceux de Mexico ne foyentdireârent Antipodes aux peu¬ ples de 1 Arabie Felice, & à ceux qui font aux fins du cap de Bonne c/pcraoce. Or les Grecs ont appeilé Antipodes ceux qm chcmmëtles pieds oppofîtes les vus aux autres, c oit a dite, plante conte plante, comme ceux dont nous » auons DE IA FRANCE ANTARCTIQUE, Ul a Lions parle: & Antichtones,qui habitent vne terre op- pofitementfituée: comme mefmc ceux qu’ils appellent Anteci, ainli que les Efpagnols , François, & Aiemans, à ^med. ceux qui habitent près Jariuiere de Plate, &: les Pataao- nes,defquels nousauons parlé au chapitre precedent, qui Font près le détroit de Magellan, font Antipodes. Les au¬ tres nommez Parœci,qui habiter vne meFme zone,coin- p Ârœa , me François & Alemans, au contraire de ceux qui font Anteci. Ht combien que proprement ces deux ne foyent AntipodeSjtoutefbis on les appelé communément ainfi, & les co Tondent plufieurs les vns auecles autres. Et pour cefte raifbn i’ay obferué que ceux du cap de Bonne efpc- rancc,ne nous font du tout Antipodes : mais ce qu’ils ap¬ pellent Anteci,qui habitent vne terre non op police, mais diuerfè, côme ceux qui font par delà l’cquinodtial, nous qui Tommes par deça,iufques à paruenir aux Antipodes. Manie- lé ne doubte point que plufieurs malaifémcnt côprénent redc celle façon de cheminer d‘Antipodes,qui à efié eau Te que plufieurs des Anciens ne les ayent approuucz, mefme tfooda îàinâ; Auguftin au Jiurc quinzième de la Cité de Dieu, Jo chap.p.Mais qui voudra diligemment confiderei juy le- bm en¬ ta. fort ailé de les comprendre.S’il eft ainfi que 3a terre foit comme vn Globe tout rond,pédu au milieu de I vniucrs, il faut neceflairemét quelle Toit regardée du ciel de tous Anciens coftes. Docqucs nous qui habitons ce fi Hcmifphcrc fu- s. p e rieur quant à nous, nous voyons vne partiedu cielà Jimh.de nous propre & particulière. Les autres habitansl'Hemi- fphére inferieur quàt à nous,à euxfupericur,voyent l’au- trepartie du ciel, qui leur eft affectée. Il y à mefme ration 9 ’ & analogie de Tvn à l’autre: mais notez que ces deuxHe' E * * * * I mj Occupa 4 tïons CO- mttncs des San- ffW, O LES SÏNGVLARÏTEZ rnifp hères, ont mefine 6c commun centre en la terre. Voila vn mot en pallant des Antipodes,fins elongner de propos. b Comme les Saunages exercent ïAgriculture-, & font utrains d'vne racine nommée Manibot , & d'vn arbre quels appellent Peno-abjou. c h a p. 58. Laboura je des ù XctUHd- Oz Amériques en temps de paix nont gueres autre me (lier ou occupations u a faire leurs iardins:ou bien quâdle temps le requiert ils font contraints aller à la guerre. Vray e(l qu’au eus font bien quel¬ ques trafiques, comme nous auons dit, toutefois la necefsité les contraint tous de labourer la ter rc pour viure,comme nous autres de par deçà. Et fi y uent quafi la couflume des Anciens,lefquelsapres auoir endu îeôc mange les fruits prouenans de la terre fins aucune indu fine de 1 ho m tne,& n’ei l ans fbuffifins pour nourrir tout ce qui viuoitdelTus terre, leur caufirent rapines & cnnahiflemeSj fapproprians vn chacun quelque portion de terre, laquelle ils fiparoient par certaines bornes 6c li¬ mites: 6c des Jors commença entre les hommes feftatpo pu I aire 6c des Républiques. Et ainh ont appris nozSauua ges a labourer la terre,non auecques b eu fs, ou autres be¬ lles domeiliques, foit lanigères ou d’autres efpecesquc nous auons de pal deçà : car ils n en ont point, mais aucc Li fiîcui 5 clabeur de lcm corps, comme Ion feiit en d ^iu- t>.cs prouinces.Toutefois ce qu ils labourent ell bien peu, comme D?. IA FRANCE ANTARCTI QY E. ï:^ comme quelques iardins loing de leurs maifons & villa¬ ge enuiron de deux ou trois licuês, ou ils fèmentdu mil • utpouL tout grain : mais bien plantent quelques racines.Ce qu ils recueillent deux fois l'an,à Noc. 1 , qui eft leur Eftc, quand le Soleil cil au Capricorne :& à la Pente- coilc. Ce mil donc eft gros comme pois cômuns, blanc jn/Zi/ic & noir: ] herbe qui le porte,eft grade en façon de roféaux ^hmV. marins.Or la Eicon de leurs iardins eft telle. Apres auoir couppc fept ou huit arpens de bois,ne laiftàns rien que le pie, a la Hauteur parauenturc d’vn homme, ils mettent le reu dedas pour brûler & bois & herbe à l’entour,& le tout c eft en plat pais. Ils grattent la terre auec certains inicru- mens de bois,ou de fer,depuis qu ils en ont eu côngnoif fànce : puis les femmes plantent ce mil &c racines , & qu ils appellent//^/?, faifàns vn permis enterre auecqucsle Heticb. doigt, ainh que Ion plate les pois & febues par deça.D’en- grefter & amender la terre ils n’en ont aucune pratique, ioint que de foy elle eft allez fertile,n cftant aufsi ladce de culture,comme nous la voyons par deçà. Toutefois ceft choie admirable, qu’elle ne peut porter noftre blé: & ecn ayquelquefois feméfearnous en auions porté auec nous j pour efprouuer, mais il ne peut iamais piohtcr. Et n eft a mon nuis, le vice delà terre, mais de ic ne fçay quelle petite vermine qui le mange en terre : tou¬ tefois ceux qui font demeurez par delà, pourrontauec !c temps en faire plus feure expérience.Quant à noz Sauna- En ^ ges,il nefe faut trop efmemeillcr,fils n’ont eu congnoif- mermê Ëincc d c ble, car nicirn es en noftre Eu top c &c autres pais yfà- au comniencementles hommes viuoyent des fruits que &^^ la terreproduifoit d’elle me fine fins eftre labourée. Vray F f .Anciéne te' de fd- priculcu- e-3 re. Premier 'yftgc de bié. T Arme de rue ma. Muni- hor. Alun 1è¬ re de [di¬ re ccfh [urine de racine*. LES SINGVLARITEZ cif que l’agriculture ell fort ancienne : comme il appert par i eferipture : ou bien fi des le commencement ils a- uoient La congnoifFance du blé, ils ne le fçauoient ac¬ commoder à leur vfage. Diodore eferit que le premier pain futveu en Italie, & l'apporta KisRoyne d’Egypte, montrant à moudre le blé, Sc cuire le pain : car aupar¬ avant ils mangeaient les fruits tels que Nature les pro¬ duisit, foit que la terre fuft labourée ou non. Or que les hommes vniuerfcllement en toute la terre ayent vefeu de mcfme les belles brutes, c’eft plus toll fable que vraye hiftoirc: car ic ne voy que les ’oetes qui ayent elle de ce¬ lle opinion,ou bien quelques autres les imitans, comme vous auezen Virgile au premier de fes'Gcorgiquesunais ie croy trop mieux Fefcripture Sainte, qui tait métion du labourage d’Abel, fie des offrandes au’il faifoit à Dieu. Q * i Ainfî auiourd huy noz Saunages font farine de ces raci¬ nes que nous au on s appellces Mamhot, qui font gro£ les comme le bras, longues d’vn pie 6c demy,ou deux pies : 6c font tortues 6c obliques communément. Et cft celle racine d’vn petit arbrifleau, haut de terre enuiron quatre piéz, lesfueilles fontquafifemblablesà celles que nous nommons de par deçà, Pataleonk , a in b que nous demofbcrons par ligure,qui font fîxou fept en nôbrcrau bout de chacune branche,efl chacune fueilic longue de demy pié,8ctrois doigts de large. Or la maniéré défaire celle farine eft tellc.Ils pilent ou râpent ces racines fcches ou verdes auecques vnc large efcorce d’arbre , garnie toute de petites pierres fort dures, à la manière qu’on fait de par deçà vne noix de mufeade : puis vous pafîent cela, 6 c la font chauffer en quelque vailfeau fur lefeu,auec cer taine LES S I NGV LARI TE 2 tairas qualité d'eau ï puis bradent le tout,en forte que cefte farine deuict en petis drageons, corne cilla Ma ne grenée, laquelle efl mcrucilleuferaét bonne quad elle eflrccentc, Ôe nourrifttresbien.Etdeuezpefer que depuis Je Peru Ca¬ nada^ la Floride, en toute cefte terre côtinéte entre I’O- cean 8c IeMagelknique, comme 1 5 Am erique,Canibales, voire iufqucs au dcftroitde Magellâ ils vfent de celle fui nejaquelle y ell fort commune, encore qui! y âdedifla- ced vn bout à l'autre de plus de deux mille lieues de ter- re:& en vfent auec chair & poi{Ton,comme nous faifons zfh-twe icy de pain. Ces Sauuages tiénent vne eftrange metho- f.tcon de de a la manger, c’cft qu’ils n approcherontiamais la main yiurcdes ] a bouche,mais laiettent de loin plus d Vn grand pic, à s M!u- q UO y j] s f ont fort dextres : aufsi fc feauent bien moquer des Chreftiens, fils en vfent autrement. Tout le négoce de ces racines e(l remis aux femmes, éftiirus n’eftre feant zjlcce de aux ho rames d c fy occu per. Noz Am criques en outre jthues planter quelques febues, lefquel les font toutes blanches, bldches. f ol - t p] ateS) pl Lls larges 8c longues que les noffcres. Aufsi ont ils vne efpece de petites légumes blanches en grande abondance, non difl crentes a ccl les que Ion voit en Tur- cîW ils quie & Italie. Ils les font bouillir,& en mangent auec du font le fel, lequel ils fontauec eau de mer bouline,& confirmée fd. iufques a la moitié:puis auec antre matière la font côuer- Pdinf/tt h r cn Ici* Pareillement auccqucs ce fel & quelque efpice d’cfyiLc broy ée ils font pains gros com me la telle d’vn ho m me, c y de fel. dont pluheurs m agent auec chair & poiflon, les femmes principalement. En outre ils méfient quelquefois de Fe£ pice auccqucs leur farine,non puiucrifée, maisainfi qu’ils l’ont cueillie, Ils font encore farine de poiffon fort fechc, tresbonne DE IA PRANCE ANTArCTI QV E. nç tresbonne à manger auecie ne fçay quelle mixtion qu’ils Forintù fçauet faire. le ne veux icy oublier vne manière de choux reffemblans prefque ccs herbes larges fus les riuleresmue New- Ion appelle Nénuphar,auec vue a utre efpece d’herbe por e f tant fu ci II es telles que noz ronces, 8c croiflent tout de la ^' ce de forte de greffes ronfes piquantes. Relie à parler dvn ar- bre,qu’ils nomment en leur langue Pmç-dfiu.C &arbre £«»- porte (on fruit gros comnie vne grotte pomme,rond à la n ¥ JU > fcmblance dvn elleufdcquel tantfen faut qu’il foitbon à brCt manger, que plus tofl ell dangereux comme venin. Ce fruit porte dedans fïx noix de la forte de noz amandes, mais vn peu plus larges & plus platesren chacune defouel les y âvn noyau, lequclf corne ils afferment) eft merueil- leufement propre pour guérir playes : aufsi en vfent les Sauuages,quand ils ont elle bleflèz en guerre de coups de flefehesjou autrement l’en ay apporte quelque quantité à mon retour par deçà, que i ay departy à mes amis. La maniéré d’en vfer cft telle. Ils tirent certaine Jiuile tou¬ te roulfe de ce noyau apres eflre pilé, qu’ils appliquent fus la partie offenfée. L’efcorcc de cefl arbre a vne odeur fort dirage, le fueillage toufiours verd, efpés comme vn tcllon, & fait co m m c fu ei lies de po u rpié. Ln ccft arbre O; frequente ordinairement vn oyféau grand comme vn ^ vne c ’ piuerd, ayant vne longue bupe fus la telle,taune co m me fin or, laqueuë noire, & le refie de fcn plumage iaune 8c 'T iaI ÿ , ■ » i i «, • i ^ C?* &${}£i noigauecqucs petites ondes de diueries couleurs, rouge a l’entour des loués, entre le bec 6: Iesïeux comme efear- latte: 8c frequente cefl arbre,corne auons dit, pour man¬ ger, &fe nourrir de quelques vers qui font dans le bois. Et ciI fi h u pe f o rt 15 gu c, cô me pouucz voi r p a r i a !' g 11 re. F * * * îij '■il’le. F V LES SINGVIÀIITE2 T'iuerfi- tcdspal * mes. Ccrabu tut. îry. Au luipins Limant plufieurs efpeccs d arbres Scarbrif féaux,ie diray feulement,pour abréger, qu’il fetrouuel; cinq oufix fortes de palmes portans fruits, non commi ceux de J Egypte,qui portent dattes,car ceux cy n’en por tent milles, ains bien autres fruits, lesvns gros comirn citeufs, les autres moindres. Entre [©(quelles palmes cf celle qu ils appellent Gerabma-.v ne autre /ry,qui porte vi autre huit différent. Il y en à vne qui porte (on fruit toui rond,gros comme vn petit pruneau, eftant mefmedela co u leur quand il eft meur,lequel parauanta gouft de ver- Jus venant de la vigne. ] I porte noyau tout blanc, gros comme ce uy d vne noifette > ducjLieI lesSauua^s man- gent, Or voila de noftre Amérique, ce qu’auons voulu t DE IA FRANCE ANTARCTIQVE. nff réduire allez (b mm aire ment, apres auoir obfèrué les cho les les plus fingulieres cju’auons côgneuës par delà, dont nous pourrons quelquefois eferireplus amplement, en- fêmbfe deplufieursarbres, arbriflèaux, herbes, & autres fimples 5 auec leurs proprietez félonl’experiencedes gens du pais,que nous auons lailfé à dire pour euiter prolixité. Et pour le furplus au5s délibéré en pafTant eferire vn mot de JaterreduBrefil. Comme U terre de CA nitrique fut decouucrtcAS" le bois du ‘Brcfd trouué 7 auecplufieurs autres ar¬ bres non vetizjtilleurs qu’en et pais, 5i>* CHAI R nous tenons pour certain, que Ame- ricVefpuce clt le premier qui à decou- ^ uert ce grand pais de terre côtinente cn- f tre deux mers, nô toutefois tout le pais, mais la meilleure partie. Depuis les Por- T(nr d(t tugais, par plufieurs foi s, non contens de Ercfl de certain pais, fe font efforcez toufiours de dccouurir pais, comme félon qu'ils trouuoyent la comoditc; ce fi à foauoir quel- l' iir l £s que choie fingulicre,& queîesgens du paisleur failoient recueil. Vidtans doneques ainfi le pais,& cerchans côme* les Troyens, au territoire Carthaginois, veirent diuerfes façons de plumages,dont fe faifoit trafique, fpccialcmét de rouges : fè voulurent foudainement informer, & fça- uoir le moyen de faire ceftc teinture.Et leurmonllrcrcnt Orafw les gens du pais l’arbre de BredJ. Ceff: arbre, nomme en leur langue, Oraboutan , eft tresbeau à voir, l’efcorcepar F iiij J Eau. T)Amx- V n ‘ Voyage rf.'f Leudt d'Qncfî- crite Gt- piraine d'tAle- xadre le Grand. LES SINGVtARITEZ dehors cfl toute grife, le bois rouge par dedans, &c prin¬ cipalement le cueur, lequel eil plus excellent, aufsifen chargent ils le plus. Dont ces Portugais,des lors en ap¬ portèrent grande quantité: Ce que Ion continué encores maintenant: & depuis que nous en auons eu congnoif lancefen fait grand trafique. Vray eft que les Portugais n’endurent ayfcmcnt que les François nauigent par delà, ains en plufieurs lieuxtraftiquét en ces païs:pource qu’ils l'eftiment,&fattribuent îa propriété des chofes, comme premiers poilelîeurs ,confideré qu’ils en ont fait la dé¬ couverte,qui eft chofe véritable. Retournons à noftre Brefil : Cell arbre porte Cueilles femblables à celles du bouïs,ainfi petites, mais épefTes & frequentes. Il ne rend nulle gomme,comme quelques autres, aufsine porte au cun fruit. Il a elle autrefois en meilleure efti me,qu’il neft à prelèntjlpecialement au païs de Leuantdon eftimoitau commencement que ce bois eftoit celuy que la Royne de Saba porta à Salomon, que nomme l’hiftoirc au pre¬ mier Iiurc des Roys, dit Dalmagin. Aufsi ce grand Capi¬ taine Oneficritc au voyage qu’il fit en fille Taprobane, h tuée en l’océan Indique au Leuant, apporta grade quan tité de ce bois, & autres chofes fort exquifes: ce que prifà tort Alexâdrefon maiftre.De noftre brefil,celuy qui eft du cofte delà riuiere de lanaïre,Morpion, Sc cap de Frie eil meilleur que 1 autre du collé des Canibales,& toute la cofte de Marignan. Quand les Chrefliens, foyenc Fran¬ çois ou EfpagnoIs,vont par ddà pour changer du Brefil, les S au u âges du pais le couppent & depeccnt cuxmef- mes, & aucunefois le portent de trois ou quatre lieues, iufques auxnauires: ie vous lailfe à penferà quelle peine, &ce T i 4 Bois tan¬ ne. Bois de Couleur depour- pre. Bat Aille en bols de pourpre. Bois blanc. Zi,io. ch. 19 . Betuli. V nier Ci¬ te de ter re. LB S SINGVtARITEZ 5c ce pour appétit de gaigner quelque pauure accouflre- ment de mefehantedoublure,ou quelquecbemifè. Il fe trouue dauantage en ce pais vu autre bois iaune, duquel ils font aucuns leurs cfpées: pareillement vn bois de cou¬ leur de pourpre, duquel à mon jugement Ion ppurroit faire de tresbel ouurase. le double fort fi ce fl point ce- O . _ 1 ]Ljy duquel parle Plutarque,diiant que Caius Marins Ru- tiltus, premier Dictateur de l’ordre populaire, entre les Romains, feit tirer en bois de pourpre vne bataille, dont les perfonnages n’eftoyént plus grands que trois doigts: Se auoit elle apporte ce bois de la haute Afrique,tant ont elle les Romains curieux des chofcs rares & fmgulieres. Dauantage Ce trouuent autres arbres, dcfquels le bois eft blanc comme fin papier, & fort tendre: pour ce les San- uages n en tiennent conte. Il ne m’a efté pofsible d’en fea uoir autrement la propriété: (mon qu’il me vint en mé¬ moire d’vn bois blanc,duquel parlePlinc,lequel il nom¬ me Betula,blanc £c tendre,duquel efloient faites les ver¬ ges, que Ion portoit deuant les Magillrats de Rome, Et tout ainîi qu’il le trouue diuerfité d’arbres 6c fruits diffe¬ rents de forme, couleurs, 6c autres proprietez, aufsi fe trouue diucrfité de terre, l'vne plus grai fe, l’autre moins, aufsi de terre forte, dont ils font vafes à leur vfàge, com¬ me nous ferions par deçà,pour manger Ôcboitfe. Or voi¬ la de noflre Amérique, non pas tant que i’en puis auoir veu, mais ce que m’a fetnble plus digne d’eftre mis par efeript, pour fatisfaire nu bon vouloir d’vn chacun hon- nefle Lecteur,! il luy plaiffc prendre la patience de lire, corne i’ay de le luy réduire par eferit,apres tous lestra- uaux5cdangers,dei 1 difficile^:lointain voyage, le maf feure DE IA FRANCE ANTAE CTIQVI, feure que plufieurs trouuerôtce mien difcours trop bricf, les autres parauanture trop long : parquoy ie cetchc mé¬ diocrité,pour fatisfairc à vn chacun. Denofire departement delà France Antarctique , ou Amérique. chap. <5o. R auonsnous cy defïus recueilli & par¬ le amplement de ces nations,defquelles J es m eu rs & particularités, n’ont elle par sf les Hiftoriographes anciens deferitesou c e 1 e brées, pour n’en auoireu I a côgn oif- fance. Apres doncauoir fèiourné quel¬ que elpace de temps en ce pais, autant que la chofc,pour lors Je requeroit,& qu’il eftoit neceiïaire pour le conten¬ tement de fefprit, tant du lieu, que des chofcs y conte¬ nues: il ne futqueriion quederegarder l’opportunité, &: Retour moyen de noftre retour, puis qu autrement n’auions de- liberé y faire plus longue demeure. Donques fou b s la de conduite de mon rieur de Bois-le conte,Capitaine des na ru J^' uiresdu Roy,en la France Antarctique, homme magna- nime,& autant bien appris au fait de la marine,outre plu rieurs autres vertus, comme fi toute fa vie en anoit fait exercice. Primes donc noftre chemin tout au contraire deceluy par lequel citions venus, à caufe des vents qui font propres pour le retour: Ôc ne faut aucunement dou¬ ter, que le retour ne fbit plus long que l’allée de plus de quatre ou cinq cens lieues, Ô: plus difficile. Ainri le der¬ nier iour de i an tuera quatre heures du matin, embar¬ quer aucocciix quiramenoyent les natures par deçà,feh LES S I NGVLARI TE Z mes voile, faillans de cefte riuicrc de Ianaïre,en la gran¬ de mer fus l’autre çofte,tirant vers le PonentJaÜTée à dex- tre la co lie d’Ethiopie, laquelle nous au ions tenue en al¬ lant . Auquel départ nous fut le vent allez propice, mais de petite durée: car incontinent fe vint enfler comme fu¬ rieux, & nous douer droit au nez IeNort& Nortoüeft, lequel auecques la mer allez in confiante & mal aiTeurée en ces endroits,qui nous deftournadenoflre droite rou¬ te, nous icttant nuis çàjpuis là en diu cries parsitant que fl- nablement auecques toute difficulté le dccouurit le cap de frie, ou allions defeendu &c pris terre a noftre venue: Et de rechef arreftames l’elpacc de huit iours, iufques au neuriémc,que le Su commença à nous donner a pouppe, & nous côduit bien nouante lieues en plaine mer, lail (ans le pais d’aual,&i coffoyant de loin'Mahouac,pour les dan gers .Car les Portugais tiennent ce quartier la, & les Sau¬ nages,qui tous deux nous (ont ennemis, corne fay mon- ltré quelque part: ou depuis deux ans ença ont trouué mi ne d’or 5c d’argent, qui leur a elfe caille de baftir en ceff endroit, 6c y mettre îicges nouueaux pour habiter. Or Cdp de cheminans touliours lur ceffe mer à grade difficulté, iuf- s.^îugu ques à la hauteur du cap de Saint Àuguftin, pour lequel * 1 doubler & afronter demeurâmes flottans ça 6c làl’elpace de deux moys ou enuiron,tantil cil grand,& Ce iettant a- uantdans la mer. Et ne fenfaut cmerueiller, carie Içay quelques vas debone mémoire, qui y ont demouré trois ou quatre mois : 5c 11 le vent ne nous euft fàuorife, nous eftions en danger d’arrefter dauantage, encorequ’il ne - f u fl aduenu autre inconuenient. Ce cap tient de loErueur deiogi huit lieues ou enuir5,di liant de ! a riuicrc dont nous citios tme- CÜj TiCCOU- uevte de DE IA IRAN' CE ANTARCTÏ QV 1 '. 11 p trois cens deux lieues. Il entre en mer neuf ou dix lieues du moins : & pourceeft autant redouté desnauigans fur celle colle, comme celuy de Bonne efperancé fur la co- C f dc lie d’Ethiopie,qu’ils ont pour ce nommé Lion de la mer Bom ^ comme i ay délia dit : ou oien autat comme cëluy qui efl Pour . en la mer Æ gée en Achai'e(que Ion appelle auiourd’huy (jtwy no - la Moree)nom me cap de Saint An ge,tequ cl cil aufsi rrd- mc Um dangereux. Et à ce cap ainfî elle nômé par ceux qui nre- cie 1a miere ment I ont decouuergque Ion tient auoir elle Pin- fon Eipagnohaufsi cil il ainfî marqué en noz chartes t na- Jnlz rines. Ce Pinfon auec vn lien fils ont merueilJeufement d decouuertdcpaïs incongneuz, Ôc non au pavanant de- H1lx couuers. Or l’an mil cinq cens vn,Emanuël Roy de Por¬ tugal enuoya auec trois grands vaifTcaux en la baffe Ame ^ r iite rique pour reccrcher le dcftroitde Furnc & Dariéne,a fin pJrUc.t de pouuoir palier plus aifémentaux Moluques,j(ans aller p‘tamc au détroit de Magellan :& nauigeans de ce cofté, feirent dccouuertc de ce beau promontoirc.ou ayans mis piéen terre 3 uouuerentlelieu fî beau Saempcré, combien qu’il ne fait qu’à trois cens quarante degrez de longitude, mi¬ nute o.éc huytde latitude,minute o. qu’ils fy arreflerent: ou depuis font allez autres Portugais auec nôbre de vaif féaux &c de gens. Et par fuccefsion de temps, apres auoir pratiqué les Saunages d u pais,feirent vn fort nommé Ca- CjJUI- ilelmarin: S: encore depuis vn autre allez près de là,nom m - mn - me F e nia m b o u, t r ait i q u an s là les vus auccqucs I es autres. Jxnuvn '' Les Portugais le charger de cotton,peaux de fiuuagines, efpiceries, &c entre autres choies, de unionniers, que les Saunages ont pris en guerre fus leurs ennemis,îefquels ils mènent en Portugal pour vendre.. * m * n l (f LES S INGVLAR I TE Z Des Canibales , Je la terre ferme , que des ijles i & d’vn arbre nommé Acaiou. c h a r. 61. Vi E grand promontoire ainfi double & a- fronté,combien que difficilement^] uel- que vent qui fe prefentafl,il falloit tenter la fortune,& nuancer chemin autant nue pofsible eftoit,fans félon gner beaucoup de terre ferme, principalement coltoyâs jfie de s. aflez près d c l’ifl e S aint Pau I, & autres p etites no habité es, i\ml. prochaines de terre ferme, ou (ont les Canibales, lequel pais diuife les pais du Roy d’Efpagned auec ceux de Por¬ tugal,comme nous diros autre part. Puis que nous fouî¬ mes venuzi ces Canibales, nous en dirons vn petit mot. lüiédct ce P CL, P^ e depuis le cap de Saint Au gu fin, & au delà iu fq ues près de Marignan, cfl le plus cruel & inhumain, qu’en partie quelconque de l’Amérique. Ceffe canaille mange ordinairement ch air humaine, comme nous fe¬ rions du mouton, & y prennent encore plus grand plai- in. Et vousafïeurez qu’il eft malaifc de leur oifer vn hom me d’entre les mains quand ils le tiennent, pour l’appétit qu’ils ont de le manger comme lions rauiflans.ïl nyà be- fic auxdeferts d’Afrique, ou de l’Arabie tant cruelle, qui appete fi ardemment lefàng humain, que ce peuplefàu- uage plus que brutal. Au (si n’y à nation qui fe puillc aco- fler d’eux,fbyent Chrefticnsou autres. Et fi vous voulez tiaftiquci fvcntLci en leur pais, vous ne ferez reccu aucu¬ nement fans bailler oRages,tant ifs (e défient,euxmcfîncs plus dignes defquels lonfè doibue mefier. Voila pour- quoy Caniùa les. t 9 du p.tis de3 ( \tni DE IA FRANCE À N T A R C T I QV T . ) iQ quoy les Efpagnols quelquefois, & Portugais leur ont ioué quelques brauades; en me moire clequoy quand ils les peuuentattamdre,Dieufçait corne ils les traiter, cariIs dilhct duec eu x. Il y adoncinimytié & guerre perpétuel- inimitié le entre eux,&le font quelquefois bien b.attuz,tellement g'tnde qu’il y eft demeuré des Chreftiens au pofsiblc. Ces Cam- mm la baies portent pierres auxleures,vendes &: blanchesxom- ^ î i L « . ’ i t n 5 vnolsety me les autres Saunages, mais plus longues lans compa- c.mIa- raifon, de forte quelles defoendent iufques à la poitrine, les. Le païs au fur plus eft trop meilleur qu’il n’appartict à tel- t'milùc le canaille:car il porte fruits en abondance, herbes, & ra¬ cines cordiales,auec grande quantité d’arbres qu’ils nom C l*jJ s ment Lfo«d«/,po rtans fruits gros comme le poin, en for • me d’vn œuf a oye. Aucuns en font certain bruuage,coni bien que le fruit de foy neft bon à manger, retirant au go lift dvne corme demy meure. Au bout de ce fruit vict vne efpece de noix grofle corne vn marrô,en forme dVu rognon de lieure. Qu.it au noyau qui cft dcdas,il cfttrei- bon à manger jpourueu qu’il ait pafTé Icgerement parle feu. L’efoorcc eft toute pleine d’huile,fort ai pre au gouft, dequoy les Saunages pourroient faire quantité plus gran de que nous ne huions de noz noix par deçà. La fuciîle de ceft arbre eft fèmblableà celle d’vn poirier, vn peu plus pointuc, & rou geatre par Ic bout. Au relie ccft ar¬ bre a fcfoorce vn peu rougeâtre, âffez amerc : S: les Sau¬ nages du païs ne fe fèrucnt aucunement de ce bois,à cau- fe qu’iî eft vn peu mollet. Aux i lies des Canibales, dans Jefquelles l’en trouuc grande abondance, fè leruent du bois pour faire brufter, à caufe qu’ils hen ontgueres d a ti¬ tre, & du gaiat.Voila que fay voulu dire denoftre Acdiou , G mj i LES S I N G V L A R I T E 2 DE LA FRANCE ANTARCTlQVi:. m aucc le pourtrait qui vous cil cy dpuant reprelente. I l Ce trou ue u d au ti es arbres ayans Je fruit dangereux à man- gci.cntieîclquelseffc viinonimé Hiiouiuty, Au furpiuscc pais eftfort montucur, auecques bonnes mines d’or. Il y a vnehaute 6e riche môtagne, ou ces Saunages pren¬ nent ces pieries veides, IcfcjiiclIes ils portent aux lcurcs. î ourcen cltpasim.loisible cju il ne fy trouuaft cmerau- desj6c auties nclicl es, hccilc canaille tant obflméc ier- m et toit que Ion y allai! îeurcmcnt. Il fy trouucfcrn ala- blemcnt maibre blanc 6c noir, iafpe, 6c porphire. Ht en tout cc pais depuis qu’on a pafïele cap de Saint Auguftin, iniques âla riuierede Marignan,tiennent vnemcfmefa- çon de viure que les autres du cap de Fric. ( .clic incline riuiere lepare la terre d u Peru d auec les Cambalcs,& a de bouche quinze lieues ou enuiron,auec aucunes ides peu¬ plées,6c riches en or : car les Saunages ont appris que que moyen dele fondre, 6c en faire anneaux larges comme boucles, &: petis croillans qu’ils pendent aux deux collez dt s narines,6c a leurs îouësxe ; j u ils portent par gentilclîc 6c magnificence. Les Efpagnols difentquela grand ri- uicre qui vient du Peru,nommée Aurelane, ôcceflecy fafîemblent. il y a fur celle riuiere vnc autre ifle, qu’ils nomment de la Trinité, diftante dix devrez dclalnmc __J T _ . _ ■ ** T » ^ t D > tÂihrts fflorrije- rcs * Uiiûu* # Ucty, JRichejp du pais des Çani bdles. Rttikrt de Mari «nan Jê' pare le Peru f i.t ueclesCd nibales. ayant de longueur enuirontréte lieues,6c huit de largeur: laquelle ell des plus riches quifè trouue point en quel¬ que lieu que ce (oit, pource quelle porte toute lotte de ni étaux. Mais pource que les Efpagnols y defeendans plu heurs lois pour la vouloir mettre en leur obéi fiance, ont ma! traité les gens du pais,en ont e/lé rudemét repoufïcz, 6c fàccagcz la meilleure paru Celle iflc produift abôdan- H nejkuue du Peru. Ifle delà 1 * J* 1 rtnite fort ri¬ che. Êfptce Ædrbrc fèmblit- blek "V» pdlmicr. LES S ING VLARI TE Z ce dVn certain fruit, dont l’arbre rcllcmblc fort à vn pal¬ mier, duquel ils font du bru uage. D auatage fe tiouue la encens fort bon, bois de gaiac, qui cft: auiourd’hüy tant célébré: pareillement en plufieurs autres ifles prochaines de la terre ferme, il fe trouue entre le Pcru Se les Caniba- Ies, dont eft queftïon, plufieurs ifles appelles Canibales, afTez prochaines de la terre de !Zamana,dont la principa¬ le cft diftante de fifle Efpagnole enuiron tréte Iieiiés.Tou tes lciquclics ifles font foubs 1 obéi (lance d vn Roy,qu ils appellent Cdjïi^uc , dclquels il cft fort bien obéi. La plus grande à de longueur ioixante lieues, & de lai gcur qua- rantehuir,rude & montueufe, comparable prefqueà i’if- le dcCorfc: en laquelle fe tient leur Roy couftumicre- ment. Les Saunages de ceftc ifle font ennemis mortels des Efpagnols, maïs de telle façon qu ils n y peu lient au¬ cunement trafliquer . Autsieft ce peuple epouucntable a voir,arrogant Se courageux, fort fubieta commettre lar- recin. Il y a plufieurs arbres de Gaiac, 5c vne autre efpece d arbre portant fruit de la groffeur d’vn efteuf,bcau a Voir ,toutesfois vénéneux : parquoy trempent leurs flé¬ chés dont ils fe veulent aider contre leurs ennefnis,au ius de ccft arbre. Il y en a vn autre, duquel la liqueur qui en fort, l’arbre eflant feariflé, eft venin, comme reagal par de ça, La racine toutesfois eft bône a manger, aufsi en font ils farine, dont ils fe nourriflent, comme en l’Amérique, combien que l’arbre loir difterent détrône, branches, Se fueillagc. La raifon pourquoy mefme plante porte ali¬ ment Se venin, ie la laide à contempler aux philofophes. Leur maniéré de guerroyer eft comme des Amériques, & autres Canibales,dont nous auos parlé,hors-mis qu’ils vient DE LA FRANCE ANTARCTIQUE, 122 vfentde fond es, faites de peaux de belles,ou de pelure de bois: à quoy font tant expers,que ie ne puis eftimer les Ba leatesinuéteurs delà fonde,felon Vegece,auoir elle plus excelle ns fundib ulateurs. Ve la rimere des Amazones, autrement dite Aure- lane,par laquelle on peut nauiger aux pais des Amazones& en la France Antarclique. c h a p, 62 , ■q Endantque nous auos la plu me en main JÈJ pour eferire des places decouuertes, 6c )Æk habitées, par delà noflre Equinoétïal, entre Midy 6c Ponent, pourOluftrer les ff lJ c v&ÿS/ choies, 6c en donner plus euidentc con- ÿbfsiF '“'A. g no i^ ncej îemc luis auilé de réduire par eferit vn voyage, autant lointain que difficile, hazar- deufement entrepris,par quelques Espagnols, tant par eau que par terre,iuiques aux terres de la mer Pacifique, Merpa- autrement appelée Magcllanique, ou iont lesifles des a J u J‘ ie I l [ O i ■ * - Jidd* Moluques,&; autres. Et pour mieux entendre ce propos, „ il faut noter, que le Prince d Et pagne tient foubs Ion o- * _ beïflance grande eflcndue de païs, en ces Indes occiden¬ tales, tant en illes que terre ferme, au Peru, & à T Améri¬ que, que par lîiccctsion de temps il à pacifie, de manière qu’auioiird’huyql en reçoit grand émolument 6c profit. Or entre les autres, vn Capitaine Elpagnol, ellant pour fon prince au Peru, délibéra vn iour de decouurir, tant s,t,i par eau que par terre, iulques à la riuicrc de 1 ’late(laqucl- w( C le elf diftante du Cap fainft Auguflin fept cens 1 ieuès,de- pi Âtc H ij Afil- SttitatiQ F * a ri- utere de *■ ïi LES SINGVLAR1TE2 là ài ligne, & dudit Cap iufques aux iflcsdu Pcru,enui- ion trois cens lieues)' quelque difficulté qu’il y cuffpour la longueur du chemin,& montagnes inaccelsibles, que pour la fulpicion des gens,& belles fàuuagcsrelperant fexecution de h haute entreprife,outre lesadmirables ri- cheffes, acquérir vn loz immortel, ôdaiHer perpétuelle loire de loy à la pofleritc. Ayant donques drefle,& mis 1 tout en bon ordre,& fuMànt équipage, ainfi que la choie 1 e meritoit, c’ell à fçauoir de quelque marchandi- le,pour entraffiquant par les chemins recouuirerviures, & autres munitions :au relie accompagné de cinquante Elpagnols, quelque nobre d’Elclaues, pour le feruice la¬ bo rieux,& quelques autres in hilaires, qui auoiét elle faits Chrclliens, pour la conduite 8c interprétation des lan¬ gues. Il fut queflion de l’embarquer auec quelques peti- ^^7 ■ tcs Carauelles, fur la riuicre d’Aurelane, Iaq ücÎIg ie puis rMcgra. a Æcurer la plus longue 8c la plus large, qui foit en tout le deur % monde. Sa largeur cil de cinquante neuf lieues, & là Uriakrc longueur de plus de mille. Plulîeurs la nomment mer drétive- douce, laquelle procédé du collé des hautes montagnes de Moullubamba, auecques la riuicre de Marignan, nc- antmoins leur embouchement 8c entrée, (ont di flan tes de cent quatre lieues Pvne de l'autre, & enuiron fix cens lieu es, dans plain pais falïocient, la Marée entrât dedans, bien quarante lieues.Celle riuicre croill en certain temps de l’année,comme fait aufsi le Nil,qui pâlie par l’Egypte, procédant des montagnes de la Lune, félon l'opinion d'au eu ns, ce que fefti m e dire vraylem bl ab ! c. Elle fut nommée Aurclanc, du nom deceluy qui premièrement 1 il ^ I 1 'it .cielJus celte longue nauigation, neantmoins que par- auant Orijrine du A/7/. DE IA FRANCE ANTARCTIQVE. Hj auam auoit cité decouuefte paraucuns, qui l’ont appel- icc par leurs cartes riuiere des Amazones: elle cil mer- ^ urc ‘ i - ucillcufemcnt facheufeànauiger,à caufedes courantes, ”• ° w T qui ion t en toutes fufons de 1 année: &qu c pluséftjem- ZlZ bouchement difficile, pour quelques gros rochers, que bw. Ion ne peut euiter, qu’auec toute difficulté. Quand Ion c(l entré allez auât, Ion trou ue quelques belles ilïcs, dont ics vues font peuplées,les autres non. Au furplus celle ri- uiere cil dangereufe tout du long, pour eitre peuplée, tant en pleine eau, que fus k riue de plufîeurs peuples, fort inhumains, & barbares, & qui de long temps tien¬ nent inimitié aux cftragcrs, craignans qu’ils abordent en leur païs,& les pillent. Aufsi quand d e fortune ils en ren¬ contrent quelques vns, ils les tuent, fins rcmilsion, & les mangent rotizôe boulIuz,commcautre chair. Donques embarquez en l’vne de ces Mes du Peru, nômée S. Croix, p dc St en la grand mer, pour gaigner le détroit de ce fleuue : le- c quel apres auoirpalfc auecvnvct meru cilleu lèmét pro¬ pre, {'acheminer,coiloyans la terre dallezprès,pour touf iours rccongnoiftrc lepai'Sjle peuple,& la façon de faire, 5c pour pluüeurs autres commoditez. Coiloyans donc en leur nauigation noz viateurs,maintenant deçà, main- tcnantdclà, félon que Iacômoditc le permetoit, les Sau¬ nages du pais fc monftroiest en grand nombre fur la ri- ue,auecquelques lignes d’admiration,voyâs cefte cflran gc nauigation,l’equipâge des perfonnes, vaifléaux,& mu nitions,propres a guerre ficànauigation. Ce pendant les nauigans nettoient moins clfonncz de leur part,pour la multitude de ce peuple inciuil, &totalemét bruta ,mon¬ trant quelque femblat de les vouloir ficcngcr, pour d ire H iij, Vüi.v, I I.ES S INGVLÂR I TE 2 en peu de parolles. Qui leur donna occafîon denauiger longue efpace de temps fans ancrer,ni defcendre.Neant- moins la famine &c autres necefsitëz, les contraignit fina- blement de plier voiles,ôc planter ancres. Ce quayans fait enuiron la portée d’vne arquebuze loin dctcrre,iedema- de 1 il leur reftoit autre choie, linon par beaux lignes de flatterie,Se autres petis moyens,car efler mefsieurs les Squ nages, pourimpetrer quelques viures, Sc permifsion de fe rcpolèr. Donc quelque nombre de ces Saunages aile- chezainfide loingauec leurs petites barquettes d'clcor- cc d arbres, defquelles ils vient ordinairemét fur les riuie- res,fe bazardèrent d approcher,non fins aucune doubte, n’ayans iamais veu les Chrefliens afronter de h près leurs limites.Toutesfois pour la crainte qu’ils moiiflroicntde plus enplus, les Efpagnols de rechef, leurs faifàns mon¬ tre de quelques couteaux, & autres petis ferremens relui fansies attirèrent. Et apres leur auoir fait quelques petis pre£èns,ce peuple fuuiage d toute diligéce leur va pour- chafler des viures : & de fait apportèrent quantité de bon poiflon,fruits de merueilleulè excellence, félon la portée du pais. Entre autres l’vn de ces Sauuagcs, ayant ma fia¬ cre le iour precedent quatre de les ennemis Canibaliens, leur en prclènta deux membres cuits, ce que les autres re- stature fulcrent. Ces Sauuagcs ( comme ilsdifent) eftoientde de ces haute ftature, beau corps, tous nuds, ainfi que les autres s**"*’ Sauuages,portans fur leftomac larges croiflans de fin or: * U ' lys autres grandes pièces luifmtes de fin or bien poly, en forme de mirois ronds. Il ne fe faut enquérir fi les Efpa¬ gnols changèrent de leurs marchâdifès au de telles richcf- ics : ie croy fermement quelles ne leur échappèrent pas ainfi, 1 ' T3«: • \ _ DE LA FRANCE A N T AU CT I CVV F . 124 ainfî, pour Je moins en firent ils leur deuoir. Or noz pè¬ lerins ainfî refrefehis, &: enuitailjez pour le prefènt, auec Jareferue pour l’aclucnir,auant que prendre contré fei- rent cncores quelques prefens^commc parauant: & puis pour la continuation du voyage, fut queftion de faire voile ,&c abréger chcmin.De ce pas nauigerent plus de céc lieu es fins prendre terre,obfèruans tous lus les riues diuer fîté de peuples iàuuages ainfî comme les autres, defquels ienem’arrefteray aeferire pour euiterprolixité:mais fùfi- fira entendre le lieu ou pour la fccodc fois font abordez. A Abordément de quelques Ejjutgnols en y ne contrée ou ils trornerent des Amazones. c H A p. é’s. . Kî fi Efdits Efpagnols feirent tant par leurs tournées, qu’ils arriuerent en vne côtrée, ou fc trouua des Amazones : ce que Ion neuftiam aise Rimé, pource que les Hi- ftoriographes n’en ont fait aucune men- c< tion, pour n’auoir eu la congnoiflancc de ces païs n’agueres trou liez. Quelques vns pourroient dire que ce ne font Amazones, mais quant à moy ic les eftime telles, attendu quelles viu ent tout ainfi que nous trouuonsauoir vefeu les Amazones de l’Alie. Lt auant que pafler outre, vous noterez que ces Amazones, dont nous parlons,fè font retirées, O 4 de la rimere de Plate. c h a p. 64 . Cotimtd- tion du "I GTilpC (h’îEfps.- P twli eu N l.t terre de Mor¬ pion. E li continu ans leur chemin bien enub L'on fix vingts lieues , congneurent par leur Aftrolàbe , félon la hauteur du lieu ou ils eftoient , laquelle cft tant neceflai- re pour la bonne nauigation, que ceux qui nauiguent en lointains païs ne pour- royent auoir feurete de leur voyage,fi celle prattiqueleur deffailloit: parquoy ccfl art de la hauteur du Soleil, excé¬ dé toutes les autres reigles : & ceftc flibtikté: les Anciens l’ont grandement eftimée 6c pratiquée,mcfmemcntPto- loméc &c autres gratis autheurs. Donqucs ils quittet leurs Carauelles, les cnfbnfàns au fond de 1 eau, puis chacun fe charge du refie de leurs viures, munitions, & marchan- diles j les Efclaues principalement, qui efloyentlà pour cede fin. Ils cheminèrent par l’efpace de neuf iours, par montagnes, enrichies de toutes fortes d’arbres, herbes, fleurs,fruits & verdure,fiant que par leurs iournées abor¬ dèrent vn grand lleirue,prouenâtdcs hautes môtagnes, ou fè trouucrét certainsfauuages,entre lefquels de grand crainte les vus fuyoiét,les autres montoict es arbrcs:& ne demeura en leurs Iogcttes,que quelques vieillards, aux- qu Js^pai maniéré de cogratnlatioyfeirct prefens de quel¬ ques couteaux Se mirouërs : ce que leur fut trefagreable. Parquoy ces bons vieillards fc mettent en effort dappe- Ici Es auticsjeiu fiifans cntedL"c,quc ccs cîlrangersnou- ucllemcnt arriuez, efloient quelques grands Seigneurs, quicn rien ne les vouloient incommoder, ains leur faire p refens Tl 8 DK LA FRAKCE A N T A R C T I Q V E, prcfens de leurs richefles. Les Sauuages efroeuz de ccfte libéralité, le mettent en deuoir de leur amener viurcs,ca - me poiflbns, fàuuagines, & fruits félon le pais. Ce que voyans les Efpagnols le propoferent de palier là leur hy- uer,attendans autre temps, & ce pendant decouurirle pais, au (si fil fe trou u croit point quelque mine d’or, ou d’argent, ou autre choie, dont ils rem portaient quelque fruit. Par ainfi demeurèrent là fept moys cntiersdefqucls voyans les chofes ne fucccderà fouirait,reprennent che¬ min,& pafïent outre,ayans pris pour conduite huit de ces Sauuages, qui les meneretenuiro quatre vingts lieues,paf fans tou h ours par le milieu d'autres Sauuages, beaucoup plus rudeSjSc moins traitables, que les précédés: en quoy leur fut autant neceflaire que profitable la conduite. Fi- nablcmcnt congnoiflans véritablement, edre paruenus à la hauteur d’vn lieu nomme Morpion, lors habité de Portugais,les vns comme lafTez de fl long voyage,furent d auis de tirer vers ce lieu fus nommé : les autres au con¬ traire de perfèuerer iufques à la riuicre de Plate, disante encore enuiron trois cens lieues par terre. En quoy pour T'; ai fan refolution,félon l aduis duCapitaine en chef, vncpartie "f pourfuit la route vers Plate,& l’autre vers Morpion. Près lequel lieu noz pèlerins fpcculoycnt detouscodez,fil fé h / f r ]- u;e trouueroit occafion aucune de butin,iufques à tant qu’il redt rU fètrouua vue riuicrc, p a liant au pie d’vne montagne, en rc - laquelle beuuans,coniidcrcnt certaines pierres,reluyfàn- tes comme argent,dont ils en portèrent quelque quanti¬ té iufques à Morpion,diltant de là dixhuitlicuësdci quel- , r 1 / > y , o 1 n Mm les furent trouuecs a la prcuue,porter bonne ci naturelle mine d’argent. Et en à depuis le Roy de Portugal tiré t mltuc. Mina a>n' iT 4 a.ircKC. j-i l 1 i.i te jkuuc four- ijutiy tiin ji n$ms. Detroit ne Md- ÿclUrh Mer Vd a fi que. Jjhs dei Mollî¬ mes ha¬ bitées des Efp- mots. O LES SINGYtARlTEZ de l’argent infini,apres auoir fait fonder la mine, & ré¬ duit c en cffcncc. Apres que ces Hlpagnols furent repo- kz£< recréez dMorpion,auecles Portugais leurs voifins, Kit que fi ion de lui ure les autres, Se tourner chemin vers Plate, loing de Morpion deux cens cinquante lieues, par mer, Qc trois cens par terre : ou les Eipagnols onttrouué plu i jours mines d’or &c d’argent, & Font ninfi nommée Plate, qui lignifie en leur langue Argentine pour y habi¬ ter,ont bafii quelques tortcr elles. Depuis aucuns d’eux, ai iec quelques autres Eipagnols, nouuellemét venuz en ce lieu , no contens encore de leur fortune,leionthazar- dczde nauiguer, iniques au defiroitde Magellan,ainfi appelle, du nom de ccluy qui premiement le decouurir, qui confine l’Amérique, vers IcMidy ; 6c de là entrèrent en lamer Pacifique,de l’autre coftc de l'Amérique, ou ils ont trou né pluiieurs belles ifies : 6c finablcment paruc- nuz iniques aux Molluqucs, qu’ils tiennent 6c habitent encores auiourdhuy. Au moyen de quoy retourne vn grand tribut d’or & d’argent au prince cTEfpagne. Voi¬ la fommaircmcnt quant au voyage,duquel i’ay bien vou lu cicrirc en partant, ce que m’en a elle récité fus manaui- gation par quelcun qui le fç au oit, ainfi qu’il maflcura, pour auoir Elit le voyage. Ld fep.tr jî hm des terres dit 7(o y d’EjJhipnc & du ‘Roy de Portugal. chat . 65 . s- Roys d’Efpagne 6c Portugal apres auoir acijuis en communes forces pluiieurs viétoi res 6c hcurcufès conquefies,tant enLeuanc ^qu’en Poncnt,aux lieux de terre 6c de mémo au par- DE LA PKANCE ANTARCT I QV E. 11$ au parauant congneuz ne dccouuers, fe propolèréc pour vne aflcurâce plus grande de diuifer & limiter tout le pais qu’ils auoicntconquehé, pour aufsi obuieraux querelles qui en cufTent peu enfuyuir, comme ils eurent de la mi- Cdp à ne d’or du Cap à trois pointes,qui ch en la Guinée : com- tro * s î oin me aufsi des iiles du Cap verd, 8c plu heurs autres places. TiS * Aufsi vn chacun doit feauoir qu’vn Royaume ne veutia- mais fouffrir deux Roys,ne plus ne moins que le monde ne reçoit deux Soleils. Or eh il que depuis la riuicre de Terre* Marignan, entre l'Amérique 6c les ides des Antilles, qui di ï Aoy ioignent auPeru iniques à la Floride, presTcrre ncuuc, „, ' eh demeuré au prince d’Efpagne,lequel tient aufsi grand ^ f ais en l’Ameriqiie,tirant du Peru au Midy fus la coftc de Océan iufqucs àMarignan, comme a ci té dit. Au Roy pais duc de Portugal auint tout ce qui eh depuis la rncfïne riuie- nwx^m re de Marignan vers le Midy,iufqucs à la riuicre de Plate, Roy de qui eh trente fix degrez delà l’Equinoctiaî. Pt la premie- [ u * replace tirant au cohc de Magellan ch nomméeMor- * pion,la féconde Mahouhac, auquel lieu Te font trou nées plu heurs mines d’or & d argent. Tierccmct Porte f ïgo li¬ re près du cap de Saint Auguhin. Quartementla pointe de Croucitmourou, Chahcau marin, 8c Fcrnambou, qui font cofïns dcsCanibales de l’Amerique.De déclarer par¬ ticulièrement tous les lieux d vne riuicre à l’autre, corne Curtane, Cari b es, prochain de la riuicre douce, 8c de Real,cnJcmblcleurs imiations, 6c autres,ie m’en depor- teray pour le prefent. Orfçachcz feulement qu’en ces places defllis nommées les Portugais h font habituez, 6 c feaueut bien entretenir les Saunages du pais,de manié¬ ré qu’ils viuent là pairiblement, 6c traffiquet deplufieurs K U4 pais non encore decoti- tiers . LES S !NGVIARITE2 riches marchandifcs.Et là ontbafti maifons & forts pour faficurer contre leurs ennemis. Pour retourner au Prince d’Ef bagne,il n a pas moins fait cîe la part,que nous auons dit élire depuis Marignâ vers le Ponent, iniques aux Mo¬ lli ques, tant deçà que delà ,enlOcéanôcen la Pacifi que, les ifles dc ces deux mers, ÔC le Peru en terre ferme: tellement que le tout enfembleefld vne merueilleufe c- ftendue, fans le pais confia qui fc pourra découvrir aucc le temps,commeCartagere,Cate,Palmarie,Parife gi an- dc petite. Tous les deux, fpecialc ment Portugais, ont lemb ablcmcnt dccouuert pluficurs pais au Leuantpour traf iquer,dont ils ne iouyflent toutefois,ainh qu en plu- (leurs lielix de FAmérique & du Peru.Car pour regner en ce pais il faut prattiquer 1 anime des Saunages.autiemcnt ils le reuoltent,ô£ laccagenttous ceux qu ils peuucnt ti ou lier le dus fou tient.ht le iautaccomodci félon les ligues, querc lcSjamitie7,ou 1111 mitiez qui font en n c eux. ( 3 i ne faut peler telles dccouuertu res au ou cul faites fans glan¬ de e ludion de fan g humain, fpecialcmerit des panures Chreftiens, qui ont expofé leur vie, fins auoir egard a la cruauté & inhumanité de ces peuples, bref 11c difficulté quelconque. Nous voyons en noftrc Europe combien les Romains au commencement voulans amplifier leur Empire, voire d vn fi peu de terre, au regard de ce qui a efté fait depuis foixante ans cnça,ont efpandu de fang, tat d’eux que de leurs ennemis. Quelles furies, horribles difsipations de loix,difciplmes,& hônneftes façons de vi- ure ont régné parfvniuers,fins les guerres ciu il es de Syl- la Se Marins, Cinna,Se de Pompée, de Brutus, d Antoine, £ed’Augu(ie,plus dommageables que les autres? Au (si ° feu 4 4 « DE LA FRANC E ANTARCTIDE, IJC fcn efl cnfuyuic la ruine de l’Italie par les Gots, Huns, Yvandales,quimefmes ont enuahil'Alie,&dilsipél’Em¬ pire des Grecs. Auquel propos Guide fcmble auoirain- îi parlé, Or voyons nom toutes cbo/ès tourner , Et maintenant vnpeuple dominer , Qui ne flou mm®* celuy qui puijjance Auoit en toutjuy faire obéifjance. Conclulîon que toutes choies humaines font fubicctes a mutation, plus ou moins difficiles, Iclon quelles font plus grandes ou plus petites. Viuifion des Indes Occidentales ,ro trois parties . CHA p: 66. Vant que palier o utre à défaire ce pais,à bon d roitfcommei’eftimejauiourdliuy appelle France Antarctique,au parauant Amérique, pour les railons que nous a- uons dictes, pour ion amplitude en tou¬ te dimenflon, me luis aduilc (pour plus aifémet doner à entedre aux Lecteurs ) le diuiler en trois. Car depuis les terres recétcmet decouuertes, tout le pais de ÏAmcrique, Peru, la Floride, Canada, & autres lieux circouoilînsi aller iniques audeftroitdc Magellan,ont elle appeliez en comun,Indes Occidentales, ht ce pour¬ tant que le peuple tient prelque mefme maniéré de vi- ure, tout nud, barbare,& rude, comme celuy qui cil en- corcs aux Indes de Leuant. Lequel pais mérité véritable¬ ment ce nom du fleuue Indus, comme nous dilons en LES SINCTLARITEZ quelque lieu. Ce beau fleurie donc entrant en la mer de Leuat'appelléè Indique, par fept bouches(comme le Nil en la Méditerranée) prend fou origine <3 es montagnes Arbiciennes Beciennes. Àufti ie fleurie Ganges,entrât femblabîement en celle mer par cinq bouches, diuife l’Inde en deux,& fait la fèparation de l*vne à l’autre. Eltàt donc celle région fi loingtaine de l’Amérique, car l’vne cil en Orient!, l’autre coprend depuis le Midy iufques en Occidét,nous ne fcauriôs dire eftre autres,qui ay et impo- fc le nom à celle terre que ceux qui en ont fait la premiè¬ re dccouuertc, voyns la beftialitc & cruauté de ce peuple ainfi barbare,fins foy,ne fins Ioy,& nô moins lémblable a diuers peuples des Indes,de l’Afîc*& paisd’Ethiopieidef quels fait ample mention Pline en fonhilloire naturelle. Et voila côme ce pais à pris le nô d’Inde a la fimilitude de ccluy qui eft en Afîe,pour eftre conformes les meurs,fe- rocité ôc barbarie (comme nagueres auos dit) de ces peu- Ics occidétaux,àaucus de Leuant. Doncques la première partie de celle terre, ainfi ample codent vers le Midy, de¬ puis le détroit de MagcIIa, qui eft cinquatedeux degrez, minutes trete delà la ligne equinocHale, i’entés de latitu¬ de auflrale, necôprenant au eu ne met l’autre terre, qui eft delà le détroit,laquelle n'à elle iamais habitée,ne côgnuë de nous,lino depuis ce détroit, venat à la riuicre de Plate. De la tirant vers le Ponétjoing entre ces deux mers,font coprinfés les prouinces dePatalie, Paranaguacu, Marga- geas,Patagones,ou région dcsGeans, Morpion, Tabaia- rcSjToupinambau, Amazones, le pais du Bref il, iufques au cap de ftiinct Auguftin, qui eft nuit degrez delà la li¬ gne,le pais des Caniba]es,Antropophages,lelquelle^ ré¬ gions * D E L  î R A K 7 C E ANTARCTI QV E * I j t gions font compiles en J’Am crique enujronnce de no¬ te mer Occanc,& de l’autre collé deuers le Su de la mer Pacifique, que nous dilbns autrement Magelbnique. Nous hnirôsdonc celle terre Indique à briuicrcdcsA- mazoncs;laquelle tout ainfï que Ganges fait bfèpara- tion dvne Inde à l’autre vers Leuant: aulsi ce fieuue no¬ table ( lequel a de largeur cinquante lieucsj pourra faire feparation de 1 Inde Am crique à celle d u Peru. La fécon¬ de partie cômencera depuis ladite riuicre, tirant & com- prenantplufieurs royaumes &prouinces tout lePeru, le deilroit de terre contenant Da rien, F urne, Popaian, An- zerma, Carapa, Quimbaya, Cali, Pâlie, Quito, Canares, C u zco,( ; h il e,Patalia,Pa rias, Terni fl itan, Me xi q u e, Catay, PanucOjIes Pigmées, iniques à la Floride, qui cil fituée vingteinq degrez de latitude deçà la ligne.Ie bille les ifies à part,fins les y comprendre, combien quelles ne font moins grandes que Sicile, Corlè,Cypre, ou Candie, ne moins à ellimer. Parquoy fera celle partie limitée vers Occident,à la Floride. Il ne relie plus, linon de défaire b troilîeme : laquelle commencera à bneutie Elpagne, côprenant toutes les prouincesde Anauac, Vcatan,Cul- hiiacan,Xalixe,ChaIco,Mixtecapan,Tezeuco, Guzanes, Apabchen,Xancho, Aute, & le royaume de Micuacan. De la Floride iniques à la terre des Baccales (qui cil vne grande région, foubs laquelle ellcomprife aulsi la terre de Canada, & la prouince de Chicora, qui ci c trentetrois degrez deçà la ligne ) la terre de Labrador, Terre neu- ue,qui cil enuirônée de la mer Glaciale,du collé duNort. Celle contrée des Indes occidentales, amfi lom maire- ment diuilée, fins ipecifier plufieurs choies d’vn bout à K iij LES S ÏNGVLARI TE Z Vautrée cft à fçauoir, du dellroit de Magellan, auquel a- uons commencé, iniques à la fin de la derniere terre ïn- diq ne, y â plus de quatre mille huit cens lieues de Ion- gueunôc par cela Ion peut confiderer la largeur, excepté ï e dellroit de Parias lusnommé.Pourquoy on les appelle communément auiourd’huy Indes maieures, tans com¬ parai fou plus grandes que celles de Leuant . Au reffceie fupplie le Lecteur prendre en gré celle petite diuifion,at¬ tendant le temps qu’il phufe à Dieu nous donner moyen d’en faire vneplus grande, enfcmblcde parler plus am¬ plement de tout ce pats : laquelle i’ay voulu mettre en ccll endroit, pour apporter quelque lumière au fùrplus de no lire dilcours. De lijledes T{àts. c h a p. 67. Vittans incontinent ces Canibales pour le peu de confolation que Ion en peut re- ceuoir aucc le vent de Su, vogames iuf- ques a vne tresbelle îile lointaine de la H 1 C? gne quatre degrez : &c non (ans grand dâgeron l’approche, car elle n’eft moins difficile a afronter que quelque grand promontoire,tant poutcc qu elle entre auant dedans la mer,que pour les ro¬ chers,qui font à I entour, & en front de riuage. Celle if!e a elle dccouuerte fortuitement,& au grand delauantage c ^ e ccux c l lîi premièrement la defcôuurirent. Quelque nau î rc Portugal .partant quelquefois fur celle colle iK/mgai P ar i m prudencé & faute de bon gouuernement,hurtant jî. * contre vn rocher près de celle J lie, fut biifée & toute fub- mçrgée DE LA FRANCE A N T A R C T I QV £. j'y mergéc en fond, hors-mis vingt & trois hommes qui fe ûuuerent en celle ifle. Auquel lieu ont dcmouré i’eipace de deux ans, les autres morts iniques à deux: qui ce pen- d an t n a u oien t vefeu que d e rats,oy fea u x 5c au très bel! es. Ft comme quelquefois pafïbitvnc nature de Norman¬ die retournant de l’Amérique,mirent 1 ’efquifpOLir le re- pofer en ceftc ille,ou trouuerent ces deux panures Portu¬ gais, rcfhns feulement de ce naufrage, qu’ils emmeherct auec eux. Et auoient ces Portugais nome 1 i lie des Rats, T n c dt * pour la multitude des rats de diuerte efpece,qui y font,en telle forte qu'ils diloient leurs compagnons cflre morts l /0kr ~ en partie, pour l’ennuy que leur fiifoit celle vermine, & l UÙ ? >WÎ font encorcs,quand Ion defeend Jà, Qu a grande diffîcul- >0 ’ té f’en peulc on défendre. Ces animaux viucnt d’œufs de tortues,quelles font au riuagcde la mer,6c d'œufs u’oyféaux, dont il y a grande abondance. Aufsi quand nous y allâmes pour chercher eau douce, dont nous a- uions telle necefsité,que quelques vus d’entre nous fu¬ rent contrains de boire leur vrine : ce qui dura l’efpace de trois mois, & la famine quatre, nous v vîmes tant doy- feaux, & ii priuez, qu’il nous elloitaifé d’en charger noz nauires. Toutefois il ne nous futpofsible.de rccouurer eau douce, ioint que n’entrames auant dans le pais. A u c owdi- lurplus elle cil tresbelle, enrichie de beaux arbres ver- te~ d; doyans la meilleure part de l’année, ne plus ne moins ‘N qu’va verd pré au mois de May, encore qu’elle foit près R ' itSt de la ligne à quatre degrez. Que ceftc iflc loit habita¬ ble n’eltim pofsib le, aufsi bien que pl ni leurs autres en la mcfmezonc: comme les iiles Saint Homer, fous l’equi- noctial 6c autres. Ht fi elle efloit habitée,ie puis véritable- Zhr,c en trelestro piqua b.t inubie . .A bvddn te de ntt s Sch'tdM, efpecc de rar. Hier ou ■ J OU , dit- tïccfpcçc de rut. Cerdra, efpecc de ferment, Tbeïrab, i E S SINGVLARITEZ ment affairer, qu’on en feroitvn des beaux lieux, quil ibit pofsiblc au monde,& riche à Pequipolent. On y fe- roit bien force bon lucre, cfpiceries, & autres ebofes de grand émolument. le fçav bien que pluIleurs Coimo- graphes ont eu celle opinion, que la Zone entre J es tro- niques eft oit in habitable, pour l’excefsiue ardeur du So¬ leil: toutefois rexperience mon lire le contraire,üns plus longue conrentiomtout ainfi que les Zones aux deux po les pour le froid. Hérodote & Solin afferment que les monts Hyperborees font habitables, &c pareillement le Canada, approchant fort du Septentrion, & autres pais encores plus près, cnuironla mer Glaciale, dont nous a- uons délia parle. Parquoy fans plus en difputer,retour- nous à noflre ifle des Rats. Ce lieu cil à bon droit ainfi nomme,pour l'abondance des Rats,qui viuent là, dont y à plufieurs efpeccs. Vue entre les au très,que mangent les Sauuagesdef Amérique, nommez en leur langue Sohia- tan: & ont la peau griiè, la chair bonne & délicate, com¬ me d'vn petit leuraut. Il en y à vne autre nommée ffte- roufiit , plus grands que les autres,mais non li bons à man¬ ger. Ils font de telle grandeur que ceux d’Egypte,que Ion appelle rats des Pharaon.Daurres grands comme foin es, que les Sauuagcs ne mâgent point, à caufe que quand ils font morts ils puent corne charogne, corne f ay veu. Il fe tronue là pareillemet variété de ferpens , nômez Gerar rf, lefquels ne font bons à manger: ouy bien ceux qu’ils no- ment Thür&b . Car de.ces terpens y en à plufieurs efpeces qui ne font en rie vénéneux, ne (emb labiés à ceux de no- lire Europerdc maniéré que leur morfüre ne fl mortelle, ne aucuncmet dangereufe. Il l’en trouue de rouges,ecaib D O J DE LA FRANCE ANTARCTIQV E. 13 ^ lez de diuerfes couleurs: pareillement en ay veu de verds autat ou plus que la vcidc fucille de laurier t|uc Ion pour- roit trouuer. Ils ne font fi gros de corps que les autres, neantmoins ils font fort longs. Pointât ne fèfault cfmer- iKillci fi les Saunages la entour mangent de ces rats Si ferpens fans danger: ne plus ne moins que les lefàrts,coin me cy datant nous auôs dit. Près ceftcille fe trouuc fem- Hou P e - blablement vne forte de poifTon, & fur toute la cofte de rùU ‘fi ç ~. l'Amerique,qui eftfort dangereux, aufsi craint & redou- te des Sauuages : pour ce qu’il cft rauifTant & dangereux, comme vn Lion ou vn loup affamé. Ce poifTon nom¬ mé Houpcrou en leur langue, mange l’autre poifTon en 1 eau,hors-rnis vn,qui ell grand comme vne petite carpe, qui le fuit toufiours, comme fil y auoit quelque fympa- thic Sc occultcamytié entre les deux: ou bien le fuit pour eftre garanti Si défendu contre les autres,donr les Sauna¬ ges quand ils pefehent tous nuds, ainfi qu’ils font ordi¬ nairement,le craignent,& non fans raifon,car fil les peut attaindrc,il les fubmerge & eftràglc,ou bien ou il les tou¬ chera delà dent,il emportera la piece.Aufsi ils fc gardent bien de mâger de ce poifTon, ainsfils le peuuent prendre vif j ce qu ils font quelquefois pour fe venger, ils le font mourir a coups dedeenes. Bilans donc encores quel¬ que cfpace de temps, & tournans ça & là, 1en contem¬ plé pi u ficurs eft ranges que nations par deçà: entre Jef- Ejpecedc quels i’en veis deux fort monftrucux, ayons fbubs la gor - ? M (I m gc comme deux tctincs de chaire, vn fanon ou menton, f ft ran 2> Vt que Ion iugerott à le voir eftre vne barbe. La figure cy apres mifè,corne pouez voir,reprcfcnte le refte du corps. les SINGVLARITEZ Voila comme Nature grande ouuriere prend plaifir à diuerfitîcr lès ou tirages tant en l’eau, qu’en la terre : ainfi quele içauant ouuricr enrichift l'on œuurede pourtraits & couleurs,outre la traditiue commune de fou art. La continuation de nojlre chemin auecques la dé¬ claration de ÏAjlrolahè marin . c H a p. C2. ladifio- tion de tair au¬ près de i'equino- ctia L Our ne trouucr grand Ibulagementde noz trauaux en celle ifle, il fut queRion (ans plusleiourner, dé faire voile auec- ques ventàflez propre iniqueslous no~ lire équinoxial, à l’entour duquel Sc la mer éc les vents (ont affes inconftans. Aufsi là voit on toufiours l’airindilpofe : li dvn collé eft fèrein,de l’autre nous menafle d’orage ; donc le plus lou- uent riE LA FRANCE ANTARCTI QV E. j, . uent là dcflbubs font pluies & tonnerres, quinepeuuem dire fans danger aux nauigants. Or auant qu approcher de celle ligne, les bons pilîots & mariniers experts con- {cillent touiîours leurs aftrolabes,pour congnpiftre ladi- ibnee & fitüation des lieux ou Ion eft. Et puis qu’il vient a propos de ceft infttumêt tant neccflàirc en nauieation, i’en parleray legerement en palTant pour 1 mftruchon de ceux qui veulent fuiure la marine,fi grand que l'entende¬ ment de l'homme ne le peut bonnement comprendre. Et ce que ie dis de raftrolabc,autanten faut entendre delà boiIble,ou efguile de mer,par laquelle on peutaulsicon- duire droitementlc nauire. Ceft inftrumcnt eft au (si tant lubtil & prime, qu’auec vn peu de papier ou parchemin, comme la paume de la main,& auecques certaines lignes marquées,qui lignifient les vents,& vn peu de fer,duquel Je fabrique ceft infiniment,par là feule naturelle vertu, qu’vne pierreluy donne & influe, par fon propre mou- uement, &c làns que nul la touche,môftre ou cil l’Orient, l’Occident, le Septentrion, ScleMidy: &z pareillement tours les trente deux vents de la nauigation, & ne les en- feigne pas feulement en vn endroit, ains en tous lieux de ce monde: & autres lècrets,quêie laide pour le prefent. Parquoy appert clerement quelaftrolabe, 1 elgqeille, auec la carte marine lont bien faites,& que leur adrclïe ôc perfeéHon eft chofe admirable, d’autant quvne chofe tant grande, comme eft la mer, eft portraite en fi petite efpace, 6c fe conforme,tant qu'on adrefle par icelle à na- 3^*1 uiger 1 e m o n d e. D o nt 1 e b o n & iu 11 e Aftr ol ab e n eft au- ! tre chofe, qucla Sphère prelsée & repre tentée en vn plain, labe met accompli en la rotondité de trois cens foixante degrez, ri». L ij ► I.F. S S INCVLARITEZ refpondànsà 11circonférence del’vniuersdiuiféeenpa¬ reil nombre de tlcgrez : lefquels' de rechefil faut diuifer en noflre in fl ru ment par quatre parties égalés .c eft afça- uoir en chafcune partie nouante , lef juels puis apres faut partir de cinq à cinq. Puis tenant voltre inftrumcnt par Panneau , l eleuer au Soleil, en forte que Ion puifïe faire entrer les rayons par le permis delà lidade,puis regardant a voftre déclinai!on, en quel an,moys,6c iour vous elles, qtud vous prenez là hauteur, 6c queleSloeil toit dcuersle Su,qui eftdu collé de l’Am crique,& vous foyez deuers le Nort,îl vous faut aller de voftre hauteurautat de degrez que le So 1 cil a décliné loing de la ligne, de laquelle nous parlons, par deuers le Su. Et h en premât la hauteur du So¬ leil vous elfes vers Midydelà 1 cquinochal le Soleil foit au Septentrion,vous deuez femblablcmcnt ofterau¬ tant de degrez, que le Soleil declinede lalignevers no- flrepofe. Exemple: Si vous prenez voftre hauteur,le So¬ leil eftant entre l'equin octial Ôe vous,quand aurez pris la- dicte hauteur, il faut pour fçauoir le lieu ou vous elles, foit en mer ou en terre, adioufter les degrez que le Soleil cft décliné loing de la ligne, auecques voitre hauteur, 6: vous trouucrcz ce que demandez: qui fentend autant du pôle Arctique quAntarctique. Voila feulement Lc- Cteur,vn petit mot en paffant de no Ere Altrolabe,remet- tantlefurplus de la congnoiflance 6-vfagedeceltinftru ment aux Mathématiciens, qui en font profefsion ordi¬ naire . 31 me fuffit en auoir d it fo mmaircmcnt ce que ie congnois cltre nece/Taire à la nauigation, Ipccialcmcnt aux plus rudes qui n’y font encores exercez. Dcpir~ DE LA FRANCE ANTARCTIQUE. Departement de mflre equatewrjm emmoHutl C H A r. 6j>. E penfc qu’il n y à nul homme d’efprit SSilïlljF'qui «c f cache que lequinoftial ne {bit Sffijjqui ne fçachc que lequinottial ne vue trafic au cerclé, imagine parle mi- |||& lieu du monde,de Leuant en Ponent,en égalé diitance des deux : tellement que ■ de ceft équinoxial,iufqucsa chacun des Pôles y a nonante degrez,comme nous auons ample¬ ment traicté en Ton lieu. Ht de latemperature de l’air,qui cil là enuiron, de la mer, & des poillons : refte qu’en re¬ tournant en parlions encores vn mot, de ce que nous a- uoiis omis à dire. Paflàns donc enuiron le premier d’A' uril, auec vn vent fi. propice, que tenions facilement no- itre chemin au droit fil,à voiles depliécs>fans en décliner aucunement,droit auNort: toutefois moîcftezd’vue au treincômodité,ceftque iour& nuit neccfloitdeplou- uoineeque neantmoins nous vecoit aucunement à pro¬ pos ,pour boire, confideré la necefsité que lefpace de deux raoys & demy,auions endurée de boire,nayans peu rccouurcr d’eau douce. Et Dieu fçait h nous ne beu mes pas noflre faoul, & à gorge dépliée, veu les chaleurs c » cefsiues qui nous bruloyent. Vray clique l’eau de pluye, en ces endrois cft corrompue, pour l’infcdtion de l’air, dont elle vient, *3c de matière pareillement corrompue en l’air Ôc ailleurs, dont celte pluye cl H engendrée: de ma¬ niéré que iion en laueles mains ,il feleuera délais quel¬ ques vclcies & pullules. A ce propos ie fçay bien que les Philofophes tiennent quelque eau de pluye n’citre laine, Déport (ici’six¬ te Ht' de l'etiuino- Elid. Cerr.ime c.nt de pluye A j Dimcn - (iun de C \ni- i ars. Diuifio n du dent. LES SINCVIARITEZ & mettent différence entre ces eaux, auec les raifons que ic n al le gu cray pour le prefènt,euitant prolixité. Or quel- que vice qu’il y eu il, fi en failoit il boire, fuffepour mou¬ rir. Celle eau dauantage tombant fur du drap,laiffe vne tache,que à grande difficulté Ion peut effacer. Ayans doncqùcs incontinent pâlie la ligne, il fut qucllion pour nollrc conduite,commencer a compter noz degrez, de¬ puis là iniques en nollrc Europe, autant en faut il faire, quand on va par delà, apres effre paruenu foubs ladictc li gne. Il cil certain, que les Anciens meluroyent la terre (ce que Ion pourrait faire encorcs auiourd’huy) par fta- des,pas, &: pieds, & non point par degrez, comme nous fàilons,ainfiqu’affermentPline,Strabon, & les autres. Mais Ptolemec inuenta depuis les degrez,pour rnefu- ier la terre & 1 eau enfèmbîc, qui autrement n eftoyent enfemble mefurables, & cil beaucoup plus ayfé. Ptole¬ mec donc a com pâlie 1 vniuers par degrez, ou, tant en longueur que largeur, fe trouuent trois cens foixante, ôc en chacun degré feprante mille,qui vallent dixfept lieues &demye, comme iaypeu entendre de noz Pilotes, fort expers en 1 art de nauiguer. Ainfi cefl vniuers ayant le ciel 8 c les elemensen fa circonférence, contient ces trois cens foixante degicz,égalez par douze lignes, dont vn chacun a tiente degrez ï car douze fois trente font trois cens foixante iuflcment. Vn degré contient foixante minutes, vne nïinutc foixante tierces, vne tierce foixan¬ te quartes, vne quarte foixante quintes, iufqucs à foixaîi- te dixièmes. Cai les proportions du ciel fè peu Lient partir en autant de parties,qucuousauons icy dit. Donc oar les degrez on trouue la longitude, latitude ,&diflance des DE IA FRANCE A N T A R C TIQV £, K T lieux, La latitude depuis la ligne en dcçaiufques à noflre comefe pôle, ou il y a nonantedegtez & autant delà, la Iongitu- pcutcon- de prife depuis les Iiles Fortunées au Leuant. Pourquoy !l nci ft re ie dis pour coclulion que le Pilotte qui voudra nauiguer, if } doit confidercr trois ehofes : la première, en quelle ïiau- jqjfe leur de degrez il fetrouuc,& en quelle hauteur efl le lieu « és ou il veut aller. La féconde le lieu ou il fc trouue,& le lieu ou il efpere aller, &fçauoir quelle diflancc ou clongnc- mentilyadvncolléàl’autre. Latroifiéme,fçauoirquel ventjou Vents le féruirot en fi nauigation.Et le tout pour¬ ra voir &congnoif:re par fi carte &infl:ruincns de mari¬ ne. Pourfùiuans touf iours noflre route hx degrez deçà noflre ligne, tenans le cap au Nort iufqucs au quinziéme d’Auril, auquel temps congneumes le Soleil direélemét eflrefoubs noflre Zenith,qui neftoitfâns endurer cxcef iiue chaleur, comme pouucz bien imaginerai vous con- iiderez la chaleur qui efl par deçà le Soleil eflant en Can¬ cer,bien lotngencores de noflre Zenith, ànous qui ha¬ bitons celle Europe. Or auant que pafîer outre icpade- ray de quelques poi fions vol ans que iau ois omis, quand i’ay parlé des poiffonsqui fètrouuétenüiron celle ligne. Il efl donc à noter qu’enuiron ladite ligne dix degrez F Jp ece & deçà Se delà, il fè trouue abondance d’vn poiffon que Ion M] vn • 1 t i> ■ n r ■ f 1 , r Ifuidtlt, voit voler haut en i air, citant pouriuyuî d vn autre poil- fou pour le manger. Et ainfi de la quantité de ccîuy que Ion voit voler ,on peut ailémentcomprendre la quanti¬ té de l’autre viliant de proy e. Entre lefquels la Doradc(de laquelle auons parlé cy dclfus)le pourfiût fur tous autres, pource qu’il i la chair fort délicate & friande. Duquel y a deux elbcces: l’vne cil grade comme vn haren de deçà: ■-* * ■ • * L mi 5 c ceft ccl IBS S ÏNCVtARÏTEZ ui eft tat pourfuyui des autres.Ce poiffon a F ir.me¬ né. cciuyq quatre ailles,deux grades hiites corne celles dvne Chau- u efburis^deux autres plus petites auprès de la queûc.Lau- tre reflemble quafi à vue grofle laproye. Et de telles efne- cesnc i'en trouue gueres,finô quinze degrez deçà &: delà la ligne,qui eft caufe félon mô iugemet,que ceux qui font linies des poiffbns font omis,auec pluncurs autres. Les Amériques nôment ce poilîon Ptrauene. Son vol eft prci- qu c corne celuy dVne perdris: ic petit vole trop mieux Ôc plus haut que le grad. Et quelquefois pour eftrepourfuy- uis ôc chaflcz en ia mer, volent en telleabodance, princi- palemét de nuit,qu’ils venoiet le plus fouuét heurter con¬ tre les voiles de noz natures, 5 c demeuroiét là. Vn a titre Mbaco poiffon eftqu’ils appellét Alkuore^ beaucoup plus grand q refoifio, le marlouïn, Enfant guerre perpétuelle au poiffon volât, ainfî que nous auons dit dé la dorade : & eft fort bon à manger j excellent fur tou? les autres poiffons de la mer, tant de Ponent que de Leuânt. Il eft difficile à prendre: & pource Ion côtrefaitVn poiffon blanc auecques quel- que linge, que Ion Fait vpltiger fur leaUjComme fait le poiffon volant, & par aiiififè laiffe prendre cômunémét. Dn des principalesprouinces contenues en ïceluy. C H A P. 70. Our uyurenoftre chemin auecfî bon¬ ne fortune de vent, coitoyamcs la terre du Peru , & les ilfes eftans fur celte cofte de merOceane, appallées iiles du Peru, iufe ues à la hauteur de 1 ’iile Efpagnole, de laquelle nous parlerons cy apres en parti- P cm rc- S. pi ■unfi ap- DE IA F II AN CE ANTAR CTIQVE. tyj particulier. Ce païs,félon que nous auonsdiuile, efl l’vne des trois parties des Indes Occidentales, ayant de Ion- gueur fept cens lieues, prenant du Nort au midy,& cent tro: l iC ™ e de largeur, de Leuant en Occident, commence en terre continente,depuisThemiftitan,à pafTer par le defîroit de ddiuL. Darienne, entre l’océan, & la mer qu’ils appellent Pacifi- que:& à elle ainli appelé d’vne riuiere nommée Pcru, la- , 1 n c « ] 11 - . «. .. ?ton4ost quelle a de largeur enuiron vne petite lieue: comme plu neurs autres prouinces en Afrique, Afsie, de Europe, ont pcûce. pris leur nom des riuicres plus fameufestainlique mef- me nous auons dit de Senequa. Celle région cil donc enclofe de l’ocean, & de la mer de Su: au relie, garnie de lorefls efpefles, de de montagnes, qui rendent le païs en plufîeurs lieux prefque inaccelsiblc, telle ment qu’il cil mal aile d’y pouuoir conduyre chariots ou belles char¬ gées, ain.fi que nous failonscn nos plaines de deçà. En ce pt ‘on1ces aïs du Peru,y a plu heurs belles prouinces, entre lelquel- rtnom ~ es, les principales, de plus renommées font Quito, tirant au Nort qui à de longueur,prenant de Leuant au Ponent, Quito, enuiron loixantc lieues,&trétedclargeur. Apres Quito, région. l’enfuit la prouincc des Canares, ayant au Leuant la riuie- py o»in- re des Amazones, aucc plufîeurs montagnes, &: habitée Cf < iS (  d’vn peuple ailes inhumain, pour ncllrc encores réduit. Celle prouincc pafî ce, fe trouue celle que les Efpagiiols ont nommée Saincl laques du port vieux,commcçantà sa^u: vn degré de la ligne cquinocliale. La quatrième, qu’ils à» porc appellent en leur langue TaxdmilcA>Cc confine a la grand }f " Y * ville deTongille, laquelle apres l’empoilonncmem de leur Roy, nome Atabalyba, Pizare voyant la fertilité du païs là file ballir & fortifier quelque ville & challeau.il y l turcs. Cu%co. /loyju- tnz des Iwcs. O LE S 'S INGVLAR. I TE Z en à vne autre nommée Cuzco, en laquelle ont long temps régné les loges, ainfi nommez, qui ont elle puif- fàns Seigneurs :& lignifie ce mot loges, autant comme Roys. Et eltoit leur royaume édition fi ample en ce temps la, qu’elle contenôit plus de mille 1 ieues d’vn bout à autre. Aufsia elle nommé ce païs de la principale ville, ainfi nommée comme Rhodes, Metellin, Candie, de au¬ tres païs prenans le nom des villes plus renommées, com me nous auons deuant dit. Et diray d’auantage qu vn Ef- pagnol ayant demeuré quelque temps enccpaïs,ma af¬ fermé cfUt quelquefois au cap deFinc terre en Efpagnc, qu’en celle contrée du Cuzco, le trouuc vn peuple quia . les oreilles pendantes iufqucs fur les efpaules, ornées par fïngularité de grandes pièces de fin or, luifantcs & bien polies, riche toutefois fus tous les autres du Peru, aux pa¬ reil es duquel ic croirais plus toftque non pas àplufieurs Hiftoriographes de ce temps,qui efcriucnt par ouy r dire, comme de noz gentils obfcruatcurs, qui nous viennent rapporter les choies, qu’ils ne virent onques. Il me fou¬ inent d ce propos de ceux qui nous ont voulu pcrfùader, qu en la haute Afrique auoitvn peuple portant oreilles pendantes iufqucs aux talons : ce qui cil manifeftement Cdndr,rc abfurde. Lacinqiéme prouince eitCanar , ayant du «ion fort déponent la mer du Su,contrée mer ueiileufe mène f reié - froide,de maniéré que les neiges &-glaces y font toute l’année. Et combien qu’aux autres régions du Peru le froid nefoitfi violcnt,&: qu’il y vienne abôdance de plus beaux fruits,aufsi n’y a il telle température en efte : car es autres parties en efté l’air eft excefsiuement chaud,& mal tempéré, qui caufc vne corruption, principalement es fruits. DE LA FRANCE À NT A R C T I QV E. 13 S fruits. Aufsiquelcs belles vcncneufes ne le crouuentes régions froides,comme es chaudes. Parquoy le tout con fideré,il cft mal aile deiuger, laquclîedeces cotrécsdoît cilre prcferce à l’autre : mais en cela le faut reloudre q ne toute commoditéeltaccompagnée de lès incomoditez. Encores vnc autre nommée Colao ,en laquelle lé fait Promet plus de traffique } qu en autre codée du Pcru:qui cft caulè que pareil lemét elt beaucoup plus peupléc.Ellc lé côhne du collé de Leuàtaux montagnes des Andes,&du Ponct aux môtagnes de Nauades.Lc peuple de celle côtrée,no¬ me en leur Ligue Xu!i$nlane,Acos,PomatA£epïtct y & Tmn - guanacho y cbbicn qu'il foit fumage ôc barbare, cj t toutefois fort d ocile,à caufe de la marchàdilè & trafique qui le me ne là: autremetneférou moins rude que; es autres de I’A- merique. En celle codée y à vn grandlac,nômc en leur Jan gu e Ttticata, qui clé à d rellledepl u m es: pource q Lien Titkdu ce lac y à quelques petites illcs, elquelles le trou ne li grâd nombre d’oileaux de toutes grâdeurs & elpcces, que c’cft choie prcfquc incroyable. Relie à parler de la deruiere c f CAi > contrée de ce Peru,nommée Carcas,voilmedc Chile,en w,< Pcrit. laquelle cft htuée la belle ôc riche cité de Plate : le pais pf M ' e c ^ fort riche pour les belles riuieres,6c mines d’or 6: d’argét. r é riche Donques ce grand païs & royaume contient, S; fappcl le tout ce qui cil compris depuis la ville de Plate, iufques à Quito,comme délia nous auonsdit, 6c duquel auos dé¬ claré les huit principal es côtrées 6c prouinces. Celte ter- Terre du re continente ainfi ample & {pacieufe reprefenre la ligure Pim rc- d’vn triangle cquilatere, combien queplalicursdes mo- p>V criCe dernes l’appellent iile, ne pouuans,ou ne voulans mettre diiferécc entre ifle,ôc ce que nous appelions prcfqucitle, tim [ e M if *** Varie», détroit de tare. Superjli- r.'îj grade d'dttcuns peuples Ver ujus. BohitU) prejl rcs. idolâtrie de ces t en i pies. LES SINGVIARITE2 & continente. Parainfi ne faut douter que depuis le dé¬ troit de Magellan,cinquante deux degrez de latitude, & trente minutes,& trois cens trois degrez de longitude de¬ là la ligne iufques à plus de foixante huit degrez deçà, efl terre ferme . V ray eft que fi ce peu déterre entre la noct¬ uelle 1 fpagne & le Pc ru, n’ayant de largeur que dixfept lieues,de la mer Occanc,à celle du Su, eftoit coupée dvne mer en l’autre, IcPcru fc pourroitdire alors ifle, mais Da- rien,détroit de terre, ain 11 nommé de la riuicrc de Oarie- ncj’cmpcfchc. Oreftilqueftionde dire encores quel¬ que chofe dul^eru. Quantàlareligion des Saunages du païs qui ne font encores réduits à noftre foy, ils tiennent vne opinion fort effrange ,d*vne grande bouteille, qu ifs gardent par fin gui ante, difans que la nier a autrefois pa f- fépar dedasaüec toutes fèseaucs 5c poiflbns : fie que a vn autre large va le efloient faillis le Soleil fie la Lune, le pre¬ mier homme fie la première femme. Ce que faufèment leur ont perfuadé leurs mcchans prefhes, nommez 2>V hitis : fie font receu longue efpaee de temps, iufques à ce que les L fpagnois leur ont difluadc la meilleure part de telles refùeries fie impollures. Au furplus ce peuple efl fortidolatrc fur tous autres. LVn adore enfon particu¬ lier ce q lî il luy plaid des pefeheurs adorent vn poiffon nommé Liburon : les autres adorent autres beftes 8c oi- feaux. Ceux qui labourent les iardins adorent la terre: mais en general ils tiennent le Soleil vn grand dicu,la Lu ne pareillement & la terre : efHmans que par lcSoleil fie la Lune toutes choies lont conduites 8c régies. Eniurant ils touchent la terre de la main, regardans le Soleil. Ils J ^ î tiennent dauantage auoir eue vn deltige, comme ceux de DE IA FRANCE ANTARCTIQUE. 139 de l’Amérique, difans qu’il vint vn Prophète de la part de Septentrion,qui faifoit mcrueillcsdequel apres au o ire [te¬ rnis à mort,auoit encores puiflance de viurc, S: de fait a- uoit vefeu. Les Efpagnols occu pent tout ce pars de terre Les Ejba ferme, depuis lariuiere de Marignah iufques a Fume 5c & nül5 /«- Daricne, &c encores plusauât du codé de l’Occident, qui eftle lieu plus eflroit de toute la terre ferme, par lequel on p'* e va aux Mol tiques. Dauantage ils feftendent iniques à lariuierede Palme : ou ils ont fi bien bafti & peuple tout iepai’s, que ceft chofemerueilleufe de la rkhe'fle qu’au- ioutd’huy leur rapporte tout ce pais, comme vn grand royau me. Première met prclque en toutes les illcs du Pc- Lkhcf- ru y a mines d’or ou d’argent,quelques emeraudes 5c tut- f*J( quoifes,n’ayans toutefois fi viue couleur que celles qui viennent de Malaca ou Caîicut. Le peuple le plus riche de tout le Pcru, eft ccluy qu'ils nôment Inga$ } belliqueux, In & Af * aufsifur toutes autres nations. Ils nourriflenr beufs,va- J j q j 1 ^ ches,&: tout autre beflial domeftique,enpIus grand nom ' c / ?r & bre que ne fai fions par deçà : car le pais y cfl fort propre, bclli- de maniéré qu’ils font grand trafique de cuir de toutes f !CUX - fortes ; 5c tuent les belles feulement pour en auoir le cuir. Lapins grand part de ces belles prises & domefliqucs font deuenues fauuages, pour la multitude qu’il y enh, tellement que Ion cil contraint les briffer aller par les bois iour & nuit, fms les pouuoir tirer ne héberger aux mai- fons. Et pour les prendre font contrains de les courir, (Sc pAÎ- <&* vfèrde quelques ru les, comme à prendre les cerfs 5c au- >/» en très belles fauuages par deçà. Le blé, coin m e i av ente n- Kt *l y j-<~ du, ne peut p roffiter tantes ifles que terre ferme du Pcru, K tAltX non plus qu eu l’Amérique. Parquoy tant gentilshômes M iij C/Jfif Jarre a 4- hmtnt. Le \ Peru cjlimc À prcjënt (jttiift >- ne autre Pur ope. Jjle Efpu "noie, no ■=> , 3 mes ttu parMAt Haïti &Qulf- LES SINGVLARITE 2 qu’autres viuent d’vne maniéré d alimét, qu ils appel lent Cajfade, qui ejffc vne forte de tourteaux, faits d’vne racine, nommée Manihot. Au refie ils ont abondance de mil&; depoifton. Quant au vin il ny en croift aucunement, au lieu duquel ils font certains bruuages. Voila quant a la continente du Féru, lequel aucc les iiles, dont nous par¬ lerons cy apres, efl remis en telle forme, qu a prêtent y trouucrez villes, chafteaux,citez,bourgades,maifons,vil¬ les cpifcopaIes,republiques,6c toute autre manière de vi- urc,que vous ingériez dire vue autre Europe.Nous con- gnoiifons par cela côbiencft grande la puMance Ôcbon¬ té de noftre Dieu, 6c la prouidence enuers le genre hu¬ main: car autant que les T Lires,Mores, 6c Barbares,enne¬ mis de vérité,l'efforcent d anéantir 6c délimité noftre re¬ ligion , de tant plus clic Ce renforce, augmente, & multi¬ plie d autre collé. Voila du Peru, lequel à noftre retour auons coftoyc à fineftre,tout ainfi qu’en allant auons co- ftoyé l’Afrique. Des iflesdu Peru,&principalement de CEfyajmole. c H a p, 71. Près auoir efcric de la continente du Pc- ru, pourtant qued’vne mefmc routca- uons coftoyéa noftre retour quelques ifks fus f Ocean,appelIées Mes du Peru, pour en dire fort prochaines,ien ay pa- reillemét bié voulu clcrircquelque cho¬ ie, O r p 011 r c c q u eftan s paru enu z à la h auteu r d e vne de ces ifles,nommée EfpagnoIe,par ceux qui depuis cer¬ tain DE LA FRANCE ANTARCTIQVE. ijq tain temps l’ont decouuette,appellée parmi an t Haiti, qui vaut autant à dire comme terre afpre,& Quiiquej'a,gran¬ de. Aufsi véritablement eil elle de telle beautc & gran¬ deur,que de Lcuant au Poncnt, elle a cinquante lieues de de Iong,& de large du Nortau Midy,enuiron quarante, & plus de quatre cens de circuit. Au refie cil a dixhuit dcgrezde la ligne,ayant au Leuat Fille dite de Saint Jean, T mt & plu lieu rs petites illettes, fort redoutées 6c dangereufes promet auxnauigans : 6c au Ponét Fille de Cuba 6c Iamaïquc:du totres tle collé du Nort les iflcs des Canibales, S C versleMidv,le li J JcF 4 a cap de Vcle, fitué en terre fermc. Celle iflc reïïcmb 1 eau- \ cunement à celle de Sicile,que premièrement Ion appel- ro „. loitTrïnacriamour auoirtrois promontoires,fort enii- uhttey. nens: toutainfi celle dont nous parlons, en a trois fort tùoos. uancez dans la mer: dclquels le premierfappelleTibu- 0rane ’ ron, le deuxieme Higuey ,1e troiiiéme Lob os, qui eft du r rF ' - n / j 1 ' n - I ^ ' f ^ 1 kj* JUrOWil coite de nlle, qu’ils ont nommée Beata, quati toute plci- e« e -y//, ne de bois de gaiac. En celle Elpagnolc le trouuent de 'Uprinti- tresbeaux fleuucs,entre Jcfqucls le plus célébré,nommé P*J e ^ Orane, pâlie alentour de la principale vi lie de ladite iûc, nommée par les Efpagnols Saint Dominguc. Les autres iontNequée,Hatibonice> 6cHaqua, mciuciüculcmcnt k$ j!u S riches de bon poillon, 6c délicat à manger : 6c ce pour la r(} ^ température del’air,& bonté de la terre,6c de l’eau. Les flcuues le rendent à la mer preiquetous du collé du Le- fg uant: icfquels ellans alfemblez Font vneriuierefort Lir- 7 -- / r ,/, rj gc, nauigable de nauires entre deux terres. Auat que ce- munement leurs corps,pour le rendre plus diipos & ma - pierres niable,comme ceux d Afrique font d huile d ohue. Lon (lui ropet trouue certaines pierres dans la telle de ce poifTon, def- k caku- ^ uc p esi ] s p ont gradeeflime,pourcequ ilslesontefprou- ueescflrc bonnes contre le calcule,loit es reins & à la vcL fic:car de certaine propriété occulte, celle pici 1 e le com¬ munié' 6c met en poudre. Les femelles de ce poifTon ren¬ dent leurs petis tous vifs,fans œuf,comme fait la balenc, &le loup marin : aufsi elles ont deux retins comme les belles ter retires, auec lefquels font alaittez Ictus petis. Vn Efpagnol quia demeure longtépseri celte iile m a affermé quvn Seigneur en au oit nourri vn l’efpace de trente ans en vn cflang, lequel par fuccefsion de temps deuintfi familier & priué, quil felaiffoit prcfquc mettre la main fuslüy. Les SaUuagcs prennent ce poifTon com¬ munément allez près de terre, ainli qu il paiil de 1 herbe. i DE IA ERÀNCE ANTARCTIQVE. 141 ïc laifle à parler du nomb re des beaux oyfeaux vefluz de diuers &: riches nenages, dont ils font tapifleriesfigurées Dîners d’hommes,de fem mes,be Iles, o yfeaux,a rbres, fruits,(ans y appliquer autre chofc que ces plumes naturellement \ lh f e embellies & diuerfifiées de couleurs : bien eft vray qu’ils d'oijcMx les appliquent fus quelque linceul. Les autres en garnit- par les fentchapeaux, bonnets Sc robes, choies fort plailanrcs à Samta- la veuë. Des belles eftrangcs à quatre pieds ne fen trou- & es ’ uc point, linon celles que nous auons dit : bien te trou- uentdcux autres cfpeces d’animaux,petis comme con- nins,qu’ils appclent ffn!ia* P 8c autres Ckw,bons à manger. Hulus Ce que i’ay dit de celle ific, autant puis ie dire de 1 ifle & Cam Saint laques parauant nommée Iamaïca : clic tientà la part de Leuant fille de Saint Dominique, il y à vne autre belle ifle,nommée ‘Bourujuan en langue du pais, appel lé e jju de s. es cartes marines, ifle de Saint Ican : laquelle tient du co- uqm. Ile du Leuât fille Sainte Croix,& autres petites ifles,dont tfedes, les vues font habitées,les autres defcrtcs.Cefte ifle de Le- tm> uant, en Ponenttient enuironcinquante deux lieues ,de longitude trois cens degrez, minutes nul les : & de latitu¬ de dix huit degrez, minutes milles. Bref,il y a pluliems autres flics en ces parties la,dclqucilcs, pour la multitude ie laifle à parler, n’ayant aufsi peu en auoir particulière congnoiflancc. le neveux oublier qu en toutes ccsiflcs ne le trouuent belles rauiflantes, non plus qu en Angle¬ terre,6c en 1 ifle de Crete. N ij DejcrC piton de l ijle de Cuba, Al r S&- . : LES SINGVLARITEZ Des ijles de Cuba & Lucaia, C H A P. 72. k 3 Eftc pour le {ommaire des iiles du Peru, réciter quelques fingularitcz de Fille de r Sa,'- Moni.t- vne de eb i> et ter rcjh'v. Cuba,* de quelques autres prochaines, côbien qu a la vérité,Ion n’en peut quali dire guercs autre choie, qui défia n’ait elle attribué à l’Efpâgnole. Celle ille eil plus grande que les autres, &: quant & quant plus large: car Ion conte du promotoirc qui eil du coile de Leu an t s à vn autre qui efl du colle de Ponent, trois cens lieues, 6 c du Nort a Midy, feptante lieues. Quant a la diipoiition de l’air,il y a vne Fort grade température, tellement qu il n’y a grand excès de chaud, ne tic Froid. Jl Fy trouuc de riches mines,tant d’or que d'argent,femb 1 a !M em ent d au très métaux. Du codé de la marine iè voyent hautes motagnesjd.ciquelles procèdent fort belles riuieres, dont les eaues Font excellentes, au ec grande quantité depoif- Fon. Au refte,parauant quelle fuftdécouuerte,eile eiloit beaucoup plus peuplée des Sauuages 3 que nulle detou- tes les autres:mais auioord’huy les blpagnols en font Sei¬ gneurs 6 : maiilrcs. Le milieu de celle ille tient deux cens nouante degrez de longitude, minutes nulles, &. latitude vingt degrez,minutes nulles. I! l’y trcuue vne montagne près de la mer,qui eil te Lite de fel, plus haute que celle de Cypre,grand nombre d’arbres de cotton,brciil,& ebene. Que dïray ie duiel tetrelire, qui fe prend en vne autre montagne Fort haute & maritime:Et de celle cipecc fen trouuc pareillement en Fille de Cypre , nommé des Grecs n t LA FRANCE ÀNTÀRCTIQVE. 145 Grecs , lequel Te prend aulsi en vne montagne pro' chaîne de la mer.D’auantage fe trouue en celleîOeabon¬ dance d’azuL\vcnnillon,alun,nitre,fcl de nitre, galène, 3c autres tels,qui le prennent es entrailles de la terre, lit quât aux oy féaux,vous y trouuerez vne elpcce de perdris allez Efiecedt petite, de couleur rougeâtre par dehors, au relie diuerfi- fées de variables couleurs,la chair fort délicate. Lesru- lliqucs des montagnes en nourrirent vn nombre dans leurs mailons,comme on fait les poulies par deçà. Et plu- fleurs autres choies dignes délireelcrites 5 c notées. En premier lieu y a vne vallée, laquelle dure enuiron trois ieues, entre deux montagnes, ou le trouue vn nombre infini de boules de pierre, grolîés,moyennes, & petites, rondes comme eheuts, engendrées naturellement en ce lieu, combien que Ion les iugeroic élire laites artificielle¬ ment. Vous y en verrez quelque lois défi grolfes, que quatre hommes leroiét bien empefehez à en porter vne: les autres font moindres,les autres h petites,quelles nex- cedent la quantité d vn petit ellcuf. La féconde choie di- Liqueur gne d’admiration cil, qu’en la menue illefé trouue vne , wn ‘î-~ motagne prochaine du nuage de la mer, de laquelle fort vn e 1 iq u eu r 1 émbIable à celle que lon lait aux iflcs.Fort u- nées,appcllée B ré, com menons auons dit: laquelle ma- Z ne. tierc vient à dégoutter Ôr rendre dans la mer.Quinte Cur (■ > ! tT* | à lèenfesliures qu’il a faits des gclles d’Alexandre IcGrad, dc l: ~ récite, quiceluy drantarrmea vne cite nommée Menu, * 1 * ■* / ^ , 1 iTl /•.t r, (t* 1/MS monta- encar. voulut voir par curiolite vne grande tes te ou caucrne,cn laquelle auoitvne fontaine rendait grande quantité de gomme mcrueilleufcmcnt forte,quand elle cil oit appli¬ quée au ec autre matière p o ur baftir : tellement q * ; e 1 A u- JL 4 A — ^ ^ * * pour - tjttqy ùt vices j, fortes. Jjlss de Lucdïd. •medePo O LS S SINGVLARI TE 2 tcur cftirac pour celle feule raifon, les murailles c!e Baby- lonc auoir elle fi fortes,pour cllrc compolees te telle ma dulesmu tærc _ E t n0 n feulementfen trouue en Tille de Cuba,mais Td't au ^ au P ais deThemiflitan, &du codé de la Floride. J’ \ tnt Quat aux ifles de Lucaïa (aiüft nommées, pour dire plu- fié cfk- ficurs en nombre)elles font fi tuées au NortdeTiflcdc Cu ba 5c de Saint Dominique. Elles (ont plus de quatre cens en nombre, toutes petites, & non habitées, lino vne grade,qui porte le nom pour toutes ies autres, nommée Lucaïa. Lcshabitans deceftc ille vont communément trafl i quer en terre ferme,& aux autres i iles.Ceux qui font refidence,tant hommes que femmes, font plus blancs, & Monta- p[ lIS beaux quen aucune des autres. Puis qu’il vict à pro- pos d e ces illcs, &c de leurs richefles, ie ne veux oublier à riche en dire quelque chofedes richefles de Potolsidcquel prend fon nom d’vne haute montagne, qui a de hauteur vne grand lieue,& vne demie de circuit, eleuée en haut en fa¬ çon de pyramide. Celle montagne eil merueilleufement riche à cauiè des mines darget, de cuiure,&:eftain, qu’on âtrouué quaii auprès du coup eau de la montagne,& feft trouuéelà mine d’argent fi tresbonne, qu’l vn quintal de mine, le peut trouue tvn demy quintal de pur argent. Les efclaues ne font autre choie qu’aller quérir celle mine,£c la portent à la ville principale du païs, qui eft au bas de la motagne, laquelle depuisladecouuertureà efte là baftie par l esEfpagnols. Tout le païs,illcs,&: terre ferme eft ha¬ bitée de quelques Saunages tous nuds,ainfi qu’aux au¬ tres lieux de l’Amérique. Voila duPeru,&de les ifles. Vefirt - mines. 'M DE IA FRANCE ANTARCTlQVE. n . Dcfcription de L nmmelle Espagne^ de h grande cité de 7 hemiJUtan^fituée aux Indes Occidentales . c h a r. 73. Ource quil neft pofsiblc à tout hoin- a'Xtt me devcoir fènfiblemcttoutes choies, durant Ion ange, loit ou pour la conti¬ nuelle mutation de tout cequieft en cc monde inferieur, ou pour la Ion:, uc di- ftancc des lieux 6epais: Dieu a donné moyen de les pouuoir repreienter, non feulement par efeript, mais aufsi par vray portrait, par FinduftrieÔe la¬ beur de ceux qui les ont veucs. le regardcquclon réduit bien par figures pluficursfables anciennes,pour donner plaifir feulement: comme font celles delafon, d’Adonis, d’Acteonjd'Æneas, d’Hcrcules : 6e pareillement d’autres chofès quenous pouuons tous les iours voir,en leur pro¬ pre effence, fans figure, corne font pluficurs cfpcces da- nimaux. A ccfte caufe ie me fuis auifé vous défaire Am¬ plement 6e au plus près qu’il m’a efté pofsiblc la grande 6eample cité dcThemiftitan, citant fuffifimmentinfor- / * t . U fi n flUdft me que bien peu d entre vous layez veuc, 6e cncores J moins la poutiez aller voir, pour la longue, merueiî- Icufe, 8e difficile nauigation, qu’il vous conuiendroic faire. Themiftitan eft vneCité iltuéeen la nouuelleE- fpagne, laquelle prend fon commencement au deftroit c l’Ariane, limitrophe du Pcru, 6c finill du colle du Non, àlariuieredu Panuquc:orfutelle iadis nommée Ara- u a ch , depuis pour auoir eftédecouuerte, 6e habitée des Efpaenols, àreccu le nom de nouucll# 1:1 pagne. Entre nauac }j N nij S il tut to de Lt non u:!h Ep p L'opiftiÏÏ dedi kc X>' LES S INGVUR.ITEZ lefqu elles terres Se prouinces la première habitée,fut cel¬ le d Y ucat h â,laquelle a vne pointe de terre,aboutiffant à Jamer,femblable à celle de la Floride: Iaçoit que nozfai- feurs de cartes ayent oublié de marquer le meilleur, qui embelli 11 leur defeription. Or celle nouuelle Efpagne de la part de Leuant, Poncnt S; Midy, cil entourée du grand Océan: te du codé duNort a le nouucau Monde, lequel citant habité, voit encor par delà en ce mefmc Nortyvnc autre terre non cogneuë des Modernes, qui elt la caufe que ic furfeoy d’en tenir plus long propos. Or Themiftitan,laquelle cil Cité Forte, grande te trefriche, au païs fus nommé, elt lituce au milieu d’vn grand lac: le chemin par ou Ion y va,n’dl point plus large,que porte la longueur de deux lances. Laquelle fut ainfî ap¬ pelle du nom de celuy qui y mit les premiers fonde¬ ments, fur nommé Tenuth ,fils puifne du roy Iztacmir- coatz. Ccflc cité à feulement deux portes, lvne pour y entrer, Se 1 antre pour en fortir: te non loingjdc la cité, le trou uc vn pont de bois, large de dix pieds, tait pour lac- croiffement & decroilîemcnt de l’eau: car ce lac croill Se decroifl à la fcmblancede la mer. Et pour la deftence de la cité y en à encorcs plufieurs autres, pour dire comme Venifè édifiée en la mer. Ce pais elt tout enuironné de Fort hautes montagnes: anuco,qui font diftàtes Pvne de l’autre tretedeux lieues: mais ils n’ont liberté den pefeher, a caufc desSauuages - O mj —- - Più\ de lUcci- lui. Pointe de Bacca les. JLiccdles poijjm. Jjlcs de Cartes. I r oyAZ * - — DE LA FRANCE ANTARCTIQVI. tous nuds :les autres eftoyentveftus de peaux de diucrfcs efpeces de belles. Ainfî a efté la première condition du genre humain,efiant au commencement rude, 6 c mal po îy : iulques à ce que par lucecfsion de temps, ncccfsité a contraint les hommes d’in uenter plu heurs choies, pour laconferuation 6 c maintien de leur vie. Encores font en celle rude inciuilité ces pauures Sauuages, admirans no- ftre vertement, de quelle matière, & comment il cil ainfi bafli, iufques à demander quels arbres portoyent celle matière, comme il m’a elle propole en 1 Amérique: efti- mans la laine croillrc es arbres,comme leur cotton. J ;v- Vftgede lage de laquelle a elle par long temps ignore, & fut in- « l>ime uenté.commeveulent piulieurs,par les Atheniéis, 6 c mile A*' V n : r, 1 , % n n tnuente. en œuure. Les autres 1 ont attribue a Panas, pource que les laines edoient en vfage auant les Athéniens, 6 c que leur ville fullballie. Voila pourquoy les Athéniens Font merueilleufement honorée, & eue en grande rcucrencc, pour auoir receu d’elle ce grand bénéfice. Et par ainfi ci 1 : vrayfemblable, que lefdits Athéniens 6 c autres peuples de la Grece,fe veftoientde peaux,à la maniéré de noz Ca¬ nadiens : 6 c à la llmilitude du premier homme, comme tefmoigne Saind Hicrofme, lailFant exemple à là pollc- rité d’en vfer ainlî, 6 c non aller tous nuds. En quoy ne pouùons allez louer 6 c recôgnoiftre noflre Dieu, lequel par finguliere atleclion, fur toutes les autres parties du monde, auroitvhiquemét fauorifé à nollre Europe. Re- Mdnk- flc A parler comme ils portent les chat eux, c’ell à fçauoir Yt acs ( autrement que les Amériques. Tant hommes quefem- mes portent les cheueux nôir$,fortlongs:&y à celle dif- ^ fercncc feulement, que les homes ont les chciicu x troul- umx. MdYtYtS ebeli- nés . iV ^v> L Habille* des mens femmes de Cctnœ da t Maria - gedcsCa nadkns. LES SINGVIARITEZ fèz fur latcfi:c,côme vne q ueuë de cheual, auec chenilles dcboisàtrauers : 6c làdelîus vne peau de tygre, d’ours, ou autres be(les:tellement qu’à les voir accou lirez en tel¬ le forte, Ion les îugcroit ainüdeguifcz, vouloir entrer en vu theatre, reifemblans mieux aux portraits d’HcrcuIes, que fai (oient pour récréation les anciens Romains,&: co¬ rne nous le peignons cncorcs •auiourd’huy , qu’à autre choie. Les autres fè ceignent &c enueloppent la telle de martres zebelines,ainfi appcllées du nom de la région li¬ mée au Norr,oti ceft animal eft frequent: lefquellesnous cllimôsprecieufès par deçà pour la rarité:& pource telles peaux fontreferuces pour l’ornemét des Princes 6c gràds feigneurs, ayons la beauté coniointe auec la rarité. Les nommes ne portent aucune barbe,non pl us que ceux du Brefil, pource qu’ils l’arrachent félon quelle pullule. Quant aux femmes elles fhabillent de peaux de cerfs pre parées à leur mode, qui eft tresbonne & meilleure que celle qu’on tient en France,(ans en perdre vn poil (cul. Et ainfi enueloppées le (errent tout le corps d’vne ceinture longue,à trois ou quatre tours par le corps,ayâs toufiours vn bras 6c vne mammellehors de celle peau,attachée fur Evite des dpaules,comme vne efeharpe de pelerin. Pour continuer noilre propos, les femmes de Canada portent chaudes de cuir tanné, 6c fort bien labouré à leur mode, enrichi de quelque teinture faite d’herbes 6c fruits,ou bie de quelque terre de couleur,dont il y à plufeurs efpeces. Le (oulier cft de mefine matière 6c cadeleure. Ils obferuét le mariage auec toute foy,(uyans adultéré fur tout : yray efl: que chafcunà deux ou trois femmes, comme défia nous auons dit en vn autre lieu.Le feigneur du pais nom¬ mé DE IA FRANCE ANT ÀR C T I QV E. T5? me Agahanna* en peut auoir autant que bon luy fcrnblc. t Les hiles ne font defeftimées pourauoir lèruyà quel- hatm. ques ieuncs hommes auantqueftré mari ces, ainfi qu’en l’Ameriquc.Et pource ont certaines loges en leur village, ou ils fe rencontrent, & communiquent les hommes"a- uec les femmes, fcparez d auec les ieuncs gens, fils & fil¬ les. Les femmes velues ne le remarient iamais,en quel- v > ^ que nombre quelles loient apres la mort de leur mary: ains viucten dueillercftcdcleur vie, ayans le vifiige tout Z^Us noirci de charbon puluerifé auec huyle de poilfon : les chcLicux toiïfîours cfpars furie vifiige, finis eftreliez ne decdmu trouffez par derrière,côme portent les autres: &: fe main- tiennent ainfi iniques à la mort. Quant au traitement de come cl¬ ients petis enfans, ils les lient & enucloppenten quatre les traita ou cinq peaux déniantes coufues enlèniblcrpuis les vous leurs P c ~ attachent &c garrotent fur vnc planche ou ais de bois per ns c ^ rlSy lec à l’endroit du derrière, en forte qu’il à toufiours ou- uerture libre ,de entre les ïambes comme vn petit enton¬ noir,ou gouttière faite d’ecorce mollette,ou ils font leur eau,fans toucher ne coïnquiner leur corps,foit deuant ou derrière, ne les peaux ou ilz font enucloppez. Si ce peu¬ ple choit plus prochain de la Turquie, i’eftimerois qu’ils auraient appris cela desTurcs:ou au côtraire auoir enfei- gné les autres.No pas queie vueiliedirc que ces Saunages eflimét ehre péché, que leurs enfans fe mouil ! ent de leur f propre vrinc,comme ccl te nation luperhitieulè deTur- Turcs. quic: mais plus toft pour vne ciuilité qu’ils ont par defilis les autres. Parce que J on peutehimer combien ces pan¬ ures brutaux les fiurpahèntcn honeheté. Us vous plantent celle planche auecqucs l’enfant par l'extiemite inferieure QJj 9 LES SINCVtARITEZ pointue en terre, & demeure ai. dormir,la telle pendant en bas. * La maniéré de leur guerre, cha r. 79. our CAn ad te s peuple bd liqiteux. jf -j (s :S TotitA- niens en¬ nemis de ceux de Canada. OcheU- gtta & Saluent jîCifHCS de Canada. Prépara* tins de guerre des C An a C/i en s. Ornme ce peuple fèmble auoir prefquc mei mes meurs que les autres Barbares fau- uages, au (si apres eux ne iè trouue autre plus prompt 6 c couftumier de faire guerre . vn contre 1 autre, & qui approche plus de leur manière de guerre, aucunes choles exceptées. Les Toutanicns j les Guadalpcs, & Chicorins font guerre or¬ dinaire contre les Canadiens, & autres peuples diuers, qui defeendent de ce grand fleurie d’O ch élagua & Sa- gucnc. Lefquelles riuieres font merueilleiifèment bel¬ les &c grandes,portanstresbon poillbn &c en grade quan¬ tité: au fsi paricelles peut on entrer bien trois cens lieues en paiis,& es terres de leurs ennemis aucc petites barques, ianspouuoir vferde plus grands vaideaux, pour le dan¬ ger des rochers. I tdifent lesanciésdu païs,quequivou- droit luyure ces deux riuieres,qu’en peu de Lunes, qui cft leur maniéré de nombrer le temps,Ion trouueroit diuer- hté de peu pies,«Sc abondance d’or Se d’argent. Outre que ces deux demies leparez Tvn de l’autre,fe trouuent &ioi- gnet cnfcmble en certain endroit,tout ainfi que ieRhol- nc la Saône à Lyon: & ainfî afl'emblez fe rendent bien auantdans IanôuuelleEfpagne: car il s font confins l’vn à 1 autrcjcom me la France de i Italie. Ftpourcc quand il c!f queftionde guerre en Canada, leur grand Agabanna-, qui vaut autant a dire que Roy ou Seigneur, commande aux autres DE LA FRANCE ANTARCTIQVE. iy <7 autres Seigneurs de (on obeilîàncc,ainb que chacun vil¬ lage a ion iuperieur, qu'ils fe délibèrent de venir Bc trou¬ tier pardeuers ltiven bon 6e (ufBfimt équipage de gcns> viures 8e autres munitions,ainfi nue leurcouftumeelldc faire. Le (quels incontinent chacun en Ion endroit, fc met tent en eftortôe deuoir dobei'r au commandement de leur Seigneur, fiinsen rien y faillir, ou aller au contraire. Et ainfirfen viénentfur rcau,auecJcurs petites barquettes, longues, & larges bien peu, faites d’ecorces de bois, ainf qu’en F Amérique 8 c autreslieux circonuoilms. Puis l’ai- {emblée faite, i’en vont chercher leurs ennemis :6c lo qu’ils (caucnt les deuoir rencontrer,! c m m ont en ; i ht n ordre pour co itibatrc & d on n cr af 1 ait qui! cil nr ; : Sic, auec infinité de ru l'es 6c il ratage mes ? f !on : : u r m ode. Les ■afeCki StrdC.t' «cmc de O guerre é des yftce C.vU- diens . ^4atrc flf.iUjr f- me . LES SINGVLARITEZ attendons fc fortifient en leurs loges & cabanes, affeiti' b lez à dix,ou douze, & quinze milhommcs ,auec quel¬ ques pièces de bois,fagots,ramages, en greffez de certai¬ ne greffe de loup marin,ou autre poiffou:& ce à fin qu’ils empoifonnentleurs ennemis ( ils approchent,mettans le feu dedans, dontil en fort vne fumée groffe & noire, & dangereulè à Icntir pour la puanteur tant excefsiuc,qu’cl- le fait mourir ceux qui la (entent:outre ce qu’elle aueugle les ennemis,qu’ils ne fe pciment voir l’vn l’autre. Et vous fçauent adreffer &: dilpolèr cefte fumée de telle métho¬ de, que le vent lachaffe de leur codé à celuy des enne¬ mis . Ils vient pareillement de poifons faits d’aucunes fucilles d’arbres, herbes, S: fruits, Icfquelles matières lé¬ chées au Soleil, ils méfient parmy ces fagots & ramages, puis y mettet Je feu dcloing, voyans approcher leurs en¬ nemis. Ainlilè voulurent ilsdefenare contre les pre¬ miers, qui allèrent decouurir leur pais, failà ns effort, auec quelques greffes 6c huiles, de mettre le feu la nui£t esna- uires des autres abordées au riuage de la mer. Dont les no ftres informez de celle entreprit,y donnèrent tel ordre, qu’ils ne furent aucunement incommodez. Toutefois i’ay entendu que ces panures Sa nuages n’au oient machi¬ né celle entrepriseue iu lie ment &c à bonnerailon, con- hdere le tort qu’ils auoient receudcs autres. C’ed qu’edas les noftres deîcenduz en terre, aucuns ieunes foladrespar paffetemps, vicieux toutefois &irrailbnnabies, comme par vne maniéré de tyrannie couppoicnt bras &c iambes à quelques vus de ces panures gens 3 feulement difbient ils pour cflaycr,(i leurs ci pécs trench oient bien, nonobdant que ces pauures Barbares les eu lient reccu humainemét, auecques DE LA FRANCE ANTARCTIQUE. 157 auecques toute douceur &arayrié. Et par ainfi depuis n ont permis aucuns Chreftiens aborder & mettre pie a terre en leu rs riuages & Iimites,ne faire trafique quelco- que, comme depuis Ion à bien congncu par expérience. Orpour nelongnerdauantagede noitre proposées Canadiens marchent en guerre quatre à quatre , faifàns, quandilsfe voyent,oii approchent les vus des autres,cris ôchurlemcns merucilleux & eipouuentables (ainfi qu*a- uons dit des Amazones ) pour donner terreur, & efpou- uenter leurs ennemis. Ils portent force cnfèiçnes, laites débranchés de boulleaux,enrichis de pénages 5c pluma¬ ges de cygnes. Leurs tabourins font de certaines peaux tendues &: ben dees en manière dvne herfe,ou Ion fait le parchemin, portée par deux hommes de chacun coite, ôc vn autre citant derrière frappant à deux battons Je plus impetueufement qu’il luy cit pofsible. Leurs fuites font faites d os deiambesde cerf, ou autre fauuagine. Ain h fc combatent ces Canadiens a coups de fléchés, rondes mailues, ballons de bois a quatre quarres, lances & pi¬ ques de bois,aguifées par le bout d’os au lieu de fer.Leurs bouclieis font de penaches, qnils portét au col, les tour- nans dauant ou derrière,quand bon leurfcmblc. Les au¬ tres porter vne forte demorion fait de peaux dours fort cfpcs,poui la de fen ce d c 1 a telle. Ainii en violent les an¬ ciens à la maniéré des Sauuagesdlscombatoient à coups de poing,à coups depié,mordoientà belles dents, fe pre- noient aux cheueux,&autres maniérés femblablcs. De¬ puis à combatte ils vferent de pierres, qu’ils iettoientlvn conu e autre: comme il appert mefmement par la feinte bible. D auantage Hérodote en fon quatrième liure,par- R Com c les Canddies man en a U cr re. FdÇuiî de leurs td- beurins, & corne ils les portent. Maniéré de leur combat. Manière que te- noient lis anciens à côbatrc. Hérodo¬ te. Cob.it de 'ŸÎcrm aux fe~ fies de Mmer- fie. Diodore. C ouf ht- me itncie ne des Thebdis & Ldce démontes à combat tre. Co-nc les Cumdies traitent leurs pri- (hnmm. les singvlaritez lint d ,a certain peuple ciuî le combattent a coups de ba- lions & de Jfoe:il cLn outre que les vierges de ce pins au oient couftume de batailler tous les ans auec pier¬ res 3 c baftôs Ies vnes cotre les autres/ Fhoneur de la deef- fc Miner uc,le iourdefon anniucrtairc. Aufsi Diodore au premier liure récité/} les ma (Tu es 6: peaux de lions etloict propres à Hercules pour combat!c. car au paiauant n c- lloict encores les autres armes en vfage. Quivoudra voir Plutarque & Iullinj&autrcsauteurs^trouuera cjucles an¬ ciens Romains combatoienttousnuds. LesThebains 6c Laccdemoniens fevengerct de leurs ennemis à coups de leuiers 6c grotfes maflues debois. Et ne faut e(limer que lors ce panure peuple ne fu ft autît liai di 3 cominc cc- luv d’aiiiourd huy,pour auoir demeure lous nuds,tans c- Are a u eu nement vellus, comme â prêtent i ont noz Cana¬ diens de grofles peaux,deftituezfemblablemét de moyés Scrutes de guerre , dont ccs Saunages te Içaucnt ayder maintenant. !e vous pourrovs amenei plu fleurs auteurs parlans de la manière que tenoient les anciens en guer¬ re, mais fuffura pour le prêtent ce que ienay al légué, pour retournerai! peuple de Canada, qui etl noftre principal propos. Ce peuple nvfe de Fcnnemy pris en guerre, co¬ rne Ion fait en toute FAmerique : c ctl à içauoic qu ils ne les mangent aucunement, ainfi que les autres. Cequ eit beaucoup plus toi crable. Vray etl, que fils prennent au¬ cuns de leurs ennemis, ou autrement demeurent victo¬ rieux/s leur etco relient la tcfte,6c le vitage,6cl e (tendent à vn cercle pour la fecher : puis 1 emporte?# en leur pats, la monftrans auecvnc gloire,à leur amis, femmes, 6c vieillards,qui pour Faagcimbccille ne peuuent plus por¬ ter de LA FRANCE ANTARCTIQVE. 158 ter le fais, en figne de victoire. Au refteilsne font fi en¬ clins à Faire guerre,comme les Pcrufiens, & ceux du Brefil,pour la difficulté parauenture, que caufent les nei¬ ges Vautres incommoditez,qu’ils ont par delà. Des mines, pierreries autres fmgubtritez. qui Je trouuent en Canada. c h a p. So. ^ E pais Sc terrouér de Canada, eft beau &c Bote du bien fitué,Sc de foy tresbon, hormis l’in- P diS de température du ciel,qui le defauorife: CMli a ' comme pouuez ayfémcnt conieéturer. Il porte plufieurs arbres 6c fruits, dont nous n’auons la congnoiflànce par deçà. Entre Icfqucîs y à vn arbre de la grofïèur 6c forme d’vn Couton, rros noyer de deçà, lequel a demeuré iong temps inuti- e,6c fans eftre congnu, iufques à tant que quelcun le. voulant coupperen faillit vn fric, lequel fut trouué d’au¬ tant bon goulfSc délicat,que le bon vin d’Orléans,ou de snedu- Beaune : mcfmes fut ainfï iugé par noz gens, qui lors en dit arbre firent^expérience : c’eft à fçauoir le Capitaine, 6c autres J 1 ™ gentilshommes défi compagnie, & recueillirent de 4 ?? t ce ius fur l heure de quatre à cinq grand pots. le vous faille à penfer, h depuis ces Canadiens afriandez à cefte liqueur, ne gardent pas ccfi: arbre chèrement, pour leur bruuage, puis qu'il en ainfi excellent. Ceft arbre,en leur langue, elt appelé Canton . Vnc autre chofè quafi incre- c f s de diblc clf,qui ne l’auroit veuf. 1 1 (è trouue en Canada plu- nA fieurs lieux 6c contrées>qui portent tresbeaux ceps de vi- Ccin J* R ij I Pierres de cou¬ leur de mine d'ae. M incs de fer. Mines de mure. VUmitt de Cun.i tId.pro- Herbe. li. dernier muurcl- le. Opinions fur Lt co¬ ercition (tu en - jhl. ïolin. LES S I NCVLAU I TE 2 gne, du (cul naturel de la terre,(ans culture, aucc grande quantité de raiiins gros,bien nourris, & tresbons à man¬ ger: toutefois n’eft mention que le vin en foit bon en pa- rcil.Ne doubtez combien troutierent cela ell range & ad¬ mirable ceux,qui en firent la première decouucrte. Ce païs cftacomp'li de montagnes & planures. En ces hau¬ tes montagnes le trouuent certaines pierres retirans en pciànteur Sc couleur à mine d’or : mais quand on la vou¬ lut cfprouuer, h elle efloit légitimé, elle ne peut endurer le feu, qu’elle ne fuit difsipée & conuertie en cendre. Il ne fl impofsible, qu’en ccft endroit ne fctrouuaft quel¬ que mine aufsi bonne, qu’aux iiles du 3 > eru,qni caueroit plus auant enterre. Quant i mines de fer,6c decuiure,il fen trouue allez. Au lurplus de petites pierres, faites 6: taillées en pointe de diamar 3 quiprouiennentIes vues en plainure, les autres aux montagnes. Ceux qui premiè¬ rement les trouuerem, penfbyent dire riches en vn mo- mentjcftimans que fulient vrays diamans,dont ils appor terétabondance:& de laeft tiré le prouerbe auiourd’huy commun par tout: Ce il vn diamant de Canada. De fait il tire au diamant de Calicut,ôc des Indes Orientales. Au¬ cuns veulent dire, que c’eft vnc cfpcce de fincriftal : de quoy ic ne puis donner autre refblution, fïnon enfuyuât Pline, quidit lecrillal prouenir de neige , &eau cxcefsi- uement gelée, 6: ainficoncrée. Parquoy es lieux fu b i e ts à glace de neige le peut faire que quelque partie d’iccllcs, par lucccfsion de temps,le defèche &c cocréc en vn corps luyfint,6i tranfparentcomme criftal. So I in eflime celle opinion faulfè,que le aillai vienne totalement de neige: car lt ainfî cJloit>il letrouucroit feulement es lieux froids, comme D E LA FRANCE ANTA 1 CTIQVL IJ57 comme en Canada, Se femblables régions froides : mais l’expcneiice nous monlire Je contraire: comme en Fille dcCyprc, Rhodes, Egypte,& en pluheufslieu de Ja Grè¬ ce , comme moymefmeay veu du temps que i’y eftoys, ou il fc trouuoir, & encores trouue auiourd’huy abon¬ dance de criftal. Qui cil vray argument de iuger que le criftal rieft eau congelée, conhderc qu’en ccs païsdes¬ quels parlons, la chaleur cil trop plus frequente 8c véhé¬ mente fans comparaifon, qu’en Canada, pais affligé de perpétuelles froidures. Diodore dit que le criftal efi co- “Diodore, créé d’eau pure,non congelée par froideur,mais plus toit fcchéc par chaleur vehem été. Neantmoins ccluy de Ca- criflaUe criftal,& en faifoyent faire des vafes, ou ils mangeoyent. efloit cjli b es la grande, enrichifloient leurs fepultures de fin cri- ValJü liai, que Ion apportait de l’Armenie maieur, & du cofté %é! 1 de Syrie. Et de ce criftal eftoyent reprefentez les Roy s par portraits au naturel,pour demeurer,ce leur femblo'ir, & eltrecu perpétuelle mémoire. Voila comme les An¬ ciens eftimerent le criftal ,& à quels vfages eftoit appli¬ qué. Auiourd’huy il eft employé à faire vafes & coupes à boire,chofe fort eftimée, fî elle n’eftoit tant frariîe. An,„ Pat's de CMiî.Ù Çitbict .t tremble¬ ment de terre , & pour- iiuoy. Grejh Jrccjttïte en C\tn A d>i. LES S INGV1AR. I TE Z Des tremblemens de terre & gref!es , ctujqucls cjl fortfubicB ce pats de Canada. c h a p. 8i* Eüe région de Canada cil merueil ieufè- ment (ubiette aux tremble mens de ter- rc,&aux grefles : dont ce pauure peuple ignorant les choies naturelles,& enco- res plus les cclefles tombent en vne peur extrême,encoresque telles choies leur foyent frequétes ôc familières, ils eftiment que celapro- uient de leurs dieux, pour les auoir irritez 5 e fafehez. Toutefois le trcmblemét de terre naturel, ne vient linon des vents enfermez par quelques cauitez de la terre, le¬ quel par grande agitation la fait mouuoir, corn me il fait fur la-terre trembler arbres & autres chofes : comme di- fpute tresbien Ariftore en fes Météores. Quant à la grefle ce n’eft de merucille fi elle y eif frequente, pour Pintem- perature 6c inclémence de l’air,autant froid en la moyen¬ ne région qu’en la plus balle, pour la diftance du Soleil, qui n’en approche plus près, que quand il vient à no lire tropique : pourquoy l’eau qui tombe du ciel > l’air eliant perpétuellement froid, efttouliours congelée, qui n’eft autre choie que neige ou greilc. Or ces Sauuag.es incon tinent qu’ils lentet telles incommoditcz, pour laftliélion qu’ils en reçoiucnt,fe retirent en leurs logettcs,&auec rc iSO DE I-A FRANCE ANTARCT I QV E, re reprefente ]ourdement(feIon leur bon efprit fauuagç) vnc femme. Or le furplus du corps en forme de ferpent, qui poLin oit bailler argument aux Poètes de fàindre que M élu fine foit leur deeffe, veu qiVclIe fenfuit en volant, félon qu’aucuns fabulent, narrateurs dudit R.omar, qu’ils tiennent en leurs maifons ordinairement. Le tremble¬ ment de terre cil dangereux, combien que la caufe en cil cuidcnte. Puis qu’il vient a propos de ce tremblement, nous en dirons vn mot, félon l’opinion des Philofophes naturels,le les inconucniensquicn l enfument. ThaïeMi- lefîcn,lvn des fept Pages de Grcce, difoit l’eau dire com¬ mencement de toutes chofcs : 6c que la terre flottant au milieu de celle eau, corne vue naue en plaine rner, ciloit en vn tremblement perpétuel, quelque fois plus grand, 6c quelquefois plus petit. De meime opinion a clic De- mocrite: ôc difoit d’au an ta ge, que 1 eau foubs terre, crcuè par pluye, ne polluant pour ion cxceisiue quantité cilrc cô tenue es veines 6c cap a citez delà terre, eau (bit ce trem¬ blement: 6c de là venir les fources 6c fontaines que nous auons. Anaxagoras difoit eilre le feu, lequel appelant (comme cil fon naturel) monter en haut,6c fè vnir au feu élémentaire,eau foit non ièulementcc tremblcmet, mais quelques ouuuertures,goulfes,& autres femblables en la terre: comme nous voy ons en quelques endroits. Etcô- fennoit ion opinion de ce que la terre bruloit en plu- ileurs lieux. Ânaximencs afleu toit la terre meime eilre feule caufedc ce tremblement, laquelle eilant ouuerte, pour l’cxcefsiue ardeur du Soleil, l'air cntroitdedans en grande quantité &auec violence: lequel parapres la ter¬ re eilant reiinie 6e reiointe, ne polluant par ou fortir, fc R iiij Trcble- mens de rare M- gCYCUX. Opinions d''aucuns uo o- phes far les treble mens de tare . ff "/1 ce te le T- Iftm. J mous- niens qui cnjuyuct les rrcl'le viens de rem. S en: que. LES SI NGV L ARI TE 2 inouuoit ça fie là au ventre de la terre: fie que delàvenoic ce tréblement.Ce que me fèmble plus raifbnnablc,fîe ap- prochant de la vérité, félon que nous auons dit, fuyuans Arillote: aufsi que le vent n’efl autre chofe, qu’vn air ini- petueufement agité. Mais ces opinions taillées des cau- les naturelles du tremblement de terre, il fe peut faire pour autres raifons, du vouloir &ç permifsion du Supé¬ rieur^ nous toutefois incongnucs.Lcs inconueniens qui en furuiennem, font renuerfemes de villes fie citez:com- me il aduint en Abc des fept citez, du téps de Tybere Ce- far,fie de la métropolitaine ville de Bitninie,durant Je ré¬ gné de Conllantin. I du fleurs aufsi ont efte englouties de la terre,les autres fùbmergées des eaux:côme furent Elicé fie Bura aux ports de Corinthe. Et pour dire en bref, ce tremblement fè fait quelquefois de telle vchcmence,que outre les inconueniens prédits,il fait iilcs déterre ferme, comme il a fait de Sicile,fie quelques lieux en Syrie fic.au- trcs.îl vnill quelquefois les iiles a la continente,corne Pli¬ ne dit élire aduenu de celles de Doromifce, Perne en Miletc:ayât mcfme fait qu’en la vieille Afrique plufïëurs plaines 5c lieux cliampcftres, fe voyent auiourd’huy ré¬ duits en lacs. Aufsi recite Seneque, qu’vn troupeau de cinq cens ouailles,fie autres belles fie o y féaux,furet quel¬ quefois engloutis fie perdus,par vn tremblement de ter¬ re. Pour celle rai l on ils fc logétfia plus grâd part) près des riuagcs, pour euiter ce tréblemcnt, bien informez par ex- periece,fienô de raifbn,que les lieux marefeageux ne font fiibietsàtrcmblemenSjCommela terre ferme: fiedecela raifon efl bien fa ci I e à ccluy qui entédra la eau fe du trem¬ blement cy datantalléguée. Voila parquoy le trcfriche fie renom- DE LÀ FRANCE ÀNTARCTIQVE. l6l & renommé temple de Diane, en Epheiè, qui dura plus Ttyle de de deux cens ans,bafli fi fumptueufement,qu’il mérita e- Dianecn flrenombré entre les fpeétades du monde, futafsis fur pillotis en lieu de marais, pour n’cflre fubiet à tremble- ? om ' ment de terre, iufques à tant qu vn certain fol la lire nom- L^dé cn méHeluidius, ou comme veulent aucuns, Eratofthenes, lie « de pour fe faire congnoilire Si parler de lu y,y mift le feu,& marak. futconuertyen cendres. Pour celle mefînecauiè les Ro ¬ mains auoient édifié vn temple excellent à Hercules,près le Tibre, Ôc là luy faifoient fàcrifices & oraifons. Or le t relie- tremblement en Canada efl quelquefois fi violent,qu en *««» cinq ou fix lieues de leurs maifons dedans le pais,il fe UrrQ m trouuera plus de deux mil arbres, aucunefois plus, quel- c T ni * r - 1 . t r » i fortl>iü- que rois moins,tombez par terre,tant en montagnes que / e „ ft ' plat païsrrochers renuerfèz les vns furies autres,terres en¬ foncées & abifmées: & tout cela ne prouient d’ailleurs que de ce mouuement & agitation de la terre. Autant en peut il auenir es autres contrées fubiettes auxtrcblcmcns de terre. Voila du tremblement de terre,fans plus clon- gner de noflre route. Du pais appelle Terre neuue. c H A P. 82. Près eftre départis de la hauteur du goût fe de Canada, fut queftion de paffer ou¬ tre, tirant no Are droitchemin au Nort, delai (fans la terre de Labrador,& les ifles ^ qu ils appellent des Diables ,& le cap de Mle /‘ Marco, dif ait de la ligne cinquante fix S Terre neuue re LES S INC. VLARITEZ devrez , nous coltoyames a (èneflre celte contice, qu ils ont nommée Terre neuue, merucillcufemcnt froide: qui . i. ; L '|i |[c que ceux qui premièrement la decouurirent, rion fore \ lon ^f eiourjn e ceuxaufsi qui quelquefois y vont ^ pour trafiquer. Celle Terre neuue ell vnc région faiiànt vue des extremitez de Canada, & en icelle le trouuc vue riuiercraquelle à caufede fou amplitude & largeur Sem¬ ble q uali dire vnc mer, & ell appellée la riuiere Des trois frétés, disante des ifles des Eflorcs quatre cens lieues, & de n o lire France neuf cens. Elle lepare la prouincc de Canada de celle que nous appelions Tci ; c neuue. Aucus modernes l'ont cltimée efltc vn deftroit de mer, comme eeluy de Magellan , par lequel Ion pourroit entrer de la mer Oceaneà celle du Su au Pacihque, & de taict Gem¬ ma Frifius, encor quil luit expert en Mathématique, a grandement erré, nous voulant perfuader que celte ri- uierc, de laquelle nous parlons, ell vn dcllioit, lequel il nomme Septentrional, rnefmcs la ainli depaint en la Mappemonde. Si ce qu il en a efciit eu 11 ci lc v ci itablc,cn vain les 1 il pagnols Portugais cuilcnt elle chercher vn autre dellroit,diltant decelluy cy de trois mil lieues pour entrer en celle mer du Su,&- allci aux illes des Nloluqucs, ou font les efpiceries. Ce pais ell: habite de Barbares ve- ilns de peaux de fauuagines, ainli que ceux de Canada, fort inhumains & mal traitables : comme bicnl expéri¬ mentent ceux qui vont par delà pelcher les moines, que nous mangeons par deçà. Ce peuple maritime ne vit gueres d’autre choie que de aoilîon ds mer,dontils picn lient grande quantité,Ipccialemcnt de loups marins,des¬ quels ils mangent la chair, qui ell tresbonne. Ils font certaine m ■ ‘ DE IA FRANCE ANTARCTI QV E. la Une c/.t^e rat fi fin Li mer. Poififin- cnnetny njrttrel de U b.%- Unc, Htf.’fc, poiflors. Préfixe des tcm- pefta. LES SINGVLARITE2 qu’ilsaycnt traité des poifTons. La femelle ne fait iaraais qu’vn petit à la fois, lequel elle met hors comme vn ani¬ mant terreftre fans œuf, ainfi que les autres 001 ions ou*, pcrcs Et qui cft cncores plus admirable, elle allante ion petit,apres eftre dehors: & pourcc elle porte mammelles au ventre foubs le nombril: ce que ne fait autre portion quelconque,foit de marine ou d eau douce, fuiô le loup. Ce que me fmc ment tefm oigne Pline. Ceftebalenceft fort danse reufe fus la mer, pour la rencontre, ami 1 que bien fcaucntles Bayonnois pour 1 auoir expérimente, car ils font couftumiers d’en prendre. A ce propos,lors que nous eftions en l’Amerique, le batteau de quelque mar¬ chant qui paflbitd Vaetcrreà autre pour la trafique,ou autre négoce,fut renuerfe & mis a (àc,ôc tout ce quieftoit dedans,par la rencontre d'vnc balene, qui le toucha de fa queue. En ce mefme endroit ou conuerfe la balene, le trouueleplusfoiiuéntvnpoiflon, qui luy cft perpetue cnncmy : de maniéré que fapproehantd clle,nc feia au- tede la piquer foubs le vetre (qui cft la partie ta plus mo ¬ lette) auecques fa langue trenchante 8c aguc, comme a lancette d’vn barbier : & ainfi o fl ci ifee, à grand dinic u te fe peut fàuuer,qu’elle ne meure, ainli que d if eut les habl- tans de Terre nctiue,& les pefebeurs ordinaires. En celte mer de Terre neuue fe trouuc vne autre efpece de poif- fon, que les Barbares du pais nomment fïebec, ayant le hcc comme vu perroquet^ autres poifïbns ci e (caille. Il le trouue en ce mefme endroit abondance de dauphins, quife monftrent le plus fouuentfiislcs ondes ,6c a fleur de l’eau, (autans &c voltigeans par defius : ce qu aucuns c- ftiment eftre prelàgedetormêtes &tetnpcftes,aucc vens impétueux r ( DE LA FRANCE A NT A P- C T I QV E. 163 impetueux cl e I a part don t i 1 s vien n ent, co mm e Pline ré¬ cite &c Ifidorc en (es Etymologies, de ce que auisil’expc- rience ma rendu plus certain, que Fautorite ou de Pline, ou autre des anciens. Sans eflongner de propos, aucuns onteferit qu’il y à cinq eipeces de prefage & prognoftic des tempeftes futures fus la mer, comme Polybius citant auccqucs Scipion Æmilian en Afrique. Ali furplus y à abondance de moullcs fort groflcs. Quant aux animaux terreitres, vous y en trouuerez vn grand nombre, & be' (les fort fumages Sedangcreufes, comme gros ours, Ief quels prefquetous font blancs. Htcequeiedy des beftes feifed îufques aux oy (eaux, dcfqucls le plumage prefàue tire furie blancce queie pefe aucnir pour 1 cxcefsiue froi¬ deur du pais. Lefquekoursiour & nuyt (ontimportuses cabanes des Saunages,pour mager leurs huiles &c poifsos, quid il fen trouue de refcruc. Quat aux ours encore que nous en ayons ample met traité en noftre Cofmographie de Leuant, nous dirons toutefois en paffant cômelésba- bitans du païs les prénent affligez de fimportunité q u’ils leur font. Doncques ils font certaines foflfcs enterre fort profondes près les arbres ou rochers, puis les couurent (I ;incinent de quelques branches ou fueillages d’arbres: Se cela ou quelque eflain demoufehes à miel ieretirc 3 ce que ces ours cherchent & fuy uct diligemment,Se en font fort friands, non comme ie croy tant pour fen raflàfier, que 'pour fen guérir les i'eux qu’ils ont naturellement débiles, & tout le cerueau, mefines queftàs picqucz de ces moût ches rédent quelque fang, fpecialemct parla teftemui leur apporte grâd allegemét. Il fe voit là vnc efpece de be(tes ; grandes côme buffles, portans cornes aflez larges,la peaiu S * * * * , 11J ; ^4ni' maux ejîrîtgcsi LES SINGVLARITE2 grifàflre, dont ils font veflcmens : &c plufieurs autres be¬ lles, de! quelles les peaux font fort riches 3 c fïngulieres.Le pais au refie cll montagneux &c peu fertile, tant pour Tin¬ te mperature de l’air,que pour la condition delà terre peu habitée, 3 c mal cultiuée. Des oyfeaux, il ne fen trouuc en fi grand nombre qu’en 1‘Amérique, ou au Peru, ne de j )enx cf ff b eau x, ï 1 y a deux efpeccs d’aigles, dont les vnes han- /'«yj tiM tcnt ] es eau i;s .& ne viuent gueres que de poiffon,& cnco * ' res de ceux qui font veflus de girolles cfcaillcs ou coquil¬ les,quils enleuent en l’air, puis leslaiflént tomber en ter¬ re, & les rompent ainli pour manger ce qui eft dedans. Celle aigle nidifie en gros arbres fus le nuage de la mer. En ce pais a plufieurs beauxfleuucs,&abondance de bon poifïon. Ce peuple n appete autre chofe, finon ce qui luy cfl neceflairc pour fubflenter leur nature, en forte qu’ils ne font curieux en viades, 3 c n’en vont quérir es pais Joingtains,& font leurs nourritures faines,dequo y auient qu’ils ne fçauent que c’eft que maladies,ains viuét en con¬ tinuelle faute 3 e paix, 3 e n ont aucune occafîon de conce¬ voir enuie les vns contre les autres, à caufe de leurs biens ou patrimoine : car îlslontquah tous égaux en biens, 3e font tous riches par vn mutuel contentement,3e eqüalité de pauuicte. Ils n ont aufsiaucun heu député pouradmi- ni (fret iuflice, parce qu entre eux ne font aucune chofe di¬ gne d^ reprenenfion, Ils n’ont aucunes loïx,nepIus ne moins que noz Amériques 3 e autre peuple de celle ter- î c continente, linon celle de nature. Le peuple maritime le noutrifl communément de poifïon,corne nous auons défia dit: les autres cftongnez de la mer fe contentent des luiitb de la terre, qu elle produit la plus grand part fans culture, DE LA FRANCE À N T A R C T IQ V E. r <4 culture,& dire labourée. Et ainlî en ont vie autrefois les anriens,com me me Eue recite Pline.Nous en voyons en- IL cores allez auiourd’huj^Guela terre nous produit elle- mefme fins eftre cultiuée. Dont Virgile recite que la fo- y^I a ' red Do douée commençant à le retraite, pour l’a âge qui f ’ la furmontoit,ou bien quelle ne pouuoit ûtisfaire au Dodonee nombre du peuple qui fè muIciplioit,vn chafcun fut con , pour enreceuoir émolument necefiaireà la vie. Et voila quanta leur agri¬ culture. Au refie ce peuple clt peu fubiet à guerroyer, fi Mdmzi ‘ z leurs ennemis ne les vicnnct chercher. Alors ils fc mettet ™ uc , ■ des tous en deienfe en la façon & manière des Canadiens, sltmiam de 7 are naine. LES S1NGVLARITES bourins, auec fleuftes dbfTcmens de cerfs, comme ceux des Canadiens. Que fils apperçoyucnt leurs ennemis de loing,iIs fc prépareront de combatre de leurs armes,qui font arcs & floches: & auant qu’entrer en guerre,lcurprin cipale guide, qu’ils tiennent comme vn Roy, ira tout le premier,arme de belles peaux 6e plumages, afsis furies e£ paulcs de deux pui flans S auu âges, afin quvn chacun le congoifle, &c foyent prompts à luy obeïr en tout ce qu’il commandera,Et quand il obtient victoire,Dieu fçait co- meils le careflent.Èt ainfi i en retournent ioy eux enleurs lumern ] D g CS auec leurs bannières déployées, qui font rameaux * ' d’arbres garnis de plumes de cygnes, voltigeans en l’air, 2 c portans la peau du vifage de leurs ennemis, tendue en petis cercles, en ligne de victoire, comme i’ay voulu re- prefenter par la figure precedente. Des ijl.es des EjTores. C H A P. 8j. J fie s des EjTüYCS pour- quvy Àtft mmées &redcu tas des muipits, O L ne refte plus de tout noflre voyage, qu’à traiter d’aucunes ifles, qu’ils appel¬ lent des ElTorcs 3 Iefquelles nous coftoya- mes à main dcxtre,6c no fans grand dan¬ ger de naufrage: car trois ou quatre de¬ vrez deçà & delà foutiie ordinairement P » vn vent le plus merueilleux,froid,&impétueux,qu’il efl: pofsible : craintes pour ce relpeéà,Ôc redoutées des pilots & nauigans, comme le plus dangereux pallage ,qui foit en tout le voyage, foit pour aller aux ïndes,ou à l’Améri¬ que : &pouuez penfèr quen ceft endroit la mern’eftia- mais * I DE LA FRANCE A NT A R C T I QV £, iC > mais tranquille, ains fe leuc contre mont, comme nous voyons lbuuentefois,que le vent edeue la pouldre, ou feftus de la terre, ôc les hauliè droictement contremont, ce que nous appelions communément turbiIlon,quife fait aufsi bien en la mer comme en la terre, car en l’vn 6c en l’autre il fe fait comme vne pointe de feu ou pyrami¬ de , & elleuc l’eau contremont, comme i’ay veu mainte fois, parquoy femble que le venta aufsi vu mouuemcnt droit d’embas contremont, comme mouuement circu¬ laire, duquel i’ay dit en vn autre lieu. V oila parquoy elles E U om - ont elle ainfi nommées, pour le grand cifor que caufe ce ventes dites illes : car elforer vaut autant à dire comme feëfaer,ou efïuyer. Cesifles font diftan tes de nollre Fran¬ ce enuiron dix degtez&demy:& font neuf en nombre, dont les meilleures fo nthabitées auiourd’huy des Portu¬ gais, ou ils ont enuoyéplusieurs efclaues,pourtrauaiIler & labourer la terredaquelle parleur diligence ils ont ren¬ due fertile de tous bons fruits, neceilaircs à la vie humai- fertilité ne, de blé principalement, quelle produit en telle abon- ^ es fi es dâee,que tout le pais de Portugal en eft fourny de là:6e le ^ cs E $°~ tranfportéüàbellesnauires,auec pluheurs bons fruits,tant du naturel du païs,que d’ailleurs, mais vn entreles autres, homé Hhrci, dont la plate a efté apportée des Indes,car au Hira. parauant ne fetrouuoit nullement,tout ainfi qu’aux iflcs Fortunées. Et me (me en toute noftre Europe,auant que Ion commençait à cultiuer la terre,a planter ôe femer di- ueriite de fruits,les homes Ce contentoyent feulement de ce que la terre produifoit defon naturel: ay ans pour bru- nage, debeîle eau clerc: pour veftemens quelques efeor- ces de bois,fucillages, Sc quelques peaux, comme délia T Or dan- t:; h ejpc- ce de çc~ dre. Pline. Coffre de adre. LE S SINCYLARITE2 nous suons dit.En quoy pouuôs voit clcremct vne ad mi rahle prou id en ce de no lire Dieu, lequel a mis en la mer, foitOccanc ou Méditerranée, grand quantité dlfles., les vues plus grandes,les autres plus petites,Cou tenas les flots & tempête d'icelle,fans toutefois aucunement bouger, ou que les habitas en foient de rien incommodezfle Sei¬ gneur, corne dit le Prophète, luy ayant ordonné fes bor¬ nes, qu’elle ne fçauroit paflerjdont les vues font habitées, qui autrefois efloient defertes: pluficurs abandonées qui in dis au oient elle peuplées, ainh que nous voyons adue- nir de pluficurs villes de citez de l’Empire de Grèce, Tra- pczondc,&Egypte. L’ordonnance du Créateur eflant telle,que toutes chofes cabas ne feroyent perdu râbles en leur cflre, ains fubiettes à mutation. Ce queconfiderans noz Cofmograplies modernes,ont adioufheaux tables dePtoIomée les chartes nouuellcs de noilre temps, car depuis la congnoiflance & le temps qu’il eferiuoit,font ad u en Lies pluficurs chofes nouuellcs. Noz Eflorcs don- ques eftoyent defertes ,auant qu’elles fuflent eongnuês parles Portugais, pleines toutefois de dois de toutes for¬ tes : entre lefquels fe trouue vue cfnccc de cedrc, nommé en iague desSauuages Ovdc.vntm^ dont ils font tresbeaux ou tirages, comme tables, coffres, Se plufleurs vaiileaux de mer. Ce bois éllamcrueilles odoriférant, ôe neftfub- îeét à putréfaction,comme autre bois,foit en terre ou en eau. Ce que Pline a bien noté,que de fon temps Ion trou ue à Rome quelques Iiuresdc Philofbp’iié en vn fepul- chrc,entre deux pierres, dans vn petit coflre,fuit de bois de cedrc, qui au oit demeuré foubs terre bien l’efpace de cinq cens ans. D’au ange il me fouuient auoir leu au¬ trefois V DE LA ÎRAN'CE A NT A H C T I <^V E- lC6 trefois,qu’Alexandrc Je grand paflànten la Taprobane, trouua vne nauire de ce dre fus leriuage de la mer,ou elle Nmire auoir demeuré plus de deux cens an s, fans corruption,ou a “ re - putréfaction aucune. Et de la eit venu Je prauerbe La¬ tin,que Ion dit, Digrhi ccdro y des chofès qui méritent eter- Pywcr- nelle mémoire. Il mefèrnble que ces cedres des E (Tores, ,f * ne font fi hautcleuez en l’air ny de telle odeur, que ceux qui font au deltroitde Magellan, cncorcs qu’il ioit quafï en mefme hauteur, que leidites illes des E libres. Ilfy trouue pareillement plufieurs autres arbres,arbriileaux sortant fruits tresbeauxàvoir, fpccialcmcnten la meil¬ leure &plus notable ifle, laquelle ils ont nommée Iflede Sainét Michel,& la plus peuplée. En celte ifle a vne fort iflede s. belle ville nagueres baftic âiiec vu fort, la ou les nauires Michel. ut d’Efpagne que de Portugal,au retour des Indes abor¬ dent,& ferepofèntauant quarriueren leur pais. En Ivne de ces iiles a vne montagne, prefque autant haute que celle de Teneriffe,dont nous auons parlé: ou il y a abon¬ dance de paftel,de fucre,& de vin quelque peu. Il ne fy trouue aucunebefte rauiflante,oy bien quelques chcures fan uages, & plufieurs oy féaux par les boccages. De J.a hauteur de ccs ifles fut queftion de pafîer outre, iufques CdpdeFt au cap de Fine terre,fus la cofte d’Efpagne,ou abordâmes, nc d’¬ toutefois bien tard, pour recounrcr vîntes, dont nous a- uions gra nde in digéee, pour filer Ôc déduire chemin, iuf¬ ques en Bretagne, contrée de TobeïfTance de France. Voila Mefsieursjle difeours de mon loingtain voyage Epilogue auPonent,lequel i’ay deferit, pour n’eftreveu inutile, & àeÙiu- pour néant auoir exécuté telle entreprife,le plus fom mai UHr ' rement qu’il m’a eftépofsible, non parauenture fl cio- Citrtes de /'a tueur c vun.itts it fit na¬ tion & dtfhwce des lieux. LE 5 S TNG V LARI TE Z quemmcntquc méritent vozaureilles tant délicates ,& jugement fi exquis. Et 1) Dieu ne mil fait celle grâce de confumcr ma icuncfTe es bonnes lettres, & y acquérir autant de perfection que plufieurs autres, ains plus toftà lananigation,ievous fupplieray alledueufement m’ex- cul er. Ce pendant fi vous plaît agréablement rcceuoir ce mien efeript tumultuairemcnt comprins de labouré parlestcmpeltes,& autresincômoditezd’eau & déterre, vous me donnerez courage, cftant feioumé & à repos par deçà,apres au oit réconcilié mes ciprits,qui (ont com¬ me cfpanous çà & là,d’efcrire plus amplement de la fitua tion fîcdillance des lieux,que i'ay obferuez oculairemét, ta nt c n Le u an t, M i d y, q u e Po n en t :1 efq u e 11 c s i’e fpere vous monllrcr à l’œil,reprefenter par viucs figures,outre les Cartes modernes, que i’olèray dire,fans oftenfer l’hon¬ neur de perfonne, manquer en pluheurschoies,ioit la faute des portrayeurs,tailleurs,ou autres, ie m’en rappor¬ te. D’auantagc, encorcs qu’il cil malâifé, voire impofii- ble,de pouuoiriuftemcnt repreienter les lieux & places notables,leurs (ïtuations ce difirances, fins lesauoirveuês a l’œil : qui cfi: la plus certaine congnoil lance de toutes, comme vn chacun peut iuger & bien entendre. Vous voyez combien longtemps nous auons ignore plufieurs pais, tant ifles que terre ferme, nous arreftans à ce qu’en auoict veu & cfcripr les Anciés: iufques àrant,quc depuis quelque temps en çà,Ion feft hazardé a lanauigation, de manière qu’auiourd’huy Ion adecouuerttoutnoftre Hcmifphcrc, Sctrouuc habitable:duquel Ptolomée,Ôe les autres n’auoyent (éulemcnt recongnu la moytÎG. F I N* TABLE DES CHAPITRES du prelent liurc. $■ _ ’Embarquemnt de l'auteur. Chap.t. fueültt i, deflroit anciennement nomme Calpe , & autour- lllSfC SmyGilbdhar. chap.i.fmllet j. IM VtïAfrique en general. cktfc.fucil.^ De Afrique cnpameulien chap, 4. /««/. maintenant appellées Canaries, chdp.j.fucil, 8. VcLi haute montagne du Pych. Ve l'ijle de fer. Des fies de M adere. Vu %in de M adere. Du promontoire Verd & defes fies. VuVmdes Palmiers. Ve U rniere de Scncgua, Des ijles licier ides ^autrement dites de cap Verd. Des tortues,& d’y ne herbe qu’ils appellent Orfidlc. VeMjîe de feu, Ve l’Ethiopie. Ve U Guinée, Chap. 6 f uùllct 11. chap. -j.fueil . u. Chdp.% fusil. ij. chap,y fueïl.i^. chapitre 10. fusille 116. chap.u. fusil. iy, chap.n.fueil.iu chap. rj. fueil.z 4. cbap.14. fueiizj, chap. i^.fueil.iy. chdp.16.fucil.2S. chap. î y.fusil. $ o. ckdp.iS.fusil.ft, Vêla ligne Equinoéitale, & fi es de S.Orner. Que nonfiuk ment tout ce qui effilés la ligne tjl habitable , mais aufii tout le monde cf habité\ contre l opinion des anciens. cba. i yfüeil.2<. De Umukttude & diucrfité despoijfons efansfiubs U ligne EqutnoFlta- lm chap, zq. fucil.u. V 'yne fie nommes l’^fienfion. chap. 1 1 .fusil. > 9 , Du promontoire de Bonne efperance, <& de phfieurs fmgularite^obfiruéet en icehty/nfimblc nojlre armée aux Indes Jimeriques^ou France .. 4 nt.tr - ai r e j chap.n.fuetl.io. Ve l fie de Madagafar.autrement de S. Laurent. chap. 2^. fucil. y. De nojlre arriuée a U F rance Antarctique „ autrement Amérique, au heu nommée ip de Frie. city.24.jM.4tf. Vêla r iuierede Ganabara^utrement de lanaïre , & comme le pais ou arri- uamesfut nommé France Ant ar clique , chap. . /««/. 4 3 . T iij TAME Vapoijjon de cegrdnd fUuuefïtjhomme. Chapitre iC. foeillet 49 De 1 .Amérique en general chap. zy.foeillet 51 I)e la F\ eligion des Amériques chap, z 8 .fueii. 5 1 Des Amériques , & de leur maniéré de yiure , tant hommes, que jemmes. chapitre 19. foeillet J4. De U minière de leur manger & boire. chip.p.fueiL^6 Contre l'opinion de ceux qui cfit ment les Saunages eflre yeluXj cha .51. j. 5 7 D'y» arbre nommeGvnipar en langue des Amériques, duquel ils font tain- turc chap.$i. fusil. 59 D'y fi arbre nomme Paqnouere chap-$ J- foeil.61 La manière qu’ils tiennent afaireincifortsfur leur s corps, cha,^ 4. fueii, 6 z Des yifions, forges,CSF illufions de ces Amériques, de la perfeatfion qu’ils rcçûioentdcs çfbrits. chap .$$, fueii. 6 4 Des faux Prophètes & Magiciens de ce pats,qui comuniquent auec les e [prit s malin* s: & dyn arbre nomme ^ihonaï. chip.$6. f oeil, 6$ Que les Saunages Amériques troyent l'ame cjlre immortelle. cha.$-, f.69 Comme ccs Saunages font guerre les 1 ms contre les autres , & principalement contre ceux qu'ils nom ent Margageas & Thabaiares, & d’yn arbre qu’ils appellent Hayti,duquel ils font leurs bajlons de gu erre. c/aî.jS, fueil.y o La manier: de leurs combats gantfur eau,que fur terre. cha.$9. fueii 7 3 Comme ces Barbares font mourir leurs ennemh,quilsont pris en guerre , les mangent. chap, 4 o. fueil.y 5 gwc ces Saunages font mtrueilleufcment y indicatifs. chap. 41. fueil.y 8 Du mariage des Saunages * 4 mcrîques. chap .4 z. f «et/. 7 9 Des ceremonïes,fiPulture,gy funérailles qu’ils font a leurs deces. cha. 45./. 81 Des Mortugabes, & de la charité, de laquelle ils yjent entiers les cflrangers. chapitre ^^.fueillet 84. Defcription d'y ne maladie nommée!? iatts, à laquelle font fttbicrs ces peuples de l’fim criqiiCjtin t es ijles que terre fer me. chap. 45. ju eil. S . 4 8. ftml.91 Des yen aifo ns & f (imagines,que prennent ccs Saunages, cha. 4 9, fueii. 9 4 V ’yn arbre n 0 m m vJFytto tir are. chap. 5 0 .fueii. 9 6 1 DES CHA PITRE S. Autre arlm nomméVhebehajou, & des moufehes a miel quilefrequen ■ îen[ ' . Chapitre 5r. fuedlet 97 jfyns iejle a(Jè Z^eflmngeReliée H aüt ckdp. 5 2. fueil. 99 Comme les Amériques font feu, de leur opinion du déluge, Fr des fer remens dont ils yjënt. _ chap.^. fueil. 100 jy e [ d yiuicrc des ~wfès,enfêmble d'aucuns Animaux quife trouuent alenuiron, Pr de la terre nommée Morpion. chap. 5 q , fueil. 1 o 3 V e la mi ere de P late , & pats circomoifms, chap, 5 5. fueil. 10 6 D u détroit de Magellan , ^ de celuy de D dry éric. chdp. 5 6. fueil. 1 o S Que ceux qui habitent depuis U riuicre de P late mfqucs du détroit de Magel¬ lan font noçQitntifodcs. chdp. $ 7. fueil. 11 o Comme Ustautuges exerçât agriculture, & font iardins dh/nc racine nom¬ mée Manihotffi d'hn arbre qu'ils appellent P cm -ah fou. chd.fî. f. 112 Comme U terre de l'Amérique fut decomertep& le bots de brefd troimc,auec plufieurs autres arbres non l/eus ailleurs qu'en ce pais. chdp. 5 5 ftte I)e nojlrcdepartement de la France An tareliqite ou Amérique, ch. 5 9118 Des Canibales, tant de la terre ferme, que des ’dcj , & arbre nommé Acaiou. chdp. 51 .fueil. 119 Pc U miere des Amar ^ * > autrement dite A aveline, par laquelle on peut n.viioer av* ; uls des Amazones, & en la France Antarctique, chapitre r~ -■ J oeillet 122 , Abord' >em ^ quelques F.Jpagnols en "vne contrée ou ils trouvèrent des A- n> C hap. 6$. fueil. 124 p ' - : tournât io du ~yqyage de Morpton^epR de la riuiere de Plate, c. 6 y.f. 12 7 Lapparatim des rems du Roy d’Effagne & du Roy de Portugal, c. 6 yf. 1 2 8 Vûiifwn des Indes Occidentales en trois parties. chap. 66 . fueil.r> o D c l isle des Rats. chapitre 6 y. fuedlet 131 La continuation de nojlrc chemin, auecqucs U déclaration de l’Ajirolabe miïin - , chap .66 fuéiLin Département de nojlre equateurjou equinoâîiàl Du P cru,CR di 5 principales T >il les contenues en icduy. Dcsislt-s du Périt, pRprincipalement de l'Ejpagmk. Des isles de Cuba pR Lucdïa. Dcfcriptim de la nom elle Ejpagttf^ de la * aux Indes Occidentales. De la floride peninfile. chdp.6 y. fmil. I àç, chap. jp 1 P A : a j,' l, l t j De U terre de Canada,iicleparcy deuat Baccalosjccotmrte de nofirétemps <& de la maniéré de Votre des babirans. chap . 7 j .fusil. \lf D ’yrte autre contrée de Canada. chap. j6 fusil. \ 5 0 ' La religion & maniéré de Vurc de ces panures Canadiens, &■ comme ils re~ Des bmltemens des Canadiens,comme ils portent cheveuxdu traitement de leurs petits enfans. chap.yBfueii.ie g . La manière de leur guerre. chap.y 9 . fu»d T 4 Des mines pierreries , & autres fmguldritexj qui Je trouvent en Canada, * Chapitre 80. fusiller rtp, Des tremblement de terre Çrgrejles, aujucls eflfortfièkB ce pais de Ca - ffdc ^ • 4 chap . 81 fusil. 11 y .jfjfc - yv tf^r Æflm ajtam jp - « 4: ■* . " r ,.«rr^icr"T^iL ' v'-w'**5 a, - ■• X^sHjIk .y 'T' - ■ ’■ ' ^ vv' Ci ■.’ *- ,1 ’iy 3 |ÏT^ 5 î»l , ^ l jS»? 4 iiâr& — 1 *^^ 3 p l* 4 ïlt JS KJ ■( m • f.t.. gA > f^rrT «tuVÎTç ' udù ■ .-> itô' ttuM ‘ ,y. r/M Æ& t-v* t » «R ■'l'wflfcj #• . •%■*», •,. *- - ^Rar 1 »p • 4 wiy s.fî* V^k. - k>r.K Æ/V. ■ SSufadl':’' ®J sa -r w u w ' *• 1 lr' '* V SC ■., sfr 1 . : Br .- -■ ,v -ÿ*7/ V- f .' J .-v'.’!::-. ■WTVÿ .- r >(-\>- C; flKN-^rg/^jî Uls v. ■ m *■ k • J fii K- E L>: Ktc^r f m’ «r ■ Æf ■MX. - «6 af ?:ÆæË ’rV* i¥ !/• '- 4 '-.- m 1 1 r r ;>v- j— '*■■ v iV 1 ■yj >3' tÆK ^S» > ! .wa a ' I w 5*5 P $C < 5 tii JfC‘f *i ■ . ' f ' • t 1 • y >/ . .' ’k. ' ^ÎTtÇSp-l -! >* îWflff* J*r y® ®6 :.0/J #•• \ ÛM5 ^s. .*wv Km. ■Cf ■ IL «NI 3 HL # ï*ai . — -„■■ H,- ' 1/ Vu f&?Ë4'y * k SSk •* x wm 'Asm ^5 ' r V tt■>DWar 4 ;v>^iï j - ORQb /*-1 C c jri tf j I* € c Æf^ËI. '■:.-^fë?- ■ ffir ■J * A-' ■ ^ 1 v*V h \y Û • r » f ■- v P 1 jnM vV’ ÂfiS ï&ï im ••'• - '«t — ■ ■1 r- '- ,V' ' • . ■ *? 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